Après le succès de la collection Batman Chronicles, Urban comics poursuit la même formule en se concentrant cette fois-ci sur Le super-héros iconique, celui qui, en 1938, donna le La à toute une série d’encapés en collants moulants et aux super-pouvoirs tous plus extraordinaires les uns que les autres et qui ont forgé toute une mythologie toujours aussi vive aujourd’hui, j’ai nommé Superman.
Le 22/11/2023 à 16:48 par Jean-Charles Andrieu de Levis
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Publié le :
22/11/2023 à 16:48
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Dire que Superman est une icône confine à la métonymie. Figure majeure de la culture américaine, il concentre à lui seul les fantasmes de toute une génération qui trouve encore des échos de nos jours.
Étudié par Umberto Eco dans son célèbre article « De superman au surhomme », première étude universitaire d’envergure sur la bande dessinée, premier succès phénoménal de l’industrie des comics book, première œuvre qui atteint différents médias en un temps record (comic book, radio, télévision, cinéma), c’est aussi le premier personnage qui introduit la vision Snyderienne de l’univers DC au cinéma et sera le premier de l’univers développé par James Gunn. Si Superman se révèle donc au début de tout, John Byrne de son côté fut aux débuts de la réinvention de l’homme d’acier format papier en 1987.
Pour reprendre les rênes de ce personnage mythique, Byrne proposa d’abord une mini-série en six épisodes, « Man of Steel », qui redéfinit les origines de Superman et brosse rapidement les contours d’un nouvel univers qui se met en place.
Sans les expédier, mais sans non plus s’appesantir, il passe par la découverte de ses pouvoirs et la nécessité de les cacher, introduit Batman et le subtil antagoniste mêlé de respect qui unit les deux héros, initie la relation de Clark Kent et Loïs Lane ainsi que, corrélativement Loïs Lane et Superman, et bien entendu, débute le combat sans cesse renouvelé avec sa némésis Lex Luthor. Son aisance avec ce personnage emblématique lui ouvrit les portes des séries mères Action Comics et Superman, les deux paraissant simultanément et sur lesquelles il officiait en tant que scénariste et dessinateur à la fois.
Son dessin est clair, bien tenu, tout en mesure et s’accorde immédiatement à l’univers rangé et quelque peu poli de Superman. Dick Giordano à l’encrage apporte une belle touche d’élégance à ces images qui frisent parfois une esthétique un peu pompière, tournée vers le dynamisme de postures musculeuses et tendues. Malgré de très belles perspectives, on aurait pu s’attendre à des points de vue plus vertigineux qui nous embarquent aux côtés du super-héros virevoltant entre les gratte-ciels de Métropolis. Cependant on prend plaisir à parcourir ces cases certes quelques peu surannées aujourd’hui mais qui préservent une certaine énergie, une belle clarté et un réalisme bien réglé.
Côté scénario, l’auteur essaie tant bien que mal à échafauder des plans machiavéliques pour déstabiliser le héros dont la puissance des pouvoirs finit toujours par triompher. C’est un fait que Superman est moins populaire en France que Batman. Et cette préférence n’échappe malheureusement pas à votre humble chroniqueur qui souhaitait pourtant s’en préserver. La faute sans doute à un traitement psychologique plus léger et à une invulnérabilité trop prononcée.
En effet, le personnage peut sembler un peu lisse : on en sait peu sur ses réels sentiments, sur les émotions qui l’étreignent, si ce n’est son combat quelque peu manichéen contre le mal et son penchant à toujours aller vers le « bien » sans jamais interroger cette notion (ce que feront brillamment certains auteurs, mais quelques années plus tard).
Superman se bat donc, protège les citoyens, mais Byrne apporte peu d’enjeu personnel ou intime, ou de manière trop légère à notre goût, si bien qu’on pourrait reprocher au super-héros d’être un peu lisse. De même, ses pouvoirs se révèlent si grands, l’homme d’acier si invincibles que l’on finit par tourner un peu autour de même thématiques : l’emprise mentale par des forces du mal, ou la dimension intergalactique de ces ennemis. Sa puissance devient donc un poids pour la création, même si force est de reconnaitre l’inventivité de l’auteur.
Aux pages écrites et dessinées par Byrne, nous préférons les épisodes de Marv Wolfman et Jerry Ordway qui s’occupaient à la même époque du comics « Adventures of Superman » (sous la même logique d’un déploiement d’univers sur plusieurs séries qui font évoluer le même personnage de manière autonome). Ces numéros proposent plus d’aspérités, ancrent la série dans le monde contemporain en introduisant des thématiques plus engagées, voire politiques. Les auteurs parviennent ainsi à saupoudrer de réel des récits pourtant tournés vers l’action.
Pour conclure, malgré les quelques réserves émises qui s’ancrent finalement dans l’ontologie du personnage, ces deux volumes de Superman Chronicles n’en restent pas moins passionnants à lire en ce qu’ils donnent à voir un univers mythique se déployer, en ce qu’ils présentent un personnage qui figure au panthéon des œuvres de la culture populaire, et surtout en ce qu’ils participent à dessiner les contours d’une histoire des comics.
A noter que la collection Chronicles s’étend également ces jours-ci au Flash de Mark Waid développé à partir de 1992. Les archives s’enrichissent et les lectures presque archéologiques nous permettent de mieux comprendre les trajectoires de ces personnages majeurs, et de mieux comprendre l’évolution artistique des comics de super-héros.
Par Jean-Charles Andrieu de Levis
Contact : jeancharles.andrieu@gmail.com
Paru le 28/04/2023
488 pages
Urban Comics Editions
35,00 €
2 Commentaires
Necroko
23/11/2023 à 00:47
très bonne époque pour le Comics et Superman aussi
Necroko
23/11/2023 à 02:07
j'aimais beaucoup Supergirl / Matrix (vraiment une bonne époque)