TEMOIGNAGES - Dans le préambule de son excellent dernier livre, Marlène Schiappa rappelle qu’elle a toujours aimé aller à la rencontre des femmes, qu’elle aime fédérer, aider, soutenir, promouvoir et unir, et je peux personnellement en témoigner ! Elle raconte ici des rencontres marquantes avec quelques-unes d’entre nous, qui tentent de faire changer les mentalités dans la société française et internationale, et dont le seul leitmotiv semble être d’améliorer la condition féminine. Marlène Schiappa leur rend justice et hommage dans un livre très altruiste et généreux.
Dans cette galerie de portraits, où chaque femme est aussi inspirante que l’autre, où chacune de nous peut se voir et se lire, on retrouve les parcours d’exceptions d’Assia Benziane qui a créé des écoles pour filles en Algérie, de Valérie Jimenez qui dirige des dizaines de camionneurs et est PDG de l’entreprise familiale qu’elle a créée, de Catherine Renucci, directrice de la Maison des personnes handicapées de Corse du Sud, d’Imani B, femme de chambre à Marseille, de Nadia Murad, qui, après avoir été capturée comme esclave sexuelle par Daesch, devint prix Nobel de la paix et défenderesse des yézidis et des femmes en temps de guerre, de Sara Tintinger, modiste, créatrice pour les défilés de mode et en ateliers, de Camille Emmanuelle, journaliste, écrivaine, créatrice du sexpowerment (Berlin), de Geogina Dansou, fondatrice de Toto Riibo, service de livraison des plats des femmes cuisinières de rue au Burkina Faso, d’Amanda Nguyen, spationaute, présidente de l’ONG Rise, qui a écrit la plus grande loi des Etats-Unis contre le viol, de Mercedes Erra, publicitaire, présidente exécutive d’Havas Worldwide et fondatrice de BETC.
Deux longs chapitres sont également consacrés à ces milliers de femmes autochtones mystérieusement enlevées ou tuées depuis les années 80 au Canada, ainsi qu’à toutes les femmes, comme nous, comme vous, comme moi, qui subissent ou ont subi des violences physiques et morales. Qui sont-elles ? Non, pas forcément des femmes hors-sols mais des créatrices, des entrepreneuses qui après avoir surmonté des épreuves, des discriminations, ont su écouter leur voix intérieure, leur instinct de survie. En sachant sortir des clous à temps, elles ont pu se dépasser, se révéler à elles-mêmes également. Cette irrésistible envie de vivre hors des carcans, pour elles, et pour toutes les autres leur ont forgé des personnalités hors du commun. Avec Marlène Schiappa, elles partagent confidences et tumultes et de leurs vies. J’ai adoré leurs parcours, j’admire ces fortes personnalités, toutes séduisantes et attachantes, je plébiscite leur cohérence de parcours, aussi.
Ce livre est également intéressant pour les autres messages qu’il délivre :
- Les trois-quarts de ces femmes ont toutes croisé la violence. Leur force est d’avoir su casser la spirale de cette violence en quittant ou en démontrant une ténacité hors-pair face à l’adversaire.
- « l’éternelle injonction contradictoire entre la mère dans son foyer et la femme tournée vers le monde extérieur » est un rappel bienvenu. Difficile encore en 2020 pour une femme de devoir justifier d’un pseudo éparpillement entre ce qu’elle fait à la maison et ses obligations professionnelles extérieures. (Portrait de Sara). Merci d’avoir cité Antoinette Fouque.
- La domination masculine exercée sur le corps des femmes est significative et à déplorer. Le recueil cite en tant qu’exemple ceci (portrait de Camille) : la nudité des femmes est tolérée à condition qu’elle soit subie, contrôlée, dominée au service de la vision des hommes comme dans un film d’Abdellatif Kechiche.
Entre toutes les femmes parle de nos vies ; il n’effleure pas le réel, il le transmet, avec délicatesse et profondeur. Il laisse des images rares, fortes, sensationnelles, souvent insoupçonnées qui condensent et dynamisent. De ces femmes-troubadours, j’ai aimé cette quête éperdue de prolonger la vie, de l’accélérer même. J’ai aimé que tout soit si juste, si ciselé, écrit sans pesanteur, et révélant des sentiments antagonistes. J’ai aimé tous ces instants suspendus dans le temps, ces évocations joyeuses et lumineuses.
Un très beau recueil de textes, très dense, qui éclaire le sentiment du désir et de l’urgence de vivre. A la fois fracassant et intime. Bravo à toutes ces âmes fortes d’enrichir nos plaidoyers et combats féministes, et bravo à l’auteur si lettré, d’en faire de même, partout et tout le temps.
…Et puis, il y a les autres. Celles qui se sont retrouvées petites avec un prof, un oncle, un animateur de centre de loisirs ou de colonie de vacances, un beau-père qui s’amuse à les tripoter ou qui essaye de les violer (ou qui y parvient...), qui ont été témoins de coups portés sur leur mère, leur grand-mère, leur voisine, leur grande sœur ; toutes les femmes qui adolescentes ont dû échapper aux bandes de types qui essayent de les toucher en cours, de leur défaire le soutien-gorge, d’attraper leurs seins, leurs fesses, un homme qui leur crie des « hé salopes tu suces ? » ou des « t’es bonne toi je te baise » dans la rue plusieurs fois par jour, à celles qui sèchent le sport pour éviter de se déshabiller au vestiaire, celles qui ont déjà dû chercher en urgence la sortie du métro parce qu’’un gars les suivait ou les menaçait, celles qui y ont été violées et qui ont crié, mais personne n’est arrivé ; celles qui n’ont pas pu crier, celles qui préfèrent marcher même si c’est plus long ou prendre le taxi même si c’est plus cher « parce que bon tu vois…. », celles qui se sont retrouvées coincées dans des ascenseurs, dans des cages d’escaliers, dans des halls, dans des parkings, dans des souterrains, dans des ruelles, avec un homme qui les a plaquées contre un mur, menacées, qui a sorti un couteau, celles qui ont déjà passé un entretien d’embauche avec un recruteur qui les regarde dans les seins et pas dans les yeux, qui met sa main sur leurs cuisses, ou leurs fesses et qui ne savent pas si elles peuvent s’offusquer, celles qui travaillent avec des clients ou des partenaires qui leur font des blagues salaces pas drôles toute la journée, je pense aux femmes qui arrivées dans un comité de direction doivent subir le DG de l’entreprise qui dessine des sexes sur leur bloc-notes tous les jours pour les déstabiliser ; celles qui pensaient se ressourcer chez elles et ont été tabassées par celui qui leur a fait des enfants, celles qui ont déjà dit « non, pas ce soir » et se sont retrouvées à se réveiller au milieu de la nuit avec un corps lourd sur elles, celles qui sont emprisonnées à distance par leur conjoint en géolocalisation, qui doivent se changer pour sortir - ou pour rentrer chez elles -, celles qui savent ce que c’est de trembler quand ton téléphone sonne parce que c’est peut-être « lui », celles qui doivent voir au bureau, dans les réunions de famille, dans le couloir, sur les réseaux sociaux, ce type qui…..
Marlène Schiappa - Entre toutes les femmes - Grasset - 9782246817550 - 17,90 €
Paru le 07/10/2020
195 pages
Grasset & Fasquelle
17,90 €
9 Commentaires
Mazon
21/01/2021 à 07:16
Bon tout va bien, l'ennemi est clairement identifié : l'homme. Mais ce qui est sur, c'est que la femme n'est surtout pas victime du système économique dans lequel elle vit, ce système ne l'agresse pas, de l'oppresse pas, ne la blesse pas, ne l'exploite pas .......
Ce système qui fait subir la même chose aux hommes et que M. Schiappa sert avec le gouvernement auquel elle participe : je veux parler du système néo-libéral ou plus simplement le système capitaliste.
Mais de tout cela la critique du livre n'éprouve aucune absence à la lecture de ce livre, mais faut dire que son parcours politique personnel explique cela : j'ai rejoint le Modem l'an passé, après LaRem en 2016.
Tout est dit, il suffisait de le savoir.
Mazon
21/01/2021 à 07:39
En fait cette chronique n'est qu'un renvoi d'ascenseur, un compte rendu de complaisance, il suffit de lire les commentaires quotidien de l'auteur sur son FB : https://www.facebook.com/laurence.biava.7.
J'ai bien aimé le commentaire de cette personne où elle explique que les "gestes barrières" sont respectés au sein des grandes surfaces mais pas chez les libraires : un must.
Exemple de commentaire que les libraires apprécieront : dixit Laurence Biava
"Je parlais des grandes surfaces où je suis tous les jours.
Pas des librairies que je ne fréquente pas actuellement.
Et c'est bien parce que les gens ne respectent pas les distances en librairie qu'il fallait les laisser fermées."...
Bob
21/01/2021 à 10:02
Actualitté, c'est une blague ?!?
Que vient faire la critique pompeuse d'une ancienne attachée parlementaire LREM ici ?
Vous vous moquez du monde ?
Un mélange des genres qui va me faire fuir.
Ciao !
Mazon
21/01/2021 à 10:54
Et bien voilà l'information qu'il manquait pour comprendre la teneur de cette pompeuse critique.
Merci Monsieur Bob.
Par humour je vais rajouter : vous nous manquerez
Nicolas Gary - ActuaLitté
21/01/2021 à 11:36
Bonjour
À titre indicatif, et parce que j'entends tout de même que l'on puisse publier des chroniques sur les ouvrages que l'on souhaite, le parcours politique de la chroniqueuse est une chose, sa chronique en est une autre, et il faudrait un peu d'honnêteté intellectuelle pour comprendre qu'il ne s'agit pas là d'un plaidoyer pro-LREM.
Nous avons eu la possibilité un grande nombre de fois d'étriller le gouvernement, sa politique concernant la lecture, le livre et sur bien d'autres sujets.
Ici, Mme Schiappa ne parle pas d'elle, mais fait parler des femmes. Est-ce donc cela qui dérange tant ?
Mazon
21/01/2021 à 18:17
"Ici, Mme Schiappa ne parle pas d'elle" et non elle se contente de faire parler les autres et même sur elle comme le fait la chroniqueuse (son amie de parti, il faut le dire quand même) par exemple " et bravo à l’auteur si lettré" ? . Certainement après une émission d'Hanouna ?
Vous écrivez " le parcours politique de la chroniqueuse est une chose, sa chronique en est une autre" et bien non.
Quand par exemple Dominique Seux tient rubrique tout les jours sur France Inter au 7/9 c'est bien le directeur délégué de la rédaction du journal Les Échos qui s'exprime, c'est bien l'idéologie du journal Les Echos qui s'exprime autant le savoir et le dire.
Je ne donnerais pas la liste de tous les "think tank" qui ne servent que de faux nez à des gens comme la chroniqueuse Laurence Biava pas innocente du tout, je me dois de le dire.
Bob
22/01/2021 à 05:31
J'ai bien du mal à parler "honnêteté intellectuelle" après votre réponse, en effet...
Vous n'avez donc que le procès en machisme comme axe de défense ? Sérieusement ?
Ce qui est critiqué là ce n'est pas le livre (j'en salue son auteur et pas sûr qu'en faisant ça, je salue Schiappa, mais passons) mais bien la chronique rédigée par une "amie" et pour laquelle on peut douter de l'honnêteté intellectuelle, justement.
On attend mieux de ce site et si le virage est pris et assumé, c'est bien de le savoir.
Nicolas Gary - ActuaLitté
22/01/2021 à 08:59
Bonjour Bob
Plutôt que de livrer bataille, revenons sur un point : depuis combien de temps nous suivez-vous ? C'est important, parce que débarquer sur le site et y trouver cette chronique pourrait vous sembler étrange. Et imaginer qu'un jeu de connivence puisse être à l'oeuvre deviendrait dérangeant.
Mais comme vous parlez d'un virage, j'ose espérer que vous êtes un lecteur attentif, depuis plusieurs années (nous en avons 13...) et qui ne peut nous soupçonner de ce genre de retour d'ascenseur.
Laurence est libre de chroniquer ce qu'elle veut, une fois encore, ses convictions ou activités n'interviennent pas. Et sauf erreur, elle n'est pas une intime de Mme Schiappa.
Et puis, poussons le bouchon : si c'est le cas, nous le préciserons, d'une part, et si c'était le cas, eh bien je n'aurais pas à intervenir dans ses amitiés. Il m'est arrivé de chroniquer des ouvrages de romanciers dont je suis proche – pas ami, pas intime : proche. Et j'ai d'abord fait leur connaissance avant d'ouvrir leur livre.
Vous envisagez de me jeter la pierre ? Bon courage.
Marie
21/01/2021 à 14:35
Choisir cette harengère pour parler des femmes, elle qui ne sait ce que réfléchir signifie, qui démarre au quart de tour ( cf ce que E. Dupont-Moretti a écrit sur ses interventions intempestives), non, diable, merci!