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Les Ensablés - "Rouge" de Carl Aderhold (2016), un interview de l'auteur réalisé par L. Jouannaud

Cher Hervé, ce printemps très humide est une invitation à la lecture. Ces dernières semaines, j’ai lu un bon roman policier français, un bon thriller américain, deux romans autobiographiques de François Nourissier (beaucoup de répétitions !), une biographie de Robespierre, et Rouge, le dernier roman de Carl Aderhold qui est un collaborateur des Ensablés.

Le 24/04/2016 à 09:00 par Les ensablés

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Publié le :

24/04/2016 à 09:00

Les ensablés

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Par Laurent Jouannaud

C’est un roman original qui bouscule les genres et le lecteur. S’il fallait le classer, je parlerais volontiers de « roman personnel », une formule qu’un personnage emploie à la fin du livre : « Les souvenirs forment ce que j’appelle notre roman personnel. Chacun en rédige un dans sa tête. (…) Nous passons notre existence à l’écrire. Nous comblons les blancs, nous inventons les passages qui nous manquent. C’est une œuvre interminable. » Ni autofiction complaisante, ni autobiographie résignée, ni souvenirs déjà funèbres, ce livre est à la fois général et particulier, évocateur et actuel. Un homme se retourne sur le passé à la mort de son père. Situation exceptionnelle pour l’individu, banale dans l’espèce humaine, souvent reprise en littérature.

Ce père imposant, aux convictions politiques affichées, ambitieux, a mené la vie dure à son entourage, mais le roman qui commençait comme un procès jugé d’avance se termine par un non lieu. Il n’y a plus de juges dans l’affaire Pierre Aderhold, et en tout cas, ce ne serait pas le fils : « Chaque proche, chaque ami, chaque personne que j’ai aimée a été tout à la fois l’accusé et le procureur, sans qu’il me soit possible de sortir du prétoire. »

J’ai demandé à Carl Aderhold de répondre à quelques questions sur son livre complexe et touffu, à la langue subtile quand l’auteur avance à tâtons dans le passé, sensible pour rendre les palpitations du cœur, et colorée s’il faut enfourcher les événements.

L.J. :Rouge, tel est le titre de votre livre. Avez-vous pensé à d’autres titres avant de vous arrêter à celui-là ?

C.A. : Non. Ce titre m’est apparu évident, une fois le point final mis au manuscrit. Le mot en lui-même a une sonorité très belle. Surtout, il est riche à mes yeux de plusieurs sens intéressants suggérés par les divers aspects du roman. « Rouge » est un mot et une couleur très présents dans l’univers communiste. C’est celui du sang, « Rouge du sang de l’ouvrier » dit une chanson révolutionnaire. C’est aussi le surnom péjoratif donné aux communistes que nous aimions reprendre à notre compte avec fierté. « Rouge », c’est également le mot qui revenait sans cesse dans les cuites de mon père, qui en marquait en quelque sorte le premier stade, lorsqu’il voulait nous démontrer la supériorité de la langue française sur les autres…

L.J :…et le rouge de la honte (« Le rouge me montait au visage »), le rouge de l’écriture (« Le sang épais de la prose »), le rouge de la colère. C’est aussi le chef d’accusation principal : votre père était un rouge. Son engagement dans le Parti communiste, tel que vous le racontez, était actif, profond, sincère. C’était un mode de vie qui impliquait toute la famille, femme et enfants compris.

C.A. : Oui, le communisme était pour nous une forme d’électrisation de tous les instants, comme un alcool fort. Lorsqu’on a été élevé dans cette attente fiévreuse qui se nourrit chaque jour du moindre événement, tout le reste après n’a qu’un goût fade. Cet engagement était une passion pour les excès, jusque dans les erreurs les plus évidentes. Avec la fin du communisme, la légitimité même de l’excès s’effondrait. La politique n’avait de sens que si elle promettait un bouleversement total de nos existences et qu’elle nécessitait un abandon total.

L.J. : Vous décrivez très bien cette enfance où, d’autorité, le père engage le fils. « Conçu sous les portraits de Marx et Lénine », vous avez manifesté contre la guerre du Vietnam, participé à la « Fête de L’Humanité », connu les distributions de tracts et les fièvres des soirées électorales, fait un séjour en Allemagne de l’Est, et attendu le Grand soir avec papa. Cette chronique d’une enfance politisée appartient à une époque pas si lointaine dont la fin coïncide avec la chute du Mur de Berlin.

C.A. : Oui, le communisme fut pour moi cette passion dans laquelle j’ai grandi. Souvent les gens qui ont lu mon roman m’interrogent pour savoir quand j’ai cessé d’être communiste, ou bien si j’y crois encore. J’ai l’impression que ce n’est pas la bonne question. Il me semble que c’est plutôt de savoir si la vie vaut la peine d’être vécue sans excès. Pour moi la réponse est non. « On ne guérit jamais du communisme… » disait Nizan.

L.J. : Au début du roman, c’est la mort du père qui provoque la remontée des souvenirs : « Je croyais pourtant avoir tout oublié. J’avais tout oublié. » Mais vous évitez immédiatement l’odeur de naphtaline des autobiographies en faisant du narrateur le personnage d’un roman qui se déroule en même temps que reviennent les souvenirs. Le narrateur a une sœur, il est marié, il a lui-même des enfants et la vie suit son cours. Les souvenirs deviennent alors des éléments actifs de sa personnalité et influent sur ses actes.

C.A. : En effet, il m’a semblé que pour écrire aujourd’hui son autobiographie (surtout en venant d’un milieu communiste où la morale joue un rôle central), la sincérité qui me tient tant à cœur ne pouvait plus résider dans l’aveu de ses propres errements comme Rousseau dans ses Confessions, ni dans l’analyse du caractère humain et de ses ressorts comme Montaigne. Il fallait prendre le sujet comme un personnage de roman. Les faits sont pour la plupart vrais, mais ce qui m’importe, c’est le mouvement, la dynamique. Comment faire de toutes ces vies, une matière romanesque.

L.J. : Le livre part en effet dans plusieurs directions à la fois : le présent du narrateur qui vide avec sa sœur la maison de famille, parle sur Skype avec sa fille qui se trouve au Canada, a rendez-vous avec sa femme, tombe malade ; le passé de l’enfance ; le grand passé des Aderhold ; l’avenir de Simon et de Pauline, les enfants du narrateur ; le temps de la chronique politique française qui occupe la vie du père. Cela donne à votre récit une épaisseur et un foisonnement qui en font un bon reflet de la société française de l’époque.

C.A. : Je suis parti de l’exergue du Journal d’un homme de 40 ans de Jean Guéhenno (dont j’ai fait le compte-rendu pour le site des Ensablés) : « Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. » Cette phrase de Victor Hugo a constitué le fil rouge, si j’ose dire, de mon roman. À rebours de l’autofiction, j’ai tenté de rendre la foison d’existences qui m’ont nourri, qui m’ont fait. Mon autobiographie n’est que la focale à travers laquelle le lecteur peut observer les existences des Aderhold depuis l’arrivée de mon arrière-grand-père allemand en France à la fin du XIXe siècle. Un peu comme Obaldia avec ses Exo-biographies qui rend compte des gens qu’il a croisés durant sa vie, j’ai voulu exhumer, raconter tous ces hommes dont je suis à la fois l’héritier et le passeur puisque l’autre thématique du livre est centrée sur la transmission de ce passé à mes enfants.

L.J. : Le père est la figure centrale du roman, c’est une personnalité, et l’enfant ne peut que le suivre, le souffrir, l’admirer. Mais le militant communiste modèle, qui donnerait sa chemise aux prolétaires et au Parti, a d’autres facettes. A la vie politique s’ajoutent sa vie amoureuse et sa vie professionnelle. On le sait, mais on l’oublie : un être humain joue toujours plusieurs rôles. Ici, il est Néron, et là, il est Le Cid. Ceux qui l’ont vu dans Corneille ont du mal à l’imaginer dans Racine ou Labiche. Votre père, je veux dire le père de votre narrateur, incarne cette contradiction puisqu’il est acteur et puisqu’il a deux noms, un nom civil (Pierre Aderhold) et un nom de scène (Pierre Decazes). Vous évoquez la vie professionnelle du personnage, ses hauts, ses bas, et pour finir la sécurité matérielle sans devenir une star. Un comédien n’est pas un prolétaire, votre père a eu du mal à tenir ces deux bouts-là. C’était l’époque où les artistes s’engageaient. Picasso, Montand, Aragon ont longtemps été les soutiens du parti communiste, le parti du peuple et de la classe ouvrière…

C.A. : …oui, l’importance accordée à la politique était vraiment une caractéristique de la société française des années 1960-1970. Je me rends compte aux réactions des lecteurs plus jeunes que bien des choses qui me semblaient évidentes ne le sont pas pour eux. Un ami de mon âge dont les parents étaient du PSU me racontait récemment que ses parents n’achetaient que des Renault parce que c’était la régie, l’entreprise nationalisée… Aujourd’hui, ça prête à sourire mais l’époque était ainsi.

L.J. : C’était aussi un homme à femmes et un mari violent. Il y a des scènes dures dans votre roman. Le personnage n’en sort pas grandi, mais vous ne voulez pas cacher la face sombre du quotidien.

C.A.  Cela correspondait à l’image de l’homme que l’on se faisait à l’époque. La virilité se devait d’être violente. Je pense que pour des garçons qui avaient grandi durant la guerre, la violence était une façon courante d’exprimer ses émotions. Et ma sœur et moi ne la ressentions pas avec l’acuité qu’elle a à nos yeux aujourd’hui. J’ai l’impression qu’à chaque génération, le seuil acceptable de violence évolue. Dans mon enfance, j’avais plein d’amis qui redoutaient une mauvaise note parce qu’ils avaient droit à une raclée en cas de mauvais bulletin… Ce qui nous paraissait surtout pénible à ma sœur et à moi, c’étaient les raisons de cette violence. Elle nous échappait souvent ou se portait sur des sujets qui n’auraient jamais valu la moindre réprimande chez les autres. Le plus violent savon que j’ai pris concernait le film surréaliste L’Âge d’or que j’ai vu adolescent. Parce que je ne l’avais pas aimé, mon père n’a pas décoléré contre moi pendant plusieurs jours, m’accusant d’avoir le goût petit-bourgeois… Pour revenir à votre question, je ne suis pas sûr que cette violence soit l’expression d’un pouvoir mais plutôt celle des frustrations, des déceptions que mon père subissait à la fois dans ses attentes politiques et sa carrière de comédien.

L.J. : Vous oscillez alors entre votre autobiographie et une biographie de Pierre Aderhold-Decazes, les deux projets s’entremêlant naturellement puisque les vies d’un père et d’un fils sont mêlées. Vous remontez les lignées ascendantes, et apparaissent la mère du père et le père du père. Vous comprenez que cet homme était lui-même soumis à des influences, des récits ou légendes familiales : une mère qui était une maîtresse femme et du côté paternel, on remonte deux siècles en arrière et on quitte la France. Votre père, écrivez-vous, aurait aimé que vous rédigiez une chronique familiale…

C.A. : … mon père voulait que je sois l’historien de la famille, j’ai préféré en être le romancier. L’exactitude des faits n’est pas un but en soi, ni même une aspiration. Il ne s’agissait pas pour moi de retrouver la sensation précise éprouvée lors de tel ou tel événement mais d’écrire la trace laissée dans ma mémoire. Certains neuropsychologues expliquent que nos souvenirs sont des fictions que nous nous attachons à entretenir, parfois même à créer, pour donner un sens à notre histoire. C’est exactement ce que j’ai cherché à rendre. Le pacte autobiographique, pour employer un terme de la critique littéraire, repose me semble-t-il, non pas sur la vérité mais sur la sincérité. Mes souvenirs d’enfance ne sont pas un témoignage, mais constituent un roman, ou si vous préférez une histoire, mon histoire, je veux dire la version de l’histoire que je me suis créée pour vivre. Tout l’enjeu de mon roman tourne autour de cet aspect. Beaucoup de faits ne se sont pas passés tels que je les raconte. Approximations, erreurs, décalages, omissions, volontaires ou non, tout ceci est présent. C’est le jeu de la mémoire. « Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende » dit un des héros de L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford. Cet affranchissement assumé de la réalité correspond à l’enjeu profond de Rouge : qu’est-ce qui se transmet de génération en génération, comment chacun en fait son propre miel. Le poids des échecs de mon arrière-grand-père et de mon grand-père a pesé sur l’existence de mon père d’une façon si lourde qu’il n’en avait pas même conscience et que j’en ai à mon tour subi les échos assourdis, comme les circonvolutions que dessinent les pierres en tombant dans l’eau.

L.J. : La mémoire est en effet un thème central de votre roman. En l’écrivant, vous avez décidé de transmettre à vos enfants l’histoire de la saga Aderhold. Mais vous précisez que vous avez refusé de leur imposer vos convictions. Faut-il ou non mettre sur disque dur le passé, les souvenirs, les origines ? Ne vaut-il pas mieux les effacer ? La société actuelle veut préserver toutes les traces, et je me demande si l’oubli n’a pas aussi ses vertus. Mais le « héros » de votre roman ne peut guère passer inaperçu. Sa dernière « scène », à Berck, quand il est malade et qu’on le transporte en brancard sur la plage, qu’il se met à chanter L’Internationale, a quelque chose de fellinien, à la fois tragique et risible. Le père en sort grandi : l’acteur joue jusqu’au bout le rôle qu’il a choisi et qui est devenu sa vie, rouge un jour, rouge toujours.  Ce père, finalement, était-il admirable ?

C.A. : Il est difficile pour moi de répondre à cette question. Chaque fils entretient avec son père des rapports à la complexité charnelle, qui dépassent le cadre du raisonnement. La réflexion, la mise en distance ne sont d’aucun secours. Si je l’admire ? Il a fait en grande partie ce que je suis. Est-il admirable ? Je pense qu’à sa façon, oui. La condamnation est pourtant presque évidente : intolérant, alcoolique, violent… Mais il y a dans son entêtement à échouer malgré les chances qui s’offrent à lui, dans sa volonté de faire de sa vie et de la nôtre, une scène de théâtre, dans ses excès mêmes, quelque chose de puissant comme un fleuve charriant alluvions et boue, allant à la mer, quels que soient les barrages des hommes. Il est tout à la fois ridicule, détestable, voire méprisable et aussi lyrique, passionné, enivrant. Il n’y avait pas de repos avec lui, toujours en perpétuelle inquiétude, en quête de quelque chose, un rôle, une aventure, un combat politique. Il est des hommes qui ne sont pas faits pour prendre l’autobus, mon père était de ceux-là. Il y a effectivement quelque chose de fellinien dans sa manière de vivre qui en fait un héros de roman. Après, ce ne fut pas toujours facile pour nous d’avoir pour père un tel personnage romanesque.

L.J. : Votre père était comédien, vous êtes écrivain. La différence n’est pas si grande puisqu’un écrivain met en scène et « joue » des personnages. Je vous pose donc la question la plus banale qui soit : « Pourquoi écrivez-vous ? »

C.A. : L’écriture fut pour moi une façon de m’opposer à l’implacable logique marxiste du devenir, le grain de sable dans la machine. Puisqu’il me semblait impossible d’échapper à mon destin, les histoires étaient la possibilité de tracer un autre chemin. Tant que je pouvais raconter, j’étais affranchi de l’histoire. L’histoire au sens de ce qui devait advenir était advenue. Mes petites histoires étaient le hasard qui dérange les systèmes philosophiques prétendant aboutir à une théorie générale du devenir humain. Les histoires réintroduisaient la part aléatoire, l’inattendu. D’une certaine manière, les petits romans que j’écrivais étaient une façon de réécrire le grand rouleau dont parle Jacques le fataliste dans le roman de Diderot. C’est écrit là-haut, dit-il à chaque événement qui survient. Inventer des histoires est cette échappatoire qui détricote le destin. Je crois en le pouvoir fondamentalement libérateur de la littérature. Ecrire ou lire un livre, c’est s’abandonner au désordre, accepter de ne pas savoir la suite, attendre et espérer tous les possibles.

 Mon cher Hervé, le roman de Carl est une réussite. J’espère que vous le lirez.

Laurent Jouannaud.

Par Les ensablés
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Les Ensablés – André Beucler, Vu d’Allemagne

Romancier, auteur d’une quinzaine d’ouvrages dont La Fleur qui chante, chroniqué pour Les Ensablés par François Ouellet, André Beucler est un homme aux multiples talents. Il s’intéresse ainsi au cinéma, pour lequel il écrit plusieurs scénarios et même réalise quelques films. Mais Beucler brille aussi dans un tout autre exercice, le journalisme. De par ses contraintes notamment en termes de longueur et de style, l’article de journal s’apparente à l’art de la nouvelle ou du découpage en scènes du cinéma, un art dans lequel Beucler s’épanouit avec une aisance et un brio remarquables. Par Carl Aderhold.

25/08/2024, 09:00

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Les Ensablés – Elisabeth de Raymonde Vincent (1908-1985)

Après la réédition du chef-d’œuvre Campagne (prix Femina 1937) dont même Le Monde s’est fait largement l’écho en 2023, les éditions Le Passeur republient aujourd’hui Élisabeth, troisième roman de Raymonde Vincent. Comme Marguerite Audoux (voir notre article sur Marie-Claire), elle fut un phénomène littéraire, s’avérant capable d’écrire un grand livre aussitôt remarqué et publié, alors qu’elle avait été illettrée pendant toute son enfance. Par Hervé BEL.

04/08/2024, 09:29

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Les Ensablés - Rafales, de Roger Vercel (1894-1957)

Encore connu des cinéphiles pour les adaptations au cinéma de ses romans  Remorques (adapté par Jean Grémillon) et Capitaine Conan (prix Goncourt 1934, adapté par Bertrand Tavernier), Roger Vercel est un remarquable écrivain de récits maritimes, inspirés de témoignages  de marins, recueillis à Dinan, ville où il vécut et exerça le métier de professeur de lettres. Par Isabelle Luciat

14/07/2024, 09:00

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Les Ensablés - Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach

L’écoute d’un opéra de 1920 ensablé jusqu’à la fin du dernier siècle peut mener à la lecture d’un roman également ensablé pendant plusieurs décennies, l’un comme l’autre très célèbres en leurs temps et fort heureusement resurgis… quoiqu’ insuffisamment pour le livre, qui mérite largement un coup de projecteur. Par Marie Coat

23/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Retour de barbarie et Du côté de chez Malaparte de Raymond Guérin

C’est au début des années 80 que l’on commence à reparler Raymond Guérin. Les éditions « Le tout sur le tout » ont alors le courage de rééditer certaines de ses œuvres. Jean-Paul Kaufmann écrit sa biographie, remarquable comme tout ce qu’il fait, dans 31 rue Damour. Des articles sortent… Puis nouvel oubli, même s’il reste publié dans la collection Imaginaire, antichambre de l’oubli définitif. un oubli relatif à dire vrai. Régulièrement, des maisons d’édition (où trouvent-elles ce courage?) rééditent en effet une de ses œuvres. Finitude est de celles-ci. Par Hervé Bel

09/06/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les enfants de septembre de Jean-René Huguenin (1936-1962)

Merveilleuse parution chez Bouquins d’un inédit de Jean-René Huguenin. Les enfants de septembre, roman ébauché et par conséquent forcément inachevé révèle toute la palette émotionnelle et stylistique de JRH, auteur génialement prometteur décédé à 26 ans. Par Denis Gombert

26/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - Les fumées de la Sambre (1985), de Pol Vandromme

Ce livre sensible et affranchi, à la croisée des genres de l’essai romancé et de la confession autobiographique, pousse à vouloir aller au-delà du visible, et à comprendre les fondamentaux de l’être dans les situations qui le déterminent et le construisent. Un flux de souvenirs et de sensations s’y déploie, dans une prose sans filtre avec en arrière-fond cette rivière berçant le pays de Charleroi qui entraîne l’esprit du narrateur dans les méandres géographiques, historiques et intimes de la formation d’un imaginaire. Par Louis Morès.

12/05/2024, 09:00

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Les Ensablés - La Confrontation, de Louis Guilloux (1899-1980)

Né en 1899 à Saint Brieuc, dans une famille de condition modeste, Louis Guilloux a publié de nombreux romans dans lesquels il a témoigné d'une attention particulière pour les pauvres et les laissés pour compte. Son premier roman La Maison du peuple, publié en 1927, évoque la figure de son  père, cordonnier et militant socialiste.  Son œuvre la plus célèbre Le Sang noir (objet d'un précédent article) s'inspire de la vie de George Palante qui fut son professeur de philosophie et son ami. Par Isabelle Luciat.

28/04/2024, 10:59

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Les Ensablés - Laurence Algan , discrète et touchante

Ces derniers temps, j’ai lu une romancière à l’écriture discrète et touchante qui se nomme Laurence Algan. On ne saurait presque rien d’elle si, en juillet 1944, elle n’avait répondu à l’enquête biographique que le journaliste et romancier Gaston Picard menait à l’époque auprès des écrivains pour le compte du Centre de documentation de la BnF ; les éléments biographiques fournis par l’écrivaine, Paul Aron les présente succinctement dans un article qu’il a intitulé « Une femme si simple » et qui est paru dans Les Nouveaux Cahiers André Baillon en 2014. J’y suis allé voir de plus près. Par François Ouellet

14/04/2024, 09:00

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Les Ensablés - La chambre des écureuils de Marie-Laure de Noailles

A l’automne dernier, sur les tables de la librairie chargées de l’abondante moisson de la rentrée littéraire, le regard est attiré par un livre relié entoilé d’un jaune éclatant, d’une romancière inconnue, Marie Laure. Son titre primesautier - La chambre des écureuils - intrigue : conte pour enfants ou ouvrage libertin ?
Ni l’un, ni l’autre, et il s’agit d’une réédition, chez Seghers, d’un roman écrit en 1946 -mais publié en 1955- par une femme hors du commun, bien plus célèbre comme mécène des arts et instigatrice de fastueuses fêtes mondaines, que comme écrivaine. Le pseudonyme de Marie Laure est en effet celui de Marie-Laure de Noailles, surnommée par l’une de ses biographes « la vicomtesse du bizarre ».

Par Marie Coat

31/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Sangs (1936) de Louise Hervieu (1878-1954)

La vie de Louise Hervieu (1878-1954) n'a pas été facile. Née hérédosyphilitique (cela existait encore en ce début de Troisième République), elle eut une santé fragile qui la contraignit à un moment de sa vie de se retirer et  ne plus se consacrer qu’à l’art graphique et à l’écriture… Enfin, pas tout à fait. Sensible pour des raisons évidentes aux problèmes de santé, elle milita activement à l’instauration du « carnet de santé » et parvint à ses fins en 1938.
En 1936, elle obtient pour « Sangs » (publié chez Denoël) le prix Femina au 4eme tour, l’histoire d’une enfant à l’hérédité implacable, que l’amour ni la richesse de sa famille ne peuvent guérir, ne peuvent écarter de la malédiction du « mauvais sang »
On n’échappe pas à son malheur.
Par Henri-Jean Coudy

17/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Dubalu de Bernard Waller (1934-2010), par Carl Aderhold

« Ouf,
            La bonne étape, le relais avant de s’élancer vers d’autres lieux, 
            à portée de main, en sortant de chez lui la première maison de la rue Granchois. »
Ainsi débute la grande aventure de Francis Dubalu, représentant de commerce la firme Breganti, qui part pour la première fois démarcher de nouveaux clients en province. 
Ce sont les éditions de La Grange Batelière dont on connaît le riche catalogue, qui ont eu la bonne idée de republier le premier roman de Bernard Waller. 
Initialement paru dans la prestigieuse revue NRF en novembre 1960 avant de connaître, un an plus tard les honneurs de la collection blanche, Dubalu est un texte d’une incroyable modernité, qui n’a pas pris une ride. 

Par Carl Aderhold

03/03/2024, 09:00

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Les Ensablés - Waterloo, Belges ou Français d'Albert du Bois (1872-1940)

Dans cette fiction historique qui prend place durant les Cent-Jours avec comme moment culminant la bataille de Waterloo, un Bruxellois d’origine flamande, Jean Van Cutsem, vit une crise existentielle : alors que le frère de sa fiancée wallonne rejoint Napoléon, il est pour sa part enrôlé dans l’armée hollandaise sous le commandement du Prince d’Orange… Un roman engagé et détonnant, où les questions de l’identité, de la loyauté et du courage s’affrontent avant tout dans le for intérieur d’un jeune soldat jeté malgré lui sur les routes de la guerre.

Par Louis Morès. 

18/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - À propos de Claude Dravaine, par François Ouellet

J’ai commenté ici même, précédemment, la biographie de Maria Borrély (1890-1963) publiée par Danièle Henky en 2022 (Maria Borrély. La Vie d’une femme épanouie). Les romans de Borrély, qui s’apparentent à ceux de Giono et de Ramuz, sont à redécouvrir impérativement. Danièle Henky, dont le « sujet de prédilection, c’est le destin des femmes », expliquait-elle récemment, s’intéresse, dans son nouvel ouvrage, à l’écrivaine et journaliste Claude Dravaine (1888-1957). La Livradoise. L’Énigme Claude Dravaine est publié chez Hauteur d’Homme, une maison régionaliste sise dans une commune du Massif central. Par François Ouellet.

04/02/2024, 09:00

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Les Ensablés - Couleurs d'écriture, de Julien Blanc à Raymonde Vincent

Après Romans exhumés (chez EUD, 2014), Littérature précaire (toujours chez EUD, 2016), notre ami et chroniqueur des Ensablés, François Ouellet, publie aujourd’hui, sous sa direction, un nouvel opus dédié à la redécouverte d’auteurs oubliés, vaste domaine, on le sait, qu’une vie ne suffira jamais à explorer totalement. Il s’est entouré pour cela d’éminents spécialistes dont le regretté Bruno Curatolo, savant érudit, par ailleurs un des « redécouvreurs » de Raymond Guérin. Pour nos lecteurs assidus depuis quatorze ans (déjà !), ce livre est indispensable. Par Hervé Bel.

22/01/2024, 12:17

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Pas de mariage et trois enterrements

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Depuis son village natal, niché dans la campagne afghane et frappé un soir d’automne 2001 par les bombes tombées du ciel, jusqu’aux rues de Kaboul où l’urgence de survivre devient un combat quotidien, un jeune homme s’engage sur le chemin incertain d’un avenir plus vaste. 

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Les disparus, les regrets, et... Laure

Kevin Orr explore les souvenirs d’une vie marquée par l’amour, la perte et la mémoire familiale. À travers un récit fragmentaire et introspectif, l’auteur retrace les obsessions d’un narrateur hanté par le décès de ses proches et par la figure énigmatique de Laure, son amour de jeunesse disparu.

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Combattre la solitude à deux

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Êve est une sirène professionnelle qui se produit dans des shows aquatiques. Mais sa queue en silicone et sa beauté cachent un secret. Un soir, elle a été fauchée par une voiture et laissée pour morte au bord de la route, le corps fracassé. Êve, avatar glamour de la femme qu’elle était, comme Monte-Cristo est celui de Dantès, va préparer sa vengeance durant des années.

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Rattraper l’horizon : un roman poignant sur Kaboul et l'exil afghan

Rattraper l’horizon (Actes Sud), écrit par Khosraw Mani,  est un récit poignant qui nous livre le destin, la vie d’un jeune Afghan qui tente simplement de survivre. Dans un pays pauvre, marqué par la violence, l’alcool, la guerre, parfois, le seul moyen de s’en sortir, c’est de fuir perpétuellement.

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