2022 sera une année de tensions pour l’industrie du livre. Fortes tensions. Et nul besoin de jouer à Zoroastre ou d’investir dans une boule de cristal pour le sentir. Car, de toute évidence, l’un des équilibres que l’on tenait pour acquis depuis 2002 va s’effondrer. Il aura suffi d’un Breton, Vincent Bolloré, pour ce faire : bouleverser l’édition française, une entreprise moins ardue que de vider la mer avec une cuillère, semble-t-il.
Le 07/01/2022 à 18:07 par Nicolas Gary
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07/01/2022 à 18:07
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Les distributeurs français le savent : Amazon est susceptible d’infliger des amendes de l’ordre de 500 €, quand un camion livrant les cartons de livres arrive à l’entrepôt logistique avec plus d’une demi-heure de retard. Ce procédé, le numéro 2 d’un important groupe éditorial en avait fait état voilà quelque temps, ponctuant un édifiant récit de la sorte : « Donc, quand on est en retard, sans vous demander votre avis, ils prennent 500 €. Quand ils sont en retard, on vous prend votre camion. »
Car la firme avait tout bonnement pris en otage le chauffeur d’un camion, arrivé à l’heure, mais confronté à des retards dans le traitement des réceptions… du fait d’Amazon.
Cette anecdote, et mille autres que l’on se passe, entre désespoir et consternation, devraient être enseignées dans les Masters Édition et autres formations de libraires, bibliothécaires, etc. Parce qu’elles tendent à relativiser les cris d’orfraie poussés actuellement par une industrie qui a sorti les griffes, à l’approche du rachat de Lagardère, donc Hachette Livre, par Vivendi, donc Editis.
Récemment, le Syndicat national de l’édition a diffusé un communiqué — que ni Hachette ni Editis n’ont signé — pour s’émouvoir au plus haut point du rapprochement à venir.
La préservation d’un accès équitable au marché de détail et au marché des droits, comme aux matières premières et aux médias, est une condition nécessaire au développement équilibré de notre secteur d’activité, porteur de forts enjeux sociaux, éducatifs et culturels.
– communiqué du SNE
Et d’en appeler aux autorités de France et d’Europe pour que l’on barre la route au gourmand Breton. « Ce qui amuse », nous glisse un facétieux éditeur, « c’est que le Syndicat hurle à la perte de la diversité éditoriale, et organise un salon du livre financièrement inaccessible aux éditeurs indépendants. Qui sont la source de la diversité. » On appréciera l’ironie à son juste mordant.
Mais quid d’Amazon ? Outre-Atlantique, Penguin Random House tente de racheter Simon & Schuster en prétextant que justement que, pour contrer un Amazon, il faut du poids. Les éditeurs seraient acculés aux conglomérats devant un opérateur qui représenterait plus de 600 milliards $ de chiffre d’affaires en 2021 ? L’argument s’entend — celui des actionnaires de Penguin Random House qui voient la bonne opportunité aussi. N’écouterait-on pas les préoccupations d’un groupe qui pèse 3,8 milliards € de CA en 2020 ?
Or, le mal français s’accentue, quand le ministère de la Justice américaine décide de faire obstacle à ce rachat, pour des raisons de concurrence. « Le message est mauvais à plusieurs niveaux », indique un banquier d’affaires. « Mais avant tout parce qu’on va, en France, tenter de rapprocher PRH des appétits de Vivendi. » Comparaison n’est pas raison, mais l’analogie facile à la vue courte.
Car, si tendance il y a, elle réside bien dans cette difficulté à comprendre les rapports de forces de plus en plus pesants avec le revendeur américain. « Amazon trouve toujours des solutions pour entraîner de nouvelles formes de factures : pas certain qu’un jour, ils ne fassent pas payer les demandes de réponses qu’on leur adresse par email », nous assure un distributeur.
Dans l’aventure Vivendi, certains tentent de garder les pieds sur terre : « Le champ de bataille n’est pas sur le demi-point que le syndicat des libraires redoute de perdre. L’obsession de Yannick Bolloré [président du conseil de surveillance de Vivendi, NdR] pour l’international démontre plutôt combien l’entreprise vise un déploiement global. Devenir un opérateur français d’envergure, qui puisse affronter le marchand en ligne », reprend un éditeur.
« D’ailleurs, Arnaud Nourry avait eu maille à partir avec eux, sur les livres numériques en 2014. Et les passes d’armes avaient duré un bon moment. Conclusion : Hachette avait très bien compris que l’enjeu était dans la croissance, pour garder des relations économiques saines avec ce type d’opérateur. » Et Vivendi reprendrait pour lui, assez logiquement, la même stratégie.
À la bonne heure : l’ex-PDG de Hachette, débarqué par Arnaud Lagardère pour mieux vendre le groupe Lagardère à Vivendi, avait senti depuis longtemps le vent. Mais d’autres s’alarment, chiffres à l’appui, de ce que surgissent les pleureuses grecques.
D’abord, le communiqué du SNE, surgissant en tout début d’année, après que des rumeurs — certes, mollement démenties — de rapprochement avec Prisa, puis avec Amber Capital, ont surgi durant la trêve de confiseurs ? « Qui n’a pas imaginé que l’apparition de ces deux joueurs mettait en pétard des acteurs du livre qui lorgnaient bien volontiers sur certains actifs à reprendre, au terme de la fusion Edithachette ? », interroge un observateur amusé.
L’autre point est cette question de monopole : les chiffres sont pourtant têtus. Hachette Livre, en France, pèse 1,13 milliard € pour 2020 et Editis 725 millions €. Le regroupement des deux n’aboutira jamais à une bête addition de ces chiffres d’affaires. En somme, ce qui en surgira sera un groupe dominant, au même titre que Hachette Livre l’est déjà sur le territoire français. Simplement en un peu plus gros.
À titre de comparaison, sur 2020, le chiffre d’affaires des éditeurs français accusait 2,3 % de recul, à 2,74 milliards € (donnée SNE) quand le SLF indiquait que ses 368 membres avaient réalisé 390 millions €.
Reste l’autre réalité, moins reluisante : celle des différents procès intentés par Vincent Bolloré aux différents journalistes qui s’intéressent à ses affaires. Évidemment, avoir la main sur un groupe qui deviendrait le nouveau leader en France peut légitimement préoccuper. Liberté d'expression en danger ? L'Obs y avait consacré un joli papier, faisant état des procédures menées. Jusqu'à présent, Editis ne semble pas avoir souffert d'interventionnsime : cela durera-t-il ?
Dans l’hypothèse la moins incertaine, Vivendi revendra des morceaux tant d’Editis que de Hachette — et certainement pas les fleurons de l’un ou de l’autre. Le fruit (défendu ?) de ce regroupement aboutira à une position durablement confortée sur certains segments éditoriaux. On parle de scolaire, pratique, littérature, etc. Qu’importe : Edithachette — ou Edichette, il faudra choisir — sera encore plus gros.
Editions du Soviet Eponge, sur Instagram
« La vraie question c’est : qu’est-ce qui change ? », interpelle un proche du dossier. « Rien. C’était un oligopole à franges, cela reste un oligopole à franges. Parler de monopole est ridicule. Quand on recense plusieurs milliers d’éditeurs dans un pays, la bibliodiversité n’est pas menacée surtout avec, en face, 2500 libraires et 4500 points de vente environ. »
L’un des enjeux, outre le domaine scolaire, sera celui de la distribution : Hachette Distribution et la filiale Interforum d’Editis ne demeureront pas au sein de la même entité nouvellement structurée. Qui se précipitera pour prendre l’un ou l’autre, voilà une belle question.
À LIRE: garder le meilleur d'Editis et Hachette pour créer un nouveau groupe ?
L’enjeu est donc, bel et bien, de constituer un champion en mesure de tenir la dragée haute à Amazon ou Disney (rappelons que le groupe possède l'éditeur de comics Marvel, dont les adaptations au cinéma explosent) sur les contenus comme sur la production. Et se profile clairement une question de référentiel : voir le trottoir devant la porte de sa maison d’édition ou le commerce de ces 20 prochaines années. Un grossiste grogne : « Quand on se rappelle qu’au lancement d’Amazon France, certains pontes se tapaient le ventre en clamant que personne n’achèterait de livres sur internet… »
Depuis, certains ont appris. « Qui peut sérieusement croire que [Vincent] Montagne [PDG de Média Participations] n’essaiera pas de racheter ce qui sera à vendre pour devenir le second groupe français et donc accélérer encore la concentration qu’il dénonce ? », poursuit un proche du dossier. « Ces positions relèvent d’une courte vue et d’un capitalisme très dix-neuvième siècle. Des pseudo-libéraux qui en appellent à l’État dès qu’un concurrent un peu costaud peut se constituer. »
L’Italie, récemment, a montré la voie : avec une amende infligée à Amazon de 1,28 milliard €, par l’autorité de la concurrence, le Bel paese a tenu à sanctionner la « position de domination absolue » de l’entreprise.
Car, n’en déplaise à la Société des Gens de Lettres qui a récemment dégainé — sous couvert de certains de ses membres — une tribune dans Le Monde, l’intérêt de tout le monde, auteurs en premier, c’est bien la constitution d’un géant européen qui pourra faire vivre leurs univers sur tous les supports. Sans pour autant négliger le fait qu’une fusion de cette envergure aura des conséquences sociales, entraînant des suppressions de postes, des ruptures conventionnelles et autres compressions.
Le dernier des autres nœuds gordiens, et pas des moindres, relève, à ce titre, de la politique interne : avec une cinquantaine de maisons d’édition chez Editis et à peu près autant chez Hachette livre, voilà une petite centaine de structures qui adhèrent (et cotisent) au SNE. Ainsi que les deux plus grands groupes qui apportent leur contribution économique au bon fonctionnement du syndicat.
Depuis la prise de fonction de la directrice générale d’Editis, Michèle Benbunan, les réunions du Bureau du SNE ont connu de sérieuses frictions. Mais qu’adviendrait-il du Syndicat si près de 80 adhérents représentant peu ou prou 1,8 milliard € de chiffre d’affaires — la cotisation étant basée sur les ressources des entreprises — décidaient de claquer la porte ?
En son temps, Arnaud Nourry avait menacé de quitter le SNE, mais les circonstances étaient bien différentes. « Aujourd’hui, les deux groupes seraient totalement en mesure et capables de financer un nouveau syndicat s’ils en ont envie… Après, Gallimard pourra adhérer à L’autre livre… » s’amuse un éditeur, en référence à l’association des éditeurs indépendants.
Si le SNE se décidait à trop intervenir sur la question de la fusion, comment réagiraient Hachette Livre et Editis ? « N’oublions pas, jamais, que le SNE n’est composé que des patrons d’entreprises qui ont leurs propres intérêts. Et qui n’ont jamais hésité à instrumentaliser le Syndicat pour les servir. » Ah ? Les stratagèmes personnels dépasseraient les enjeux collectifs ? Tout dépend d'où vient le vent.
Car le vrai ennemi, devenu indispensable pour l’édition et l’écosystème du livre, s’incarne bien plus en Amazon qu’en cette fusion Hachette-Editis. L’entreprise future continuera d’avoir des auteurs, de fournir des libraires et de s’inscrire dans la chaîne et de payer des impôts. Si l’on admet cette idée, alors le SNE joue un drôle de jeu… celui d’idiot utile d'Amazon ?
crédits photo : Dan Meyers/Unsplash ; Adrian Sulyok/Unsplash ; ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
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11 Commentaires
rodolphe alban
08/01/2022 à 09:22
Voila voila ça recommence, partout partout...Generalisation de la guerre des groupes il en va de meme dans tous les domaines, les franchises et groupes polluent les centres villes, ils maintiennent partout des loyers que des independants ne peuvent s offrir et vous invitent à rejoindre leur boutique en peripherie ou sur le Net. Le plus grave ce sera le fond pour l instant nous sommes que dans la forme...des groupes comme Vinci sont sur une ville comme Brive la Gaillarde propriétaire de: la foire du livre, du festival gaillard, du parking de la Guierle et par ruisselement du CAB et avec Derichbourg gros sponsort de differentes infrastructures culturelles et sportive. Tout ça c est du montage . Tout cela est tres lisible et plus que sur l ecologie la volonte politique est là
SamSam
08/01/2022 à 10:16
Cet article illustre encore une fois le manque d'intervention publique, le nécessaire endiguement de ces prédateurs sauvages nommés Bezos ou Bolloré.
Egalement, le terreau intellectuel perverti où les courtisans à carte et à micro voient des enjeux là où il n'y a que les eaux glacées des calculs et encore plus de perte en diversité, en qualité, en autonomie, dans un secteur sinistré par l'ultra-libéralisme fétîche de celui qui emmerde tout le monde.
Diabolo
08/01/2022 à 12:43
Je voudrais qu'on arrête de dire "le breton", l'homme d'affaire breton ou le gourmand breton pour parler de Bolloré. C'est général et c'est très pénible. Ce type n'a plus grand chose de breton en dehors d'y être né, et on ne dit jamais le parisien pour Bernard Arnaud ou l'auvergnat pour Michelin ou que sais-je encore. Bref, lâchez un peu la Bretagne.
Bossette
09/01/2022 à 09:36
Entièrement d'accord. Le mot "breton" n'est en rien synonyme de boulimique en affaires. Le sieur Bolloré pourrait très bien être gascon ou parisien, cela ne changerait rien à son amour de l'argent et du pouvoir qu'il donne. Je doute qu'entre deux rachats de maisons d'édition il ait le temps de beaucoup lire ; et là, je le trouve très "pauvre" !
Quant aux pouvoirs publics et aux banquiers (ah bon, ce ne sont pas des synonymes ?), ils jouent les Ponce Pilate...
La variété en tout est pourtant si belle. Dommage.
PS. Je ne suis Bretonne que de cœur et encore, pas pour tout.
Marco
08/01/2022 à 16:57
Cette fusion est présentée comme notre seule chance de survie dans un univers capitaliste jusqu’au-boutiste, créant une pression suffisante pour nous y faire adhérer. Mais ces pratiques industrielles et commerciales nous dépassent et nous plongent dans des situations impensables, au point d’assister, sidérés, à la destruction programmée des valeurs qui animent notre métier. Après avoir détraqué le climat, créé des pénuries d’eau et rendu l’air toxique, le capitalisme industriel à la sauce Bolloré-Amazon va guider nos choix de lecture et d’écriture de façon irréversible. Et il faut s’en réjouir, et applaudir les profits d’un monde médiatique distrayant, aux réflexions simplistes, aux modes éphémères, aux disputes orchestrées, tout cela accompagné de publicités favorisant la surconsommation. Du grand art ! Hélas, ce n'est pas de la fiction.
Roger Raynal
08/01/2022 à 19:00
" l’intérêt de tout le monde, auteurs en premier, c’est bien la constitution d’un géant européen qui pourra faire vivre leurs univers sur tous les supports. "
Heu non, surement pas.
L'intérêt des auteurs :
- ce n'est pas de "conserver" les éditeurs et leurs pratiques, restés bloqués au XIXe siècle, qui trouvent parfaitement "normal" de ne les payer qu'une fois l'an en étant totalement incapable de les informer sur leurs ventes (ce que le grand méchant Amazon sait faire, lui, pendant que les "grands groupes" se tapent sur le ventre en rigolant... "ça ne marchera jamais").
- ce n'est pas de voir les éditeurs continuer, avec un touchant ensemble digne des plus beaux cartels, de leurs octroyer royalement entre 5 et 10% de droits (et encore, le plus souvent 8%) sur le prix HT des versions papier, et parfois (faut oser) encore moins sur les versions ebook, vu que "comme vous allez en vendre plus, vous pouvez avoir moins de droits dessus" (oui, ils osent!).
- Ce n'est pas de voir des ebook vendus à peine moins cher que le papier (n'est ce pas M. Albin Michel) sous les prétextes les plus fallacieux.
- ce n'est pas pour résumer, de rester pieds et poings liés par la "chaine du livre" qui fait d'eux les soutiers d'un système qui les exploite. Même les "gros" commencent à le voir et se rendent compte qu'en s'éditant seuls (ou presque), ils y gagnent beaucoup (ce qui fait gloser "livre hebdo" sur leur "appêt du gain" = salauds d'auteurs qui, en plus du privilège d'être édité, voudraient être payés ! Mais où allons-nous !).
SamSam
09/01/2022 à 10:39
Oui, Roger... Juste une petite correction. Les "grands" éditeurs, qui ont pour boussole le modèle capitalistique, accordent plutôt 7% d'oboles aux gueux de la plume...
Roger Raynal
09/01/2022 à 11:49
7 % ? Même moi je ne les pensais pas aussi "généreux" ! ;-)
SamSam
09/01/2022 à 17:49
Ne t'inquiète pas, ça va sans doute baisser dans les années qui viennent...
Marco
09/01/2022 à 12:19
"Quand on recense plusieurs milliers d’éditeurs dans un pays, la bibliodiversité n’est pas menacée surtout avec, en face, 2500 libraires et 4500 points de vente environ. »
Sauf quand la plupart de ces éditeurs n'ont pas accès à une diffusion monopolisée par ces groupes, qui font aussi le nécessaire pour prendre le contrôle des librairies et des points de vente... Rien ne les arrêtera. C'est un pouvoir économique qui devient illimité, un état dans l'État qui ne se soucie aucunement de la Culture mais seulement des biens profitables qu'elle peut générer.
Les éditeurs absorbés par ces groupes ne sont pas nécessairement mieux traités : utilisés pour inonder le marché, pour contrer la concurrence, se donner une bonne image respectueuse de la diversité... quand le but ultime est de rentabiliser encore davantage quelques titres seulement, d'en mondialiser l'exploitation au bénéfice des actionnaires, de faire converger tous les "outils" que possède le groupe (journaux, radios, TV, cinéma, produits dérivés...). En un mot : du profit ! Profiter de ce qui a été construit avant, jeter ce qui coûte, optimiser ce qui rapporte et donner l'illusion que la bibliodiversité n'est pas menacée pour que personne ne se sente responsable. C'est la modernité qui voudrait ça, voire le "progrès". Quelle blague !
Marco
09/01/2022 à 15:17
La SDGL a lancé une pétition "Péril sur la biodiversité littéraire !"
Retrouvez le texte de la tribune signée dans Le Monde du 4 janvier par dix auteurs membres de la SGDL qui mettent en garde contre les risques induits par le rachat d'Hachette Livre par Editis.
Pour signer à votre tour la pétition et les soutenir, RDV sur la page de la SDGL :
https://www.sgdl.org/sgdl-accueil/l-actualite-sgdl/3959-tribune-bollore-edithachette-actu-bd