Houellebecq et l'euthanasie, une vieille histoire
Il est loin, le temps de Socrate acceptant la ciguë, ou les réflexions stoïciennes évoquant le suicide comme une forme de noblesse. Il s’est en effet passé quelque 2000 années de christianisme — mais pas que — pour que la mort choisie se change en débat de société. Alors que la France discute d'une possible législation, Michel Houellebecq apporte sa pierre à l’édifice, dans Le Figaro.
Le 06/04/2021 à 09:59 par Clément Solym
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Publié le :
06/04/2021 à 09:59
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L’Assemblée nationale doit s’emparer d’un texte pour le moins contesté : avec près de 3000 amendements déposés, les débats autour du droit à l’euthanasie font rage. Il concernerait les personnes atteintes d’une pathologie incurable. Telle quelle, la proposition de loi du député Olivier Falorni n’a guère de chance d’avancer. Son idée d’un « droit à une fin de vie libre et choisie » a suscité la levée de boucliers des députés Les Républicains, auteurs de 2300 amendements à eux seuls.
La mort, ultime voyage
« Je procède souvent par légères exagérations ; c’est ma méthode. Je ne suis pas un écrivain pleinement réaliste, plutôt légèrement expressionniste », expliquait déjà Michel Houellebecq dans un entretien, toujours au Figaro, en janvier 2015. Il évoquait alors la possibilité d’un régime islamique en France, pour l’horizon 2022.
Or, il envisageait également que certains sujets relevaient de la « prise de position catholique sur les sujets sociétaux type euthanasie ou mariage homosexuel : ce sont des positions de droite ».
Cette fois, il revient dans une nouvelle approche, avec des positions qu’on lui connaît. En effet, en juillet 2019, il commentait l’affaire Vincent Lambert pour Le Monde – un texte écrit avant l’annonce de son décès.
“En résumé, la souffrance n’est plus un problème, c’est ce qu’il faut répéter, sans cesse, aux 95 % de personnes qui se déclarent favorables à l’euthanasie. Moi aussi, dans certaines circonstances (heureusement peu nombreuses) de ma vie, j’ai été prêt à tout, à supplier qu’on m’achève, qu’on me pique, tout plutôt que de continuer à supporter ça. Et puis on m’a fait une piqûre (de morphine), et mon point de vue a changé radicalement, du tout au tout.”
– Michel Houellebecq
Dans son intervention de ce 5 avril, il pointe : « Lorsqu’une société, une civilisation, un pays en vient à légaliser l’euthanasie il perd à mes yeux tout droit au respect. » Car selon lui, nul n’a envie de mourir : « On préfère en général une vie amoindrie à pas de vie du tout ; parce qu’il reste de petites joies. La vie n’est-elle pas de toute façon, par définition presque, un processus d’amoindrissement ? »
Et de dénoncer que l’idée d’une forme de compassion relève d’un « mensonge […] palpable ». Car des méthodes pour soulager la douleur, comme la morphine et l’hypnose, existent — sujets qu’il avait déjà soulignés par le passé. De même pour la question de la dignité, totalement vidée de son sens.
Plutôt que de céder à l’appel législatif, sa solution passerait plutôt par l’éradication totale du problème. Ainsi, il prêche pour une fin hâtée : « Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable de le [le pays] détruire afin qu’une autre société, une civilisation ait une chance d’advenir. »
La morale houellebecquienne
Les lecteurs du romancier se souviendront que l’euthanasie comptait déjà parmi les thèmes de son recueil Interventions 2020. « Je ne promets pas absolument de cesser de penser, mais au moins de cesser de communiquer mes pensées et mes opinions au public, hors cas d’urgence morale grave — par exemple une légalisation de l’euthanasie (je ne pense pas qu’il s’en présente d’autres, dans le temps qui me reste à vivre) », écrivait-il.
À cette époque déjà, il posait comme un « devoir de prendre en charge ces malades, de leur assurer les meilleures conditions de vie possible ». Et ce, non par conviction religieuse, mais « pour des raisons morales évidentes ».
Crédit photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0, céramique de Clément Mitéran
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19 Commentaires
Lyo
06/04/2021 à 10:24
Une bonne dose de morphine ? Lol
Allez donc dire ça à cette dame qui était atteinte de la maladie de Charcot et qui est allée se faire euthanasier à l'étranger. Petit à petit, son corps se paralysait, la rendant complètement dépendante d'autrui. On est dans une société qui fonctionne de façon malsaine et très capitaliste. Quelqu'un qui perd toute ses capacités motrices c'est une catastrophe.
La logique voudrait qu'on les accueille mieux, qu'on les prenne en charge. Mais c'est totalement utopique. C'est très compliqué pour les membres d'une famille de concilier la prise en charge d'une personne dépendante et la conciliation avec un métier. Il y a aussi les soins médicaux, les factures et les installations spécifiques.
La morphine n'est pas toujours la solution et en plus on peut y développer une addiction.
Il faut à tout prix encadrer juridiquement l'euthanasie et c'est un moyen qui devrait effectivement rester exceptionnel car il faut également prendre en compte le médecin qui s'en chargera.
Mais je pense que ça devrait tout de même être une possibilité.
Aldo Fittler
06/04/2021 à 15:12
Parfaitement d'accord avec vous : on devrait pouvoir euthanasier toutes les personnes dépendantes qui nous empêchent de travailler ! Les handicapés nous asservissent et le travail rend libre.
Eric Dubois
06/04/2021 à 16:37
Votre pseudo me dit que vous êtes un troll : "Aldo Fittler = Adolf Hitler " . On parle sérieusement et vous dites n'importe quoi ! Dégagez de la discussion !
Issoufi Kourouma
07/04/2021 à 08:12
"Eric Dubois = Cidre Bisou". Vous qui employez vous-même un anagramme ridicule comme pseudonyme, je ne pense pas que ce soit l'endroit pour se moquer du nom des gens. Ce sujet grave réclame un peu de dignité me semble-t-il.
Fishdrake
10/04/2021 à 11:36
Quand on prétend réclamer de la dignité, on a autre chose à dire que de pointer un pseudonyme autrement moins grotesque et tendancieux que "Aldo Fittler". Si au moins cet individus avait des propos éclairés et constructifs plutôt que de resservir les sempiternels lieux communs vautrés dans le sarcasme que nous débitent tous ceux incapables de mobiliser leurs neurones pour penser par eux-même, je pourrais comprendre votre réaction, sans pour autant oublier que vous n’élevez pas plus le débat.
Et pour démontrer la nature stupide de l'argument du "prénommé Aldo" (et qualifier cela d'argument relève d'une commisération absolue), celui-ci laisse entendre que ce serait les autres qui décideraient d'euthanasier autrui au motif de son inutilité dans la société (un classique épouvantail selon la dialectique éristique, ou comment rendre immoral une idée, un point de vue, en le déformant) alors qu'il est en réalité question de laisser aux gens la liberté de faire ce choix pour eux même.
Fishdrake
06/04/2021 à 14:13
Résumons : monsieur a eu des problèmes médicaux réglés à coup de Morphine. Et donc parce que cela a fonctionné pour lui, cela fonctionnera pour tout le monde, et il est un expert sur la question de la fin de vie assistée.
Visiblement, son unique conception de la douleur est d'ordre physiologique.
Je ne peux m’empêcher de penser à Sir Terry Pratchett, un auteur autrement plus talentueux selon mes critères personnels, qui aurait sans doute trouvé matière à répondre. Sa douleur n'était nullement physique, et des iv de morphine n'y auraient rien changé.
Preuve que Houellebecq n'a pas une assez grande connaissance du sujet pour étaler son avis à la face d'autrui. En bref "de quoi je me mêle ?". Il peut parler de dignité "vidée de son sens", il en fait tout autant se cachant derrière des histoires de morale pour dénigrer la légifération sur la fin de vie assistée.
Olivier
06/04/2021 à 15:31
D'une part, la position réac de Houellebecq ne me surprend absolument pas.
D'autre part, sa position est, bien sûr, affligeante.
Laissons aux malades la liberté de choisir, sans aller mourir à l'étranger. comme le faisaient autrefois celles qui voulaient avorter, et avaient les moyens de faire face à de tels frais.
Anne Bert nous a d'ailleurs laissé un magnifique témoignage sur le sujet.
Sa lecture est autrement plus enrichissante que les éructations d'un Houellebecq
Alina Reyes
06/04/2021 à 22:13
Son rapport à la mort n'a d'égal que son rapport à la vie. S'il pouvait s'abstenir de prosélytisme... Les gens ne sont pas plus bêtes et peuvent savoir eux-mêmes ce qu'ils veulent dans la vie, dont la mort fait partie.
Jujube
07/04/2021 à 05:29
Où est le bec, ce coup-ci?
Sur un thème où il n'a franchement rien à dire.
Conclusion: plutôt la fermer!
van LANGHENHOVEN
07/04/2021 à 08:14
affligeantes éructations d'un ego souffreteux et malade de lui-même et toujours aussi réactionnaire
je ne volerai plus aucun de vos torchons .... promis
jehan van LANGHENHOVEN
POETE
sudmanche
07/04/2021 à 14:09
Le droit de mourir dans la dignité est un choix personnel, voir se dégrader lorsque l'on sait que la maladie ne se soignera pas, est un calvaire pour celui qui le subit. Et donc pourquoi refuser ce choix individuel en France, dès lors qu'il est encadré comme dans les Pays qui l'autorisent
Houellebecq s'exprime c'est son droit, le mien aussi et je ne suis de son avis
Que nous reste t'il devant notre propre dégradation dès lors que la maladie n'est pas curable : le suicide !
Au contraire je trouverai qu'une société s'honorerait à accorder dans des conditions bien structurées, le suicide assisté. Qui peut décider pour moi, dans ce genre de situation : Personne et si les autres détracteurs de cette idée ne sont pas d'accord, qu'ils ne le fassent pas mais qu'ils laissent le droit aux autres d'agir selon leur conviction
Ribiata
07/04/2021 à 14:52
à quoi bon rappeler ces positions de Houellebecq qui n'ont aucun intérêt ? Elles n'apprennent rien sur lui, aussi prévisible que n'importe quel troll, ni sur la question de l'euthanasie. Actualitté prépare la promo de son prochain bouquin peut-être ?
Au moins, la banalité de ces réflexions en apprennent-elles un peu sur MH à celles et ceux qui en avaient encore besoin. Et il ne peut pas s'empêcher de nous servir sa petite anecdote personnelle comme démonstration... petitesse à tous les étages !
NohGoa
07/04/2021 à 19:06
Exactement. Personne n'aurait réagi à l'avis de Houellebecq, qui ne concerne que lui, si on ne lui avait pas tendu un micro, puis répercuté partout où le tam-tam portait.
Et sinon, quelqu'un pour dire que la loi actuelle est plutôt bien troussée et qu'il faudrait commencer par veiller à ce qu'elle soit correctement appliquée ?
Forbane
07/04/2021 à 16:53
Nous possédons notre corps et nous avons sur nous-mêmes le droit de vie et de mort.
Le droit de mourir est sacro-saint, tout autant que le droit de vivre.
Ribiata
08/04/2021 à 00:09
vu du point de vue de qq'un en possession de toutes ses facultés et que personne n'a trop itérêt à voir mourir, ça se défend. Alzheimer, grand âge, grandes souffrances, attentes bienveillantes (ironie) de familles "familiales" (qui a dit perverses ?) ou d'entourages complètement désintéressés (ironie) ou simplement lassés des soins, de la dépendance au malade dont la misérable et inutile vie traîne (ironie)...
Qui ne s'est pas trouvé face à un malade, un vieillard, se contredisant d'une heure sur l'autre, passant du désespoir au bonheur du printemps, d'un enfant, du ciel... ou à la férocité mesquine du survivant ?
Je n'ai pas vraiment d'opinion sur la question, en fait, mais comment prétendre un instant que c'est simple ? La loi dit nécessairement une norme face à des situations profondément singulières (contrairement aux situations où la loi est à son aise : frauder le fisc, faire un excès de vitesse ou assassiner qq'un).
Qui répond à la question sans la reformuler dans ses termes propres, individuels, mis en situation... disons que je voudrais éviter d'avoir qq'un comme ça à côté de moi quand j'en serai là !
birjak
11/04/2021 à 21:30
Je pense que la France mélange les notions de soins palliatifs / fin de vie, euthanasie passive, euthanasie active et suicide assisté, un mélange bizarre entre médecine et droit...
Le problème me semble très mal posé.
Je suis suisse et médecin retraité. J'ai été confronté à la souffrance et à la mort durant tout ma vie professionnelle.
En Suisse, la loi n'autorise pas du tout un(e)médecin à euthanasier, c'est-à-dire provoquer activement la mort de quelqu'un, par contre elle autorise l'auto-délivrance volontaire ("suicide assisté"), qui est une démarche volontaire, soigneusement organisée et planifiée d'un sujet capable de discernement, qui décide librement d'en finir avec une existence devenue insupportable en raison d'une maladie inexorablement fatale, et dans certaines circonstances, en raison simplement d'un âge très avancé.
Dans cette situation, le médecin n'a aucun rôle actif, car c'est par définition le patient qui absorbe le produit létal, ou actionne la perfusion qui le contient.
D'ailleurs, le médecin peut choisir de ne pas cautionner la décision de son(sa) patient(e) en raison de ses convictions morales.
Bien sûr que par ailleurs, il faut développer largement les soins palliatifs, d'ailleurs pas seulement à l'hôpital, mais également dans les établissements pour personnes âgées, et à domicile.
Rappelons que les soins palliatifs n'ont pas vocation à raccourcir le temps de vie, ils ne servent qu'à soulager la souffrance physique et psychique.
Dommage que la France ne se limite pas simplement à légiférer sur la solution de l'auto-délivrance volontaire, cela permettrait de clarifier le débat...parce que légiférer "sur l'euthanasie" n'est tout simplement pas possible : cela ferait jouer aux médecins le rôle actif de criminels, ce qui est éthiquement et juridiquement indéfendable .
En ce sens, Houellebecq a raison.
Zoé Gilles
02/06/2021 à 21:36
La "morale" Houellebecquienne, quelle est-elle si ce n'est pas une conviction religieuse ?
Déjà dans la Carte et le Territoire sa position était odieuse.
Les cas sont multiples et complexes mais à partir du moment où la personne consciente réclame la mort, la dignité humaine devrait avoir le devoir de l'accepter dans un bon encadrement : l'humain prime les religions et les morales sans fondement.
Par ailleurs, nos législateurs savent parfaitement quadriller les problèmes et dicter leurs mesures. A eux d'y travailler en ce sens pour éviter toute dérive.
Fabrice
07/09/2022 à 11:57
Jamais entendu parler de ce Houellebecq; quant à la teneur de l'article (à l'idéologie sous-jacente), rien d'étonnant à ce qu'un journal comme le Figaro l'ait publié bien entendu. Concernant Houellebecq je vois en googlant D'INNOMBRABLES photos avec des pipoles, certaines de son mariage, sur l'une d'entre elles en arrière-plan: un ancien président de la République (et un des plus ignares que l'on ait connus)... Et en fouillant un peu plus j'apprends sur la page wiki relative à son Goncourt qu'il a copié-collé des passages entiers de pages wikipédia ! Quelle farce... Si tout cela est vrai, ça en dit long sur le personnage. On est dans le spectacle total.
J'ai lu le papier original finalement: le point Godwin est atteint assez rapidement, à la moitié de l'article. Ça vole vraiment très haut. Et le reste ne vaut guère mieux. Assez d'accord avec Olivier (6 avril 21 à 15h31): "affligeant", en effet. N'importe quel ado de 1ère pourrait aussi facilement soutenir qu'un pays (une société, une civilisation) qui légalise (ou prohibe - peu importe vu le niveau des arguments avancés) que sais-je ?, la vente de cigarettes ou de viande bovine ?, l'inscription d'un troisième 'genre' sur les papiers d'identité... ?, "perd tout droit au respect"...
Joe Gillian
25/09/2022 à 14:12
Google, wikipedia, point godwin, la lobotomie a visiblement fonctionné.
Il vaut mieux que tu restes sur google plutôt que d'apprendre à connaitre et lire Houellebecq, ça serait trop dur pour toi.
Quand le sage montre le chemin de la réflexion, l'imbécile regarde google.