Marasme, calamité, vaste bordel… les qualificatifs ne manquent pas chez les libraires pour décrire la situation, alors que les fêtes de fin d’années approchent. Pris de court, les voici entre le marteau et l’enclume, avec la ferme intention de ne pas prendre de coups de la part de lecteurs mécontents. Conclusion, s'il n'est pas possible pour eux d'être fournis en bandes dessinées, et autres titres dont s'occupe MDS, ils sont bien décidés à se passer des titres que distribue la filiale de Média Participations.
Le 25/11/2021 à 23:43 par Antoine Oury
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25/11/2021 à 23:43
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Depuis l’échange de politesses entre le directeur général de MDS, Olivier Barbé et la présidente du Syndicat de la Librairie française, certains ont pris les armes, au propre comme au figuré. Et chez les spécialisés BD, on grogne plus fort encore : l’autorité de la concurrence, en mai 2018, indiquait que le groupe Média Participations (Dargaud, Dupuis, Lombard, Kana), sur le segment des droits français de bandes dessinées, atteignait les les 30-40 %. Un opérateur non négligeable donc.
À LIRE: retards de distribution, la chaîne du livre explose
Canal BD, qui regroupe 130 librairies spécialisées préfère pour sa part attendre. Bruno Fermier, son directeur, nous précise que « rien n’est encore établi, et les évolutions interviennent au jour le jour. Pour le moment, nous ne souhaitons pas faire de commentaires ». Dont acte, d’autres ne s’en priveront pas.
Sollicité par ActuaLitté, Xavier Ollivrin de BDfugue à Nice peste : « Nous sommes impliqués dans l’association Librairies du Sud et beaucoup proposent, en réaction, de boycotter les offices de janvier et refuser les notés. » [Ndlr : le noté est une commande supplémentaire, faite par le détaillant auprès du représentant, d'ouvrages mis à l'office] Réaction violente, à l’aune de la communication du groupe : ce dernier, pour rétablir les multiples retards accumulés, a indiqué qu’il ne livrerait en réassort que les commandes de trois exemplaires, minimum. Aucune commande unitaire.
Ce 25 novembre, une réunion avec Média diffusion, MDS et le SLF se tenait : quelques premiers éléments en ressortent, comme les 30 jours supplémentaires accordés sur les offices et réassorts de novembre et décembre. Les conditions jusqu’au 30 décembre devaient encore faire l’objet d’éclaircissements — au moins, dans la perspective « de maintenir une bonne relation commerciale », précisait un courriel de représentants.
Car personne n’ignore le contexte ni le fait que la situation vire au cauchemar, pour tout le monde.
Le risque ? Que les grandes librairies soient favorisées de fait : la trésorerie et la capacité de stockage sont là. « En parallèle, il y a un sérieux retard sur les traitements des retours, qui va lourdement frapper la trésorerie », reprend Xavier Ollivrin. « On sent un profond mépris pour la librairie indépendante, pour la seconde fois — la première, c’était l’an passé, quand le groupe avait maintenu, temporairement, ses grosses sorties, avant d’y renoncer quand les rayons livres des enseignes ont été fermés. »
Chacun y va de son analyse, et toutes finissent par se recouper : « Il n’est pas normal que les autres distributeurs, Hachette ou Flammarion, conservent leurs délais de livraisons, parfois avec un ou deux jours de retard. Et que Média soit à la traîne : ça sent le manque d’investissement, de toute évidence », pointe Xavier Ollivrin. Si le problème touchait tous les opérateurs de la distribution, « on ne pourrait qu’être compréhensifs ».
Alors, la colère monte, assure-t-il : « Quoique négocie le SLF, cela portera sur des questions financières, sans régler les urgences de fin d’année. Et les répercussions, dans le métier, viendront : les conséquences se mesureront sur le long terme, parce que la confiance est rompue. » Et pour cause : comment appréhender la suite ? « Je prends trop d’ouvrages, lors de l’office, j’ai un crédit avec 6 mois de retard. Inversement, je n’en prends pas assez, je n’aurai pas de réassort », questionne Xavier Ollivrin ?
Unanimement, les libraires BD le clament : « Nous ne manquons pas de livres à proposer. Personne ne commandera trois exemplaires pour en vendre un. Comme notre activité repose essentiellement sur le conseil, nous recommanderons les titres des autres maisons, des autres distributeurs. » Il ne s’agira pas de substituer, mais d’orienter vers une autre offre. « Ce n’est pas un baril de lessive qui remplace un autre : c’est notre métier de pouvoir proposer des alternatives, particulièrement dans ces conditions. »
Et la petite musique du boycott de revenir, regrettant par avance les conséquences sur les éditeurs et les auteurs. « Mais comment se faire entendre ? Si MDS voulait travailler efficacement, il reporterait ses offices de janvier, pour rattraper le retard. Mais ces offices justement rapportent de l’argent, et personne ne veut s’asseoir dessus. Conclusion : ce sera une perte importante de chiffre d’affaires pour le groupe. »
Loin des groupements de librairies, qui apportent une certaine sécurité, d’autres professionnels, responsables de rayon dans des boutiques généralistes ont tout autant de mal à avaler la pilule. Avec plus de difficultés pour parler ouvertement et à visage découvert. Marc* analyse le marché sans concession (*les prénoms ont été modifiés) : « Asterix [distribué par Hachette Livre] est en phase descendante, Blaker et Mortimer va encore exploser et Goldorak confirme sa réussite. Mais comme je vous parle, l’ouvrage est toujours indiqué comme épuisé. Impossible de le commander, à l’unité ou par trois exemplaires. »
Et d’ajouter : « Entre nous, on se dit qu’on va appliquer la méthode Barbé [directeur général de MDS] : fermer le rideau, et n’ouvrir que pour les clients qui achèteront trois exemplaires au moins. Et nous verrons bien. »
Certains n’hésitent pas à parler de vengeance, tout bonnement : « Pour le lecteur, ça va devenir inaudible : ceux qui viennent pour le cadeau à papa, avec un titre précis en tête, se heurteront à un refus, qui n’est pas de notre fait. Tout simplement parce que les clients sont habitués au tout, tout de suite. Et quand ils ont une envie spécifique, on ne pourra pas leur proposer autre chose », nous glisse Marie*.
Et pour ce gérant de librairie de niveau 2, dans le sud de la France, l’action en justice s’impose : « Ils modifient les conditions générales de vente unilatéralement, nous imposent des procédés scandaleux. Au minimum, saisir le Médiateur du livre pour dénoncer ce comportement… »
Vincent Montagne PDG de Média Participations
Quelques libraires nous précisent que, voilà un mois, un mois et demi, les chargés de relation libraire insistaient sur la nécessité de commandes en amont. Des recommandations qui ressemblaient plutôt à une réponse face aux pénuries papier, justement. « Sauf que personne n’avait conscience de ce qui se tramait… Un accident industriel, oui, c’est bien cela. Mais est-ce que MDS s’en relèvera ? S’ils ne gèrent pas la hausse d’activité, ils finiront par perdre le bénéfice ce cette hausse », estime l’un d’eux.
Patrick Corbet, retenu parmi les libraires de l’année 2021 (mais hélas, pas choisi), est le cofondateur de la première librairie Momie, en 1985, devenue depuis un réseau de 17 établissements, partout en France, avec quelque 110 salariés (contre 65 en septembre 2020). Chez eux, la ligne de conduite sera simple : « Ce sera zéro – oui, 0 – commande. D’autant qu’avec des délais de livraison de quatre semaines, il devient inutile de commander, l’ouvrage arrivera après Noël. » La communication s’opérera sur le site, ainsi que dans les points de vente. « Après tout, nous ne sommes pas même en mesure de savoir si les commandes seront enregistrées. »
Lui-même ne comprend pas : « Voilà des mois que le chiffre d’affaires augmente, avec deux chiffres, et personne ne l’a pris en compte ? Les instances dirigeantes auraient-elles manqué une marche ? En regard de l’importance de l’augmentation de titres vendus, pour moi, cela tient de la faute de gestion. » Et d’insister : « Comme si nous, en librairie, n’avions pas mis en place de nouveaux lieux de stockage pour augmenter le volume ni engagé de salariés pour répondre aux clients. »
Plusieurs interlocuteurs, qui en avaient les moyens, et anticipant alors les pénuries annoncées de papier, sont passés à des quantités 10 fois supérieures pour certains titres.
Reste que, reprend Patrick Corbet, « la logistique est leur problème. Celui de nos équipes, c’est de vendre les livres que MDS doit distribuer — même à l’unité et à un maximum de libraires possible ». Les délais, entre quinze jours et trois semaines, associés aux retards de crédits (« Je n’ose même pas y penser », plaisante-t-il, jaune), amplifient les tensions. « D’autant que MDS s’était bien rattrapé sur le recrédit des avoirs, après d’énormes efforts. »
Les délais, tout le monde les a vu augmenter : les lignes de commandes, ennemies jurées du logisticien, ont fini par déborder. « Alors que nous sommes dans les fins de budget des bibliothèques, nous recevons 4 à 5 demandes, unitaires, chaque jour. Nous voici obligés de dire non. » Les collectivités comprendront que ce refus ne dépend pas du libraire, mais tout de même...
Alors, cette question économique revient : « Si on a besoin d’un exemplaire, que l’on en prend trois, outre les questions de bilan carbone, on opère une avance au distributeur qui va puiser dans notre trésorerie. Sans assurance sur les crédits de retours, personne ne prendra un tel risque. »
Et à l’instar des librairies BDfugue, Momies entend tout miser sur la puissance de conseil : « Nous sommes en mesure de vendre autre chose que du Média [Participations]. Ce qui me dérange, ce sont les auteurs, les petits, pas les best : durant les fêtes, ils peuvent ressortir. Là, ils seront éjectés et n’apparaîtront même pas. La sanction sera identique pour les éditeurs distribués… »
Avec toujours l’ombre du géant américain qui plane : « Je n’aime pas parler d’eux, mais pour combattre Amazon, il faut du fonds. Or, ce fonds, on le prend à l’unité, pas par trois exemplaires. Le message de MDS, c’est de privilégier la nouveauté, de liquider le fonds. Mais, quand même !, l’augmentation qu’ils évoquent, elle n’est pas apparue voilà trois semaines. Depuis combien de temps la constatent-ils sans réagir ? »
Alors que pour Noël, le traditionnel nerf de la guerre réside dans le stock, 2021 risque d'être complexe.
Stéphane Aznar, directeur général de Média Diffusion a accepté de répondre aux différentes problématiques posées.
La situation, déjà évoquée longuement dans votre article, était absolument critique et mettait en danger MDS dans son ensemble. Si aucune décision n’avait été prise pour régler le retard de réassorts non traités, c’est toute la fin d’année et le début de l’année 2022 qui étaient en danger.
Nous aurions pu choisir de ne rien changer, ne rien annoncer, et continuer à servir toutes les commandes avec des retards croissants et des livraisons en janvier…
Annoncer la réalité, prendre des décisions difficiles pour préserver le maximum les commandes de Noël sur les bests, notamment en librairies, sont des choix assumés, et, de notre point de vue, contraire au mépris et à la dissimulation dont on nous accuse aujourd’hui quelquefois.
Certains libraires, d’ailleurs, le comprennent.
D’autres, vous l’avez noté, ne l’acceptent pas et leur colère prend des proportions qui, je dois le dire, me dépassent : nos équipes commerciales essuient souvent de violentes attaques, voire des insultes, et certains libraires refusent de prendre toute nouvelle commande, y compris pour les nouveautés de janvier. Ou annulent les commandes déjà passées.
Cela relève d’un sentiment de vengeance incompréhensible face à une situation qui ne relève en aucun cas d’une volonté de nuire de MDS, mais d’une impossibilité physique.
J’en appelle réellement à un apaisement général et au sens des responsabilités de chacun : ne plus commander les nouveautés des éditeurs diffusés par Média Diffusion et distribués par MDS nuira aux éditeurs, aux auteurs… et fera grand plaisir à d’autres opérateurs de la chaîne du livre (notamment d’e-commerce) qui verront venir à eux des clients qui n’auront pas trouvé les nouveautés de Dargaud, Dupuis, Seuil, Points, L’Olivier, Métailié, etc.
C’est exactement faire le lit de ce dont on nous accuse aujourd’hui, de manière assez absurde d’ailleurs (car les commandes supprimées par MDS concernent TOUS les réseaux). C’est aussi nourrir, potentiellement, à nouveau la machine à réassorts sur janvier, car de grosses nouveautés seront demandées par des clients…
Curieuse réponse que celle d’envisager de telles extrémités.
Cet apaisement général, nous l’appelons de nos vœux, avec, également, le bureau du SLF avec qui nous sommes en constantes relations depuis 48 heures pour répondre au mieux à leurs attentes. Nous discutons également avec d’autres libraires en permanence, et avec l’ensemble des clients.
Nous avons de nombreuses réunions pour trouver des alternatives acceptables à cette crise inédite, et trouver des solutions — sans dévier de notre objectif : retrouver un niveau de service MDS normal. Nous ne pourrons atteindre cet objectif sans supprimer de manière conséquente le niveau d’encours de réassorts actuel.
Les équipes de MDS et de Média Diffusion travaillent à leur maximum, dans des conditions extrêmement tendues, et nous accuser de mépris est assez difficile à entendre. Mais nous faisons front, tous ensemble, et espérons sortir par le haut de cette crise.
La rédaction attend désormais les conclusions de la réunion avec le SLF.
crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
18 Commentaires
Ismaël
26/11/2021 à 10:14
Il est vrai qu'il y a un côté absurde à cette histoire... Tous les libraires indépendants crient en cœur « Amazon, Amazon, c'est le grand méchant loup, il ne faut rien faire qui puisse, de près ou de loin, lui ramener des clients ! », et que décident-ils ? De punir le distributeur en refusant de prendre les commandes de la rentrée de janvier... S'ils boycottent l'office et refusent de prendre les notés (comme le dit explicitement le représentant de l'asso des libraires du Sud), cela revient à pousser les clients à trouver les titres souhaités ailleurs... et pourquoi pas... en les commandant sur Amazon bien sûr ! Parce que Amazon, lui, ne va certainement pas refuser de prendre les parutions de janvier... Où comment les libraires, en plus de subir un accident industriel les pénalisant, se tirent une balle dans le pied supplémentaire, dans une tentative inutile de « montrer leurs muscles » (il est bien dit d'ailleurs qu'ils souhaitent agir « en réaction »). Ubuesque et contre-productif.
Des problèmes de distribution dans le livre, il y en a eu un paquet depuis vingt ans... avec des accidents très pénalisants et d'autres moins. Que, sans conteste, le distributeur ait fait des erreurs, mal calculé son coup, et que toute la machine se soit grippée... c'est un fait, et il est le premier à le reconnaître, et il va lui aussi en payer les pots cassés, au prix fort... Que le libraire se retrouve lésé, et que les clients déchantent au moment des fêtes, là aussi, personne ne revient là-dessus dans le contexte. Mais là, plutôt que les uns et les autres essaient de réparer ENSEMBLE le bazar en question, en acceptant forcément des concessions à faire de part et d'autre, non, il vaut mieux bien envenimer la situation, menacer, prendre des décisions ridicules juste pour montrer que le libraire aussi, s'il le veut, peut gêné le distributeur ! Mais on est où là ? Dans une cour d'école ?
Mati
27/11/2021 à 09:40
Bonjour,
Je crois que vous sous-estimez le problème d'Amazon à long terme
Avec Amazon nous allons vers une pensée unique
Mais il ne s'agit pas d'entrer dans une bagarre stérile
Cela convient à certains très bien qu'ils ne se croient pas obligés d'aller dans les librairies indépendantes
C'est une question de conscience
Bonne journée
Pensée unique ?
29/11/2021 à 10:31
La pensée unique se trouve justement chez le libraire qui écarte toute production qui n’est pas dans la chaîne. Tout passe par les mêmes décideurs des mêmes maisons d’édition qui ont toutes des gens formés dans les mêmes écoles.
Les libraires réduisent encore en écartant des diffuseurs. Vivement que ce système s’écroule de lui même.
Nous lecteurs voulons avoir la liberté de lire ce que l’on veut et ne pas être tributaire de votre système.
blacksad
20/12/2021 à 18:47
Le libraire (indépendant) qui ne peut passer de commande pendant les deux mois de l'année où il y a beaucoup de monde en librairie et qui est pris en otage, ne peut qu'espérer trouver un dénouement. Selon vous, il serait plus sage de laisser faire ! La pensée unique, c'est la vôtre : où vous travailler pour le géant d'internet, où vous n'avez jamais mis les pieds dans une librairie. Notre profession est attaquée de toute part. Par les auteurs sous-rémunérés, par le gouvernement qui nous juge comme commerce non-essentiel avant de se raviser, pas un distributeur comme MDS qui préfère vendre en grande quantité, et maintenant par un pseudo lecteur qui nous attribue une pensée unique...Je ne sais quel est votre métier, mais j'espère que vous serez confronté un jour à ce problème de concurrence irréversible. Amazon l'a démontré au Canada, une fois les librairies fermées, les prix d'Amazon sont décuplé, les livraisons aléatoires. C'est ce monde "libre" que vous préconisez ?
Trinitro
19/01/2022 à 18:32
Absolument pas ! Il ne faut pas confondre les libraires indépendants et les chaines...
C'est justement nous, les libraires indépendants qui avons la possibilité de commander ce que nous voulons, et permettre à tous les auteurs/éditeurs de trouver leur public et particulièrement aux petites maisons d'édition, auteurs locaux et beaucoup de choses que vous ne trouverez pas ailleurs.
Elle est justement là la force des petits libraires !
En plus du conseil, (car certains vrais libraires lisent les ouvrages qu'ils vendent... :) )
ne pratiquent pas de censure.
Nous n'écartons personne.
C'est bien mal connaitre le monde de la librairie.
Un libraire
26/11/2021 à 12:42
"et continuer à servir toutes les commandes avec des retards croissants et des livraisons en janvier…"
bah c'est déjà ce qui se profile, mais en nous contraign
"est vrai qu'il y a un côté absurde à cette histoire... Tous les libraires indépendants crient en cœur « Amazon, Amazon, c'est le grand méchant loup, il ne faut rien faire qui puisse, de près ou de loin, lui ramener des clients ! », et que décident-ils ? De punir le distributeur en refusant de prendre les commandes de la rentrée de janvier... S'ils boycottent l'office et refusent de prendre les notés"
C'est maintenant que les clients se tournent vers Amazon pour recevoir leur guide touristique et leur carte Michelin par exemple. On ne va pas les commander par 3 à chaque fois. Et pour les recevoir quand ? La commande par 3 minimum est un cassus belli.
Rien n'est dit concernant les retours (et donc avoirs). Quel libraire va relancer la machine des offices en janvier "comme d'habitude", dans le flou en buvant simplement les paroles de MDS ? Il faut créer l'office par 3 minimum : ) (au détriment des "petites nouveautés)
Un libraire
26/11/2021 à 13:28
(mail précédent parti en cours de rédaction)
"Le risque ? Que les grandes librairies soient favorisées de fait : la trésorerie et la capacité de stockage sont là. "
En effet. C'est aussi vrai des plateformes type Amazon dont la zone de chalandise se compte en millions de clients quand nous libraires rayonnons à l'échelle d'un quartier, d'une ville/village et alentours.
" Et pour cause : comment appréhender la suite ? « Je prends trop d’ouvrages, lors de l’office, j’ai un crédit avec 6 mois de retard. Inversement, je n’en prends pas assez, je n’aurai pas de réassort », questionne Xavier Ollivrin ?" je souligne
"Alors, cette question économique revient : « Si on a besoin d’un exemplaire, que l’on en prend trois, outre les questions de bilan carbone, on opère une avance au distributeur qui va puiser dans notre trésorerie. Sans assurance sur les crédits de retours, personne ne prendra un tel risque. »"
oui
" Chez eux, la ligne de conduite sera simple : « Ce sera zéro – oui, 0 – commande. D’autant qu’avec des délais de livraison de quatre semaines, il devient inutile de commander, l’ouvrage arrivera après Noël. "
Nous sommes déjà le vendredi 26/11. En effet l'incertitude sur les délais remet de toute façon en cause les commandes.
"Les équipes à leur maximum"
Eclairez-nous svp Actualitté. MDS parle de la croissance de la charge de travail, de toutes ses équipes à fonds. Mais quelles équipes ? L'effectif est-il habituel ? Manque t-il de personnel ?
https://www.ecommercemag.fr/Thematique/retail-1220/Diaporamas/visite-ory-centre-distribution-amazon-bretigny-orge-343417/ruban-rouge-343418.htm
Merci.
wiwi
26/11/2021 à 13:59
Scandaleux aussi pour les auteurs et éditeurs indés, ou non-bankable, dont les librairies ne prennent généralement qu'un ou deux exemplaires...
Bibliothécaire en colère
26/11/2021 à 13:59
Les bibliothécaires, ils s’en tapent de l’arrivée de la BD au pied du sapin.
Les fins de budget, c’est comme le 13e mois : ça arrive fin novembre / décembre et pas avant.
Je suis très très en colère par l’attitude désinvolte de MDS.
Même s’ils ont beaucoup réfléchi avant, arriver à cette décision, c’est d’une nullité absolue.
On aura tout vu. Le distributeur qui après avoir beaucoup réfléchi, choisit de ne pas distribuer, et tant pis si dans le sillage il met par terre des auteurs, des maisons d’édition, et des libraires.
L'auteur masqué
26/11/2021 à 23:54
Quand on se souvient d'où vient Media participation historiquement, on n'est beaucoup moins étonné par cette attitude méprisable. Ils s'en foutent des petits libraires, il est beaucoup plus rentable pour eux de travailler avec des centrales d'achat comme amazon.
Yetet
28/11/2021 à 11:28
Trop d'intermédiaires !
Trop de BDs sur le marché !
Trop de choix en grandes quantités en tous les cas et un lecteur lambda qui ne sait plus où donner de la tête !
Un libraire
28/11/2021 à 13:15
"Trop d'intermédiaires !"
auteur - éditeur (imprimeur) - diffuseur/distributeur - libraire
ça n'est pas énorme comme chaine, elle est assez logique dans sa forme, ce sont des rôles, fonctions, missions, métiers assez différents. La répartition du poids c'est autre chose et je n'en débattrai pas par écrit.
"Trop de BDs sur le marché !"
Ah ça c'est un autre débat pas simple :)
"Trop de choix en grandes quantités en tous les cas et un lecteur lambda qui ne sait plus où donner de la tête !"
C'est un avis "personnel", il y a des "lecteurs lambda" pour qui l'offre n'est pas un problème. Ca n'est pas bien grave. On peut choisir d'être guidé. D'ailleurs dans les magasins l'offre est toujours plus limitée que sur les plateformes. Finalement, moins on cherche plus on a de chance de trouver :)
Jean-Robert
28/11/2021 à 15:00
Et sinon, MDS, c'est quoi, c'est qui ?
Rice
28/11/2021 à 21:05
@Ismaël - Amazon a les MOYENS FINANCIERS d'accéder aux requêtes de MDS et d'avancer les fonds pour financer ces stocks supplémentaires.
On se demande même si ce n'est pas Amazon qui a écrit ces nouvelles règles histoire d'accélérer la disparition des petits libraires que le prix unique du livre protège encore...
Mais si vous avez la solution financières et non morale ("les libraires si tirent une balle dans le pied"), ne vous gênez pas de la proposer.
Ismaël
29/11/2021 à 10:12
@Rice. Voici les chiffres de l'année 2021.
- 50% des librairies ont augmenté leur trésorerie au 3eme trimestre 2021, les stocks et les retours diminuent toujours, les ventes progressent de 3% (seuls les hypermarchés sont en baisse). Les librairies de 1er niveau et celles de 2e niveau enregistrent une hausse de leur activité respectivement de + 0,6 % et + 4,3 %.
- 40% des librairies ont augmenté leur trésorerie au 2eme trimestre 2021, les stocks et les retours diminuent encore, les ventes progressent de 27% ! Les librairies de 1er niveau et celles de 2e niveau enregistrent une hausse de leur activité respectivement de + 37,1 % et + 46,1 %.
- 42% des librairies ont augmenté leur trésorerie au 1er trimestre 2021, les stocks et les retours diminuent, les ventes progressent de 23% en moyenne ! Les librairies de 2e niveau et celles de 1er niveau enregistrent une hausse de leur activité respectivement de 51,2 % et 40,8 %.
Evidemment, ce sont des moyennes, et évidemment certains points de vente n'ont pas la même dynamique. Cependant, avant de lancer de soit-disant grandes vérités sur les capacités de trésorerie et de financement de la librairie indépendante EN GENERAL qui seraient désespérément nulles comparativement à Amazon selon vous, merci de vérifier la réalité des chiffres. La question n'est donc pas que « morale »... l'appel à Boycott des offices et des notés de janvier est, de fait, pour les libraires une manière de vengeance qui profitera au final à la vente en ligne. En ce sens, oui, ils se contredisent dans leur discours de défense du commerce indépendant face à des plateformes comme Amazon.
Quant à proposer une solution, la première serait de « travailler » avec le distributeur qui met tout le monde en difficulté (les libraires, mais aussi ses propres personnels) plutôt que de le boycotter, ce qui pour le coup est pour le moins stérile comme comportement et n'aide personne : ni les libraires, ni les éditeurs, ni les auteurs, ni encore moins tous les manutentionnaires des centres de distribution. A vouloir faire payer « les patrons » de la distribution, je crains que la libraire ne se trompe de combat, d'autant plus venant d'une profession qui a appelé toute la chaîne du livre à la solidarité au moment du confinement, mais qui semble avoir oublié ce terme quand il s'agit de ne pas enfoncer la tête sous l'eau de ceux qui triment dans la distribution, des petites maisons d'édition fragiles et pénalisées si on refuse leurs parutions de janvier, et de leurs auteurs qui survivent à peine dans le meilleur des cas... Chercher des solutions professionnelles à cette crise me paraît tout de même préférable au simple « bras d'honneur » du boycott proposé.
Un libraire
29/11/2021 à 11:24
"Evidemment, ce sont des moyennes, et évidemment certains points de vente n'ont pas la même dynamique. Cependant, avant de lancer de soit-disant grandes vérités sur les capacités de trésorerie et de financement de la librairie indépendante EN GENERAL qui seraient désespérément nulles comparativement à Amazon selon vous, merci de vérifier la réalité des chiffres. La question n'est donc pas que « morale »..."
La trésorerie meilleure n'améliore pas la faible rentabilité: combien est retiré de l'augmentation de chiffre d'affaire (CA) ? Rappel, article du monde récent :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/11/25/pour-les-librairies-un-etonnant-miracle-lie-a-la-pandemie_6103549_3234.html
La librairie reste le commerce de détail le moins rentable de France. A coup de 1 et quelques poussières de % de rentabilité, combien faut t-il de CA pour s'enrichir ? :-)
Voir les coûts fixes (transport et cie).
MAIS SURTOUT : pour beaucoup de librairies concernées, le remboursement du PGE n'a pas encore commencé, car nous avons souvent demandé le report d'un an après le moment supposé de son démarrage au printemps 2021. Cela à un effet bénéfique sur nos retours et les prises de risque (je parle personnellement mais ça me semble extrapolable). Cela ne durera pas éternellement ... Et les tensions reviendront.
"l'appel à Boycott des offices et des notés de janvier est, de fait, pour les libraires une manière de vengeance qui profitera au final à la vente en ligne. En ce sens, oui, ils se contredisent dans leur discours de défense du commerce indépendant face à des plateformes comme Amazon."
Je pense qu'il faut suivre quelque nouveautés mais je pense surtout que MDS est un puits sans fond et incertain et qu'il ne faut pas le remplir, offices ou pas office.
"Quant à proposer une solution, la première serait de « travailler » avec le distributeur qui met tout le monde en difficulté"
Euh on voudrait bien.
"A vouloir faire payer « les patrons » de la distribution, je crains que la libraire ne se trompe de combat"
C'est le maillon fort qui à pouvoir sur les libraires et les éditeurs, ce combat, si on peut appeler ça un combat, n'est pas déplacé.
Niko
29/11/2021 à 09:33
Écoeurant ce discours langue de bois de MDS qui ne répond à aucune des préoccupations des distributeurs. Il y a un sérieux coup de pied à mettre dans le monde dans l'édition quand on voit en plus que ces grands patrons ont des comptes en banque dans les paradis fiscaux quand les auteurs ont du mal à avoir un SMIC.
Yoann
04/01/2022 à 13:57
Décembre est passé, le coup de sang est retombé, cette idée absurde du boycott a disparu des discours des libraires une fois l'esprit plus clair (enfin, je l'espère) mais reste cette frustration de justement n'avoir aucun poids ou pouvoir face à une faute professionnel d'une ampleur rarement égalée.
Seul "geste" effectué pour l'instant par MDS, une suréchéance de 30 jours, cadeau en partie empoisonné car si elle peut permettre de récupérer du crédit retour, elle retarde le paiement d'une grosse échéance à une période plutôt calme en librairie pouvant provoquer des difficultés financières pour certains.
La question de se passer de MDS ne se pose même pas pour un libraire, c'est plutôt d'obtenir réparation face à des choix douteux d'une entreprise qui joue la carte de l'innocence pour pallier à ses problèmes. On peut excuser les indisponibilités de fin d'année, entre les pénuries, engorgements de réimpression et une demande exponentielle mais voir que le 2e plus gros distributeur de bandes dessinées ne parvient pas à assurer un service que ces congénères réalisent tant bien que mal (avec également des difficultés, ils l'ont bien signalés) parce qu'ils ont préférés s'engraisser sur la bête au lieu de prendre des mesures pour s'adapter au futur, l'accélération a été déjà significative fin 2020 et dès le premier trimestre, c'était une réalité. Ne pas avoir réussi à anticiper et prévoir, c'est juste ne pas faire correctement son travail dans ce cas précis.