Cinq ans de prison pour avoir titillé la sensibilité de l'Église copte
Youssef Zeidane a remporté le Booker arabe l'an passé, avec Azazil. Un ouvrage qui ne se montre pas très tendre avec le premier pape de l'église copte, Cyrille 1er (412-443), qui fut l'avant-dernier partriarche préchalcédonien d'Alexandrie.
Doté d'un caractère despotique - et du comportement qui va avec - Zeidane le montre avant tout comme un oppresseur à l'égard de la communauté chrétienne, alors minoritaire à l'époque. Il aurait même été impliqué dans la mort de la philosophe grecque Hypatie, qui fut probablement l'une des directrices de l'école néoplatonicienne d'Alexandrie.
Interrogé par l'AFP, Zeidane explique que le procureur égyptien « Abdelmeguid Mahmoud m'a déféré au parquet de la sûreté de l'État à la suite d'une plainte déposée par l'Église et des militants coptes ». Il sera en effet entendu pour calomnies à l'encontre de la foi chrétienne.
Neguib Guebrail, avocat et militant copte, pointe avant tout des déclarations faites par le romancier dans un journal, et non son livre. Estimant qu'au cours de ses déclarations, Zeidane a bafoué l'incarnation du Christ, l'écrivain serait alors coupable d'insultes à la religion, comportement illégal en Égypte.
Un plaidoyer contre la violence religieuse
Cependant, le romancier se réfugie derrière son ouvrage : salué par des moines et évêques orthodoxes, il rappelle que plusieurs personnes l'ont apprécié, même en Syrie ou au Liban. D'ailleurs, son livre n'est pas un plaidoyer contre le christianisme, mais bien tourné contre les violences commises sous des prétextes religieux.
La population copte représente aujourd'hui près de 8 millions de personnes en Égypte. Voilà plus de 20 ans qu'elle se considère comme cible de discriminations, et à plusieurs reprises, elle est parvenue à mettre en échec des publications, comme le Da Vinci Code, interdit en 2008. « J'essaie de rester calme et neutre, en raison de la tension permanente, personne ne peut prédire l'aboutissement de cet interrogatoire », précise le romancier.
En outre, la procédure judiciaire interdit au défenseur de commenter sa situation, estimant que cela fait obstacle au bon déroulement de la procédure. À son terme, Zeidane risque jusqu'à cinq années de prison. Avec 18 éditions de son ouvrage et une très large diffusion depuis deux ans, le livre n'aura pas manqué d'agacer la susceptibilité d'une église particulièrement chatouilleuse...
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