Du simple internaute naviguant au quotidien sur les différents réseaux sociaux, à la première fortune mondiale, Elon Musk, la culture du mème s'est imposée sur internet de manière fulgurante. Cet art délicat du détournement peut créer des étincelles, en croisant les représentations les plus folles sorties tout droit du Moyen-Âge. Une association à présent réalisable sans difficulté, grâce à un nouvel outil de la Bibliothèque nationale des Pays-Bas (KB) et à sa collection.
Le 20/04/2022 à 16:30 par Hocine Bouhadjera
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20/04/2022 à 16:30
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Qui a un tant soit peu navigué sur les réseaux sociaux est déjà tombé sur un mème. Ces images, la plupart du temps accompagnées d'une légende — toujours humoristique, parfois cynique —, s'inscrivent depuis quelques années dans une véritable culture web.
Si certaines images détournées sont devenues véritablement cultes, et ont servi de fond à un nombre infini de textes hilarants, de nouvelles images propices à cet « art du mème » apparaissent tous les jours. Sur une des dernières en date, on y voit un certain Will Smith claquant Chris Rock dans un élan aussi technique qu'inattendu...
C'est dans ce sillon, entre humour et érudition, qu'a décidé de s'inscrire la Bibliothèque nationale des Pays-Bas, y voyant l'occasion de mettre en valeur sa collection de représentations médiévales de manière originale et moderne.
Date : 1327. Cette image est un avertissement sur ce qui peut arriver si on n'apprend pas correctement nos prières. L'homme nu a oublié deux des prières les plus importantes ; il ne se souvenait pas de l'Ave Maria ni du Notre Père... (Bibliothèque nationale des Pays-Bas)
En effet, sur un site créé pour l'occasion en novembre dernier, les internautes peuvent sélectionner une représentation tirée de la collection médiévale de l'institution néerlandaise, avant de la transformer en mème. Comme pour tous ces montages humoristiques, l'idée est la même : prendre une image et créer un décalage avec une légende qui reprend une problématique actuelle.
Le site a déjà généré 15.000 mèmes médiévaux, réalisés dans 129 pays, nous rapporte le site Medievalists.net.
Date : 1323. Ici, Salomé, belle-fille du roi romain Hérode Antipas, danse sur la musique d'un violon. La position dans laquelle elle est représentée, complètement penchée en arrière, était la position standard pour montrer des danseurs et des acrobates dans les peintures médiévales. (Bibliothèque nationale des Pays-Bas)
La bibliothèque profite également de cette approche ludique de l'époque médiévale pour joindre à ces figures des paragraphes explicatifs et pédagogiques, et une vidéo qui traitera par exemple de l'utilisation des images au Moyen-Âge.
À LIRE: Manuscrits médiévaux et culture mème dans le jeu vidéo Inkulinati
Dans des sociétés où le livre était une denrée bien rare, et l'analphabétisme la règle, les représentations étaient un des instruments populaires pour diffuser des messages, qu'ils soient politiques, religieux ou sociaux. Dans notre culture numérique hautement visuelle, le message par l'image revient en force. De là à dire que nous revenons à une époque reculée...
Date : 1330. L'image apparaît au début du Livre de Job, quand ce dernier est assis au milieu d'un tas de fumier ou d'un tas de déjections animales. (Bibliothèque nationale des Pays-Bas)
Le décalage entre le style médiéval et la scène représentée fait le sel de certaines de ces figures. De nouveaux documents iconographiques de la période apparaîtront régulièrement sur le site dédié, toujours tirés des vastes collections médiévales de la bibliothèque néerlandaise.
Crédits : Bibliothèque nationale des Pays-Bas (KB)
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