Jusqu’au 23 juillet, la fête du livre jeunesse Partir en Livre prend place à Pantin, sur les bords du canal. Des activités, des ateliers, des structures éphémères, des lectures publiques et, bien évidemment, une tonne de livres jeunesse dispersée aux quatre coins de la Place de la pointe, fraîchement réaménagée et située non loin des nouveaux Magasins généraux et de l’agence BETC.
Le 21/07/2016 à 10:55 par Joséphine Leroy
Publié le :
21/07/2016 à 10:55
(ActuaLitté / CC BY-SA 2.0)
Où se trouve la place de la Pointe ? En arrivant au métro de l’Église de pantin, aucune géolocalisation n’indique où elle est. Pas étonnant, nous informera plus tard la responsable des réseaux sociaux de la ville de Pantin : la place vient tout juste d’être réaménagée. La fête se déroulera donc dans un lieu plutôt inédit. En arrivant sur place, le visiteur verra des péniches flotter sur l’eau, des terrains de football gonflables, des ateliers, des coins lectures et, au fond, une scène.
C’est sur scène que commence le spectacle, avec Vincent Malone, auteur jeunesse et compositeur-interprète (par ailleurs vice-président de l’agence BETC). Il a écrit une chanson, le « Roi des papas », qui est aussi son nom d'artiste. Pour l’occasion, il a fait appel aux enfants d’accueils de loisirs de Pantin, Bagnolet, Saint-Denis et Montreuil et a monté un spectacle sur le thème de cette année sur le thème des héros. Tous se sont investis dans une lecture théâtrale de son texte Hans, Le Vaillant Petit Cendrillon Rouge Botté aux Boucles d’Or et au Bois Dormant de Monsieur Seguin. Comme son nom l’indique, les références à la littérature foisonnent.
En chœur, donc, les enfants lisent par petits groupes des didascalies, pendant que Vincent Malone joue le rôle du narrateur. Rythmé par des « Badaboum ! Fracas terrible ! Coup de tonnerre ! Suspense ! », le texte réutilise tous les topos en les déformant de manière ludique, dans une mise en scène supervisée par le comédien Pierre-François Pommier et Simon Gelin. Le livret, illustré par Soledad Bravi, est offert aux bambins qui assistent au spectacle, mené d’une main de maître par les enfants.
Aperçu avec la quatrième de couverture :
Hans Egrétel n’était pas plus haut qu’un pouce, mais bien proportionné. Ses joues étaient roses et ses cheveux longs, bouclés, de la couleur dorée des champs de blé en été...
Inspiré par Alice et Pays des Merveilles, la compagnie Méliadès a monté un spectacle fait de tableaux vivants. Entre Paris et Pantin, la croisière dure trente minutes et étonne les passants depuis les berges. Les comédiens commencent leur représentation en parodiant les consignes de sécurité. Au fil de l’eau, enfants et adultes curieux découvrent les personnages du conte d’un quai à l’autre : le Corbeau, le Hasard, le Temps, le Voleur et, bien sûr, Alice, qui court après le Temps.
Ne pas s’attendre, toutefois, à voir la fillette du conte ou de l’adaptation Disney. Cette Alice est une adulte. Si la mise en scène est surprenante — les personnages défilent et courent les uns après les autres et assister au spectacle depuis la péniche est une bonne idée —, il y a quelques passages à vide. Que les enfants ne semblent toutefois pas percevoir, à en croire leur participation : « Le Temps court ! Le Temps court ! »
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Le concept du Pop Up Bus a été imaginé par le Labo des histoires. Déjà expérimenté à Livre Paris cette année, dans le cadre d’un concours de poésie organisé avec la RATP, le Pop Up Bus propose ici un atelier d’écriture aux enfants, d’après un texte inédit et des consignes données par Carole Trébor, une des auteures de la série U4 (éd. Nathan /Syros). « Le Pop up bus est assez récent, aménagé spécialement pour les événements », nous explique Marine Noe, directrice du Labo des histoires.
« On propose des ateliers d’écriture gratuits, pour les enfants, à bord du bus. Les ateliers ont lieu à partir du livre U4. Il y a quatre livres, quatre auteurs, quatre personnages, et tout cela s’entrecroise. Nous travaillons avec Carole Trébor, auteure de l’un des tomes. Elle a produit un texte avec son personnage Jules spécialement pour l’occasion. Les enfants sont invités à écrire la suite de son histoire. On a des groupes préconstitués ou des individuels, des centres de loisirs. » Pour ceux qui voudraient juste s’asseoir et lire, des livres restent disponibles à la consultation.
Le Pop Up Bus se déplacera au Carreau du Temple, ce samedi 23 juillet, avec le même concept, les mêmes ateliers, et un supplémentaire consacré au manga.
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La Fondation SNCF est un mécène. Elle apporte une contribution financière aux associations et aux projets dans le domaine de l’éducation, de la culture et de la solidarité. « Les trains sont un lieu de lecture. La SNCF a donc un rôle à jouer. Mais la Fondation s’adresse plutôt aux publics éloignés, c’est-à-dire des enfants de quartier ou habitant dans des coins ruraux. Elle vise ceux qui sont éloignés de la culture en général », confie Marienne Esthet, déléguée générale de la Fondation, à ActuaLitté. À quoi est dû cet ostracisme ? « Il y a plusieurs raisons qui expliquent cet éloignement : soit on considère que c’est secondaire, soit les familles considèrent elles-mêmes que ce n’est pas pour elles. Nous essayons de montrer que c’est possible pour tous les enfants. »
Comment promouvoir la lecture auprès des familles ? « Nous demandons à ce qu’un travail soit fait auprès des familles. La famille monoparentale ou celle qui ne parle pas français ne peut pas apporter cela à l’enfant. Tout en respectant ses origines, la tradition, il faut pouvoir l’amener aux livres. Il ne faut pas lâcher, même si c’est un grand travail de pédagogie. Il faut que les parents soient consentants, et nous devons les convaincre du bénéfice d’une telle approche. »
Où se déploient les actions d’associations ? « Grâce à un réseau de correspondance présent dans chaque région de France, nous pouvons aider localement. Ce sont des actions qui émanent des territoires et qui répondent aux attentes de chacun d’entre eux. 90 % des 200 projets que nous soutenons en France sont des projets dans ce type de territoire. » Les partenaires de la Fondation sont nombreux. Parmi eux, « Lire et faire lire, l’AFEV, La Machine à lire. » « L’AFEV, c’est l’accompagnement à la lecture à domicile. L’AFEV va faire du soutien scolaire à la maison. Il faut entrer à la maison avec des clubs de lecture », nous explique Marianne Esthet. Mais qu’apporte la Fondation hormis des fonds ?
« Nous finançons, bien sûr. L’argent est le nerf de la guerre. Mais nous accompagnons également. L’idée est de comprendre quels sont les besoins des uns et des autres. À Partir en Livre, cette année, tous les enfants ont bénéficié d’un chèque de 12 € pour aller acheter des livres. » Marianne Esthet a ensuite évoqué les projets en cours dans le domaine culturel : Les États Généreux de la Culture, notamment, qui est un partenariat entre Telerama et la Fondation SNCF : « Toutes les initiatives autour de la culture sont appelées à être mises en ligne. C’est une agora informatique. Il y aura des Assemblées générales à Paris, Lyon, Marseille et Lille, avec des débats autour de la culture, de la lecture. »
(ActuaLitté / CC BY-SA 2.0)
Entourée de quelques journalistes, la ministre de la Culture Audrey Azoulay est également intervenue pour l’occasion. Fleur Pellerin avait déjà planché sur le projet, et même bien avancé. Comment la ministre a-t-elle récupéré la fête ? Quelle est son empreinte personnelle ? « Je m’inscris dans la continuité de ce qui s’est fait l’an dernier. On l’a simplement plus développé parce qu’on avait plus de temps pour le faire. Nous sommes passés à plus de 3.000 événements passés en France, en passant par le jeu, la découverte, les ateliers, pour amener les livres vers les enfants tout l’été », répond-elle à ActuaLitté.
Avant d’évoquer sa relation à la littérature jeunesse : « Nous avons une littérature jeunesse extraordinaire en France, une littérature très variée, des auteurs ou illustrateurs formidables. Nous avons aussi de très bons éditeurs jeunesse. Nous avons un Salon du livre jeunesse qui est remarquable. Nous pourrions davantage promouvoir et exporter à l’étranger ce talent qu’a la France pour la littérature jeunesse. »
Et quels sont les auteurs actuels de littérature jeunesse qu’elle apprécie tout particulièrement ? « J’ai des enfants, donc cela me tient informée de ce qui se passe. J’aime beaucoup Mario Ramos par exemple. Les albums de Mario Ramos pour les petits sont vraiment une façon merveilleuse d’entrer dans la littérature jeunesse. Au niveau des romans jeunesse, il y a Timothée de Fombelle. Il y a U4, ce genre de séries, qui marchent très bien auprès des enfants. Y compris auprès des miens. »
Un autre journaliste présent sur place demande comment, justement, faire en sorte que l’enfant se rapproche du livre ? « Souvent, il y a le livre à travers l’école. Mais c’est bien pour les enfants de se l’approprier et d’aller faire leurs propres choix. Il faut leur donner une autonomie par rapport au livre à travers les jeux, les dessins, les ateliers. L’illustration est aussi une très bonne façon d’entrer dans le livre. »
Mais il y a également le numérique. « Et le numérique aussi. Pourquoi pas ? C’est un rapport différent à la lecture. Mais je pense qu’aujourd’hui le rapport avec le livre-objet est un rapport différent de celui qu’on peut avoir avec une tablette. Cela peut aussi être une façon de faire venir. Le rapport à l’objet ne disparaît pas, à en croire par exemple la part de marché du livre numérique pour le livre en général, pas uniquement jeunesse. Il n’y a pas aujourd’hui de substitution. »
À la question de savoir ce qui changera l’année prochaine pour Partir en Livre, la ministre informe que, « chaque année, l’événement changera, en fonction du thème. [...] Ce qui compte, c’est qu’il y a une opération authentifiée que les professionnels connaissent : des librairies, des bibliothèques, des centres de loisirs, tout le réseau du champ social. Il faut marquer l’événement dans sa thématique, sa coloration donnée », ajoute-t-elle.
Par Joséphine Leroy
Contact : josephine.lry@gmail.com
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