La romancière et journaliste Maryse Wolinski, est décédée jeudi 9 décembre à l'âge de 78 ans, nous a appris le Seuil, sa maison d'édition. Récemment, elle avait signé trois livres consacrés à son mari, Georges Wolinski, assassiné dans les attentats de Charlie Hebdo de 2015. En 2020, alors en promotion de son livre Au risque de la vie, elle expliquait sur le plateau de LCI souffrir d'un cancer des poumons.
Le 10/12/2021 à 12:23 par Hocine Bouhadjera
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10/12/2021 à 12:23
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Née Maryse Bachère à Alger, c'est après une première carrière dans la presse, où elle passera par Sud-Ouest, Le Journal du dimanche, Elle ou Le Monde-Dimanche, qu'elle choisit de se consacrer à la littérature.
Un engagement féministe
Son premier roman, Au diable vauvert, paraît chez Flammarion en 1988. « L'intimité et le secret, la vie de famille, l'amour (ou le désamour) dans le couple, autant de thèmes qui formeront la matière de ses romans ultérieurs », souligne le Seuil dans un communiqué. Des succès suivront, comme Le Maître d'amour, paru en 1992, Lettre ouverte aux hommes qui n'ont rien compris aux femmes, en 1993, ou encore La Femme qui aimait les hommes, sorti en 1998.
La maison d'édition rappelle également l'engagement de Maryse Wolinski dans la cause des femmes, très attentive à leur place dans la société et aux mouvements féministes qui ont su placer les questions d'égalité et de respect au centre du débat public.
L'après Charlie Hebdo
La mort de son mari fait basculer son approche de la littérature. Après ce drame, aussi symbolique qu'émouvant, elle consacre trois livres à son mari, le spirituel et impertinent Georges Wolinski, représentant de l'esprit Hara-Kiri des années 70, libertaire, engagé et spirituel jusqu'à être bête et méchant par choix. Parait ainsi Chérie, je vais à Charlie, en 2016, Le goût de la belle vie en 2018, et Au risque de la vie en 2020.
Dans ses trois textes, elle dénonce notamment les défaillances en matière de sécurité, pour Charlie Hebdo, de la part de la police et de la prévention antiterrorisme, et rapporte les retours de Wolinski au sujet du changement d'atmosphère au journal, moins légère et fraternelle qu'avant.
Également engagée pour la liberté d'expression et les valeurs républicaines face à « l'obscurantisme », dont elle a expérimenté les conséquences au plus profond d'elle-même, elle aura porté le projet de création d'une Maison du dessin de presse et du dessin satirique. Le 15 janvier 2020, à l’occasion de ses vœux à la presse, le Président Macron annonçait la création d’une maison du dessin satirique et du dessin de presse, et… finalement rien.
Une mort accueillie “avec vaillance et élégance”
Après l'hommage rendu par sa dernière maison d'édition, sa fille, Elsa, a salué sur son compte instagram la « vaillance et l'élégance » avec laquelle sa mère est partie, rapporte l'AFP. les hommages se sont succédé pour saluer une dernière fois l'écrivaine et journaliste.
La Bibliothèque nationale de France rappelle ainsi qu'en 2011, Georges et Maryse Wolinski ont fait le choix de donner plus de 1000 dessins du dessinateur à la Bibliothèque. « 50 ans de production artistique d'une figure incontournable du dessin de presse sont ainsi accessibles à tous sur Gallica grâce à eux. »
« Maryse Wolinski a nourri avec la Bibliothèque une relation fidèle et amicale, engagée, placée sous le signe de la mémoire et du respect bien sûr, mais surtout de la vitalité d’un combat pour la défense et la valorisation du dessin de presse, si essentiel à la démocratie. C’est ce combat qui nous réunissait. Nos échanges vont nous manquer. Mais nous continuerons sur le chemin dessiné ensemble », a déclaré Laurence Engel, présidente de la BnF.
Vincent Monadé, ex-président du CNL et chargé d’une mission sur la création d’une maison du dessin de presse, indique : « J’ai rencontré Maryse Wolinski à l’occasion de son projet de créer une Maison du dessin satirique et du dessin de presse, telle que voulue par son mari Georges. La voix douce et l’humour redoutable de Maryse cachaient une volonté de fer. Elle ne lâchait jamais rien, remettant cent fois sur l’ouvrage ses idées et ses propositions. C’était une grande dame. Je regrette qu’elle n’ait pas pu, avant son décès, voir la naissance de la maison qu’elle portait. C’est dommage, et incompréhensible. »
Le dessinateur Xavier Gorce, engagé avec Maryse Wolinski dans le projet d'une maison du dessin de presse, a salué sa mémoire.
Cyril Petit, directeur de la rédaction du journal où elle a commencé sa carrière en 1968, et où elle a rencontré son futur époux, s'est aussi exprimé.
Ou encore des figures politiques, comme la Maire de Paris, Anne Hidalgo.
Crédits : Gyrostat (CC BY-SA 4.0)
Paru le 03/09/2020
150 pages
Seuil
16,00 €
Paru le 03/11/2016
144 pages
Points
6,20 €
Paru le 03/06/2010
220 pages
Points
6,10 €
Paru le 17/03/2011
170 pages
Seuil
16,20 €
Paru le 06/03/2008
215 pages
Seuil
17,20 €
Paru le 14/09/2017
200 pages
Seuil
17,00 €
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CRILJ
10/12/2021 à 15:36
Maryse Wolinski écrivit, au début de sa carrière, des livres pour les enfants. Beau succès pour "La divine sieste de papa" (La Farandole, 1981), illustré par Georges Wolinski, que l'éditeur publie à nouveau, en 1986, augmenté de chansons, à l'occasion de l'adaptation du livre pour la télévision. Réalisation : Alain Nahum. Il existe, difficile à trouver aujourd'hui, un vinyle 33 tours paru la même année, chez Carrère, dans lequel on entend Carlos (le père), Bernadette Lafont (la mère) et Sarah Mesguich (la fille). "Au début des années 80, j’ai écrit une histoire, "La divine sieste de papa", destinée à ma fille Elsa et aux enfants en général. Déjà, à cette époque, je conjuguais le factuel et le fictionnel. Ainsi, je racontais les relations tendres et folles entre un père, fan de sieste, et sa fille, fan de contes. Dès que le père clignait des yeux et battait des paupières, laissant entendre quelques rauques ronflements, sa fille lui sautait sur le ventre et réclamait à cor et à cri, une histoire. Et quelle histoire ! Se croyant très rusé, le père imaginait de cruels récits dans le seul but d’effrayer son bout de chou. Sauf que le bout de chou en question, bien plus malin, avait saisi la ruse. La divine sieste de papa fut publié aux éditions de La Farandole, une maison de littérature, dite enfantine, de grande qualité. Quelques années plus tard, la télévision s’en empara pour l’adapter en une fiction musicale, diffusée un soir de noël 1985." Autre publication destinée aux enfants : "Les Sorcières du Boisjoli", chez Hatier, en 1986, dans la Bibliothèque de l’Amitié. Illustration : Pef.