Même si le nouvel opus de Gunnar Staalesen arrive en France (grâce à la traduction d'Alexis Fouillet) sept ans après avoir été publié en Norvège, il s'inscrit facilement, hormis quelques détails, dans une intrigue et des préoccupations plutôt actuelles et par cette proximité, attire incontestablement le lecteur épris de Varg Veum.
Le 06/11/2017 à 08:30 par Cécile Pellerin
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06/11/2017 à 08:30
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Quatorzième volume de la série, Le vent l'emportera, s'adresse ainsi d'abord aux familiers du détective. Mais davantage tournée vers les événements que vers le personnage principal, l'histoire, cette fois, manque un peu (et c'est assez cruel !) de la présence du héros. Moins d'autodérision, moins d'humour, moins d'incursion dans son univers intime éloignent d'une personnalité, d'ordinaire plus particularisée et plus complice. Tellement attachante. Bref, d'un Varg Veum réel et presque ami, voici un Varg Veum, plus lointain et plus fictif. Fatigué ? Ou plus simplement, accablé de douleur.
Néanmoins, le contexte écologique et les préoccupations environnementales nuancées dans lesquels évoluent l'enquête sont intéressantes, certains personnages secondaires, captifs, et les secrets de famille, l'ambiance insulaire et les paysages marins agrémentent sans ennui (mais sans grande surprise non plus) ce polar, au final, assez conventionnel.
A l’hôpital de Haukeland, Varg est au chevet de son amie Karin Bjørge (cf. Cœurs glacés et romans précédents). Préoccupé par un pronostic vital très réservé, il la veille et remonte le temps, en proie à la culpabilité et à la tristesse.
Intimement liée à une enquête sur laquelle Varg Veum était missionné, Karin est devenue l’un des victimes collatérales. Son amie d’école, Ranveig l’a sollicitée suite à la disparition inquiétante de son mari en lui demandant d’intervenir auprès de Varg. Ce dernier accepte la mission, pourtant peu enclin à intervenir sur des histoires de couple.
« Un crime contre la Création. »
Entraîné sur l’île de Brennøy, il découvre le projet controversé d’un futur parc éolien, au large de Bergen auquel Mons, le mari disparu, était étroitement associé. Alors qu’une concertation décisive entre écologistes radicaux opposés au projet, la société Norcraft Power chargée du développement des éoliennes, TWO, une compagnie de navigation internationale, les pouvoirs politiques, et les habitants, (les uns tentés par l’aubaine touristique du projet, les autres plus réservés sur la transformation de l’endroit, « œuvre du Seigneur Dieu ») doit avoir lieu, des actes de violences s’enchaînent jusqu’à entraîner la mort violente de l’un des participants.
« J’ai peur que le vent forcisse méchamment… »
Déterminé à comprendre les enjeux et les conséquences de ce projet d’envergure, Varg Veum, toujours aussi habile et fin en investigation, va au-delà des oppositions de points de vue et découvre, peu à peu, comment des histoires familiales anciennes, des rancœurs inassouvies peuvent aussi compromettre et faire vaciller, par-delà la raison et les convictions, l’avenir environnemental d’une île tout entière.
L’histoire ne tourne pas toujours forcément dans le sens du vent. Varg Veum l’a vite compris. Le lecteur, lui, le conçoit plus lentement, poussé, çà et là vers de fausses pistes et une résolution un peu alambiquée. Mais la déception qui pointe demeure discrète. L’auteur laisse Varg Veum si mal en point que sa douleur nous rend soudainement plus indulgent. Et si Duke Elligton et aquavit ne suffisaient plus à panser les plaies ?
Gunnar Staalesen - Le vent l'emportera - Gaïa - 9782847207927 - 21 euros
Par Cécile Pellerin
Contact : cp@actualitte.com
Paru le 20/09/2017
272 pages
Gaïa
21,00 €
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