Sur un vélo cargo, un auteur à la rencontre des habitants
« Habiter demain, de l’imaginaire à l’acte de faire. » Un thème parlant, qui a rythmé la Biennale architecture et urbanisme – du 6 au 10 octobre à Caen. Au coeur de ce projet, l’idée de créer une ville qui ressemble à ses habitants, au travers d’échanges : pour ce faire, l’auteur Guillaume Nail s’en est allé à la rencontre des Caennais. Écouter et recueillir les histoires, témoignages, idées. Mais également leurs espoirs pour la ville.
Le 15/10/2021 à 07:30 par Valentine Costantini
292 Partages
Publié le :
15/10/2021 à 07:30
292
Partages
Pour l'occasion, l’auteur a parcouru la ville au guidon de son vélo cargo, croisant « toutes générations confondues ». S’est alors créé un dialogue autour de la ville de demain, celle d’un pays conscient des évolutions sociales et environnementales. Un lieu pour tous, dans un esprit de nouveau, autant que de renouveau — en prenant soin de ne pas oublier ce qui existait déjà. L’objectif n’est pas de raser pour recommencer à zéro : plutôt d’observer, de réfléchir, et d’avancer ensemble vers des décisions respectueuses, entre autres, de l’environnement.
Cet évènement apportait la présence d’un auteur au coeur de la ville, et donc au coeur de cette conversation — puisqu’il s’agit bien là d’une réelle conversation avec les habitants.
Invité à participer à ce projet en tant qu’auteur public, Guillaume Nail n’a pas hésité une seule seconde. Avant le début de la Biennale, son état d’esprit faisait écho au mot d’ordre de l’évènement, soit « Curieuse-se ? ». Oui, curieux de savoir ce qu’il entendrait — mais aussi enthousiasme de replacer l’écrivain au coeur de la cité. Une manière tout à fait adaptée de souligner à quel point l’écrivain est concerné par le monde qui l’entoure.
« Il y avait de l’appréhension, aussi », nous a-t-il expliqué. Après tout, comment anticiper les réactions des habitants ? Ou même, tout simplement, si la foule affluerait… « On pouvait très bien se casser les dents. » Résultats des courses ? « On a eu un écho très favorable, une réponse très positive de la part des habitants », durant ce qui a représenté un véritable moment d’échange avec des populations très différentes.
Une Biennale pleine d’enthousiasme pour les Caennais, tout comme pour Guillaume Nail, qui résume ces moments avec justesse : « C’était la fête pendant cinq jours ! ».
Des rencontres enthousiasmantes, tout simplement
À bord du vélo cargo, l’auteur a fait sensation — un euphémisme, au vu des nombreux échanges avec les Caennais. Même avec une promotion faite autour de son intervention, la surprise face au nombre de participants n’a pas été moindre, démontrant un réel intérêt pour le futur de la ville.
Les plus petits, durant le Parlement des enfants, débordaient d’imagination : les propositions faites allaient des tyroliennes urbaines pour traverser la ville aux pédalos en accès libre, en passant par la création d’une ville aux airs de plateau de jeu vidéo…
Bien entendu, les adultes ont eux aussi réussi à surprendre l’auteur, qui a affirmé : « Libérons l’imagination, et la réalité aura ensuite tout le temps de nous contraindre… »
La création de mots comme « dévoiturage » — dont le sens s’imposera à tous comme une évidence — témoigne d’un désir de mobilité douce, ainsi que d’espaces propices aux échanges. Les propos collectés vont tous, finalement, dans la même direction : les habitants de Caen souhaitent plus d’espaces verts, afin de profiter de la ville en toute sérénité, et « profiter de l’extérieur dans de bonnes conditions ». Une envie profondément ancrée dans cette population, qui peut très facilement être connectée à ces périodes de confinement à répétition.
La réussite de ce happening urbain se mesure à l'aune de ce fabuleux vélo, moyen de locomotion tout trouvé pour vadrouiller : plutôt que de se limiter aux quelques rues piétonnes du centre-ville, il élargissait le périmètre d'action. « On voulait brasser tout le monde pour ne pas avoir le même son de cloche », nous a expliqué Nail. Le vélo, donc, semble bien avoir toute sa place dans la ville, comme moyen de déplacement, mais aussi « de rencontre ».
Et, en tant qu’écrivain ?
Guillaume Nail nous a avoué s’être senti particulièrement inspiré par ses échanges : « Ça m’a bien boosté ! ». En tant qu’auteur, mais aussi humainement. Lui apprécie particulièrement ces moments de dialogues, cet élan vers l'autre : échanger est une source d’inspiration pour l’exploration des thématiques telles que celles de son dernier roman, Le cri du homard (publié chez Glénat Jeunesse en 2020). L’égalité fille-garçon, la question de la singularité, l’importance de la diversité… Toutes ont trouvé écho durant ces quelques jours.
Et cette Biennale l’a conforté dans le développement de solutions locales, adaptées non seulement à l’environnement, mais aussi et surtout à la ville elle-même. « C’est ça, la solution de demain », affirme-t-il.
L’auteur nous précise que les nombreuses idées et suggestions avaient déjà commencé à prendre forme. Véritable source de réflexion et de partages, l’étude de ces échanges avec la population caennaise se base sur un souhait d’améliorer la ville, en les transmettant par la suite aux representants administratifs en charge du futur urbain. Tout en se donnant une certaine liberté, en refusant de se formaliser pour la mise en place de ces échanges, Guillaume Nail espère à présent pouvoir « continuer ce récit avec les habitants, et renourrir leur imaginaire ». Pour lui, l’univers des possibles s’est ouvert avec ces quelques jours : « Y’a un truc qui respire, qui fait du bien » dans ces nombreux partages — alors pourquoi s’en priver ?
Bien que l’échéance officielle de ce projet s’annonce pour la prochaine Biennale d’architecture, où un autre thème viendra replacer celui de cette année, une chose semble certaine : « Ce récit doit continuer de s’écrire, avec les habitants ». Pour l’auteur, donc, pas question de s’arrêter là. Maintenant que le dialogue est ouvert, il suffit de le continuer…
Crédits photos : © Virginie Meigné
Par Valentine Costantini
Contact : valentine.costantini@gmail.com
Le cri du homard
Paru le 14/10/2020
215 pages
Glénat
13,90 €
Plus d'articles sur le même thème
Autres articles de la rubrique Sortir
Commenter cet article