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L'art de la fiction, notes pratiques à l'intention des jeunes écrivains

Les règles élémentaires de l’écriture de fiction

Le 10/05/2019 à 15:24 par Maxime DesGranges

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10/05/2019 à 15:24

Maxime DesGranges

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ESSAI – Toujours non traduit à l’heure actuelle (si un éditeur passe par ici, sait-on jamais), l’essai de l’écrivain et universitaire américain John Gardner (1933-1982) délivre avec précision et pédagogie sa fine connaissance des techniques d’écriture de fiction qu’il a enseignées pendant de longues années lors de ses cours de creative writing, à Raymond Carver notamment, dont il a été l’un des maîtres.

Quand faire commencer un roman ? Quelle longueur accorder à la partie d'exposition (suivant la division aristotélicienne début – milieu – dénouement) ? Quelles informations doit-on y distiller ? Quand introduire ses climax ? Comment équilibrer ses parties ?… Autrement dit : « Existe-t-il des principes artistiques généraux à respecter si l'on veut écrire une œuvre de fiction ? » demande tout anxieux le jeune apprenti écrivain, qui rêve d’écrire enfin sa tétralogie d’Heroïc Fantasy mettant en scène des batailles épiques entre orques et elfes dans un monde fictif entièrement cartographié de sa main au crayon de papier sur ses quatre feuilles de Canson méticuleusement scotchées entre elles.

Pas de panique, jeune apprenti : John Gardner est là pour tout t’expliquer. Pour Gardner comme pour beaucoup d’anglo-saxons, la réponse est « oui » (rappel : la question était : existe-t-il des principes généraux etc.), en précisant néanmoins que ces principes se situent à un tel degré d'abstraction qu'ils n'offrent que peu d'aide au jeune écrivain. Ces principes ne sont d'ailleurs pas absolus mais relatifs, puisque chaque règle qui s’instaure est aussitôt dépassée par une nouvelle invention, ce qui donne au genre romanesque sa plasticité ayant conduit à son hégémonie sur les autres genres.

Et s'il existe des règles et des formules pour la littérature ordinaire, facilement publiable, il n'en existe pas pour la fiction de qualité. Par ailleurs, quand bien même existerait-il des règles définies pour la fiction de qualité, l'écrivain talentueux n'est pas celui qui s’y conformerait strictement, mais celui qui ferait confiance à sa sensibilité, son instinct et son goût.

Pour autant, comme pour toute discipline créative, il existe un certain nombre de fondamentaux, de bases à connaître pour arriver à la maîtrise de son art. Ce sont ces fondamentaux que Gardner se propose d’explorer. En effet, il est rare de trouver des écrivains qui n'aient pas fait l'apprentissage de l'écriture de fiction. Jack London est sans doute le meilleur exemple de l'autodidacte complet. Mais même Hemingway, qui réprouvait l'apprentissage universitaire (« Just go away and write », conseillait-il) a tout de même bénéficié du regard avisé de Sherwood Anderson et de Gertrude Stein.

Une chose est sûre : aucun de ces grands écrivains ne s'est assis derrière son bureau pour « s'exprimer ». Ils ont cherché à raconter telle histoire ou telle autre, ou pour mélanger telle forme avec telle autre, produisant un nouvel effet. L'expression personnelle, quel que soit le plaisir qu'on puisse en tirer, vient presque accidentellement, de façon inévitable, par surcroît.

« Comment apprendre à bien écrire ? En étudiant la littérature à la fac, pardi ! » se dit le jeune apprenti écrivain anxieux et désormais naïf. Naïf car pour Gardner, plutôt que de suivre des études qui ne sont pas faites pour améliorer son écriture, le plus important est tout simplement la pratique, qui se compose de deux impératifs simples : « lire largement et écrire continuellement ». C'est ce qui différencie l’écrivain professionnel de l'occasionnel : pour le premier, la technique et la pratique deviennent une seconde nature, comme pour un pianiste (d’ailleurs, pour en arriver là, Gardner donne en fin de livre toute une série d’exercices pratiques d’écriture pour permettre au jeune écrivain de faire ses gammes).

Au-delà de ces deux impératifs, Gardner énumère trois règles élémentaires à suivre : n'essaye pas d'écrire avant de maîtriser les fondamentaux, n'écris pas seulement sur « ce que tu sais », mais choisis un genre ; crée une sorte de « rêve fictionnel » dans l'esprit du lecteur et évite comme la peste tout ce qui pourrait l'en sortir et l'en distraire. Revenons plus en détail sur chacun de ces points.

1/ Maîtriser les fondamentaux

Selon Gardner, un lecteur d'aujourd'hui lit un livre avant tout pour y découvrir, pour le dire dans sa forme la plus simplifiée, un personnage en mouvement. L’intrigue se situe alors « dans l'actualisation du potentiel qui existe dans un personnage ou une situation » (Aristote). Partant de là, Gardner place le triptyque « personnage, intrigue, action » (dans cet ordre) au centre de l'écriture romanesque, avant le style (question qu’il développe plus loin). Il ne rejette pas pour autant ce qu’il appelle la « métafiction » (ou unconventional fiction), seulement, dans la métafiction, le discours prévaut sur l'action (exemple : le Nouveau roman). En cela, Gardner explore avant tout la mécanique de la fiction conventionnelle.

Gardner présente dans une liste non exhaustive les fautes courantes qui constituent selon lui les marques d'une écriture maladroite : sur-utilisation de la voix passive, phrases introductives comprenant systématiquement un infinitif au début, variation brutale ou inappropriée du registre de langue, manque de variété des phrases (longueur, sujet-verbe-complément), rythme des phrases (métrique, accentuation), rime accidentelle, explications superflues alors que l'action suffit (il ne faut pas céder à la tentation d'expliquer), et confusion focale (par exemple un personnage perçoit ce qu'il n'est pas censé pouvoir percevoir, à cause d'une intrusion inopinée du narrateur).

Ce que Gardner souligne en définitive est une des règles fondamentales bien connue des cours de creative writing : « Show, don't tell », ce qu'on peut traduire par : « Il faut montrer, non démontrer. » Gardner estime que toute information peut (doit) être transformée en action ou dialogue. En résumé, jeune apprenti, plutôt que d'expliquer que Bhaldùr est un vieil orque aigri parce qu'il souffre d'une sciatique, il vaut mieux montrer Bhaldùr donnant un coup de pied au chat qui dort sur son passage, puis se mettre à engueuler quelqu’un pour une broutille avant d'aller se plaindre à Gùndahl-le-vertueux que sa sciatique le fait toujours souffrir. De cette façon le lecteur a plus de chances de rester immergé dans le « rêve fictionnel ».

Gardner énumère ensuite rapidement trois fautes grossières (mais mineures) qu'on trouverait trop souvent dans la mauvaise littérature :

   - 1/ poser les actions d'un événement dans le désordre (exemple donné : « Tournant, dribblant près du sol pour se mettre en position de tir, il se retrouva bientôt étalé par terre, du fait qu'une cheerleader surexcitée s'était mise sur son chemin. » Les faits sont donnés dans le désordre. D'abord la cheerleader doit se mettre sur le chemin, ensuite il y a le choc, puis le joueur se retrouve par terre, cela permet au lecteur de faciliter la visualisation de la scène dans son esprit.)
 - 2/ insertion de détails bêtement exécutée (qui donne de nombreux clichés littéraires, par exemple le personnage qui s'aperçoit dans un miroir, ce qui donne l'opportunité bienvenue d'en faire la description physique, ou pire : il se voit dans le cadran d'une horloge pour symboliser le poids des années qui marque son visage).
 - 3/ et certaines bizarreries dans l'imitation de difficultés de prononciation et d'énonciation des personnages (hum, ugh, d-d-d-d-don't) dont l'objectif est d'ajouter une touche de vérité mais qui, utilisées excessivement, sonnent souvent faux.

Mais ces fautes-là, qui relèvent de la maladresse, ne sont rien comparées aux trois fautes majeures suivantes, que Gardner qualifie carrément de « fautes de l'âme » :

   - 1/ la sentimentalité, qu'il différencie des sentiments et de l'émotion en la définissant comme une tentative d'obtenir un effet sans fournir les causes appropriées. Exemple : faire mourir un chaton juste parce que tout le monde trouve ça triste, sans fournir les causes profondes de cet événement. Dans une bonne fiction, le lecteur doit être ému par les personnages et les événements, non par l'émotion falsifiée de celui qui nous raconte l'histoire et qui insiste pour que nous soyons émus ensemble.
 - 2/ la frigidité, qui consiste à un manque de sérieux et de profondeur dans le traitement d'un matériau qui lui, est profond et sérieux. C'est aussi la façon que l'auteur a de s'intéresser plus à lui-même qu'à ses personnages. Or l'auteur se doit d'entrer profondément dans les émotions de ses personnages pour les comprendre, autant qu'il doit le faire pour des personnes réelles. Pour résumer, il s'agit d'un manque de sensibilité et d'attention au sujet traité. Pour Gardner, la frigidité est l'une des pires fautes possibles en littérature, car souvent à la base d'autres fautes. C'est la frigidité qui fait que l'auteur se concentre davantage sur la forme que sur le fond, c'est aussi ce qui le conduit à la sentimentalité (fausses émotions).
 - 3/ le maniérisme, qui provoque une sortie du « rêve fictionnel » par des tics de style, par une intrusion intempestive de l'auteur par son style, lorsque l'auteur veut absolument nous montrer comme il est différent des autres, comme il manie la langue avec brio. Quand l'écrivain frigide manque de sentiments puissants, quand l'écrivain sentimental met du sentiment là où il ne faut pas, l'écrivain maniéré s'intéresse davantage à sa propre personnalité – et son ego – que celle de ses personnages.

Pour éviter toute tentation de maniérisme stylistique dont l'écrivain débutant est toujours la proie, on peut se souvenir ici d'une citation de David Hare : « Style is the art of getting yourself out of the way, not putting yourself in it. » (Le style, c’est l’art pour l’écrivain de savoir dégager le passage, pas de se mettre en plein milieu).

Voici pour les premières erreurs, petites et grandes, à éviter. Mais alors, comment atteindre la fameuse « maîtrise » ? Pour cela, il faut procéder par étapes, être régulier et rigoureux. Gardner conseille de commencer par plancher sur de petites unités. Écrire des nouvelles est déjà trop long, et le résultat sent trop souvent l'amateurisme. Il s'agit plutôt de s'exercer dans un premier temps à écrire un bon dialogue entre deux personnages, travailler les descriptions selon différentes contraintes, etc. Travailler successivement sur des petites unités aide peu à peu l'écrivain débutant à prendre confiance dans son écriture, car il n'a pour l'instant pas à se préoccuper du message qu'il veut faire passer, ni de la construction d'une intrigue trop complexe qui va souvent lui échapper. De cette façon, l'écrivain débutant prend aussi conscience qu'un roman se compose d'une succession d'unités plus ou moins longues. Unité description, suivie d'une unité dialogue, suivie d'une unité action, etc. En décomposant la structure de la fiction, il est plus facile ensuite de les articuler de façon cohérente. Ce n'est qu'un fois ces exercices bien intégrés qu'il peut se lancer dans l'écriture de nouvelles, puis d’œuvres de fiction plus longues sans avoir peur de s'y perdre.

En imaginant que le jeune écrivain maîtrise désormais les fondamentaux (grammaire et syntaxe, variation des phrases, structure des paragraphes, faire la différence entre émotion et sentimentalité, étudier la construction du personnage, discerner bonne et mauvaise action dramatique, etc., car c'est bien l'étude de la technique qui mène l'écrivain à la maîtrise littéraire – non pas les excursions en canoë ou les périples solitaires au fond des bois, pour répondre à ceux qui conseillent aux jeunes écrivains de vivre des expériences plutôt que de s'exercer à bien écrire), une question qui revient souvent est : de quoi doit-on parler ? On en vient donc à étudier la deuxième règle élémentaire de l’écriture de fiction.

2/ Choisir un genre plutôt qu’un sujet

Gardner répond que le premier sujet de la fiction est, et a toujours été, l'émotion humaine, les valeurs et les convictions / croyances (beliefs). Il évoque un vieil adage de professeur consistant également à dire : « Écris à propos de ce que tu connais ». Or, selon Gardner, rien ne peut limiter davantage l'imagination.

Une meilleure réponse, bien que toujours imparfaite, pourrait être : « Écris le genre d'histoire que tu connais et aime le plus – histoire de fantôme, science-fiction, histoire réaliste sur ton enfance, peu importe. » Gardner affirme que l'unité de pensée primitive, la base consciente ou inconsciente à partir de laquelle l'artiste organise et sélectionne les détails de son travail, est le genre. C'est évident en musique. On peut se tenir à un genre strictement, ou croiser les genres, etc., en gardant à l'esprit que le croisement des genres se trouve derrière la plupart des chefs-d’œuvres littéraires de la tradition anglo-saxonne, toujours selon Gardner.

Cela dit, connaître son sujet en profondeur est primordial, autant que l'acuité du regard que l'écrivain porte sur le monde, qualités indispensables à toute œuvre de fiction de qualité. Gardner s'appuie sur l'exemple de Steinbeck en se demandant pourquoi l'écrivain américain a « raté » Les Raisins de la colère. D'après lui, le livre aurait dû faire partie du panthéon littéraire américain. Mais alors que Steinbeck savait tout ce qu'il y avait à savoir sur les « Okies » et les peines qu'ils connurent lors de leur voyage en Californie pour trouver du travail, il ne connaissait rien aux ranchers californiens qui les employaient et les exploitaient, il ne s'est pas intéressé aux raisons qui les poussaient à agir comme ils le firent, et, selon l'avis de Gardner, le roman donne finalement un « mélodrame agaçant dans lequel la complexité du Bien s'oppose à un Mal pas crédible et caricatural ».

Après avoir révisé ses fondamentaux et choisis un genre dans lequel écrire son histoire, le jeune apprenti écrivain devra impérativement maîtriser la troisième règle élémentaire de l’écriture fictionnelle, l’une des plus importantes.

3/ Créer un « rêve fictionnel »

L'un des principes que John Gardner juge essentiel pour considérer une œuvre de fiction réussie est ce qu'il appelle, selon une formule de R.L. Stevenson, la « fiction en tant que rêve » (fiction as dream) qu'on appellera ici « rêve fictionnel ». Gardner estime que l'une des tâches premières de l'écrivain est de créer une sorte de rêve dans l'esprit du lecteur qui ne soit jamais interrompu. La moindre interruption de ce rêve, par un excès de style, par une syntaxe non maîtrisée ou par un manque de précision visuelle dans la description d'une scène, sont les erreurs à ne jamais commettre.

Dans une grande œuvre de fiction, le rêve nous engage corps et âme, car nous nous confrontons à des problèmes fictifs comme s'ils étaient vrais : nous sympathisons, pensons, et jugeons. Si l'effet du rêve se doit donc d'être puissant, le rêve doit être saisissant et continu ("vivid and continuous") – saisissant parce que si les choses ne sont pas claires dans notre esprit à propos de ce dont nous rêvons (qui et où sont les personnages, ce qu'ils font ou essaient de faire et pourquoi) nos émotions et notre jugement s'en trouveront désorientés, dissipés, ou bloqués ; et continu parce que le cours de l'action interrompu sans cesse aura nécessairement moins de force qu'une action conduite de façon fluide du début jusqu'à sa conclusion.

Pour Gardner, il faut faire en sorte que le rêve se déroule comme les images d'un film dans l'esprit du lecteur. L'auteur distrait le lecteur – met pause dans le film – quand, par un glissement technique ou par une « intrusion égoïste » dans le récit, il permet (ou force) le lecteur de s'arrêter de penser à l'histoire (il arrête de voir l'histoire) pour penser à quelque chose d'autre. Évidemment, certains auteurs jouent avec cet impératif, et font en sorte de ne pas laisser le lecteur entrer dans le rêve, mais il s'agit plutôt dans ce cas, selon Gardner, de métafiction.

La première et plus importante erreur de son point de vue est donc l'interruption du « rêve fictionnel ». Gardner juge que dès que le lecteur se met à penser à l'auteur ou au texte au lieu de l'histoire, le rêve est rompu, et c'est une faute. Il compare cette faute à un dramaturge qui interromprait sa pièce en plein milieu de la représentation pour rappeler au spectateur que c'est bien lui qui a écrit tout ça.

Pour cela, l'auteur doit utiliser une syntaxe claire et précise afin d'éviter au lecteur d'avoir à décoder les phrases. Ainsi, même si l'écriture passe toujours par une phase d'imitation, le meilleur moyen pour un écrivain amateur de faire fausse route, serait de chercher à imiter le style compliqué et sophistiqué du grand écrivain qu'il admire. Or le jeune écrivain devrait plutôt se concentrer dans un premier temps sur la continuité du « rêve fictionnel », exercice suffisamment périlleux en soi pour ne pas y ajouter la contrainte du style.

Mentir en disant la vérité, et inversement

Gardner s'interroge ensuite sur la relation entre vérité et fiction. L’œuvre de fiction doit-elle dire la vérité ? Quel genre de vérité la littérature nous révèle-t-elle ? La question est depuis toujours liée à la création romanesque. Quelle que soit la nature d'un texte, l'objectif de l'écrivain est de faire croire que l'histoire qu'il raconte est vraie, ou vraisemblable, en s'appuyant sur la célèbre formule de Coleridge qui définit le pacte auteur / lecteur autour de la « suspension momentanée et volontaire de l'incrédulité, qui constitue la foi poétique ». Pour parvenir à obtenir cet effet, l'auteur doit s'investir avec sérieux dans la précision du détail.

Car contrairement à l'auteur de contes qui, lui, profite naturellement de la « suspension de l'incrédulité » (la formule « Il était une fois » précise d'emblée au lecteur la nature fictive du récit qu'il découvre), le réaliste – au sens large – doit faire croire à la vérité. Quand le travail d'un écrivain « réaliste » est convaincant, tous les effets, même les plus subtils, ont des causes implicites et explicites. Par ailleurs les détails (ou preuves) authentifiant l'histoire à chaque étape du roman ne sont pas seulement l'élément central de la fiction réaliste, mais de toute fiction.

Le travail d'un écrivain réaliste ne peut se contenter du nom exact des rues et des boutiques ou des description des gens du voisinage, il doit nous présenter, moment par moment, des images concrètes tirées de son observation du comportement des gens, et il doit rendre compte des connections entre ces moments, les gestes exacts, les expressions faciales, ou les tournures de phrases qui, dans une scène, font aller les êtres humains d'une émotion à une autre, d'un instant précis au suivant. L'auteur doit continuellement présenter des « preuves » au lecteur, sous la forme de détails précis, confirmant la véracité prétendue des événements qu’il raconte.

Bien sûr, il faut garder à l'esprit la différence entre histoire vraie et vraisemblable. Le fait que l'histoire soit vraie ne déleste pas le romancier de la responsabilité de créer des personnages et des événements convaincants. En tant que lecteur, nous nous demandons sans arrêt : « Une mère dirait-elle vraiment cela ? » ou « Un enfant penserait-il vraiment de cette façon ? » et le romancier peut considérer avoir réussi son travail si nous répondons inévitablement « Oui » à ces questions. Si l’auteur a mal fait son travail, le lecteur n'est pas convaincu, quand bien même l'auteur lui présenterait des événements dont il a été réellement le témoin dans sa vie.

L'art subtil de la description fonctionne selon le même principe. Gardner estime qu'une bonne description ne peut se borner à indiquer au lecteur où l'action se déroule, dans quel cadre et quelle atmosphère, s'il fait beau, s'il pleut, etc. Une bonne description doit aller plus loin : elle constitue un moyen de descendre loin dans l'inconscient de l'écrivain, pour y trouver des indices à propos des questions que sa fiction doit poser, et, avec un peu de chance, le guider vers les réponses. Il ne s'agit pas simplement de décrire une ferme, il faut évoquer une ferme décrite par quelqu'un avec une humeur particulière, des sentiments particuliers, intriqués dans une façon de voir le monde à ce moment donné. Pour cela, il doit user de la force symbolique des images qu'il utilise dans sa description. Il lui faut découvrir le signifiant des choses et les communiquer, ce qui pour l'écrivain constitue un seul et même acte.

Les sept éléments de la maîtrise littéraire

Après une plongée dans les différentes formes de technique d'un point de vue théorique, Gardner énumère les éléments auxquels doit se confronter l'écrivain débutant pour atteindre enfin la maîtrise littéraire. Il en sélectionne sept, que nous simplifions ici à l'extrême :

1/ L'imitation : il y a deux façons de procéder par imitation pour améliorer sa technique ; soit utiliser une forme ancienne et non familière pour présenter et analyser un sujet moderne, soit se lancer dans l'imitation ligne par ligne d'un texte existant, pour comprendre de l'intérieur les subtilités et les mécanismes du style d'un grand auteur.

2/ Le vocabulaire : en avoir trop n'est pas forcément un avantage, car une utilisation mal maîtrisée peut mener à la pédanterie. À ce propos, Hemingway, connu pour son style épuré, disait : « Bien sûr que je connais moi aussi de grands mots, mais je m'efforce par tous les diables de ne pas les utiliser. »

3/ La phrase : leur longueur, leur texture, leur rythme déterminent le sentiment, l'émotion que l'auteur veut véhiculer. Une phrase courte ne provoque pas le même effet qu'une phrase longue.

4/ Le rythme poétique : Gardner se lance dans une longue et instructive démonstration sur la métrique et l'accentuation des phrases dans un texte en prose, avec de nombreux exemples.

5/ Le point de vue : il développe ensuite un argumentaire sur les avantages, inconvénients et dangers de l'utilisation de la 1ère personne, de la 3ème personne subjective, de la 3ème personne objective…

6/ Le délai : comment créer du suspense, tout en gardant à l'esprit le danger de sortir le lecteur du « rêve fictionnel » ou de le manipuler avec trop d'insistance, ce que le lecteur n'apprécie pas.

7/ Le style : il évoque le danger de la volonté du débutant de vouloir trouver sa propre voix à tout prix. Toutefois, il y aura toujours des auteurs qui persisteront avec insistance à vouloir créer un style nouveau ; dans ce cas, Gardner leur dit : Allez-y (Go for it).

Construire une intrigue

Gardner se penche enfin sur le problème de l''intrigue. En s'appuyant sur de nombreux exemples, il explore les risques, les pièges, les facilités, avantages et inconvénients de chaque méthode de construction d'intrigue. Selon lui, il existe trois façons différentes de dérouler une intrigue (dans son acception moderne) : en partant de l'emprunt d'une histoire traditionnelle ou d'une anecdote tirée de la vie, en travaillant à rebours de son climax, ou en travaillant à partir d'une situation initiale.

Dans tous les cas, le climax doit être à la fois inévitable et surprenant (pour être à la fois persuasif et intéressant). Prenons l'exemple d'une histoire typique de conflit entre deux personnages, disons un orque et un elfe. La valeur du récit dépendra de la capacité de l'auteur à créer deux personnages puissamment convaincants lancés dans un conflit irréconciliable, que chacun des deux présente des aspects dignes de notre sympathie, en d'autres termes que chacun suive des valeurs réelles mais mutuellement exclusives. Pour que le climax soit persuasif, on doit nous montrer dramatiquement pourquoi chaque personnage croit ce qu'il croit, et pourquoi l’elfe ne peut en aucun cas se réconcilier avec les valeurs que défend l’orque, son antagoniste. Et de la même façon, nous devons comprendre pourquoi les deux personnages en conflit ne peuvent simplement s'éviter, nous devons comprendre ce qui les mène l'un à l'autre et rend la guerre entre l’Orquanie et l’Elfédie inévitable. Les personnages, en conflit avec la situation même, doivent être forcés d'agir par les événements.

Dans le cas des romans « architectoniques » où plusieurs lignes d'intrigues s'entremêlent, chacune centrée sur un personnage fort ou un groupe de personnages (par exemple Anna Karenine), chaque ligne doit être philosophiquement en liaison avec les autres (ici la vie de Levine et celle d'Anna, l'un se dirigeant vers son salut, l'autre vers la damnation). Car le dénouement d'un roman n'en marque pas seulement la fin, il en marque l'accomplissement. Ici, enfin, le lecteur comprend tout, émotionnellement sinon intellectuellement, et tout pour lui devient symbolique. Or ceci est, bien entendu, un effet qui n'est pas prévisible par l'auteur dans la confection du roman. Et ceci ne peut être enseigné.

Mais en ayant déjà accompli tout ceci, l'écrivain débutant n'a franchi que la première étape de toute fiction se voulant sérieuse. Le plus important reste à faire s'il veut atteindre le niveau d'une grande œuvre. « Mine deeper », disait Melville, creuse plus profond, c'est-à-dire qu'il faut aller chercher le sens fondamental des événements, en organisant une imitation de la réalité, elle-même articulée autour d'une question ou d'un thème suggéré par le problème du personnage. Car le roman doit accepter sa corrélation naturelle avec les questions métaphysiques, rejoignant ici l'avis de George Steiner pour qui chaque grande œuvre d'art pose forcément la question de l'existence ou de la non existence de Dieu. Cela ne signifie pas que tout grand roman se doit de poser cette question-là à un moment ou à un autre, comme un passage obligé, mais que d'une certaine façon, le roman doit se hisser au-delà de lui-même, soulevant des questions qui le dépassent.

Surtout, la fiction ne doit pas se contenter de nous distraire de nos problèmes ou de nous amuser, elle ne se contente pas d'élargir nos connaissances sur les gens et les endroits du monde, mais elle doit nous aider à comprendre, ou à remettre en cause, ce que nous croyons, elle renforce nos qualités les plus nobles, et nous conduit à nous sentir perplexes par rapport à nos fautes et nos limites.

Il y aurait beaucoup à discuter sur la conception que se fait John Gardner de l’écriture de fiction, et plus largement sur les cours de creative writing tels qu’ils sont enseignés de plus en plus, notamment en France où la discipline fait doucement son entrée à l’Université. Mais il est malheureusement impossible ici de restituer les nombreuses nuances qu’apporte l’auteur aux principes que nous retranscrivons ici. Mais qu’on le rejoigne ou pas, tout auteur, apprenti comme confirmé, trouvera matière à réflexion sur sa pratique (censée être) quotidienne de l’écriture. Et dans tous les cas, c’est un livre qui mérite largement de connaître une traduction française.

John Gardner - The art of fiction - Vintage Books - 1983 - 224 p.

2 Commentaires

 

LesMotsPassants

23/05/2019 à 17:23

Très bon article, très complet. Je me tiens aux aguets pour ne pas louper sa sortie en version française ! Merci pour cette découverte très intéressante !

Roos Céline

31/05/2019 à 09:22

Son recueil de nouvelles The Art of Living and other stories n'est pas traduit non plus. Quel plaisir ce serait d'avoir le droit de les traduire! La seule façon de procéder possible est-elle qu'un éditeur achète les droits de traduction aux maisons d'édition l'ayant publié jusqu'à présent?

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Miroir d'Astrologie, bien beau livre. Et quel plaisir pour ceux qui chérissent l'art de Paracelse et Jackie Stallone, que ce soit à la lumière du jour, ou en cachette… Max Jacob, le peintre-poète des visions onirico-esthètes, et grand passionné d’astrologie, et le dandy Claude Valence, de son vrai nom Conrad Moricand, astrologue, pour un ouvrage publié cinq ans après la mort du premier, en 1949. 

08/10/2024, 18:44

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La luminothérapie, par le livre

Les impressionnistes, « c’est avec leur boîte à couleurs sous le bras qu’ils vont donner leur propre vision du monde, un monde fait de lumière, de touches et de couleurs, comme on ne l’a encore jamais vu ».

08/10/2024, 12:15

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Les Avengers, entre le marteau des X-Men et l'enclume des Éternels

Attention, cet album contient un nombre de stars hallucinant à la page, pour un triple cross-over d’exception : Avengers, X-Men et Éternels sont au cœur d’un récit où les forces du Bien s’affrontent dans un conflit dévastateur. Ça en jette, n’est-ce pas ? Ce n’est que le début. 

 

08/10/2024, 09:50

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Les Champs de la Lune : recommencer, éclore

Après avoir définitivement quitté la Terre, l’humanité se tourne vers un autre lieu de vie : la Lune. Sous la lumière blanche et cruelle du Soleil, autrefois source de vie, ces personnes créent des villes troglodytes, sous-lunaires, donnant formes à des dédales où la vie peut continuer. El-Jarnine, humanoïde jardinière, est l’unique employée d’une ferme où plantes et animaux, reliquats de la Terre, se côtoient dans une belle et étrange harmonie. 

08/10/2024, 09:22

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La poésie de Sarah Mostrel, chemin vers le rêve et la lumière

Sarah Mostrel fait paraître en cette rentrée 2024 un nouveau recueil de poésie dont le titre est inspiré du gris de Payne, très utilisé en aquarelle. Maggy de Coster a écrit la préface. Elle écrit qu’« associer le gris à la peine c’est mettre l’accent sur l’intensité et l’immensité de cette dernière ». Elle poursuit : « Sarah Mostrel évoque l’insoutenable douleur qui érode son cœur quand l’inacceptable lui tombe comme un couperet. »

05/10/2024, 11:57

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Du dysfonctionnement

Martial Cavatz a écrit un premier roman prometteur. Rien d’étonnant à ce que ce premier opus fasse parler de lui. Les caractériels est un roman d’apprentissage abouti. C’est un texte touchant et valeureux au sens le plus noble du terme. Il est sans concession sur la classe populaire et le handicap. Il est pourvu d’une rébellion propre au narrateur, ce qui en fait un texte passionné.

04/10/2024, 10:39

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Les âmes féroces de Marie Vingtras : quand le shérif est une femme …

Marie Vingtras fait partie de ces rares auteurs européens qui écrivent comme les Américains. Un excellent roman noir où le shérif est ... une femme ! Nous revoici avec entre les mains un ouvrage de la rentrée qui concourt aux prix : Les âmes féroces de Marie Vingtras. Il a d'ailleurs déjà reçu le prix Fnac. Son précédent roman, Blizzard (2021) avait lui aussi été couronné de plusieurs prix.

03/10/2024, 16:40

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Ils sont elles : quand le pseudo devient libérateur

Quarante-trois, ce sont quarante-trois courtes biographies de femmes qui ont choisi d’écrire sous pseudonymes masculins qui nous sont présentées ici. Ils sont elles, c’est le titre du livre de Catherine Sauvat publié chez Flammarion et qui nous présente des femmes, parfois connues, souvent oubliées, qui ont préféré signer d’un nom d’homme leurs écrits.

01/10/2024, 11:09

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La nuit de David : un goût amer de liberté

Chaque nuit, le même échange secret. Chaque nuit, cet espoir fou, murmuré par le jeune David uniquement pour les oreilles de sa sœur jumelle : « Un jour, Olive, je serai un train. » Une comptine, un sermon, une promesse indélébile, tout ça à la fois et plus encore. Ce pacte, s’il semble purement idéaliste, devient une prédiction funeste pour la famille tout entière. À travers ses yeux d’adultes, Olive chemine à travers son enfance jusqu’à cette nuit, moment fatidique de non-retour.

01/10/2024, 10:31

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Poussière d'os : quand l'humanité a tout perdu...

Tout à la fois scénariste et dessinateur, Ben Stenbeck s’aventure dans un univers post-apocalyptique. Surréalisme et ultra-réalité se chevauchent dans une bande dessinée splendide. 

30/09/2024, 15:01

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Zone base vie, de Gwenaëlle Aubry : la loi du désir

S’inspirant de La Vie mode d’emploi de Perec, Zone base vie (éditions Gallimard, 2024) est le dernier roman de Gwenaëlle Aubry. Au fil de trois saisons dramatiques (PRINTEMPS, AUTOMNE, ÉTÉ...) condensées en trois heures vues aux prismes de personnages qui hantent le même immeuble parisien, son histoire couvre les trois premières vagues de Covid qui déferlèrent en France à cette période.

29/09/2024, 19:02

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Jaadugar : l'esclave qui fit trembler l’empire mongol  

Librement inspiré de faits historiques, Jaadugar nous transporte au XIIIe siècle, dans une Perse menacée par les incursions de l’Empire Mongol sur son territoire. La petite Sitara est esclave, mais son jeune maître se prend d'affection pour elle et lui permet d’étudier. C’est son savoir qui va la sauver, puis sa rage qui va la propulser jusqu'à un fabuleux destin. Un subtil manga d’intrigue historique, aux allures de Persépolis.

28/09/2024, 19:41

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Rudolf Turkey : un manga qui fait la part belle aux milieux interlopes

Si vous aimez particulièrement le style dévolue au seinen, vous serez servi avec cette série qui a connu un beau succès au Japon avant d’être proposée en France à partir de 2014.

28/09/2024, 14:16

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À table avec un démon cannibale, tout en finesse et gourmandise

Le binôme qui avait réalisé Toutes les morts de Laila Starr (trad. Benjamin Rivière), a remis le couvert, au sens presque propre, dans une oeuvre démoniaquement gastronomique. Manger pour vivre, vivre pour manger ? Quand on songe un instant au temps passer entre les courses, les repas, la digestion, l’évacuation… la réponse est dans la question, non ? Alors, va te laver les mains, avant de passer à table.

28/09/2024, 12:43

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Mater Dolorosa de Jurica Pavičić : un meurtre bouleversant 

Jurica Pavičić est né sur la côte Dalmate, à Split en 1965, dans l'une des fédérations de ce qui s'appelait à l'époque la République fédérative socialiste de Yougoslavie avant de devenir la République de Croatie en 1991 lors de l'explosion des Balkans.

25/09/2024, 18:19

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La vie qui reste : Roberta Recchia, une tragédie à l'italienne

Une région côtière en Italie. Une ville, Torre Domizia – peut-être bien dans la région Campanie. Un décor idyllique à plus d'un titre. Maria et Stelvio Ansaldo sont mariés : on dit Signore e signora Ansaldo. Ils ont acheté ici pour s’installer avec Betta, leur fille et Letizia, la mère de Maria en 1970. « Dix ans plus tard, précisément à Torre Domizia, un matin d’août, la vie d’avant allait finir pour toujours. »

24/09/2024, 12:52

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La Vie des Spectres : Attention, chef d'oeuvre 

Le livre de Patrice Jean, La vie Des Spectres, est au-dessus du lot de cette rentrée 2024. A dire vrai, depuis les romans satiriques et caustiques de Michel Houellebecq, je n’ai pas (encore) lu mieux jusqu’à présent (et j’en ai lu beaucoup).

23/09/2024, 17:59

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René Lalique, quand le génie soufflait le verre

Véronique Brumm Schaich signe, dans la collection « Hors-Série Découvertes » de Gallimard, un petit bijou : René Lalique. Le génie de la lumière, publié en partenariat avec le Musée Lalique, dont l’auteure de ce livre est la directrice. Quel parcours que celui de cet homme qui, dès l’enfance, gagne des prix de dessin et devient propriétaire de son atelier dans le 2e arrondissement de Paris, à seulement 25 ans.

23/09/2024, 17:52

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Jour de ressac : fantômiser les vivants

C’est un appel téléphonique émanant de la police qui ouvre Jour de ressac, le dernier livre de Maylis de Kerangal, publié par les éditions Verticales en 2024. Et c’est la vue d’un corps qui le clôt, sur un brancard, dans les sous-sols de la morgue de Rouen, où un flash frappe la narratrice. Entre ces bornes extrêmes, une trentaine d’heures s’écoulent au Havre et à Paris — au Havre surtout, où le corps est retrouvé, anonyme.

23/09/2024, 11:23

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Mesopotamia d'Olivier Guez : naissance du Moyen-Orient moderne et de l'Irak

Olivier Guez nous conte l'Histoire extraordinaire de la naissance d'un pays et du Moyen-Orient moderne à travers le destin exceptionnel d'une femme, Gertrude Bell, une sorte de Lawrence d'Arabie au féminin. Passionnant !

22/09/2024, 10:47

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Neeting life : et si vous ne sortiez plus jamais de chez vous ?

Louer un petit appartement miteux et ne plus jamais en sortir. Voilà le choix de vie que fait Kentaro à 45 ans, après avoir trimé dans une entreprise japonaise qui l’exploitait. Profitant du Covid pour démissionner, il entreprend un minutieux camping pour vivre en reclus jusqu’à l’âge de la retraite. Mais rien ne va se dérouler comme prévu… 

20/09/2024, 15:58

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Victor Hugo, le difficile héritage

Des enfants de Victor Hugo, nous connaissons surtout Léopoldine, qui s'est noyée à 19 ans, quelque temps après son mariage. Ce drame inspirera au grand homme certains de ses plus beaux vers : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne. »

20/09/2024, 11:09

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L'humour absurde, façon Philippe Benhamou

L’intriguant titre de ce recueil de nouvelles est tiré de la première histoire que nous livre Philippe Benhamo : Monsieur Hertz habite dans le faux plafond de son bureau. Par Christian Dorsan.

19/09/2024, 10:30

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Ilaria : quand un père emmène sa fille en balade-kidnapping

Ilaria ou la conquête de la désobéissance : il faut remarquer que c'est un titre ambitieux. Il vient habiller un road trip - kidnapping long de deux ans en Italie, entre un père alcoolique et irresponsable, et sa fille, la narratrice, qui se décrit elle-même en début de roman comme « taciture, docile, plutôt maigrichonne ». Une conquête qui ne se fera donc pas sans douleur.

18/09/2024, 21:24

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Capital rose : jeunesse désillusionnée

Paul, 24 ans, est licencié du jour au lendemain. Lui qui survivait grâce à son SMIC chez Franprix, tout s’écroule. Sa vie, relativement banale jusqu’ici, prend un tournant surprenant lorsque, face à la précarité, il décide de se lancer dans une activité d’escort. Lui qui se considère comme entièrement hétéro, commence à monétiser son corps dans des relations homosexuelles tarifées, avec l’ambition de remonter la pente. Mieux : se créer un réel patrimoine. 

18/09/2024, 12:13

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La Barque de Masao, une tendre parenthèse dans le tumulte de rentrée

Avec La Barque de Masao, Antoine Choplin quitte son Dauphiné pour nous emmener au Pays du Soleil Levant. Et plus précisément autour de l’île de Naoshima, l’île-musée de l’archipel nippon : il sera donc question d’art dans ce voyage littéraire, d’autant que l’auteur, un peu poète, un peu artiste, est un habitué des récits où la peinture, l’art ou les musées prennent place.

18/09/2024, 10:35

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L'Amie Prodigieuse de Elena Ferrante, en BD

BONNES FEUILLES – L'adaptation BD du premier volume d’une série de romans qui a captivé des lecteurs à travers le monde. Le récit illustre l'amitié de Raffaella et Elena, plus connues sous les noms de Lila et Lenù. Mara Cerri et Chiara Lagani ont réalisé ensemble cette version graphique de L’Amie prodigieuse (Gallimard, 2016). Elle sera disponible le 30 octobre 2024, dans une traduction signée Elsa Damien.

15/10/2024, 12:18

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Partout, les ogres nous terrifient

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1945

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Rue de Gibraltar : Rencontre avec Patrick Chavardès 

Patrick Chavardès, écrivain né à Paris, se consacre aux romans, nouvelles, pièces de théâtre et paroles de chansons. Romancier, poète, auteur de nouvelles, et parolier, Patrick Chavardès a étudié la philosophie, a été enseignant et a voyagé en Asie. C’est à Sète qu’il pose la narration de son dernier roman, une ville portuaire, promesse de voyage. Son dernier roman, Rue de Gibraltar, est paru aux éditions Banlieue Est Editions. Propos recueillis par Christian Dorsan.

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La sociologie face aux défis environnementaux

Comme l’économie, la sociologie a longtemps négligé la contrainte environnementale. Ce n’est plus le cas. De nombreux travaux, dont ce livre rend compte, analysent les relations entre la société et son environnement, qu’il s’agisse des politiques publiques, des mouvements sociaux, des modes de vie ou des enjeux de la gouvernance internationale.

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Les Ensablés - La Conspiration de Paul Nizan (1905-1940), par Nicolas Acker

Non, Paul Nizan (1905-1940) ne fut pas seulement l’auteur d’un incipit resté célèbre et redécouvert par la jeunesse étudiante de mai 1968. « J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie ». Cette « accroche » solennelle cache hélas un peu trop une oeuvre hybride passionnante. Mort en soldat à 35 ans en 1940, il fut jeté aux oubliettes de l’Histoire, répudié par ses camarades communistes. 

Par Nicolas Acker

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Après sept ans d’absence, John Irving signe son grand retour avec Les Fantômes de l’Hotel Jerome, traduit par Elisabeth Peellaert et publié aux éditions du Seuil, une saga familiale pleine de rebondissements, où se mêlent humour, liberté de mœurs et une savoureuse relecture de Moby-Dick. Le titre paraîtra le 8 novembre 2024.

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Découvrez le Prix Hugo du Meilleur Roman 2023

« Ce n’est pas le conte de fées classique où la princesse épouse le prince, mais plutôt celui où elle le tue. » Cette présentation par les éditions du Seuil annonce la couleur. Dans Nettle & Bone, traduit par Axelle Demoulin et Nicolas Ancion, T. Kingfisher, lauréate du Prix Hugo du meilleur roman, nous plonge le 8 novembre prochain dans un récit féministe aussi terrifiant que subversif. 

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À l’occasion de la réouverture de Notre-Dame le 8 décembre 2024, Ken Follett a écrit une courte préface, traduite par Odile Demange, dans laquelle il revient sur ce terrible jour d’avril 2019, et la reconstruction d’une partie de l’édifice grâce à « l’investissement, le talent et le dévouement des Français ». 

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En 1940, l’Allemagne inflige un sort tragique aux armées alliées dans les Ardennes, tirant avantage de leur désorganisation. Quatre ans plus tard, les trois armées allemandes qui s’élancent contre les lignes américaines affaiblies ne connaîtront pas le même succès.

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Explorez les mondes enchantés des femmes décalées et fougueuses de Sangita Jogi. Des rêves qui prennent vie devant vos yeux ! Extravagantes ou à la pointe de la mode, pleines de fougue et de joie de vivre, confiantes quelle que soit la situation... 

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Leo, de Deon Meyer : braquage des lingots de Kadhafi

Le maître du « polar sudaf » se renouvelle avec un scénario de braquage ! Leo (trad. Georges Lory) est le thriller le plus « cinéma » de la série avec un minutage ultra-précis et parfaitement maîtrisé par un scénariste dopé à l'adrénaline !

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