Les librairies des différents comités du Prix des libraires du Québec, créé par l’Association des libraires du Québec et le Salon international du livre de Québec, se sont une nouvelle fois mobilisées en faveur du livre et de la lecture. Alors que de nombreux ouvrages manquent actuellement de visibilité à cause du coronavirus, ils ont décidé de mettre en lumière 15 titres québécois, qui méritent « de se tailler une place entre vos mains cet été ».
Le 07/07/2020 à 17:01 par Camille Cado
Publié le :
07/07/2020 à 17:01
En solidarité pour la chaîne du livre au Québec, les 15 titres présentés « sont écrits ou traduits par des auteur.trice.s de la province et publiés par des maisons d’édition d’ici » ont déclaré les libraires. Ainsi, l’opération s’inscrit plus largement en continuité avec le mouvement #lisezbleu, qui entend encourager la population à acheter des livres québécois.
Les ouvrages suggérés ont tous été publiés un peu avant le début de la crise sanitaire. L’objectif étant de pallier le manque de visibilité dont ils ont souffert.
Voici la liste de recommandations reproduite ci-dessous dans son intégralité :
1. L’horoscope de François Blais et Valérie Boivin, Les 400 coups
recommandé par Virginia Houle, Librairie Le Repère à Granby — Comité jeunesse et Camille Gauthier, Librairie Le Fureteur à Saint-Lambert — Comité Roman|Nouvelles|Récit hors Québec
Dans cet album un vieil homme routinier voit son quotidien bouleversé par son horoscope. Qu’arrivera-t-il à ce personnage attachant qui souhaite seulement mener une vie tranquille ? À la fois drôle et touchante, cette histoire saura enchanter les petits comme les grands !
Le duo François Blais/Valérie Boivin s’unissent pour une 3e fois et proposent, comme toujours, un album avec un humour fin et une chute surprenante.
2. T.1 Le brunissement des baleines blanches de Boucar Diouf et François Thisdale, La Presse
recommandé par Chantal Fontaine, Librairie Moderne à Saint-Jean-sur-Richelieu — Comité Roman|Nouvelles|Récit hors Québec
Boucar Diouf convie toute la famille à plonger littéralement dans le fleuve Saint-Laurent pour découvrir l’abondance autant que la fragilité de ce milieu qui regorge de vie. Les aventures de Globi le béluga qui cherche des eaux moins polluées et de ses amis Jo Groenland le phoque et Cajun l’écrevisse sont fabuleuses, instructives, et racontées avec une passion communicative.
T.2 Jo Groenland et la route du nord de Boucar Diouf et François Thisdale, La Presse
recommandé par Claude Gauthier, Librairie Carcajou à Rosemère — Comité BD
Un ouvrage étonnant, bien vulgarisé qui a un but fascinant et essentiel : faire comprendre, faire aimer le fleuve dans toute sa biodiversité. Capital, à mettre, entre autres, dans toutes les bibliothèques scolaires du Québec.
3. Les mutants de Karine Glorieux, Québec Amérique
recommandé par Virginia Houle, Librairie Le Repère à Granby — Comité jeunesse
Des adolescents qui vivent des transformations, rien de plus banal... sauf pour Lou et Théodore. Mêlant réalisme et fantastique, ce roman sur l’amitié a une belle dose de mystère nous incitant à le lire d’un seul trait. Gros coup de cœur.
4. Rap pour violoncelle seul de Maryse Paré, Leméac
recommandé par Cécile Mouvet, Librairie Pantoute à Québec — Comité jeunesse
Ce roman fait plus d’effet qu’un manège à sensations fortes dans une fête foraine ! On rit aux éclats, on est surpris et on pleure en un claquement de doigts, et pour cause les personnages qu’a créés Maryse Pagé sont terriblement attachants.
On passe un moment inoubliable et riche d’émotions en compagnie de Marius, vieux monsieur antipathique à l’humeur décapante et Malik, jeune homme aux prises avec une réalité qui lui demande de grandir un peu trop vite pour son âge.
Une pépite à mettre entre les mains des jeunes et des plus vieux qui ont envie de rire et de réfléchir sur tellement de sujets différents (délinquance, vieillesse, famille défaillante, famille d’accueil, résilience…) !
5. Je n’en ai jamais parlé à personne de Martine Delvaux, Héliotrope
recommandé par Isabelle Dion, Coopsco FX Garneau à Québec — Comité Roman|Nouvelles|Récit québécois
Impossible de ne pas être bouleversé devant le travail de Martine Delvaux, qui s’est donné comme mission de recueillir et d’agencer les paroles de femmes pendant le mouvement #moiaussi. Il n’y aura jamais trop de prises de paroles, de voix qui s’élèvent, de bris de silence et de témoignages lorsqu’il s’agit de dénoncer des violences. C’est ce que ce livre, dont chaque mot est un acte de courage, défend.
6. La géographie du bonheur de Véronique Marcotte, Québec Amérique
recommandé par Josianne Létourneau, Librairie du Square à Montréal — Comité Roman|Nouvelles|Récit québécois
Un roman choral dépaysant qui aborde avec beaucoup d’humanité des sujets délicats. Qui réussit, par la plume infiniment sensible de Véronique Marcotte, à détailler les multiples visages de l’amour et de l’amitié et qui nous rappelle, par ses tours et détours, que la vie sait parfois nous surprendre de façon inespérée.
7. Les constellées de Daniel Grenier, Marchand de feuilles
recommandé par Marc-Étienne Brien, Biblairie GGC à Sherbrooke — Comité Roman|Nouvelles|Récit québécois
Daniel Grenier trace une cartographie de ses lectures de l’année 2019 qui fut meublée uniquement d’œuvres écrites par des femmes. L’écriture d’un lecteur intelligent et sensible, conscient de sa position de privilégié ; un journal de lecture qui vous amènera vers des dizaines d’autrices à découvrir.
Vivre le deuil de sa mère au rythme du fleuve dans une poétique du corps et du paysage ; apprendre à se retrouver entre la ville, la Gaspésie natale et l’Islande. Virginie DeChamplain signe un premier roman à la voix originale et sensible. Une œuvre sagement divisée pour nous permettre de respirer entre les vagues.
Touchante parenthèse familiale sur fond de tragédie historique, portée par un souffle de poésie. Hélène Dorion signe ici un récit salin où la mémoire des autres est aussi dense que le varech et où le ressac emporte parfois la plus grande part de nous. François-Alexandre Bourbeau — Lbrairie Liber à New Richmond — Comité poésie
Une poésie forestière, animale et intime, bercée au gré des saisons et réconfortante comme un plat chaud mitonné dans un refuge au creux de l’hiver. Un recueil signé d’une plume à la fois délicate et dure, et qui ne craint pas de laisser quelques cicatrices au passage.
11. Zec la croche de Maureen Martineau, Héliotrope
recommandé par Josianne Létourneau, Librairie du Square à Montréal — Comité Roman|Nouvelles|Récit québécois et Chantal Fontaine, Librairie Moderne à Saint-Jean-sur-Richelieu — Comité Roman|Nouvelles|Récit hors Québec
Brutale, habile, à la fois organique et soignée, la plume de Maureen Martineau offre un polar particulièrement noir et plutôt original qui agrippe de ses racines puissamment féminines l’attention du lecteur. Un roman policier haletant qui s’ajoute à une collection unique en son genre.
J’aime bien lire des polars en vacances. Celui-ci nous entraîne dans les forêts profondes du Québec où croiser un ours n’est pas le danger le plus périlleux. Une jeune femme, dont la mère a été assassinée l’été précédent retourne sur les lieux du crime, seule, afin de mieux saisir le fil des événements. Elle n’est cependant pas la seule à fouiller les bois à la recherche d’une réponse.
12. Lettres Québécoises, no 177, printemps 2020 : La dérive des capitaux, collectif
recommandé par Chantal Fontaine, Librairie Moderne à Saint-Jean-sur-Richelieu — Comité Roman|Nouvelles|Récit hors Québec
La revue Lettres Québécoises en est une profondément littéraire, portée par le prisme de la critique et honorant toute la force de nos auteurs et autrices d’ici. J’aime particulièrement ce numéro-ci, qui questionne le milieu sur leur rapport à l’argent. Un dossier riche, confrontant, et qui remet les pendules à l’heure sur cet enjeu tabou.
13. Ayiti de Roxane Gay, traduction par Stanley Péan, Mémoire d’encrier
recommandé par Émilie Bolduc, Librairie Le Fureteur à Saint-Lambert — Comité BD
Les éditions Mémoire d’Encrier nous offre un excellent recueil de nouvelles de la talentueuse autrice américaine Roxane Gay. À travers seize histoires, elle confronte les stéréotypes liés au peuple haïtien ainsi que des immigrants issus de ce pays énigmatique. Ce livre est brillamment traduit de l’anglais par nulle autre que Stanley Péan qui a su conserver l’essence même du texte original. Il mentionne lui-même que l’autrice et lui ont en commun beaucoup d’éléments biographiques.
14. Colibri de Natalie Hero, traduction par Annie Pronovost, Marchand de feuilles
recommandé par Marc-Étienne Brien, Biblairie GGC à Sherbrooke — Comité Roman|Nouvelles|Récit québécois
Natalie Hero, avec ce premier roman, traduit le poids d’un viol par l’antonymie d’une naissance si légère qu’est celle d’un colibri. Un texte envoûtant, valsant dans le réalisme magique, où l’on observe la relation d’une protagoniste avec son nouveau compagnon, reflet coloré d’un épisode sombre. Ensemble, ils doivent apprendre à voler ensemble, parfois même à reculons, et ce, malgré les blessures.
For Today I am a Boy est un livre sublime et tout en subtilité sur l’identité de genre qu’il faut lire absolument. Le travail de traduction du Montréalais Jeannot Clair est exceptionnel et rend le texte d’autant plus réaliste qu’il se passe en partie dans la métropole.
D’autres suggestions de lectures à retrouver sur le site du Prix des libraires.
Photographie : pixabay license
Paru le 20/01/2020
Marchand de feuilles Editions
17,90 €
Commenter cet article