2000 auteurs autoédités ont gagné 100 000 $ en 2022
On croyait que la liseuse maison d’Amazon avait disparu des radars, au point que l’entreprise elle-même n’en parle plus. Ou l’ait oubliée. Que nenni ! En mai dernier, une communication faisait l’éloge de la réussite commerciale pour les auteurs autopubliés. Un succès dû, comme il se doit, au service Kindle Direct Publishing — auquel recourent « des millions d’écrivains de par le monde ». Promis.
Le 30/08/2022 à 10:12 par Clément Solym
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Publié le :
30/08/2022 à 10:12
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En mai 2019, Jeff Wilke — CEO Amazon Worldwide Consumer — brossait un tableau idyllique de la solution d’autopublication. Il faisait état de ce qu’en 2018, « des milliers d’auteurs indépendants ont gagné plus de 50.000 $, et plus d’un millier ont dépassé 100.000 $ en droits d’auteur ». Des revenus alléchants, accompagnant des chiffres assez vagues pour appâter le chaland.
Mais à force de cultiver le flou artistique en matière de chiffres, la firme finit par se prendre les pieds dans la calculatrice. Ainsi, elle avançait en 2019 qu’après 11 années de bons et loyaux services, « des centaines de milliers d’auteurs du monde entier » utilisaient KDP. Et ce, pour autopublier « des millions de livres ». En 2018, 260 millions $ furent reversés grâce au modèle Select Global Fund de cet outil. Alors, quel bilan pour 2022 ?
Eh bien… d’abord, il est à noter que l’Amazon Small Business Empowerment Report de l’an passé ne fait plus du tout cas du Kindle. L’enjeu numérique — ebook ou audiobook — a disparu au profit des revendeurs de la marketplace. Une solution simple pour vendre en toute tranquillité, quoique la justice américaine, aussi bien qu’européenne, se penche de plus en plus sur son cas.
L’occasion était trop belle : 300 millions de produits d’occasion sont vendus, 700 millions $ sont investis dans la chasse aux contrefaçons… n’en jetez plus.
2020-2022 : croissance !
Et dans tous les cas, la communication sur le livre est totalement enterrée. Un billet daté de mai 2022 pallie cette absence, en soulignant que « le nombre d’auteurs gagnant 50.000 $ ou plus en droits d’auteur a augmenté de 40 % entre mars 2022 et mars 2020 ». Et ce, du fait que la pandémie s’est installée sur notre petite planète, accordant plus de temps aux écrivains pour achever leur livre.
À LIRE: Amazon : cette étrange obstination à casser le prix des livres
On retrouve d’ailleurs la volontaire imprécision de 2019 en lisant que « des milliers d’auteurs indépendants ont déjà gagné plus de 50.000 $ en droits KDP, à ce jour sur l’année 2022 et plus de 2000 d’entre eux ont dépassé les 100.000 $ de revenus ». Personne ne manquera la donnée : ils étaient tout juste un millier en 2018, ils sont désormais deux fois plus en 2022. Impossible d'en conclure quoi que ce soit d'autre, mais le constat se pose : la croissance demeure.
Comparons donc : en France, pour 2021, annonçait le panéliste GfK, 50 ouvrages avaient généré 150 millions € de chiffre d’affaires — 20 % de mieux que 2020. Des auteurs publiés chez un éditeur traditionnel. GfK établissait alors que le marché du livre représentait 4,4 milliards € sur 2021 (soit une croissance de 18 %). Le ratio est intéressant : 3,41 % du CA opéré par 50 livres…
La réussite que l’on agite dès lors sous le nez des apprentis auteurs, soucieux de trouver un public, fonctionne-t-elle encore ? Ou pour le dire autrement, le miroir aux alouettes a-t-il gardé ses attraits ? Force est de constater que la marque Kindle s’est imposée devant toutes ses concurrentes, en dépit des flots de critiques opposables (et opposées).
Mais l’ebook a perdu de sa superbe et désormais, le livre audio fait l’objet de toutes les attentions : un concours, avec un prix de 10.500 $ à la clef, s’adressait récemment aux auteurs espagnols. Audible, la filiale audiolivre, leur proposait d’adapter leur ouvrage en version lue… Les cinq finalistes recevraient un Kindle Oasis, qui justement facilite l’écoute de livres audio.
Pour l’heure, Amazon n’a rien à dire sur ce format — ni milliers d’auteurs gagnant des sommes folles en vendant des audiobooks, ni des millions de titres proposés aux lecteurs. Voilà certainement la prochaine marche à attendre, et l’un des meilleurs indicateurs pour l’industrie.
crédits photo : Perfecto Capucine/Unsplash
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6 Commentaires
Arthur Magnus
30/08/2022 à 19:20
Bonjour Clément Solym. J'ai tellement peu compris votre article (confus) que j'ai cru lire du Nicolas Gary (que je salue aussi)...
Sinon, Amazon a vraiment écrit « le nombre d’auteurs gagnant 50.000 $ ou plus en droits d’auteur a augmenté de 40 % entre mars 2022 et mars 2020 » ?
Si oui, ne serait-ce pas un moyen de dire sans trop que ça se voie que ce nombre d'auteurs a diminué entre mars 2020 et mars 2022 ? ;)
Robert Faune
31/08/2022 à 08:35
Bonjour Arthur Magnus
Rassurez-vous : vous n'êtes pas seul à nager dans le brouillard en lisant ces informations.
Dites-vous que nous sommes peut-être plus des hommes de lettres que de chiffres ;-)
Arthur Magnus
31/08/2022 à 18:18
Sauf que dans ce papier, c'est plus la prose solymienne (si on me permet ce néologisme) que les chiffres qui me laisse(nt) confus...
LFC
11/09/2022 à 13:06
Allez regarder les différents "tops des ventes" en Kindle, sur Amazon.
Les autoédités sont loin devant les stars du milieu littéraire, ce qui est quand même assez surprenant. Le "pulp" a été ressuscité par ce nouveau format bon marché, déjà (autrefois imprimé sur du papier de basse qualité obtenu à partir de pulpe de bois, d'où le nom). Et vu le nombre d'immenses auteurs qui ont écrit sous pseudo à l'époque, dans ce registre, pour de simples raisons financières, eh bien… je me garderai bien de mépriser le genre, qui fait aussi partie de l'histoire de la littérature.
Regardez aussi les chiffres de vente en ebooks des auteurs issus de grandes maisons d'édition (sur Amazon, c'est significatif, puisque c'est de loin le premier vendeur), qui sont régulièrement pitoyables. Elles n'ont jamais appris à en vendre, de toute évidence… Alors que la crise du papier frappe le secteur de plein fouet, il serait peut-être temps, non ?
Auteur anonyme
22/04/2023 à 22:11
Cet article est confus et on ne sait pas très bien où l'auteur veut en venir. Mais il est de bon ton de taper sur Amazon. Or, je voudrais modestement apporter ma toute petite contribution. Il y a dix ans, j'ai commencé, par jeu, à traduire des textes anglais classiques (en français) dans le domaine public. Petit à petit, je me suis dit que, peut-être, un jour, j'essaierais de trouver un éditeur, alors, pour déposer une sorte de copyright (je connais les éditeurs…), j'ai chargé mes premières traductions sur KDP. Le temps a passé et je me suis pris au jeu. Et puis il m'est arrivé de vendre un ebook par ici, un ebook par là ; des chiffres annuels tout à fait dérisoires mais cela m'amusait que mes travaux eussent trouvé un ou deux lecteurs. Mais j'ai aussi pris conscience qu'il fallait mieux présenter mes ouvrages, mieux les relire, mieux les corriger. J'ai appris à maîtriser OpenOffice. De telle sorte qu'aujourd'hui, mes derniers ouvrages n'ont rien à envier à beaucoup de ceux qui sont publiés par les "grands éditeurs", même si je sais bien qu'il reste trop de coquilles, trop de maladresses et d'incorrections. Et puis, j'ai "publié" récemment sur KDP la traduction d'une petite partie de la correspondance d'un écrivain américain "classique" du début du XXe siècle. Deux assez gros livres de 500 pages avec pas mal de notes et un petit appareil critique. Et alors, que je ne suis sur aucun réseau social, que je n'ai pas de blog, que je n'ai jamais appelé un journaliste, que je me targue de faire zéro propagande commerciale, zéro publicité, qu'en bref je n'ai aucune existence "médiatique" fût-elle microscopique, je me retrouve aujourd'hui à vendre, non plus des ebooks, pas assez rémunérateurs, mais des brochés et même des reliés ; et comme j'estime que mon travail possède une certaine valeur (je passe des centaines d'heures sur ces textes), je les affiche à 24,90 ou 29,90 euros. Certes, mes chiffres de vente restent dérisoires, mais savoir que dans le mois, une quinzaine ou une vingtaine de personnes ont acheté un de mes ouvrages me procure, je dois l'avouer, un certain plaisir. Et comme je "touche" plus de 11 euros sur un broché, la somme finale me permet de mettre un peu de bonne huile d'olive dans les épinards. Si je publiais chez un éditeur patenté, je vendrais plus, certes mais n'aurais droit qu'à 2 euros par ex. Et puis, autre satisfaction : le court-circuitage des éditeurs et des libraires, ces deux catégories de gens qui se prétendent vecteurs de culture alors qu'ils sont avant tout des commerçants préoccupés de vendre leur camelote faisandée (Lévy, Nothomb, Gavalda, etc.) comme d'autres vendent des yaourts ou des pompes à vélo. Bref, en conclusion je dirais qu'un auteur plus sérieux que moi, un auteur dynamique qui est prêt à faire quelques efforts en matière de publicité, qui est prêt à téléphoner et à harceler les journalistes, à se multiplier sur les réseaux sociaux, cet auteur a de bonnes chances de vendre ses bouquins, pour peu qu'ils soient d'une certaine qualité, évidemment – ce qui ne devrait pas être trop difficile considérant ce que publient les "grands éditeurs" actuellement. Alors va-t-on vers la fin de l'édition traditionnelle ? Oui, et c'est tant mieux ! Les temps changent et les auteurs s'émancipent. Cependant, pour moi un mystère subsiste : par quel miracle des gens qui naviguent sur Internet parviennent-ils jusqu'à mes ouvrages Amazon KDP ? Peut-être un lecteur pourra-t-il me renseigner ?
Gustave
25/05/2023 à 20:57
J'aime bien cette démarche simple et efficace.
Je vais publier sur kdp par plaisir et je verrais bien ce qui se passera de bon ou de moins bon.
Je n'en fait pas une histoire d'argent mais de tentative d'aller à la pêche de ceux qui font plus de fautes d'orthographe que de lignes écrites. J'ai déjà signé un papier sur le sujet "L'entonnoir des mots ". De plus il faut savoir que le papier représente 60 por cent du prix d'un ouvrage broché. Il est donc normal qu'un e.book soit moins cher.
Bref cherchons d'abord l'efficacité avant le rapport qui vient ou pas tout seul.