Passionnés d'histoire littéraire, amateurs de portraits écrits avec mordant et humour (parfois féroce), il vous faut rapidement acquérir les mémoires de Léon Daudet (32 euros) que viennent de rééditer les Éditions Laffont dans la Collection Bouquins sous le titre "Souvenirs et polémiques". Le volume (1400 pages) se compose des "Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux", "Député de Paris", "Paris vécu", "Le stupide XIXème siècle". On le sait, Léon Daudet conserve une réputation détestable, en raison de ses prises de position antisémites et de son appartenance à l'Action française (qui compta cependant dans la vie intellectuelle de son temps) . C'est oublier, comme le rappelle Antoine Compagnon dans son introduction, que Léon Daudet confiait avant-guerre s'être éloigné de l'antisémitisme, qu'il fut un proche de Marcel Schwob et que son engagement ne se traduisit jamais par un soutien aux Allemands.
Le 16/05/2015 à 18:08 par Les ensablés
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16/05/2015 à 18:08
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Par Hervé Bel
Bien au contraire, comme Maurras, Léon Daudet était germanophobe. Et Daudet le disait lui-même, en littérature, il ne fut jamais question pour lui de politique. Membre de l'académie Goncourt, il joua un rôle déterminant dans l'attribution du Prix à Marcel Proust (à moitié juif) en 1919 contre Dorgelès qui présentait "Les Croix de bois", excellent roman au demeurant mais qui ne pouvait concurrencer "A l'ombre des jeunes filles en fleurs". Homme paradoxal, capable du pire comme du meilleur, Daudet possédait un tempérament sanguin et jouisseur. Il appréciait les hommes possédés par l'amour de la vie et de l'intelligence. Bien que doté d'une culture extraordinaire dans tous les domaines artistiques (en peinture notamment), il tenait parfois des raisonnements absurdes, outrés, et caricaturaux. C'était un bon ami, un excellent convive aimant le vin, l'amitié, les femmes, et qui se fâchait soudain, fonctionnant par exclusion ou absorption. En lisant ce qu'il écrit sur Hugo, on ne peut s'empêcher de penser qu'il se décrit lui-même: Ce qui a manqué à ses critiques, apologistes ou détracteurs, c'est de tenir suffisamment compte de l'écart énorme, anormal, tératologique, entre ses facultés sensuelles et verbales et son jugement, son régime d'idée: celles-là presque infinies dans leur ardeur et leur diversité. Ceux-ci quasi atrophiés, d'une puérilité déconcertante. Il écrivit des milliers d'articles, et une vingtaine de romans où surnagent "Le voyage de Shakespeare" (que j'ai lu lorsque j'étais étudiant) et "les Morticoles" (sur le milieu médical qu'il fréquenta lors de ses études de médecine et dont il parle longuement dans "Devant la douleur"). De ce côté, c'est un ensablé... S'agissant de ses "Souvenirs", il en va tout autrement.
Fils d'Alphonse Daudet, mari de Jeanne Hugo (petite-fille du Maître), Daudet a baigné dans la littérature dès son enfance. Très tôt, il rencontre les plus célèbres écrivains d'avant la guerre 14, grâce à son père. La nouvelle génération, celle des romanciers dits réalistes, tenait ses assises rue de Grenelle, chez l’éditeur Georges Charpentier. Néanmoins mes premiers souvenirs littéraires datent de plus loin. Périodiquement, Tourgueniev, Flaubert et Edmond de Goncourt venaient dîner chez mes parents, rue Pavée, au Marais, et leur haute taille m’impressionnait. Je demandais : « Sont-ce des géants ?
Sous la pl ume de Daudet, les grands écrivains, ceux "pléiadisés" revivent, oui, car Daudet s'attache à les décrire physiquement, à caractériser leurs comportements, et leurs façons de parler. Il parle peu des œuvres: ce n'est pas l'objet de ses Souvenirs: ce qu'il veut, c'est faire renaître l'homme disparu, derrière l'écrivain, le musicien et le peintre. Voilà Maupassant qui apparaît: On distinguait dès cette époque et à l’œil nu, dans Maupassant, trois personnages : un bon écrivain, un imbécile et un grand malade. Ils ont évolué depuis séparément, les deux premiers ayant tendance à s’absorber dans le troisième. Mais, avec la malveillance naturelle à la jeunesse, c’était surtout l’imbécile qui nous frappait par sa fatuité. Avec le temps, Daudet deviendra de plus en plus critique vis-à-vis de Zola ("le cacographe") : Maupassant ne devait rien à Zola, ce qui n’empêcha pas Zola de le colloquer parmi ses disciples, avec une voracité de père Saturne. Il importait de meubler la série d’articles critiques que l’auteur des Rougon-Macquart publiait alors au Figaro et qui tournaient tous autour de son éthique et de sa personne. C’était chez les Charpentier qu’il fallait voir Zola, gras, content, dilaté, bon homme, affichant les chiffres de ses tirages avec une magnifique impudeur. Deux traits frappaient ses auditeurs : son front vaste et non encore plissé, qu’il prêtait d’ailleurs généreusement à ses personnages, quand ceux-ci portaient quelque projet de génie, artistique, financier ou social, son front « comme une tour » ; et son nez de chien de chasse, légèrement bifide, qu’il tripotait sans trêve de son petit doigt boudiné. Il était coquet de son pied, chaussé dans les grandes occasions de bottines vernies à élastiques, le cambrait, l’étirait volontiers. Il zézayait en parlant, disait « veuneffe » pour « jeunesse », « f’est une fove fingulière » pour « c’est une chose singulière » et semait son discours de « hein, mon ami ? hein, mon bon ? hein, mon bon ami ? » qui exigeaient l’assentiment de son interlocuteur. Pas mal, n'est-ce pas? des anecdotes de ce genre, il y en a des milliers. On voit passer le musicien Massenet moqué pour son "énervement sexuel", José-Maria de Heredia, pâle et noir, splendide et velu jusqu’aux yeux. Je n’ai jamais entendu bégayer avec autant de force"; Barbey, pauvre et fier comme Artaban, illusionné de la Manche française comme l’autre de la Manche espagnole, mais d’un à-pic extraordinaire dans quelques-uns de ses jugements; puis Huysmans: Huysmans est là, railleur et décharné, avec son masque de vautour apprivoisable, son ironie familière, ses fins de phrase légèrement traînantes. Jamais personne n’a dit comme lui d’un mauvais confrère : « C’est en vérité un bien déconcertant animal. » Il n'aimait pas Dumas fils: Clinicien ergoteur pour crises d'âmes exceptionnelles: "J'aime mon mari, je ne puis me défaire de mon amant et j'ai une cousine, ma meilleure amie, qui aime à la fois mon mari et mon amant. Elle-même est mariée. Que me conseillez-vous?" On dirait qu'il parle d'un romancier d'aujourd'hui.
D'ailleurs, ce qui se dégage de la lecture, c'est cette impression rassurante que la médiocrité littéraire était toute aussi répandue qu'elle l'est maintenant... Sauf qu'on hésitait pas à dire ce qu'on pensait, qu'il n'y avait pas de politiquement correct. Plusieurs pages sont consacrées à Marcel Proust. Daudet a l'occasion de passer avec lui une semaine dans un hôtel de Fontainebleau. Proust reste enfermé dans sa chambre, sauf le soir. Il accepte des promenades en calèche aux côtés de Daudet. Cela donne lieu à une belle description que je vous laisse découvrir. Ne pas oublier non plus que les "Les souvenirs" comportent toute une partie sur les grands médecins de la fin du dix-neuvième siècle que Daudet connut par ses études et son entregent : Charcot, Potain, et les oubliés qui eurent en leur temps leurs heures de gloire. Au détour, on rencontrera Clemenceau, Gambetta... Ce sont bien ses souvenirs qui nous resteront de Daudet. Les polémiques des années trente sont retombées, on ne comprend plus ou peu l'adoration de Daudet pour Maurras (qui ne fut pas non plus le repoussoir que les gens souvent mal informés agitent). Demeure Léon, le gros Léon comme on disait de lui, un homme avec ses défauts, et son extraordinaire talent d'observateur que je vous engage à découvrir. (ci contre Charles Maurras)
Hervé Bel
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Par Henri-Jean Coudy
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« Ouf,
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à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
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18/02/2024, 09:00
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Chers lecteurs des Ensablés, avec cet article d'Isabelle Luciat, se terminent nos chroniques de l'année 2023, l'occasion pour nous de vous souhaiter une très bonne année 2024 et de vous remercier pour votre fidélité (15 ans déjà). Hervé BEL
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Décédé en 2013 à l’âge de 64 ans, Denis Belloc ( (1949-2013) a marqué d’une empreinte noire la littérature française. Son œuvre, une dizaine de romans parus, s’abreuve au sirop de la rue. Mais ce liquide est violent et amer. C’est l’univers de la toxicomanie dans Képas (Lieu commun, 1989) ou de la prostitution dans Suzanne (Lieu commun 1988) qui forme le décor des romans de Belloc dont l’entière matière est autobiographique. Par Denis Gombert.
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La célèbre série jeunesse Les souris du Buisson-aux-Mûres de Jill Barklem, connue pour ses illustrations à l’aquarelle, revient en librairie le 13 septembre 2024 avec un nouvel opus dédié à l'automne. Déjà réédités, les tomes Le Printemps et L'Été replongeaient dans ce monde plein de détails champêtres et d'événements joyeux comme un mariage ou la première neige de l’année.
14/09/2024, 11:12
Paris… mais pas tout à fait. Un futur proche, ou peut-être pas tant que ça. Ici, c’est la Nouvelle-Archologie, où « le rêve d’un pays prestigieux semble encore possible » : la mode gouverne tout, bien plus que la politique n’aurait pu espérer le faire. Glamour en pagaille, strass et paillettes à l’envi… tandis qu’en parallèle, l’Ouvert est une coquille artificielle dans laquelle la majorité de l’humanité vivote à peine. Et, au milieu de tout ça, il y a Vic.
13/09/2024, 15:21
La rentrée vaut pour tous les adolescents, même ceux qui ne sont pas sérieux parce qu’ils ont 17 ans. Les Cahiers de Douai et leurs poèmes (chez Hatier, proposés également en audio), prennent la première place des ventes, avec 27.240 exemplaires. Un engouement pour Rimbaud ? Pas tout à fait : il est en revanche très profitable de figurer au programme des 1ères générale et technologique…
13/09/2024, 12:39
Le manga Gambling School, également connu sous le nom de Kakegurui, est une série qui captive par son intrigue fascinante où se mêlent jeu, psychologie et manipulation. Plongeons ensemble dans cet univers où les enjeux ne sont jamais simplement matériels, mais souvent profondément psychologiques.
13/09/2024, 12:10
Olivier Truc c’est notre frenchy devenu l’ami des rennes et des Lapons : il vit depuis de nombreuses années en Suède, à Stockholm, où il a été correspondant pour Le Monde. C’est la série La police des rennes (une sorte de police rurale de l’ethnie Sami) qui a placé cet écrivain en haut de nos étagères de polars. Aujourd’hui sur les traces de ce Premier renne, Olivier Truc nous emmène à Kiruna, la plus grande mine d’Europe.
12/09/2024, 12:45
Vous êtes à Belle-Rose, au fin fond de la Savoie. Si ce nom de village peut vous inspirer une douce promenade bucolique sous un soleil clément, méfiez-vous. Car les apparences sont trompeuses, ici comme ailleurs : si il est facile de croire que ce petit coin de montagne est un lieu de sérénité, loin des tumultes des grandes villes et de leurs dangers, vous vous trompez. L’Eau Rouge, rivière qui se glisse entre les hauteurs, est devenu le berceau d’un meurtre.
11/09/2024, 18:33
Rentreelitteraire2024 — Lors d’un déjeuner familial dominical, Géraldine assiste, impuissante, à l’effondrement soudain de sa grand-mère, presque centenaire. L’arrivée précipitée des pompiers confirme le diagnostic : il s’agit d’un AVC.
11/09/2024, 13:07
En 2015 paraissait Les Jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? de Thomas Guénolé – analyse sociologique et politique qui vise à déconstruire les stéréotypes véhiculés sur les jeunes issus des banlieues françaises. 2024, l’auteur reprend son bâton de pèlerin, cette fois avec une bande dessinée documentaire. Mais le projet demeure inchangé.
11/09/2024, 11:01
Définitivement, Black Science est un chef-d'œuvre dans le domaine de la SF : l'ambition narrative de Rick Remender, déjà savourée (car savoureuse) dans les premiers tomes, se conjugue avec le trait de Matteo Scalera, pour de nouvelles aventures. Goûtues.
11/09/2024, 09:20
RomansRentree2024 – Rentrée littéraire de l’imaginaire. En fidèle lectrice de la collection Épik des éditions du Rouergue, il m’était impossible de résister à l’appel d’un premier roman chaudement recommandé par Marine Carteron, qui loue « un univers à la croisée du Royaume de Pierre d’Angle et de Game of Thrones ». Face à ces deux mastodontes de l’imaginaire, la promesse d’une nouvelle plume inoubliable : Nena Labussière.
10/09/2024, 17:29
Rentreelitteraire2024 — Devenir-sœur : Repères dans un siècle de féminismes polonais est une exploration des mouvements féministes en Pologne, compilant 14 textes inédits datant de 1907 à 2020 qui n'avaient jamais été traduits en français.
10/09/2024, 13:42
Confinement, technopolice, surveillance automatisée, IA, épuisement des ressources, émeutes, violences policières, ghettoïsation... mais aussi, et malgré tout, les aspirations à une société plus égalitaire, plus solidaire, plus joyeuse et émancipatrice, développant de nouvelles sensibilités.
10/09/2024, 12:21
Vinícius de Moraes, principalement connu pour avoir inventé la bossa nova avec son ami Antônio Carlos Jobim, était également poète, un des plus grands du Brésil même. Les éditions Seghers lui rendent hommage avec ce recueil titré Je te demande pardon pour t'aimer tout à coup (trad. Jean-Georges Rueff).
09/09/2024, 16:29
Après Vincent qu’on assassine (Gallimard) et Un instant dans la vie de Léonard de Vinci (Gallimard), Marianne Jaeglé a fait paraître en mars dernier cet époustouflant roman historique qui fut récompensé depuis par le prestigieux Prix Orange du Livre : L’ami du prince (Gallimard, 2024).
09/09/2024, 16:11
La région des Appalaches et les états que traverse la chaîne, comme la Géorgie ou les deux Caroline (Nord et Sud), nous ont généralement valu pas mal de bons bouquins, souvent des « romans noirs ». Pas plus tard que cette année, le Britannique R. J. Ellory nous y invitait avec l’excellent Au nord de la frontière (trad. Fabrice Pointeau).
09/09/2024, 12:12
Dans un monde où la personnalisation et la créativité s'invitent dans tous les domaines, les bibliothèques ne font pas exception. Loin d’être de simples rangements pour les amateurs de livres, elles deviennent des espaces de vie, empreints d’inspiration et de magie.
09/09/2024, 11:13
26 femmes se racontent librement. Dynamisme, ténacité, compétence, créativité sont leur marque de fabrique. Une écriture agile à savourer pour découvrir l’universalité de la vie de ces 26 femmes. Un kaléidoscope coloré, teinté de sociologie, qui se lit comme un roman. Diversité culturelle, énergie, passion, expertise… un véritable cocktail littéraire !
07/09/2024, 08:00
Dix mille exemplaires de différence entre le livre de Freida McFadden, numéro 1 des ventes de la semaine avec La femme de ménage (trad. Karine Forestier, J'ai lu) et le 10e : Tillie Cole, Mille baisers pour un garçon tome 2 : Mille morceaux de coeur brisé (trad. Charlotte Faraday, Hachette roman). Cette 35e semaine (26/08 au 1er/09) réserve cependant quelques étonnements.
06/09/2024, 11:17
#RomanMilan — Charlie se retrouve soudain dotée d’un superpouvoir qu’elle ne maîtrise pas, mais alors pas du tout : elle se met à parler un langage incompréhensible ! Reste à découvrir pourquoi... Un livre qui inaugure la nouvelle collection Roman Milan 7+.
05/09/2024, 17:11
Les éditions Fleuve noir ont eu l'excellente idée de lancer une série livresque dérivée de la désormais mythique série Le Bureau des Légendes. Un spin off, comme on dit pour faire genre : de quoi ravir les nombreux fans de la série tv. Et pour ce premier épisode intitulé Les mouettes, la réalisation a été confiée au journaliste-écrivain Thomas Cantaloube, un reporter de guerre qui connait bien les Balkans et le Sahel et que l'on connait déjà pour ses thrillers géopolitiques comme Requiem pour une République ou encore Frakas.
05/09/2024, 16:11
Victime pas vraiment colla†érale, le commissaire Jim Gordon a subi plus qu'à son tour les farces mortelles du Joker. Et le scénariste James Tynion IV, reconnu pour son travail sur Batman et Something is Killing the Children, s'emploie à confronter les deux personnages. Quête morale, horreur psychologique et instincts meurtriers : souriez, le clown est là.
05/09/2024, 11:26
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