Lors de la création d’une librairie, s’il est naturel, logique et indispensable que les associés apportent un financement personnel qui peut varier entre 20 % et 100 % selon le projet, l’appel au financement extérieur est presque toujours indispensable. Notre partenaire Book Conseil, organisme de formation dédié à la librairie, dresse ici l'inventaire des solutions disponibles pour créer sa société, ou l'améliorer.
ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Prêts personnels auprès de certains organismes, subventions diverses, financement participatif ou prêts bancaires pour l’entreprise sont les financements les plus sollicités : Michel Deshors, formateur chez Book Conseil liste les différentes solutions qui s'offrent.
— les travaux et les investissements (mobilier, informatique, enseigne…)
— le stock
— Un fonds de roulement.
Si les deux premiers sont financés par l’emprunt bancaire, les deux derniers ne peuvent l’être.
Elles vont donc intervenir pour les acquisitions ou améliorations de fonds de commerce, pour les travaux, l’achat de mobilier ou d’informatique et pour le stock en financement initial ou complémentaire.
Pour le stock, il s’agit d’une subvention d’exploitation qui apparaît au compte de résultat, pour les travaux et les investissements, il s’agit d’une subvention de bilan.
Pour pouvoir présenter une demande de subvention, il faut :
— être libraire, ou avoir été libraire ou avoir suivi des formations et des stages
— que l’assortiment soit essentiellement généraliste
— que la surface en création soit de 60 m2 au moins et 30 min 2 s pour une extension*
— que le CA comptant soit supérieur à 50 % du CA
— que la librairie soit équipée d’un logiciel de gestion.
— que l’apport personnel soit au moins de 20 % du besoin total
— que la demande atteigne la somme minimale de 20 000 €
— que le dossier de demande soit parfaitement rempli et accompagné d’un solide business plan (prévisionnel).
Ces subventions accompagnent bien souvent un prêt à taux 0, auprès du CNL, de l’Adelc ou d’autres organismes. La commission chargée de statuer sur les demandes de subvention se réunit généralement 6 fois par an
Les DRAC ou Directions générales des Affaires Culturelles sont pour l’instant installées dans les anciennes régions administratives. Elles accordent aux libraires des subventions qui financent généralement l’investissement informatique.
Les régions administratives disposent généralement de budgets d’aide à la création ou à l’amélioration de l’entreprise. De nombreux libraires ou créateurs y font appel avec succès.
Elles sont pour l’instant au nombre de 27 et ne portent pas toutes le même nom, mais elles ont le même objectif : renforcer le maillage cultuel de la région en soutenant la vie littéraire de l’auteur au lecteur en favorisant donc l’accès le plus large à la lecture.
Ces structures proches du CNL sont très efficaces. Il est très important de les solliciter avant toute création. D’une part parce qu’elles connaissent parfaitement le maillage de leur territoire, qu’elles connaissent aussi toutes les aides régionales et d’autre part parce qu’elles disposent – pas toutes et pas dans les mêmes proportions — d’aides financières ponctuelles.
Il arrive que des villes ou des communautés d’agglomérations aident financièrement des créateurs de librairie pour préserver dans leur secteur l’existence d’un commerce culturel traditionnel.
Cela peut se concrétiser par une subvention, mais aussi par un local mis à disposition sans loyer pendant une durée indéterminée, ou encore une mise aux normes d’un local disponible… l’État et la Région
L’Institut pour le Financement du Cinéma et des industries Culturelles garantit des prêts accordés aux créateurs ou propriétaires de librairie. La garantie de l’IFCIC constitue une participation en risque, et non un cautionnement, dont le seul bénéficiaire est la banque et non l’emprunteur.
Outre des prêts divers pour, majoritairement des entreprises existante, cet organisme peut donner des garanties à la banque afin d’obtenir le prêt sollicité, ce qui évite un cautionnement personnel total.
En terme d’accès au financement, le dispositif FGIF (Fonds de Garantie à l’Initiative des Femmes) a été mis en place par France Active. Il s’agit d’une garantie bancaire, destinée à faciliter l’obtention de prêts bancaires par les femmes chefs d’entreprise. Cette garantie est mobilisable pour des projets de création, reprise ou développement d’entreprises.
Ce dispositif n’est pas exclusif des autres aides à la création d’entreprise. Mais il complète le dispositif de soutien aux projets de création ou reprise d’entreprise portés par les femmes.
L’ADELC intervient sur des projets de création, de déménagement, d’agrandissement, de rénovation, de rachat, de restructuration de fonds de roulement, de restructuration de fonds propres. Elle intervient auprès des librairies de littérature générale et des librairies spécialisées jeunesse.
Son aide consiste à entrer dans le capital de l’entreprise en création ou en restructuration à hauteur de 5 % et à apporter de l’argent en fonds de roulement. Cet argent est avancé avec remboursement différé allant de 5 à 8 ans et à taux zéro.
À titre exceptionnel, l’ADELC peut apporter son aide sous forme de subvention, notamment quand la librairie est exploitée en nom personnel, rendant impossible l’entrée dans le capital.
Il existe une plate-forme Initiative dans chaque département. Elle peut servir à la fois à la création ou à la reprise d’une entreprise.
Pour aider à créer ou reprendre une entreprise, une plateforme Initiative peut accorder un prêt d’honneur, sans intérêts ni garanties que vous vous engagez à rembourser sur l’honneur (sur une période de deux à cinq ans). L’attribution du prêt d’honneur repose sur une relation de confiance entre le créateur d’entreprise et la plateforme Initiative. C’est à vous-même que le prêt est octroyé, non à l’entreprise en création. Ce prêt d’honneur permet de renforcer vos fonds propres.
Ce prêt d’honneur – de 8000 à 10 000 € généralement — est accordé par un comité d’agrément qui réunit des chefs d’entreprises, des banquiers, des experts-comptables, des cadres, qui décide de l’accord et du montant du prêt, voire de l’accompagnement (parrainage, par exemple).
Attention ces prêts sont accordés au créateur et nom à l’entreprise créée. L’argent est donc apporté en compte courant. Ensuite le libraire peut organiser un virement permanent de l’entreprise vers son compte personnel pour en effectuer le remboursement de façon neutre.
Depuis 2016, un second coup de pouce a été mis en place, le « financement croissance ». Cela concerne les structures de plus de 3 ans, mais moins de 7 ans qui souhaitent développer leur activité. Il est conditionné par la création d’au moins un emploi.
Elles ne sont pas toutes réceptives aux projets qui leur sont présentés. Il existe une grande diversité dans leur approche, leur crainte ou leur prise de risque. C’est pour cela qu’il ne faut pas hésiter à solliciter plusieurs banques.
Attention, les banques prêtent sur l’achat d’un fonds de commerce ou d’un droit au bail, mais ne prêtent pas sur le fond de roulement et donc sur la constitution du stock. Les remboursements se réalisent sur 7 ans et actuellement le taux varie (assurance comprise) de 2 à 2,5 %.
L’argent n’est donc pas cher et parfois, mieux vaut augmenter l’emprunt et garder de la trésorerie par-devers soi.
Le nouvel accompagnement à la création ou la reprise d’entreprise (Nacre) permettant à certains bénéficiaires de créer ou reprendre une entreprise en étant accompagnés pendant 3 ans. Il aide au montage du projet de création ou de reprise, à la structuration financière et au démarrage de l’activité.
Le panel de bénéficiaires est assez large ; demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) ou de l’allocation spécifique de reclassement, bénéficiaires du RSA, personnes de 18 à 25 ans, personnes de 50 ans et plus inscrites sur la liste des demandeurs d’emploi, salariés repreneurs de leur entreprise en difficulté, dans le cadre d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire….
L’aide apportée est juridique technique et financière sous forme de prêt à taux 0, de 1000 à 8000 €.
Ce dispositif qui peut bénéficier aux mêmes personnes que NACRE, exige par contre que le libraire créateur dispose, lui seul ou avec sa famille de 50 % minimum du capital.
Un créateur au chômage peut toucher des allocations pendant la phase de démarrage de son entreprise grâce à l’ARCE. Il peut aussi, et c’est moins connu, bénéficier d’une aide financière de l’assurance chômage.
Explications : vous êtes demandeur d’emploi, inscrit sur les listes de Pôle emploi ? Vous allez créer ou reprendre une entreprise. Respirez, Pôle emploi et l’assurance chômage peuvent vous aider de deux manières : soit en vous versant une aide financière qui vous permettra de constituer un capital de départ, l’ARCE (Aide à la reprise ou à la création d’entreprises), soit en vous versant une partie de vos allocations chômage.
Ces deux possibilités ne sont pas cumulables. Selon votre situation, vous pouvez bénéficier de l’une ou l’autre de ces mesures.
Les demandeurs d’emploi créant ou reprenant une entreprise peuvent recevoir une partie de leurs allocations chômage sous forme de capital, plutôt qu’en versements mensualisés. Depuis le 1er avril 2015, le montant de l’aide correspond à 45 % des allocations nettes (après prélèvements des retenues sociales) qui restent à la date où débute l’activité.
Une première moitié est versée à la date où débute l’activité. La seconde moitié de l’aide sera ensuite versée six mois après la date de création.
Les demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’ARE (allocation d’aide au retour à l’emploi) sont les personnes en cours d’indemnisation au moment de la reprise ou la création d’entreprises, les personnes licenciées qui créent ou reprennent une entreprise pendant leur période de préavis au cours du congé de reclassement ou du congé de mobilité, à condition d’y mettre fin et de s’inscrire comme demandeurs d’emploi.
Pour bénéficier de l’aide, il faut d’une part signaler son projet de création d’une entreprise à Pôle emploi et d’autre part avoir obtenu l’Accre (voir ci dessus).
Deux cas de figure sont possibles :
1/Comme tout demandeur d’emploi, un porteur de projet peut percevoir des indemnités dans la limite de ses allocations chômage. En effet, la création ou la reprise d’entreprise sont considérées comme un acte positif de recherche d’emploi.
2/L’activité a été créée et lancée, le bénéficiaire peut continuer à percevoir une partie de ses allocations. À une condition : les nouvelles rémunérations ne doivent pas dépasser 70 % du salaire sur lequel ont été calculées les allocations. Petite remarque : il existe une grande disparité de réaction des conseillers de Pôle emploi lorsqu’un potentiel créateur de librairie vient se présenter à lui.
Très à la mode il a aidé la création de librairies traditionnelles ou plus originales (ambulantes par exemple).
Le financement participatif ou crowdfunding est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet. Ce mode de financement est dit désintermédié, car il est direct sans l’intermédiaire des banques.
Le financement participatif comprend différents modes tels que le don (donation crowdfunding), la récompense (ou don avec contrepartie), c’est-à-dire un genre de troc, le prêt traditionnel avec remboursement étalé (aussi appelé credit crowdfunding et le capital-investissement [prise capital dans la société].
Il existe un très grand nombre de plateformes de crodfunding en France. Les plus connues sont Ulule et Kisskissbankbank. Sur Ulule, les projets ne sont financés que s’ils atteignent [ou dépassent !] leur objectif de collecte, que le créateur aura décidé, dans un temps imparti.
On pourra donc affirmer qu’il existe de nombreuses sources de financement pour une création de librairies. Une étude de marché bien faite et concluante, un projet bien expliqué, un accompagnement personnalisé réalisé par une société spécialisée dans la formation et le conseil au libraire, un businessplan sur 3 ans efficaces, un peu d’argent personnel et une volonté sans faille seront des gages de réussite.
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