L'association viennoise de cinéphiles bénévoles Cinéclap a pour mission de programmer des films d’auteur, français et étrangers en VO, des documentaires, et de les accompagner en salle. Outre les films récents que l’association diffuse lors de leur sortie en salle, elle propose des films du patrimoine, riches de leur écriture cinématographique.
Le 29/05/2017 à 17:21 par La rédaction
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29/05/2017 à 17:21
Pour ce faire, des intervenants, dont certains sont des animateurs réguliers de la librairie Lucioles, sont fréquemment sollicités : ils participent activement à des débats autour de sujets aussi divers que « Héros et Démocratie », « Cinéma et Littérature », autour d’auteurs comme Ophüls, Kubrick ou Pasolini, autour de genres cinématographiques spécifiques comme le western.
Sans oublier la venue d’auteurs ou d’écrivains comme Nathalie Léger, Iain Levison ou Guillaume Evin pour leurs livres en lien direct avec le monde du cinéma. « Présente avec ses animateurs, ses choix d’ouvrages, ses auteurs, la librairie Lucioles est une courroie de transmission et un relais précieux pour l’association Cinéclap », explique Dominique Duvillard, sa présidente.
C’est cette même idée de « courroie de transmission » qui anime Noël Rugliano, président des Apprentis Philosophes, association qui organise depuis quinze ans en Rhône-Alpes et en Touraine des conférences de philosophie en collaboration avec France Culture et l’Université.
« La correspondance entre le thème d’une conférence et la sortie récente ou à venir d’un essai du conférencier pressenti est tout sauf une coïncidence, et c’est pourquoi le professionnalisme de notre libraire partenaire est une vertu nécessaire, et pas seulement comme on pourrait le penser pour mettre en vente le soir venu l’ouvrage concerné. Prenons quelques exemples récents tirés du programme de cette année à Vienne : Aldo Naouri venu parler en octobre dernier de son livre sur le couple et l’argent, Jean-Claude Guillebaud en janvier des “tourments de la guerre” et Charles Pépin qui s’apprête à nous parler des “vertus de l’échec”.
Pour chacun, l’ouvrage concerné n’est qu’un épisode d’une œuvre dense et parfois complexe dont il ne sera pas du tout question le soir de la conférence. L’association a donc besoin de son libraire partenaire pour informer les “apprentis philosophes” des ouvrages écrits avant et pour qu’elle les propose à l’achat.
Cette action est absolument nécessaire, faute de quoi nos adhérents risquent d’avoir une idée partielle et partiale de l’œuvre d’un auteur. Ainsi sur ceux évoqués ici : Naouri est davantage un pédiatre soucieux du rapport fille-mère qu’un théoricien d’ailleurs contestable du rapport de couple, Guillebaud est un intellectuel chrétien engagé et c’est à ce e aune que doit être envisagée sa réflexion sur la guerre, et Pépin est un philosophe généraliste, également journaliste, plein d’humour, mais rempli d’une inquiétude du temps présent que son livre sur “l’échec” ne révèle pas exactement.
Il arrive que cette pédagogie prenne dans la soirée une importance réelle. Ainsi l’an prochain nous allons recevoir Danielle Levinas, belle-fille de l’immense Emmanuel Levinas, l’un des philosophes qui ont marqué le XXe siècle. Si l’on s’en tient à la le re de la conférence prévue, notre conférencière va nous enseigner la phénoménologie et l’humanisme.
Mais si l’on cherche un peu dans son œuvre et sa bibliographie, on va s’apercevoir qu’elle est avant tout une musicologue de premier plan qui a écrit il y a peu un “art du chant” passionnant pour quiconque s’intéresse à la musique et cherche à relier la philosophie à l’art. Or cet aspect-là de l’œuvre de Danielle Levinas, fondamental, seul notre libraire partenaire pourra le révéler et le proposer. »
L’intérêt, pour la librairie, de participer à toutes ces manifestations joyeusement éclectiques est fondamental. Fondamental pour une raison financière – les ventes réalisées à l’extérieur participent à l’équilibre économique de Lucioles –, mais aussi fondamental en ce qui nécessite un travail de veille permanent, un nécessaire suivi du fonds et des nouveautés quant aux thématiques abordées, une connaissance toujours plus approfondie des rayons pour proposer une offre de livres cohérente et de qualité.
Lorsque l’on interroge Michel Edo, responsable du rayon littérature à la librairie Lucioles, sur ce qu’évoquent pour lui les ventes à l’extérieur, il lisse sa barbe en réfléchissant quelques secondes avant de se lancer : « Alors qu’on est bien au chaud dans sa boutique, à douze coups de pédale de son lit et à moins de cinq mètres de la bière fraîche la plus proche, pourquoi aller s’enquiquiner la vie à aller vendre des livres sur des salons, gage de bronchites en hiver et de douleurs lombaires en toutes saisons, à charger et décharger des tonnes de livres ? Certes, il faut aller chercher les clients là où ils sont lorsqu’ils désertent les centres-villes...
Mais ça n’explique pas tout. Ça commence souvent quelques mois en amont. C’est comme le sport de haut niveau, sans préparation, pas de résultat. Qu’il y ait un thème imposé ou non, on doit se creuser la tête pour trouver l’assortiment idéal, subtile alchimie entre nos textes chéris et ceux susceptibles d’attirer le chaland au premier coup d’œil. C’est là qu’intervient le CATALOGUE, ce sont de très sexy listes de codes-barres sur deux cents pages, qui cachent sous leur apparente austérité des trésors oubliés. Ça permet de se rafraîchir la mémoire et parfois d’étoffer son fonds de quelques titres qui avaient échappé aux précédentes investigations.
Quand on est pris dans le train-train “nouveautés-réassort-retour”, la Sainte Trinité du libraire, c’est de l’air pur en bouteille ! C’est aussi ce qui fait le charme du métier. Au bout de quinze ans, je découvre encore au fond d’un catalogue que je pensais connaître sur le bout des doigts un écrivain génial et oublié qui va me faire monter au ciel. Tous les ans, je découvre en préparant tel ou tel festival un nombre X de livres d’auteurs ou d’éditeurs invités dont je n’avais jamais entendu parler et dont je ne pourrai désormais plus me passer. Tous ces gens qui existent en marge de la distribution classique, qui cousent quasi leurs livres à la main et publient les textes les plus invraisemblablement bons.
Aucun représentant pour L’âne qui butine, pas de diffusion pour les Éditions caribéenne, encore moins pour La Revue de Belles Lettres. Ce rôle de découvreur, je pense ne l’avoir que grâce à ces manifestations. Et puis lorsqu’on y est, livres alignés au cordeau sur les nappes, chacun avec son petit mot, on se dit que l’on a devant nous une librairie idéale dégagée de la pression médiatique, en quelque sorte un moment hors du monde où l’on peut prendre le temps de discuter avec des auteurs, des éditeurs que l’on n’a pas l’occasion de rencontrer ailleurs, et tous ces gens pour qui le livre est encore un moyen d’échanger et de partager une émotion.
Mais surtout, c’est le seul moment où l’on croise dans le cadre de notre métier des gens que l’on ne voit jamais en librairie. Il y a de cela une douzaine d’années, une cliente m’a proprement tanné pour que je tienne un stand de livres dans un immense salon consacré aux handicaps.
N’étant ni un libraire de sciences humaines, ni concerné de près ou de loin par la question du handicap, j’ai dû avaler en quelques mois une bibliographie monstrueuse, travailler avec des représentants de catalogues invraisemblables pour créer de toutes pièces un achalandage cohérent pour au final passer trois jours coincé entre un fabricant de fauteuils roulants et une scène avec un groupe d’adultes handicapés qui ont repris en boucle “Couleur menthe à l’eau”...
Ça aurait pu être un enfer ; j’y ai fait les rencontres les plus inoubliables de ma vie. »
en partenariat avec le réseau Initiales
Par La rédaction
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