Une grande fête des adolescents à la médiathèque ? Un réaménagement de ses espaces de convivialité ? Une automatisation du prêt et du retour des documents ? Si vous habitez dans une collectivité de plus de 40 000 habitants, il est bien probable qu’une conservatrice territoriale ou un conservateur territorial de bibliothèques ait piloté ces projets. Mais connaissez-vous ces professionnels, à la fois encadrants stratégiques et proches du public et de ses attentes ?
Le 12/03/2021 à 12:46 par Auteur invité
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12/03/2021 à 12:46
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Qui se cache derrière l’appellation « conservatrice ou conservateur territorial de bibliothèques » ? Pour en dresser le portrait, les lauréates et lauréats du concours de ces deux dernières années, les élèves conservatrices et conservateurs de bibliothèques de l’Institut National des Etudes Territoriales (INET) des promotions Alan Turing (2019-2020) et Toni Morrison (2020-2021) prennent la parole dans les colonnes d'ActuaLitté.
Chaque année, les élèves se rencontrent à Strasbourg et embarquent pour dix-huit mois de formation au cours desquels ils vont s’enrichir mutuellement grâce à leurs personnalités et leurs parcours très diversifiés. Ces personnalités, ce sont celles d’hommes, de femmes et de personnes queers de tout âge, sortant d’études et faisant leurs premiers pas dans la vie professionnelle, ou ayant déjà une expérience professionnelle sur un ou plusieurs postes. Leur point commun ? Une conviction dans le pouvoir de la culture, sous toutes ses formes, et un fort engagement pour le service public.
Dans les promotions Alan Turing et Toni Morrison, les élèves ont eu des formations initiales variées, souvent en sciences humaines (philosophie, lettres, théâtre, histoire de l’art…) ou en études politiques, voire les deux à la fois, comme c’est le cas pour Julie, qui a réalisé un double master en administration publique et en histoire de l’art. Certains ont eu une première partie de carrière, soit en tant que fonctionnaire, parfois dans les bibliothèques, parfois dans d’autres secteurs comme sur des postes à l’inspection des douanes ou d’enseignants à l’Éducation nationale, soit dans le privé comme responsable de développement économique à l’étranger ou à la direction adjointe d’un cinéma.
Par exemple, Eva a ainsi été tour à tour guide-interprète, propriétaire-gérante d’un café-restaurant et chargée de relation clientèle dans un hôtel avant d’intégrer le monde des bibliothèques.
Ce sont donc toutes ces expériences et les compétences qui en découlent qui se mêlent et entrent en dialogue lors des dix-huit mois de formation à l’INET (Institut National des Études Territoriales) qui suivent le concours de recrutement dans le cadre d’emploi des conservateurs territoriaux
Cette grande école d’administration forme les cadres supérieurs dits “A+” de la fonction publique territoriale, dont font partie les conservateurs territoriaux de bibliothèques en leur apportant de solides connaissances en management, négociation, finances, ressources humaines, en plus des compétences scientifiques et culturelles. Durant 18 mois, les élèves participent à des modules de formation, à des groupes de travail (mutualisation des compétences, communication, association des élèves), à un voyage d’études, à des visites apprenantes, et animent des congrès professionnels.
Ils effectuent cinq stages, dont un collectif « interfilière », avec des élèves, les administrateurs et ingénieurs en chef de l’INET. D’abord, le stage d’observation permet de suivre une directrice ou directeur d’établissement et de bien appréhender les enjeux de la fonction. Ensuite, lors du stage thématique, les conservatrices et conservateurs travaillent sur des missions, comme le déploiement d’une box littéraire, l’évaluation des horaires d’ouverture, la rédaction de scénarii sur la mise en réseau de bibliothèques, des obtentions de labellisations qualité.
INET, promotion Alan Turing (2019-2020)
À l’occasion du projet collectif interfilière et pluridisciplinaire, les élèves de l’INET travaillent sur des thématiques variées, telles que la culture usager, la gestion des données, l’accueil, la préfiguration d’un équipement, les coûts de revient des établissements sportifs et culturels. Cette mission aux côtés des autres filières permet d’acquérir de nouvelles compétences : stratégiques, transversales, d’envisager la lecture publique parmi les autres politiques publiques, et témoigne de l’expertise des conservatrices et conservateurs de bibliothèques. En effet, managers de proximité en contact avec les publics, ceux-ci établissent des diagnostics territoriaux, associent les usagers et les équipes pour traduire et décliner des projets politiques et stratégiques.
Enfin, durant le stage de professionnalisation, les élèves se spécialisent et travaillent sur une mission de 3 mois. Celle-ci peut porter sur la politique documentaire, le design de service, les publics adolescents ou empêchés, la rédaction d’un projet d’établissement. À l’issue des 18 mois de formation, les noms des élèves conservatrices et conservateurs de bibliothèques sont inscrits sur une liste d’aptitude et ceux-ci recherchent leurs postes en collectivité.
Tandis que la promotion Toni Morrison a achevé son sixième mois de formation, la remise des certificats virtuelle organisée par l’INET le 30 juin 2020 a marqué l’entrée en poste de la promotion Alan Turing.
Conformément au décret du 2 septembre 1991, portant statut particulier de leur cadre d’emplois, les conservatrices et conservateurs territoriaux de bibliothèques peuvent exercer leurs fonctions dans tout type de collectivité avec un seuil de population supérieur à 20 000 habitants. Que ce soit en métropole, communauté d’agglomération, ville ou département, les nouveaux conservateurs ont cette année encore pleinement profité de la diversité des postes qui leur était offerte.
INET, promotion Toni Morrison (2020-2021)
Au programme pour la promotion sortante : une mise en réseau, une labellisation BNR, une refonte du portail ou bien encore une rédaction d’un projet d’établissement... Les anciennes et anciens élèves, inscrits sur liste d’aptitude, se sont mis avec enthousiasme et envie au service de leurs collectivités dans un souci d’accompagner les équipes et les usagers en cette période de crise sanitaire.
C’est notamment le cas d’Eva, en ce mercredi 1er juillet 2020, qui, après 18 mois d’absence, a fait le choix de retourner vers son établissement d’origine : la Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale de Nice. Après de nombreuses années dédiées à la conservation et à la valorisation des collections patrimoniales de la bibliothèque Romain Gary, elle se voit confier aujourd’hui au sein de la BMVR de Nice, la responsabilité des 9 bibliothèques de quartier et du médiabus.
Elle explique : « Après une expérience de 10 ans en bibliothèque patrimoniale, il était important pour moi d’élargir mon horizon professionnel. L’opportunité m’en a été donnée par ma directrice et ma collectivité, et c’est avec entrain et optimisme que je m’apprête à découvrir la variété des quartiers de Nice et les enjeux auxquels la lecture publique pourrait répondre. Des projets d’ores et déjà stimulants sont au programme, tels que le déménagement d’une bibliothèque dans un nouveau bâtiment, la révision de la politique documentaire du réseau ou encore la mise en place d’un projet européen sur le sujet de l’insertion professionnelle. L’enthousiasme que j’ai à revenir n’entame en rien le sérieux et l’application que je vais mettre dans mes nouvelles responsabilités d’encadrement et de gestion d’équipements. »
Paru en février dernier, le rapport Thiriez, consacré à la modernisation de la haute fonction publique, propose, comme relayé abondamment dans les médias, une refondation de la formation dispensée à l’ENA… Mais pas seulement ! Avec l’ambition de prendre en compte l’ensemble des formations des cadres supérieurs de la fonction publique, la mission omet pourtant de s’intéresser à la filière culturelle. Forts de ce constat, des élèves conservatrices et conservateurs territoriaux de bibliothèques issus de deux promotions formées à l’INET ont décidé lors du premier semestre 2020 d’aller à la rencontre des conservatrices et conservateurs en poste pour en savoir un peu plus sur l’état d’esprit d’une profession en pleine mutation.
Accompagnés par un groupe de conservatrices et conservateurs expérimentés et moteurs de cette réflexion professionnelle, les élèves ont ainsi lancé une enquête, avec la volonté de sonder les préoccupations actuelles des professionnels du cadre d’emploi. Celle-ci a recueilli 160 réponses, soit environ un quart de l’ensemble des conservateurs. Une volonté de partager des aspirations communes et le besoin de se fédérer émerge très clairement des contributions, qui représentent des établissements et collectivités de toutes natures. Place de la filière culturelle au sein de la collectivité, importance du statut et du métier de conservatrice et conservateur dans la construction de politiques culturelles et de lecture ambitieuses, porteuses de sens au cœur des politiques publiques mises en œuvre dans les territoires…
Autant de sujets qui mobilisent aujourd’hui les cadres supérieurs de la filière culturelle que sont les conservatrices et conservateurs, et que les élèves ont eu à cœur de développer lors de deux rendez-vous : une table-ronde virtuelle sur “Manager la culture : vers un projet d’avenir pour les conservateurs territoriaux de bibliothèques” en marge des Entretiens territoriaux de Strasbourg (décembre 2020) ainsi que les premières Assises des conservatrices et conservateurs territoriaux de bibliothèques qui se tiendront à distance le 3 mai 2021.
INET, les promotions Alan Turing (2019-2020) et Toni Morrison (2020-2021)
D'autres informations sur le site de l'AECTB, Association des Élèves Conservateurs Territoriaux de Bibliothèques.
Photographie : Bibliothèque de Pierrefonds, Lëa-Kim Châteauneuf, CC BY-SA 2.0
2 Commentaires
JorisBarlCuysmans
12/03/2021 à 23:46
"Scénarii"
/rage
(de rien, toujours constructif, merci pour l'article ! ;)
Ane Onyme
13/03/2021 à 15:43
Jolie pub pour une école de management.