Policière et écrivaine, Agnès Naudin face à la justice
En 2018, Agnès Naudin devient policière-écrivaine avec la parution de son premier roman, Affaires de famille, édité au Cherche Midi. Un ouvrage dans lequel l’ancienne capitaine de police évoque des enquêtes en cours. Cinq ans plus tard, le parquet de Nanterre exige à son encontre une interdiction définitive d’exercer, et du sursis, pour violation du secret professionnel.
Le 15/03/2023 à 16:21 par Fasseur Barbara
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Publié le :
15/03/2023 à 16:21
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Devant le tribunal correctionnel de Nanterre ce lundi, comparaissait Agnès Naudin, autrice de plusieurs livres et actuelle porte-parole du syndicat FSU intérieurs. Le procureur est sans appel : « Mme Naudin ne semble pas avoir compris l’intérêt du secret professionnel. »
Son premier roman, Affaires de famille, revient sur trois cas : un bébé secoué, un viol sur mineure et un viol conjugal. Des enquêtes encore en cours à l’heure actuelle, et dont le jugement est à venir. Pour le représentant du parquet, une chose est certaine : « Si on remet Mme Naudin en service, elle peut encore écrire sur des affaires en cours. »
La violation du secret professionnel ne repose pas sur « la nature de l’information » qui est divulguée, mais à partir de « la fonction exercée par la personne qui reçoit » cette information. Ainsi, pour le parquet, tout élément confié à un policier se retrouve soumis au secret.
Des affaires en cours
Le cas qui pose en particulier problème est celui du viol incestueux. Une affaire qui sera jugée ce vendredi également à Nanterre. Mêlant, dans l’ouvrage de 2018, son point de vue subjectif à sa réalité professionnelle, l’autrice y décrit l’adolescente en termes peu amènes, la qualifiant de « garce » qui « mentait ».
Autant de déclarations qui semblent être « du pain béni » pour la défense du prévenu d’après le procureur. L’écrivaine affirme avoir cherché à « être transparente » rapporte l'AFP.
C’était une façon de montrer que parfois, on a des réactions qui ne sont pas dignes de notre fonction.
-Agnès Naudin
L'autre affaire problématique est celle du bébé secoué. La présidente du tribunal précise : « Vous donnez des éléments d’identité du père, l’âge de la nourrice, son statut marital… Vous reprenez à la virgule près des déclarations d’une audition. Pourquoi autant de détails ? »
Ce à quoi Naudin rétorque : « J’avais une grande peur de trahir la réalité, de mal interpréter, j’ai voulu être au plus proche. Quand j’écris, j’ai l’impression de faire quelque chose d’utile, qui servira aux autres. Je ne voyais pas d’éléments, dans ces détails, qui pourraient porter préjudice à l’enquête ».
Bien sous tous rapports
L’autrice a pris soin de changer les noms et les lieux de commission des faits, et de demander l’accord des personnes impliquées. Le procureur objecte : « Pensez vous vraiment qu’une personne suspectée dans une affaire criminelle, appelée par la capitaine chargée de l’enquête encore en cours, peut donner un réel consentement ? »
De même, Mme Naudin en aurait averti l’ensemble de sa hiérarchie, tant judiciaire que policière. Elle aurait constitué un rapport envoyé en janvier 2018.
S’appuyant sur l’absence de sanction administrative, l’avocat de Mme Naudin, Gerald Pandelon, plaide la relaxe. Il ajoute : « Tout le monde était informé, et s’ils n’ont pas répondu c’est presque de leur faute pas de la sienne. »
La décision finale du tribunal sera rendue le 15 mai.
Crédits photo : Agnès Naudin - Fédération Syndicale Unitaire (YouTube)
Affaires de famille
Paru le 06/09/2018
304 pages
Le Cherche Midi
18,00 €
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1 Commentaire
Aurelien Terrassier
16/03/2023 à 11:06
C'est un roman avant tout bien que des affaires soient racontées, Agnès Naudin ne fait que raconter les dysfonctionnements de sa profession. Si un policier racontait ce qui se passe dans les coulisses de la police en dehors des réseaux sociaux (propos racistes, sexistes et garde à vue musclée) de la part de certains de ses collègues, il subirait je pense les mêmes pression de la part du parquet de Nanterre ou d'un autre parquet. Bon courage à Agnès Naudin et à son avocat car son roman ne justifie pas une interdiction d'exercer bien au contraire.