“Je cherchais des grands hommes, et je n'ai trouvé que des hommes singeant leur idéal” - Nietzsche
Le 01/04/2019 à 13:45 par Nicolas Gary
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01/04/2019 à 13:45
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ESSAI – Quel point commun entre Xavier Niel, Bernard Arnault et Arnaud Lagardère ? Les médias ? Pas tout à fait. Leurs fortunes respectives ? C’est trivial. Non, le point d’intersection de ces trois puissances économiques n’est autre qu’Emmanuel Macron. Dans un livre tonitruant, Juan Branco remonte aux origines de la Macronie, son élaboration — sur un modèle oligarchique démontré.
Voici l’histoire d’un livre qui ne trouvait aucune maison d’édition pour le prendre sous son aile : « Soit elles ont eu la trouille, soit on leur a dit de ne pas le faire », pourrait-on comprendre. Il aura fallu une dose de courage, autant que de relectures méticuleuses, pour que Crépuscule voit le jour — ou ne laisse la nuit venir…
Au Diable Vauvert, la directrice Marion Mazauric insiste : « C’est pour l’honneur de l’édition française : on ne pouvait pas laisser un tel texte impublié. » Cette forme d’interdit tacite fut la première motivation. La seconde, immédiate, c’est l’ouvrage lui-même. Diffusé depuis novembre dernier sur internet, le texte de Juan Branco incarne la définition même du brûlot. Un écrit qui, au-delà de la polémique dans le cas présent, provoque des dégâts, considérables.
Et cependant moindres que les dégâts qu’il constate.
Entre le fichier originellement diffusé — et toujours accessible, raison pour laquelle la maison n’a pas souhaité produire de format numérique pour ce texte — un travail de construction et de sourcing colossal est venu compléter « un texte initial déjà phénoménal », insiste l’éditrice.
L’ouvrage est incendiaire, aucune strate de la société du Petit-Paris n’est épargnée. Et à quelle fin ? Celle d’expliquer l’histoire par laquelle Emmanuel Macron a accédé à l’Élysée. Tout commencerait presque avec un SMS que ce dernier passa à Xavier Niel, fondateur de Free, alors que l’auteur déjeunait avec lui. « Le futur président de la République », présente alors Niel en exhibant son smartphone à Branco. Nous sommes en octobre 2014. D’où pouvait donc lui venir pareille assurance ?
« La légende aura voulu qu’un gentilhomme de province, projeté sans le sou dans Paris, se soit dévoué au bien commun à la suite de brillantes études, avant d’être propulsé aux plus hautes responsabilités de l’État, sans jamais être compromis », écrit Branco. Une histoire que l’on connaît, celle que les médias ont abondamment racontée. Mais Juan Branco en sait une de plus que le diable : cette ascension, « [s]'agirait-il en somme, dès le départ, d’une fabrication » ? Quoi de plus balzacien, d'ailleurs : le peuple français a tant entendu parler de Rastignac, sans jamais le rencontrer...
Il ajoute : « Difficile de ne pas en tirer l’interrogation suivante, tant les faits deviennent accablants : cet homme dont tout le parcours exhale le service du soi n’était-il qu’un pantin aux ordres de ceux dont il a appliqué, à la lettre, un programme les servant ? Est-ce pour cela que, sur tous les enjeux de société, M. Macron s’est montré particulièrement délavé, incapable de porter une idée ? »
Si la vie privée des uns et des autres a été soigneusement protégée, écartée même du propos du texte, pour éviter toute atteinte, « tout est attesté et recontextualisé », souligne Marion Mazauric. « Juan, c’est l’image moderne que, fille d’historien spécialisé dans la Révolution française, je me ferais de Saint-Just. »
Et pour cause : « Dans un pays où 90 % de la presse est entre les mains de quelques milliardaires, l’exposition de la vérité est affaire complexe », assène-t-il. On a tout juste achevé la fracassante préface signée par Denis Robert : le ton est donné, les enjeux posés. Fini de rire. l'édition et ses grands groupes éditoriaux n'est pas épargnée : les investissements d'actionnaires exercent peut-être une pression moins manifeste, mais la prudence n'existe pas moins.
« Le fonctionnement que détaille Juan est saisissant : les propriétaires des médias ne leur téléphonent pas pour dire de faire ou de ne pas faire. Ils nomment les gens qui procéderont aux nominations ou aux renvois », commente son éditrice. Ce qui permet, en toute sérénité, d’assurer qu’aucune ingérence n’existe entre les actionnaires et les journalistes. Mais en réalité, nous échappent les preuves de ces ingérences.
Depuis la constitution de la garde prétorienne montée autour d’Emmanuel Macron — et les noms s’accumulent, pointant, désignant — jusqu’au storytelling ayant placé Emmanuel Macron comme personnalité providentielle, rien n’est oublié. Et même ce qui n’est pas détaillé sera évoqué, avec une effrayante concision, en fin d’ouvrage.
« Ces êtres ne sont pas corrompus. Ils sont la corruption. Les mécanismes de reproduction des élites et de l’entre-soi parisien, l’artistocratisation d’une bourgeoisie sans mérite, ont fondu notre pays jusqu’à en faire un repère à mièvres et arrogants, médiocres et malfaisants », assène Branco, multipliant les exemples et les preuves.
« En eux qui ont fait du respect de la légalité un paravent pour s’autoriser tous les excès, ne réside plus la moindre recherche d’un engagement ou d’un don. » Implacable.
Et tant le courage d’un jeune trentenaire, qui a éprouvé ces milieux, en est d’ailleurs issu au point de les avoir totalement reniés, que celui d’une éditrice forcent le respect. « Juan est devenu l’avocat des causes perdues. Et le Diable va au front avec lui, comme nous le faisons depuis 20 ans », insiste Marion Mazauric.
Pour preuve, les meetings et rencontres qui réunissent des centaines de personnes : une tournée qui passera par Nîmes, Montpellier, prochainement à Vincennes. Le Diable défend, fourche en main, le texte : « Si l’on ne peut plus écrire et clamer que les gens ne sont pas corrompus, mais qu’ils incarnent la corruption, alors j’accepte d’aller en prison avec Juan. C’est d’ailleurs salvateur de pouvoir le dire. »
Car le portrait de l'auteur est sans appel, présentant « comment fut fabriqué un candidat au service de quelques-uns, incapable d’agir de façon autonome ni d’élaborer une pensée, mais seulement de se vendre au plus offrant ». Bien sûr, il fallait pour tout cela que l’homme choisi soit en mesure de correctement jouer la partition écrite pour lui.
On le découvre avec effroi, stupeur, dégoût — mais pour une fois, sans sa réalité nue : « Celui que nous nous apprêtons à abattre symboliquement a pris le pouvoir, littéralement, aux dépens de notre souveraineté. D’une souveraineté qui s’est retrouvée violée. »
De l’École alsacienne aux salons de l’Élysée, passant par les hôtels particuliers parisiens et les rencontres fortuites, la violence du macronisme ressentie, n'a que rarement été aussi bien décortiquée – elle ne pouvait ainsi donner lieu qu’à l'avénement des Gilets jaunes.
Crépuscule marquera son temps, éclairant les esprits. C’est déjà, inéluctablement, En marche.
Mise à jour - 11 avril, 09 h 13 :
Voilà maintenant dix jours que notre article a été publié, et l’on peut établir un premier bilan des plus significatifs. Comme prévu, la presse a magistralement boudé l’ouvrage — à quelques exceptions... — et pourtant ce dernier bat des records. En effet, depuis sa parution le 21 mars, plus de 15.800 exemplaires ont été vendus, selon les données GfK.
Et le livre prend la première place sur les listes de vente catégorie Document. « Un véritable phénomène, oui », confirme Marion Mazauric, l’éditrice. Et les remerciements des lecteurs pleuvent : « Il est comme le nouveau messie de la démocratie française, celui qui redonne foi à un pays qui se désolait, vraiment. » Florent Massot, coéditeur, nous précise : « La route est longue, ce n’est que le début d’une grande aventure. »
Juan Branco ; préface de Denis Robert – Crépuscule – Au Diable Vauvert – 9791030702606 – 19 €
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 21/03/2019
312 pages
Au Diable Vauvert
19,00 €
99 Commentaires
law
01/04/2019 à 15:50
Lu il y a qq mois en Pdf sur un blog , je vais de ce pas acheter le livre édité , pour que vivent longtemps des Juan Branco..
remy guisset
18/04/2020 à 12:56
Juan brnco à déclaré la guerre à " macron mon amour" une sorte de je t'aime moi non plus, nous avons besoin de personnages atypiques comme lui !!!
jp Paats
01/04/2019 à 15:53
La génération Franco, nage dans les mêmes eaux grasses que la mienne!
tibidi
01/04/2019 à 16:26
Un seul mot : BRAVO !
pfilou
01/04/2019 à 17:15
Il y aura eu un avant et un après «Le Mur » de Dieudonné, il y aura un avant et un après «Crépuscule » de Juan Branco...éveil des consciences
Hélène
01/04/2019 à 18:40
Quel étouffement de la pensée et de la vie que de vivre en oligarchie ! Merci Juan Branco de nous apporter un peu d'air en révélant dans son misérable détail, la petitesse et la médiocrité de ceux qui se prétendent "élite".
A nous de faire le ménage, à présent !
Tom
15/04/2019 à 16:42
Quel bonheur de pouvoir lire de tels commentaires, ça donne de l'espoir
raoul
01/04/2019 à 18:46
pour soutenir une maison d edition courageuse je vais acheter ce livre!
Sim
01/04/2019 à 19:05
Bravo
Sébastien
01/04/2019 à 19:33
J'ai commencé à le lire dans sa version en ligne. Je continuerai dans la version papier... Merci à un éditeur d'avoir bien voulu faire enfin son boulot.
Je fume des clopes et roule en diesel
01/04/2019 à 19:37
Moi aussi pour soutenir une maison courageuse, je vais acheter ce livre.
Bascou
01/04/2019 à 20:04
Demain j'achète ce livre.je suis sûr que Patrick Cohen ou Jean Michel Apathie ne parleront pas de ce livre.
Meryem
01/04/2019 à 20:08
Merci à cette courageuse maison d'édition et MERCI à Juan Branco.
Titus
01/04/2019 à 20:28
Vous confirmer ce que je pensais macron n est que le pantin m'y en place par les puissants pourri je vais vite acheter le livre
Francisco Ribeiro
01/04/2019 à 20:37
Moi aussi
Elisa
01/04/2019 à 20:46
Il a bien raison une question que je me pose comment un être comme lui est encore au pouvoir et pas viré manu militari????ou est tu démocratie???
CChris
01/04/2019 à 20:53
Je vais acheter le livre. Juan et Marion BRAVO et MERCI pour votre courage. Il faudrait plus de gens comme vous
Weiss
01/04/2019 à 21:00
Comme Droopy M'enfin et merci.
Marie Gabrielle
01/04/2019 à 21:00
C'est bien beau ce livre revelations
Mais qu avions nous comme choix
Extrême gauche et extrême droite
En clair à choisir entre la peste et le
Choléra. Cqfd
Clément M.
04/04/2019 à 18:51
Bonjour Marie Gabrielle. C'est exactement cette question clé que je me suis posé lors du second tour de la présidentielle. Peste ou Cholera? Mon intuition était fondée et de jour en jour, cela se justifie. Lisez je vous prie de lire L'avenir en commun et faites vous une opinion un peu plus nuancée que de croire que la gauche est radicalisée.
Sachs Edith
01/04/2019 à 21:04
Ca fait du bien ! Mais il faut du courage ! Bravo!
Teupe
01/04/2019 à 21:05
Dans de nombreux mails on avait pu avoir des informations sur la préparation et l'arrivée de ce produit de la finance au pouvoir.
Demain j'achète le livre :-)
Patxi
01/04/2019 à 21:08
Acheté en double exemplaires...