Élu le 13 mars 2013 à la tête de l’Église catholique, suite à la démission du Pape Benoit XVI, sous le nom de François, Franciscus en latin, en référence à Saint François d’Assise, fondateur de l’ordre des Frères Mineurs, sous l’égide de la prière, la pauvreté, l’évangélisation, et l’amour de la Création divine, canonisé en 1228 par le Pape Grégoire IX, tout un symbole ! Jose Mario Bergoglio, né le 13 décembre 1936, originaire d’Argentine, Cardinal de Buenos Aires, et membre de la Compagnie de Jésus.
Le 29/06/2020 à 09:15 par Jean-Luc Favre
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29/06/2020 à 09:15
Dès son accession au trône de Saint Pierre, dont il est le 266e souverain pontife, François entend bien donner le ton d’une nouvelle gouvernance de l’Église catholique, plus adaptée aux enjeux du nouveau siècle. Celui qui fut frappé par la grâce sacerdotale dès l’âge de 17 ans, et ordonné prêtre en 1969, n’en a pas moins connu dans sa jeunesse les réalités parfois difficiles du monde matériel. Contraint d’exercer de petits métiers pas toujours très valorisants, homme de ménage, ou videur dans un club mal famé de Cordoba, il prend très vite conscience de la misère humaine dans toute son ampleur.
Cela le pousse à engager sa foi avec une force spirituelle très intense qui lui permettra par la suite de gravir les échelons hiérarchiques de l’Église pour laquelle il témoigne un véritable amour et une fidélité sans faille.
Certes on lui reprochera lors de son sacerdoce de s’être malencontreusement rapproché de la dictature militaire argentine, entre 1976 et 1983, faisant alors l’objet de nombreuses controverses. Mais, en réalité, ces faits ne seront jamais complètement prouvés, rapidement démentis par le Saint-Siège et par des témoignages de l’époque qui apportent une tout autre version des faits. Le nouveau Pape n’entend pas quant à lui, fort de convictions profondes, perdre de temps dans l’organisation de sa mission universelle.
Comme la Lettre encyclique Lumen Fidei, promulguée le 5 juillet 2013, cinq mois à peine après son élection et qui envisage un regard nouveau sur l’observance de la foi dans le monde. « La foi a fini par être associée à l’obscurité. On a pensé pouvoir la conserver, trouver pour elle un espace où la faire cohabiter avec la lumière de la raison.
L’espace pour la foi s’ouvrait là où la raison ne pouvait pas éclairer, là où l’homme ne pouvait plus avoir de certitude. Alors la foi a été comprise comme un saut dans le vide que nous accomplissons par manque de lumière, poussé par un sentiment aveugle, ou comme la lumière subjective capable peut-être de réchauffer le cœur, d’apporter une consolation privée, mais qui ne peut se proposer aux autres comme lumière objective, et commune pour éclairer vers le chemin. »
Des propos particulièrement explicites et hautement singuliers qui considèrent la perte des repères moraux de l’humanité, mais plus encore la volonté de se soustraire à la lumière divine, celle qui conduit les hommes vers une destinée plus heureuse et plus juste. À cet égard la foi constitue bien un rempart contre la déraison qui oblitère le caractère sacré de l’homme et dont le monde actuel témoigne d’une incroyable et sordide hypocrisie.
À cet égard, le Pape François, bien qu’immensément bienveillant et faisant appel aux œuvres de l’esprit, est aussi un fin lettré, lecteur éclairé de Nietzsche, Dostoïevki, Jorge Luis Borgès entre autres - il tente d’avertir, non sans compassion toutefois du danger imminent de franchir certaines limites de l’existant.
Tout en citant abondamment ses prédécesseurs, le Pape François franchit un nouveau cap deux ans plus tard en 2015, avec une nouvelle Lettre encyclique, nommée « Laudato si » sur la sauvegarde de la maison commune. Le souverain pontife souhaite apporter un message éclairant et quelque peu novateur à portée universelle, citant une nouvelle fois Saint François comme un modèle du genre : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler par analogie, leur Auteur » (SGD, 13, 5). « 13 — Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable, et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. »
Puis plus loin, « 27 — Nous sommes bien conscients de l’impossibilité de maintenir le niveau actuel de consommation des pays les plus développés et des secteurs les plus riches de la société, où l’habitude de dépenser et de jeter atteint des niveaux inédits. Déjà les limites d’exploitation de la planète ont été dépassées sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté. »
[Premières pages] François en poche
Ce à quoi le Saint-Père interpelle à la lumière d’une foi ardente, où transparait vraisemblablement de l’inquiétude, mais certainement pas de démission. Lui déclare ce qu’il a à dire, au nom de son Église sans se soucier des pourfendeurs du déclin universel de l’homme. Il est vrai qu’avec 10 % de la population mondiale vivant en dessous du seuil de la pauvreté, et des inégalités qui ne cessent d’augmenter y compris au sein des pays les plus développés (la France d’ailleurs n’est pas exclue avec ses 9 millions de pauvres. De quoi rire ou pleurer !), on peut en effet se poser la question de la répartition et la destination des richesses sur l’ensemble des continents, même si l’occident semble mieux préservé. Ce qui d’ailleurs ne signifie aucunement sauvé.
Il n’en fallait pas moins pour que Caroline Pigozzi, journaliste, spécialiste du Vatican pour Paris Match, auteure de nombreux ouvrages sur la question, s’intéresse de plus près à ce Pape plutôt hors norme en publiant tout récemment François en poche, les pensées du Pape François, sous la forme d’un petit guide très facile à lire destiné « à tous ceux qui manquent de repères et ont besoin de l’éclairage d’un Pape dont l’honnêteté et l’intégrité intellectuelle sont sans concession ».
Dans un entretien réalisé avec Claire Guigou, l’auteure déclare : « Je pense qu’après cette période de confinement, les paroles du Pape peuvent être un repère. À travers ses propos il transmet de l’optimisme, de l’espérance et c’est ce que je souhaite montrer. Je voulais retenir des phrases pour que les gens tristes sortent de la détresse. »
Elle indique également dans la préface de son ouvrage, avoir été impressionnée par le Pape François, qu’elle a d’ailleurs accompagné dans 28 pays, et qu’elle a côtoyé personnellement à plusieurs reprises. « Précis, méthodique, pragmatique, il se fie aussi à ses intuitions. Son discernement, sa spiritualité très construite de jésuite associés à une vraie liberté de ton, lui permettent de dénoncer nombre de travers et de péchés du monde actuel, dont la corruption, l’argent roi, le mépris des peuples indigènes, le sort douloureux réservés aux migrants, aux sans-abri .»
Celui qui a écrit, « Le rôle de l’âme est de soutenir le corps, d’être sa mémoire historique et sa conscience », reste néanmoins intraitable sur diverses questions liées au monde contemporain par exemple, le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, l’avortement, le mariage gay, sans toutefois condamner outrancièrement certaines pratiques. Dans son cas, ce sont l’intelligence et l’humilité qui dominent cet étonnant pontificat afin de continuer à préserver l’humanité, fût-elle menacée de tremblements apocalyptiques.
Pape François, Caroline Pigozzi – François en poche – Les pensées du Pape – Cherche Midi — 9782749164687 – 11,80 €
Par Jean-Luc Favre
Contact : contact@actualitte.com
Paru le 18/06/2020
224 pages
Le Cherche Midi
11,80 €
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