Qui l’eût dit ? Qui l’eût cru ? Rick BASS, chantre de l’écologie, l’un des fondateurs du Yack Valley Forest Council (une association créée en vue de la sauvegarde de la Rivière Yack et des forêts qu’elle traverse dans le Montana). L’auteur de ces textes magnifiques qu’il a tirés de cette région dans laquelle il s’est installé, y ayant trouvé le calme et la sérénité propices à l’écriture (voir Le Livre de Yaak : chroniques du Montana).
Le 15/08/2023 à 13:15 par Mimiche
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15/08/2023 à 13:15
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Celui qui a fait trembler ses lecteurs dans Les derniers Grizzlis où il raconte ses approches parfois délicates de ce grand prédateur dans le Colorado. Un homme préoccupé, à juste titre, par la disparition progressive, mais inexorable des espèces sauvages et des environnements naturels dans lesquels elles peinent de plus en plus à prospérer. Cet homme, figure de proue et modèle indubitable sinon créateur de vocations écologistes, … chasse !!!
Oui ! Et il le revendique haut et fort y compris devant les admirateurs de son parcours ou devant des interlocuteurs désirant le forcer dans ses retranchements pour cause de contradiction flagrante entre actes et discours : oui, Rick BASS chasse le gibier qu’il consomme comme le Sapiens cueilleur-chasseur dont nous descendons tous, nous rappelle-t-il ! Je ne vais pas insister, mais il y a 30.000 ans, Sapiens ne disposait pas encore de fusils à répétition !… Et il savait préserver la ressource, voire lui rendre hommage dans la mort provoquée…
Bon, ce n’est pas le sujet fondamental de ce livre, mais il reste incontournable quand vous aurez compris que Colter est le nom d’un chien, un chien d’arrêt à cause duquel il a abandonné la chasse au gros pour y préférer la chasse au gibier à plumes.
Colter est entré dans la maison de Rick Bass par inadvertance, un hasard qui fait si bien les choses, parfois, pour y devenir un incontournable. Une sorte de double dont l’auteur confirme que « tout le monde sait qu’un chien même doué d’une personnalité quelconque a avec son maître une relation qui va bien au-delà d’une simple question de nourriture ou de besoins biologiques ».
Or Colter est tout sauf un chien « quelconque ». Au contraire ! C’est un « génie » de la chasse. Un magicien increvable qui va faire lever tout ce qui, boules de plumes, court à l’abri du couvert des hautes herbes dans des terrains en jachère, des sous-bois, des prairies… Un coureur jamais rassasié de poursuivre des grouses, de fouiller le terrain pour les localiser et les faire envoler pour que le chasseur puisse tranquillement se préparer pour tirer.
La seule chose qui m’a réconforté dans ce livre, c’est de lire que le chasseur n’était pas à la hauteur de son chien et que son taux de réussite était tellement bas qu’il en a eu honte à l’égard des performances de son chien au point qu’il a décidé de s’« améliorer et d’être digne de ce chien » : il est parti en stage de formation au tir !!! Heureusement, il semble bien que ce fut de l’argent jeté par la fenêtre, car les résultats n’ont pas évolué dans une proportion significative ! Même s’il n’a pas tué que le temps dans ses journées à arpenter les zones où la densité de population humaine frise le zéro, il a dépensé plus de cartouches qu’il n’a ramené de trophées.
Pourtant, il avait avec lui « le meilleur chien du monde » et chaque page de ce livre est une ode, un chant vibrant d’admiration à l’égard de ce compagnon avec lequel il aura partagé un nombre incalculable d’heures de chasse, de nuits dans des motels perdus, de levers du jour glaciaux, de couchers de soleil éblouissants… Brefs instants de bonheur !
Alors, certes, je ne vais pas donner mon absolution à ce Rick BASS chasseur (ce dont il se ficherait éperdument), mais pour avoir parcouru des kilomètres et des kilomètres avec notre chienne Labrit, passé des heures à lui brosser le poil à nos retours de promenades en forêt ou dans la campagne, recherché et retiré ces sales bêtes de tiques qu’immanquablement elle ramenait de nos sorties, j’avoue partager totalement ce sentiment de complicité avec ce « meilleur ami de l’homme » dont ce n’est pas un vain mot que de dire avoir partagé des moments de bonheur pur et indéfectible.
CHRONIQUE - La rivière en hiver : des nouvelles de la nature sauvage
Rick BASS raconte merveilleusement ce couple qu’il a formé avec son chien, cette relation un peu exclusive, ces sentiments de solitude quand ils n’étaient pas ensemble, ce désespoir quand, un jour, Colter a disparu.
Rick BASS a fait de ce livre une biographie de Colter et aussi une épitaphe. C’est aussi certainement une auto-thérapie pour combler le trou béant de cette disparition inexpliquée. C’est un message d’amour dont le temps a réussi à panser les blessures, à faire rentrer la douleur dans le champ du normal, du naturel, de l’inéluctable…
C’est un livre écrit avec le cœur, avec une sincérité un peu rugueuse qui ne cesse de laisser entendre cette joie profonde d’avoir partagé des moments extraordinaires. Rien que pour partager un peu cette amitié (et aussi la découverte de ces espaces inhabités, ou presque), il vaut vraiment le coup d’être lu.
Par Mimiche
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1 Commentaire
jujube
18/08/2023 à 00:47
Je vais acheter ce livre.
J'aime trop les chiens, les amis des chiens, les maîtres de chiens, les maîtres- chien, les chiens sans pedigree, les chiens errants, les chiens de race non prétentieux, les chiens foufous, les chiens très doux et les chiens qui ne meurent jamais.