Le peryton, qu'on appelle aussi péritio, est un animal maléfique, mi-oiseau et mi-cerf, au plumage bleu ou vert. On le connait par le célèbre écrivain argentin Jorge Luis Borges et son ouvrage Le livre des êtres imaginaires (publié la première fois en 1957 sous le titre Manual de zoología fantástica), l'un de mes livres de chevet. Il affirme en tenir la description d'un manuscrit médiéval perdu, et raconte que les perytons sont responsables de la chute de Rome et viennent de l'Atlantide. Ils se nourrissent d'êtres humains, se déplacent en hordes et ne projettent pas leur propre ombre, mais des ombres de forme humaine qu'ils utilisent pour capturer les hommes et s'en nourrir. Borges est l'écrivain de l'ombre et du double, si le peryton est sa créature, à quoi bon s'étonner qu'il soit l'esprit des personnes mortes et égarées, ou le reflet de dieux ?
Il a depuis largement rejoint les bestiaires des jeux de rôle et les ouvrages de fantasy anglo-saxons.
Le nom du peryton, traduit par « péritio » en français, semble être issu du latin « peritius », qui est aussi le nom latin du quatrième mois de l'ancien calendrier macédonien.
Borges nous raconte le Peryton
L'animal est cerf et oiseau à la fois. Il possède la tête, le cou, les pattes, et les bois d'un cerf ainsi que leplumage, le corps, l'arrière, la queue et les ailes d'un grand oiseau. Il est de couleur verte foncée ou bleue claire et habite l'Atlantide. Exposé au soleil, cet étrange hybride projette une ombre qui, au lieu d'être celle d'un cerf ailé comme on s'y attendrait, se présente comme celle d'un homme. Bien que l'apparence du peryton laisse supposer un régime herbivore et qu'ils se nourrissent habituellement de terre sèche, ces monstres affectionnent aussi la chair humaine, et ont la faculté de capturer les hommes en se faisant obéir de leur ombre. Ils sont les manifestations de voyageurs morts loin de leurs foyers.
La Sibylle d'Érythrée avait prédit que la ville de Rome serait détruite par ces créatures. En l'an 640, les prophéties conservées à la bibliothèque d'Alexandrie disparurent dans un grand incendie, et en 671, la destruction des oracles fit disparaître la seconde source de la prophétie. Les grammairiens qui entreprirent sa restauration n'ont jamais retrouvé la prophétie du sort de Rome. Borges rapporte toutefois le texte anonyme d'un rabbin de Fès au XVIe siècle, qu'il assure être Aaron Ben Chaïm. Publius Cornelius Scipio rencontra des péritios près du détroit de Gibraltar, entre -237 et -183. Lui et ses soldats en route pour Carthage ont été attaqués par un troupeau de perytons qui semblaient insensibles à leurs armes. Les animaux fondirent sur leurs navires et tuèrent beaucoup d'hommes en les déchirant avec leurs dents et en se vautrant dans leur sang, avant de fuir dans les hauteurs. Le résultat de la bataille n'est pas connu.
Les perytons sont des âmes de meurtriers emprisonnés dans un corps de bête, ou des fantômes de marins morts. Ils volent au-dessus de la mer Méditerranée et de ses îles pour attaquer les navires et dévorer les marins, ne peuvent être vaincus par une arme humaine, ne peuvent tuer personne avant que leur ombre ne recouvre entièrement le corps de leur victime, et ne tuent plus après l'avoir fait. Le meurtre les apaise et leur rend « la faveur des dieux ». Après leur rituel macabre, ils deviennent l'ombre d'eux-mêmes, libres de s'envoler et de vivre dans la paix. Chaque peryton doit tuer un homme et son âme s'en trouve libérée, c'est probablement ce qui sauva les marins de Scipion de l'anéantissement.
Ses origines
L'équipe du Fabytinthe a longtemps cherché le peryton dans des sources classiques, mais seul Borges semble le connaitre. L'auteur argentin, familier du miroir, du double, de l'ombre et du labyrinthe, rend ici un bel hommage à l'imagination humaine, à moins qu'il manie l'ironie une fois de plus. Quelques sites internet avancent que le peryton ne peut pas être une invention moderne, et qu'on voyait des gazelles ailées dans l'art égyptien, symboles de vitesse.
De la fantasy au jeu de rôle
Le peryton revient dans la fantasy anglo-saxonne, il joue un rôle de méchant secondaire dans le romanThe Cinnabar Box, où contrairement aux autres, il est capable de comprendre et parler le langage humain. Une histoire rattachées à l'univers de Donjons et dragons, La source obscure, troisième tome de la trilogie des sélénae écrite par Douglas Niles, met en scène un vol de perytons parmi l'armée de monstres démoniaques invoquée par le principal antagoniste du roman. Un anomal meurtrier du nom d'Orfeo est l'un des principaux ennemis du roman de fantasy Whiskey and Water, écrit par Elizabeth Bear. L'écrivain américain Gene Wolfe donne le nom de « Peryton » à une constellation dans son cycle Le Nouveau Soleil de Teur.
Ces créature se retrouvent en littérature jeunesse, où elles vivent en essaims et ont la taille d'un chat dans le roman de fantasy The Unicorn Sonata de Peter S. Beagle, tout en étant les ennemis naturels des licornes. Des perytons au pelage doré et aux cornes empoisonnées attaquent le personnage principal du roman de fantasy jeunesse Fablehaven : Secrets of the Dragon Sanctuary. Dans L'École des Dragons de Salamanda Drake, les pérytons sont des cerfs ailés considérés comme du gibier. Ils sont très rapides, mais leur chair est délicieuse.
Dans l'épisode Donald, chat sœur deux trop fée, paru en octobre 1987 aux Etats-Unis sous le nom deMythological Menagerie et traduit en français dans le journal de Mickey n°1886, Donald Duck utilise de fausses ailes en carton pour donner à un cerf l'apparence d'un « peryton », afin d'effrayer Riri, Fifi et Loulou.
Le peryton a également inspiré l'univers du jeu, en particulier aux États-Unis. Dans le bestiaire du jeu de rôle World of Chronos, le peryton est décrit comme vivant en hordes. Une maison d'édition nommée Peryton publishin a produit un jeu de rôle sous le titre de Peryton. L'apparence du monstre est similaire à celui de Donjons et Dragons, si ce n'est pour les ailes, semblables à celles d'une chauve-souris et non d'un oiseau.
On le retrouve dans les jeux vidéos puisqu'il est un ennemi commun dans la série des Star Ocean. Dans le MMORPGWorld of Warcraft, l'une des montures volantes chevauchées par les elfes de la nuit ressemble beaucoup à la description du peryton (tête et ailes de corbeau, cornes de cerf, partie inférieure du corps d'un cerf ou d'un cheval, couleur bleue et verte foncée) bien qu'ils soient nommés des « hippogriffes ». A l'humble avis des expéditionnbaires du Fabyrinthe, les designers se sont inspirés du peryton mais ont finalement nommé leur créature hippogriffe car ces derniers sont plus connus. Dans Final Fantasy XI, un monstre commun est nommé « Peryton », mais ne ressemble que très peu à la description originale de Borges.
Donjons et Dragons
Dans le bestiaire de Donjons et Dragons, le peryton figure depuis la première édition du Manuel des monstresen 1977. Il s'agit d'une créature magique de type bête, possédant le corps d'un aigle géant et une tête de cerf surmontée de cornes d'obsidienne brillantes, un plumage vert foncé, une tête bleue-noire aux yeux orange pâle et des serres jaunes, il est donc différent en apparence du péritio de Borges, mais a probablement contribué à faire connaître la créature grâce à la grande diffusion du jeu, à ses très nombreux produits dérivés (romans, figurines, etc...), à ses publications de décors de campagne... etc.
Shadowrun
Dans Shadowrun, le peryton est un ennemi commun, semblable à un cerf ailé doté de grandes incisives. Il mesure 1,5 m au garrot pour une envergure de 5,50 mètres et un poids de 220 kg. Il est omnivore et s'attaque parfois à l'être humain en plongeant sur ses victimes depuis le ciel. Créature diurne et solitaire, il vit dans les collines d'Europe du Sud et de l'Est. Il peut provoquer des accidents et générer une « zone de silence».
Cinéma et télévision
The Peryton est également le nom d'un film tourné en 2005. Dans la série d'épisodes Mospeada de Robotech,the Sentinels, Peryton est le lieu d'origine d'une race de sorciers mutants à cornes manipulant l'énergie, nommés les perytoniens. L'espèce est humanoïde avec des têtes en forme de cône, des cornes, et deux pouces sur chaque main.
J'ai complété l'article de wikipédia sur le peryton, et vous pouvez le consulter juste là. Le dernier dessin est issu de Donjons et dragons.
Par Tsaag Valren
Contact : tsaagvalren@gmail.com
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