Je connais trois grands romans dont le sujet principal est l'agonie humaine: La mort d'Ivan Illitch de Tostoï, La mort du père un des volumes des Thibault de Martin du Gard, et Le passage de Jean Reverzy. Reverzy (à ne pas confondre avec Reverdy) est malheureusement moins connu que les deux autres. Pourtant, en 1954, Le passage, son premier roman lui apporta le prix Renaudot et une gloire fugace. Après, enfermé dans sa province lyonnaise, comme d'autres, il fut oublié ou presque. Il avait été médecin dans la Résistance, et l'un de ses bons amis était un autre docteur, écrivain lui aussi, Jacques Chauviré, dont je parlerai bien un jour.
Le 31/03/2019 à 10:08 par Les ensablés
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31/03/2019 à 10:08
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Par Hervé Bel
Reverzy ne chercha pas à lutter pour se faire un nom. Il se savait condamné à une mort prochaine. Il mourut en 1959 à l'âge de 45 ans, peu après Guérin et Calet qui avaient son âge, tout comme Gadenne, Bove... Des écrivains morts si jeunes qu'on dirait une malédiction.
Le passage raconte la fin de la vie d'un homme, Palabaud.
Au début, Palabaud est en Polynésie, tenant un restaurant-hôtel. Son cuisinier est habile à revigorer les viandes corrompues. Palabaud vit de peu, en compagnie de sa femme Vaïte, heureux et aimant la mer par dessus tout. Un jour, pourtant, car cela commence toujours par un jour, il va consulter un médecin. Mal au foie, quelque chose qui ne passe pas. Le médecin diagnostique une maladie grave. Au début, il s'accroche, mais la maladie, une cirrhose pigmentaire, ne lui laissera plus de répit.
Sitôt qu'il se sait frappé, étrangement, l'esprit de Palabaud se plie, accepte la mort, oublie jusqu'à l'existence de la force qui animait autrefois son corps. La maladie s'impose à lui comme si elle avait toujours été.
Pallabaud va rentrer en France avec sa compagne, Vaïte, à Lyon, pour y mourir. Il y retrouve un vieil ami, médecin, le narrateur, qui va suivre de près son agonie. Palabaud va mourir lentement, si lentement d'ailleurs que les médecins seront médusés par sa résistance. Est-ce voulu par l'auteur? Palabaud est comme ces aliments depuis longtemps corrompus qu'il savait si bien rendre comestibles.
La maladie, un moment fixée, reprenait sa marche. Au contraire de Vaïte, Palabaud s’émaciait chaque jour un peu plus ; les jambes aux jointures bulbeuses se décharnaient ; sous la peau flasque, les muscles desséchés se tendaient comme de durs cordages. Il ne comprenait pas qu’il pût encore se tenir debout et, des heures durant, marcher à travers la ville.
Contrairement à Ivan Illitch ou au père Thibault, Palabaud ne se révolte jamais contre son destin, à l'exception d'une fois, lors d'une scène déchirante où il dit adieu à la vie, avant de se consacrer à sa dernière tâche: mourir.
Curieusement, malgré son sujet, le roman est d'une grande douceur, car l'idée centrale de Reverzy est que l'agonie n'est effrayante qu'aux yeux des vivants, de ceux justement qui sont encore en pleine santé, et ne comprennent pas cette résignation qui saisit les grands malades.
Soudain, celui qui était si fort, qui se moquait tant de la douleur, ne s'écoutait jamais, soudain cet homme se couche, ne proteste pas, déjà ailleurs. Dès lors que l'idée de la mort est acceptée (certaines pensées sont mortelles, dit Reverzy), par le fait d'une illumination, tout devient facile.
Dans la chambre pleine d’une odeur douceâtre de pharmacie et de cuisine, Palabaud comprit que sa fin allait commencer ; ce n’était ni plus inquiétant, ni plus douloureux que le reste. Il arrivait simplement au bout de l’insoupçonnable randonnée commencée six mois plus tôt lorsque le docteur Klein lui avait dit : « Vous avez un gros foie. » Il se souvenait de son déchirement, la voix du médecin usurier, pourtant sourde et rocailleuse, avait retenti comme le cri d’un enfant qui se noit. A ses inflexions, Palabaud avait prêté l’expression d’une solitude et d’une angoisse qu’il éprouvait lui-même. Puis la paix était revenue ; il n’acceptait ni ne refusait l’inévitable ; en réalité, il entrait dans le monde des agonisants. Car l’agonie peut durer une seconde ou des années ; elle commence à l’instant où l’homme croit sa mort possible ; la longueur du temps qui l’en sépare n’importe, et quiconque a saisi le sens de l’écoulement, du passage, est perdu pour les vivants. Et du jour où la mort triomphe et s’installe en maîtresse dans un cerveau, c’est pour abolir - à l’exclusion d’un exact sentiment de fluidité de l’existence_ toute lutte, tout désir, toute affirmation de soi et aussi toute angoisse.
La pensée finale de Palabaud fut tournée vers la mer qu’il vit clairement, non la mer symbolique des voyages, des romans, des poèmes, mais cette mer réelle et pure, cette mer vivante près de laquelle, dès l’enfance, il avait vu des êtres infirmes se débattre, s’agiter, se dissoudre. Il n’eut plus besoin du souvenir ; l’image heureuse de la vague verticale heurtant les récifs de la Raïata, hésitant à s’effondrer, telle un être pliant sous une charge immense, s’effaça. Ce qu’il tenait, c’était l’idée même de la mer et il ne souhaitait rien d’autre. Cette possession absolue ne pouvait durer. L’intermittence des espaces vides s’allongea ; une dernière fois l’idée de se fit jour et sombra. Tout l’univers, une lumière floue, une saveur lointaine et glacée de menthe s’abîmèrent. Comme c’est simple et facile de mourir ! Palabaud fut soudain absent de l’après-midi.
Au fond, l'âge nous prépare au grand saut. Jeune, je me pensais indestructible. Le monde était un décor ("Tout est affaire de décor", dit Aragon) , j'étais l'acteur principal d'une pièce dont j'avais à écrire l'histoire. Parfois, même, je doutais de l'existence de ce qui m'entourait. Mes proches venaient, disparaissaient, mais je demeurais. Je me disais que j'étais immortel: mon corps était solide... Désormais, la réalité du monde s'impose à moi. Il est massif, énorme, lourd, et je me sens léger, si léger...
On meurt seul. Palabaud n'échappera pas à la règle. Vaïte partira sans qu'il cherche à la retenir.
Hervé Bel Juin 2011
Jean Reverzy - Le passage - Editions du Sonneur - 9782916136707 - 17 €
Par Les ensablés
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 20/03/2014
280 pages
Les éditions du Sonneur
17,00 €
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#PiktosJeunesse – Myrtille la chenille doit bientôt se transformer en papillon, or elle pense qu’elle n’y arrivera pas… Une histoire pleine d’espoir pour montrer que chaque petit pas compte. Nila Aye et Hollie Hugues inaugurent une série de trois albums “Petites bêtes, grands sentiments”, avec Tu vas réussir, petite chenille (trad. Lamidémo).
14/02/2025, 08:00
#PiktosJeunesse – Un clin d’œil au conte classique Jack et le haricot magique, avec des illustrations détaillées et dynamiques, fourmillant de petits éléments à explorer… La graine magique, d’Emily Ann Davison et Adrianna Fong (trad. Lamidémo) célèbre la créativité et l’imagination des enfants.
14/02/2025, 07:30
« La lune s'était cachée derrière les nuages. Le vent cinglait la neige glacée en diagonale.
À travers une fente de la haute palissade noire, trop fine, semble-t-il, pour laisser passer une personne, la jeune fille se faufila jusques aux vastes, jusques aux terribles terres sauvages. » Ainsi commence cette fuite désespérée.
13/02/2025, 15:46
Autrice de fantasy française, Claire Krust s’est fait connaître dès 2015 pour son roman Les Neiges de l’Éternel paru aux éditions ActuSF, un récit de fantasy inspiré du Japon féodal, qui mêle histoires entrecroisées et atmosphère contemplative. En 2018, elle publie L’Envolée des Enges, un roman explorant des thématiques comme l’errance et l’identité à travers une intrigue teintée de merveilleux.
13/02/2025, 10:55
BONNES FEUILLES – Publié en 1966, Taï-Pan s’est immédiatement imposé comme un best-seller. Adapté au cinéma vingt ans plus tard, en 1986, il confirme James Clavell comme une figure majeure de la littérature inspirée de l’Asie. Aujourd’hui, alors qu’un autre de ses romans, Shōgun, cartonne en adaptation sur Disney+, les éditions Callidor remettent Taï-Pan en lumière avec une traduction révisée par France-Marie Watkins, Ivan Berton, Thierry Fraysse, et 150 pages inédites.
12/02/2025, 13:48
BONNES FEUILLES – Des États-Unis, où Donald Trump incarne un retour du masculinisme assumé, à la France, où le procès Mazan a provoqué la sidération, les relations entre hommes et femmes sont au cœur de nombreux débats. Entre charge mentale, lutte pour l’égalité et crispations identitaires, les femmes vont-elles libérer les hommes ? Pour y répondre, Laure Adler, Emma Becker, et Romain Roszak ont prêté leur plume.
12/02/2025, 13:47
Si l'on peut lire des ouvrages de fiction pour s'évader, il est aussi possible de rechercher à faire évoluer nos capacités à travers des ouvrages qui nous façonnent et nous aident à développer nos talents, notamment dans un cadre professionnel.
12/02/2025, 12:56
BONNES FEUILLES – L’autrice de la trilogie Daevabad, Shannon Chakraborty, revient sur le devant de la scène littéraire avec une nouvelle fantasy historique : Les aventures d’Amina al-Sirafi, traduit par Gaspard Houi aux éditions Sabran. Au programme : histoires de piraterie, légendes, et grands frissons...
12/02/2025, 11:39
Second épisode de la saga de Frédéric Paulin sur l'histoire récente du Liban. Le récit est toujours aussi soigneusement documenté et toujours instructif et passionnant. Nous voici maintenant au cœur des années Mitterrand, avec la période 1983-1986.
11/02/2025, 11:08
#PiktosJeunesse – Des illustrations douces et poétiques, pour raconter une déclaration d’amour dans laquelle chaque parent se reconnaîtra. Jack Carty et Natasha Carty proposent dans L'Amour que j'ai pour toi, une narration qui invite à la lecture chantée ou murmurée (trad. Lamidémo).
11/02/2025, 09:02
Voilà une résurrection qui fait plaisir autant qu’elle est importante ! L’année poétique reparaît chez Seghers, après une interruption de plusieurs années, grâce à Jean-Yves Reuzeau, déjà bien connu par ses anthologies thématiques aux éditions du Castor Astral. C’est un événement majeur au sein de la littérature francophone d’aujourd’hui quand le poème en est le ferment primordial. Par Jean Doutrepont.
10/02/2025, 14:25
C'était l'époque dorée du cinéma et paradoxalement, la période de la Grande Dépression. Ce Los Angeles des années 30, qui sert de décors à Zoé Brisby pour Hollywoodland s'est inspiré de la tragique tragique de Peg Entwistle. Parcours d'une jeune actrice surnommée la "Hollywood Sign Girl" dans une enquête-fiction qui plonge dans les coulisses du rêve hollywoodien entre glamour et désillusion.
10/02/2025, 11:31
C’est à une véritable enquête de police que nous convie le docteur en histoire Patrice Lajoye, sur les traces de Georges Ostrowski, rat d’hôtel à la Belle Époque. Publié par les éditions du CNRS, ce livre nous fait découvrir « une profession » et un homme, gentleman cambrioleur à la Lupin, mais qui, dans les faits, nous rappelle plus le rôle tenu par Cary Grant dans La Main au collet de Hitchcock.
07/02/2025, 18:12
Dans Le Pinceau Divinatoire, Maxime Fontaine et Bertrand Puard poursuivent leur relecture du mythe des Trois Mousquetaires à travers l’un des personnages les plus fascinants de l’univers de Dumas : Milady de Winter. Cette fois, l’intrigue nous plonge dans une enquête haletante mêlant art, manipulations et secrets enfouis, avec une héroïne plus insaisissable que jamais.
07/02/2025, 16:45
À force de lustrer ses premières places, il ne restera plus rien pour le grand nettoyage de printemps. Freida McFadden, encore et toujours, avec les aventures de sa Femme de ménage (trad. Karine Forestier), occupe – monopolise ! – les premières positions. Et laisse loin derrière tous les autres ouvrages, encore un peu plus loin d’ailleurs.
07/02/2025, 09:52
Le journaliste français David Hury nous propose un polar à Beyrouth. Une façon séduisante de réviser notre leçon d'histoire du pays tout en suivant un duo d'enquêteurs original : un vieux roublard maronite et une jeune chiite sortie du rang.
06/02/2025, 12:56
Né en 1963 à Yangquan, Liu Cixin est ingénieur en informatique et écrivain à succès. Sa fameuse trilogie le problème à trois corps, parue initialement en épisodes dans le magazine « Science Fiction World » en 2006, lui a valu de remporter le Prix Hugo du meilleur roman en 2015, faisant de Liu Cixin le premier auteur chinois à rafler cette récompense.
05/02/2025, 08:00
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