« Quand on fourre trop de merde dans la tête des gens, le pire arrive. » Qu’une hache assoiffée de sang se retrouve dans les mains d’un Barbare, condamné par trois sorcières à faire le bien, et voici un binôme qui a tout pour plaire. Ajoutez-y une nécromancienne, Soren, qui n’avait rien demandé, une bonne dose d’humour, et voici la nouvelle perle du scénariste Michael Moreci.
Le 06/07/2024 à 15:47 par Nicolas Gary
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Publié le :
06/07/2024 à 15:47
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Le médiéval fantastique n’a jamais été ma tasse de thé : la magie, les orcs, les barbares, les sorciers plus ou moins tarés, les nains, les sortilèges, bof, voire triple bof. Et quand on m’apprit que le maître en la matière était Tolkien, premier bouquin à m’être littéralement tombé des mains, j’ai abandonné. Allez vous faire cuire à la flamme bien moyenâgeuse avec vos univers et vos quêtes : en matière d’Imaginaire, la SF avait quelque chose de plus séduisant. Ce que l’on est sectaire quand on a 20 ans…
Jusqu’à ce que je croise la route de Bloodlust, jeu de rôle publié par Asmodée (1991). L’idée d’incarner un héros humain équipé d’une arme-dieu, vivante, dotée de raison (plutôt d’une soif de sang enragée) avec laquelle converser a changé ma vie. Glissant du jeu à la littérature de genre, je suis tombé sur le Cycle d’Elric, de Michael Moorcock – et l’épée démon Stormbringer qui accompagne en tous lieux le prince de Melniboné.
Autre ambiance, mais tout aussi plaisante, d’autant que le romancier britannique ajoutait une note bien sympathique à ses récits, avec un multivers bien avant les ouvrages de Marvel ou DC Comics. Et comme une réédition de la BD de Roy Thomas est récemment sortie chez Delirium, je ne saurais que trop inviter à en parcourir la chronique pour associer cette lecture à celle de Barbaric, dont je vais enfin réussir à parler après ces paragraphes autobiographiques.
CHRONIQUE —Elric et Stormbringer, sur les mers du Multivers
Barbaric, donc...
Créée par Michael Moreci sur des dessins de Nathan Gooden, la série est parue en 2021 (chez Vault Comics), déclenchant une très légitime vague d’enthousiasme. Owen, le barbare au cœur de ce récit a rapidement gagné en popularité grâce à son mélange unique d’humour noir, de violence brutale et de déconstruction du genre épée et sorcellerie. Et désormais, Urban Comics lance en librairies avec une opération spéciale (10 € pour découvrir…) sur une traduction de Julien Di Giacomo – qui a dû se marrer une fois et une autre en suivant l’histoire de ce Barbare maudit.
Owen a toujours parcouru ce royaume, animé par trois impératifs : tuer, baiser, boire… Ad libitum, et sans réserve. Au détour d’une traversée, une malédiction le frappe, jetée par trois sorcières — inutile de
préciser qu’avant cela, Owen n’entretenait pas des rapports franchement conviviaux avec les adeptes de la magie. Jusqu’à la fin de ses jours, le voici obligé de faire de bonnes actions et d’œuvrer pour le bien, la justice et le reste.
Épaulé par Hache, arme sanguinaire et sentiente qui lui sert de boussole morale malgré son penchant pour la violence et le sang, dont elle s’abreuve jusqu’à l’ivresse à chaque coup, Owen doit aider les gens dans le besoin.
Ensemble, ils parcourent un monde médiéval sombre, aidant ceux qui en ont besoin, souvent de manière violente. Owen déteste particulièrement les sorcières, disais-je, et lorsqu’il se voit contraint de collaborer avec l’une d’elles, la situation se complique considérablement.
Michael Moreci a déclaré que, bien qu’il ait travaillé sur Conan pour Dark Horse, il n’était pas un grand fan du personnage. Cela lui a permis de créer quelque chose de nouveau plutôt que de simplement rendre hommage à Conan. L’inspiration majeure pour Barbaric vient du roman fantastique Kings of the Wyld de Nicholas Eames (trad. Olivier Debernard chez Bragelonne), qui mélange humour, violence et des personnages bien développés avec une grande profondeur émotionnelle.
Ce livre a montré à Moreci qu’il était possible de combiner des éléments apparemment incompatibles pour créer une histoire riche et engageante. En outre, la collaboration avec Nathan Gooden et Addison Duke œuvra grandement au développement visuel du comic. Leur liberté créative a permis d’introduire des idées innovantes et surprenantes, comme la scène où Soren sort des couteaux de ses tatouages, idée qui venait directement de Goode.
Initialement prévue comme un roman graphique complet, Barbaric a été reformaté en série périodique en raison de la réponse positive du marché. Cette flexibilité a permis d’ajouter des cliffhangers et de développer davantage l’histoire au fil des numéros. Moreci et Gooden ont de grands projets pour la série, avec plusieurs arcs narratifs en préparation et une expansion de l’univers à travers de nouvelles mini-séries prévues.
Maintenant que l’on a écrit cela, reste à préciser que si la critique et les lecteurs se sont rejoints pour dire à quel point ce titre est un grand moment de bonheur… c’est que les raisons ne manquent pas. Ou alors que je suis un bon mouton, suiveur de tendances au possible. Sauf que ce premier volume a tout ce qu’il faut pour offrir une histoire aux codes familiers pour les amatrices et amateurs de médiéval-fantastique, tout en les transgressant allégrement pour les moins adeptes.
Drôle, avec ce qu’il faut d’humour grinçant et de situations cocasses, Barbaric est porté par un scénario d’apparence classique — rencontre de deux protagonistes destinés à combattre ensemble — mais avec un Barbare attachant dans sa brutalité et une sorcière à l’enfance brisée.
Le style graphique se démarque par son énergie brute et son humour décalé, combinant des éléments visuels classiques du genre avec une touche de modernité, saupoudrée de satires délectables. Les illustrations sont marquées par des traits audacieux, que renforcent les couleurs vives — notamment des éclats de rouge sanguinolent. Des scènes de combat bien intenses, un style visuel exagéré qui ajoute une dimension comique : tout est là pour un contraste qui embarque jusqu’à la dernière page.
Gooden parvient à donner vie aux personnages de manière distincte, rendant chaque personnage unique, tandis que les couleurs d’Addison Duke apportent la note finale à une atmosphère vraiment unique. Entre le scénario et l’approche visuelle, tous les tropes traditionnels du genre sont pervertis, retournés et renversés, sans pourtant trahir quoi que ce soit.
Barbaric, à ne surtout pas manquer… Un extrait est disponible en fin d'article ou à cette adresse.
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 05/07/2024
104 pages
Urban Comics Editions
17,00 €
Paru le 16/09/2020
621 pages
Bragelonne
9,95 €
Paru le 16/02/2024
224 pages
Delirium
27,00 €
3 Commentaires
Necroko
07/07/2024 à 00:52
J'aime bien Barbaric aussi (mais j'ai un échec j'ai pas le 2eme TPB mais j'ai le 1er et le 3eme), commandé via le marketplace j'ai du payer la taxe de 3€ Française donc (sigh).
Necroko
07/07/2024 à 00:55
sur le marketplace certain vendeur US baisse de 3€ le prix du Trade pour faire payer ces ****** de 3€ de taxe
Necroko
08/07/2024 à 02:37
elle est pas mal Cover Française, 10€ c'est un bon tarif (dans ma wishlist)