Natalia Turine et Alexandra Capton, directrice de la maison Louison Editions viennent d’annoncer l’achat de la librairie du Globe. L’éditeur spécialisé dans la littérature russe contemporaine reprend ainsi un établissement fondé en 1952, dédié lui-même à cette littérature.
Le 13/10/2016 à 09:48 par Nicolas Gary
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Publié le :
13/10/2016 à 09:48
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Louison Editions est une filiale du groupe FT Venture, François Thiellet sera donc le propriétaire de la librairie historique, et emblématique, pour qui apprécie la littérature russe. À la tête de la librairie, depuis 2003, François Deweer conservera son poste, et rejoindra par ailleurs la direction de la maison avec Natalie Turine. Cette acquisition s'inscrit dans la statégie de Louison Editions de constitution progressive d'un pôle culturel russe en France.
Créée en 2014, Louison Editions a déja publié neuf ouvrages d'auteurs tels que M.Kantor, Y.Maletski et très récemment, Le Cas Pavlenski, la politique comme art, manifeste de l'artiste performeur russe, Piotr Pavlenski.
À l’avenir, le lieu servira également d’espace d’exposition, pour un artiste russe – à suivre prochainement. L’intention est avant tout de faire de la librairie un pôle culturel pour toute la littérature de l’est, avec beaucoup de travail à venir. Pourtant, dans la maison d’édition, l’ébullition demeure : une nouvelle collection sera présentée en décembre prochain. Dix auteurs français se sont vu proposer de reprendre la thématique du Lolita de Nabokov, avec notamment Richard Millet. Maurice Couturier, spécialiste de Nabokov en signera la préface. Plus d’informations bientôt...
Natalie Turine et François Deweer répondent à ActuaLitté.
Nathalia Turine
Nathalia Turine : La librairie du Globe est un lieu que je connais depuis que j’ai 12 ans. J’y ai mis les pieds pour la première fois lorsque mon père était diplomate en France. A cette époque, l’autre librairie russe, YMCA press, était pour moi plus attirante, car on y trouvait des livres interdits ou peu diffusés en URSS. Le Globe était alors la librairie soviétique officielle.
Aujourd’hui, l’ombre de l’Union Soviétique a disparu. Le Globe, devenu indépendant dans les années 90 à su le rester jusqu’à ce jour, et est une institution culturelle incontournable à Paris. Elle était néanmoins en difficulté. Ça me déchire le coeur que de telles institutions telles que le conservatoire russe Rachmaninov ou les Editeurs Réunis souffrent. Il me semble que c’est mon devoir de les secourir.
Je pense qu’aujourd’hui Paris mériterait d’avoir un véritable pôle culturel russe multidisciplinaire et indépendant, qui serait à même de mettre en valeur la diversité de la production artistique et littéraire russe. Un lieu, ou un ensemble de lieux, où primerait la qualité de la réflexion et du débat, et où l'attention ne se focaliserait pas sur d’interminables et stériles discussions consacrées à des enjeux politiques à court terme.
Nathalia Turine : Dans ma vision des choses, un éditeur qui acquiert une librairie ne doit pas en faire un lieu exclusivement destiné à la promotion de ses propres livres. Je respecte le travail des autres éditeurs indépendants qui soutiennent la littérature russe et je compte bien le mettre en avant à la librairie du globe. Un des projets qui me tiennent à coeur est, par exemple, de créer un prix pour mettre au devant de la scène cette littérature russe, aujourd’hui devenue globale. Bien entendu, il ne s’agit pas de créer un prix pour se le décerner à soi-même !
Nathalia Turine : En unissant aujourd'hui les deux structures, nous agissons selon une logique économique. En effet, l’union devrait nous permettre d’atteindre - rapidement, je l’espère - un chiffre d'affaire suffisant pour offrir à chacune des entités une marge de manoeuvre plus grande et donc une assise financière suffisante pour réaliser nos projets et donner corps à nos ambitions.
Par ailleurs, chacune des deux entités a tout à gagner à cette alliance: d’un côté, la librairie est une structure ancienne, jouissant d’une certaine notoriété et d’un réel savoir faire, de l’autre côté, Louison éditions est une jeune maison pleine d’ambition et qui dispose des moyens pour la réaliser.
Nathalia Turine : L’acquisition a été effectuée grâce à nos fonds personnels. Je n’ai eu aucun mal à convaincre mon mari de se lancer dans cette aventure…
François Deweer : En 2012, nous avons été sauvés in extremis de la banqueroute par un riche homme d’affaires russe. C’est ce généreux geste de soutien, ainsi que des dotations en livres russes, qui nous ont permis de tenir ces dernières années, mais ce mécénat n’avait pas vocation à devenir un partenariat à long terme. C’est donc avec plaisir que la majorité des actionnaires a accueilli et soutenu le projet d’acquisition de la librairie par Louison éditions.
Je tiens à préciser que si la librairie a pu surmonter ces difficultés périodiques, c’est également grâce aux efforts constants de toute notre équipe, et notamment Maria Alcorta, qui a quitté la librairie pour d’autres horizons, mais dont le rôle a été décisif. Grâce aussi à un réseau d’amis et à la fidélité de nos clients.
François Deweer : En dehors des avantages fiscaux liés au Label LIR, qui nous a été attribué en 2010 et, parfois, d’une aide à la mise en valeur du fonds accordée par le CNL, nous n’avons reçu aucune aide publique.
François Deweer : À vrai dire, la cession vient juste d’être signée et la priorité immédiate est d’assurer le retour de la librairie à un fonctionnement normal. Tout en menant une intense réflexion sur l’avenir de l’entreprise, j’ai pour mission de coordonner chaque activité et de les rendre les plus complémentaires possible.
Ainsi, nous allons par exemple renforcer la ligne événementielle de la librairie, mobiliser son réseau pour mieux faire connaître les livres de Louison éditions… Nous avons également de nombreuses idées de projets innovants dont il serait un peu prématuré de parler.
La prochaine rencontre organisé par la librairie se déroulera le 17 octobre à 20 h, avec Elena Devos : pour son livre Leçons de russe. Elle présentera ce dernier roman paru en russe aux éditions РИПОЛ классик
« Je dirais que le personnage principal de “Leçons de russe” est la langue russe qui fait un périple à Paris. Mais il y a également le narrateur (ненадежный рассказчик comme le désignait élégamment Nabokov), Svetlana, une simple professeure de russe. Elle enseigne sa langue maternelle à des gens si différents et si particuliers que nous avons du mal à les imaginer vivre dans la même ville. Pourtant, ils sont tous là : russes, français, mexicains, autrichiens, princes et voyous, jeunes et moins jeunes. Chaque élève est unique, chaque élève a son histoire et son propre chemin vers la littérature russe », explique Elena Devos.
Biographie
Elena Devos, née en 1977, est professeur de langues, interprète et journaliste. Originaire d’une petite ville russe, elle déménage à l’âge de 15 ans à Moscou où elle entreprend des études de journalisme et soutient sa thèse ès lettres. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, dont des pièces de théâtre, des cycles de poèmes, des contes pour enfants ou encore des romans tels que « Leçons de russe » et « La clé du piano », et a été publiée dans des journaux et magazines russes.
Elle habite actuellement en France.
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
L’ouvrage n’existe que dans sa version russe. La soirée sera bilingue.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
2 Commentaires
PAUL SOUTTRE
07/02/2023 à 11:14
venant d écrire un manuscrit avec un jeune femme originaire de SOURGOUT et OULAN OUDE recherchons un éditeur s intéressant aux ouvrages russes mon tel 0608257561 merci et peut etre au plaisir PAUL SOUTTRE
Gonalons/GGPau
29/04/2023 à 17:53
A Nathalie ,
Je suis l'émission sur la guerre en Ukraine et en particulier votre éclairage sur la société russe.
Je trouve que vous êtes aussi intelligente que belle .
Spaciba bolchoï pour vos exposés.
Gérald ( j'ai travaillé 3 mois en Russie et j'ai apprécié le peuple Russe qui ne merite pas ces gangsters qui les gouvernent!)