Avec un nom de code comme Biblio Collector, Adam a trouvé l’identité secrète dont tout lecteur rêve — plus tellement secrète, puisqu’il la met au service d’un projet assez fou. Adam lycéen lyonnais âgé de 16 ans, entend battre un record, qui s’inscrira dans le Guinness World Records. Son idée ? Réunir des cartes de bibliothèques venues du monde entier — et en grande quantité, très, très grande quantité.
Le projet s’est lancé début mars, mais Adam devait le réfléchir depuis un moment : depuis son plus jeune âge, explique-t-il, il rêve de détenir un record singulier. C’est en qualité de bibliocollecteur passionné qu’il entend y parvenir.
Pour mener à bien ce projet ambitieux, il a dûment suivi la procédure en s’inscrivant sur le site officiel de Guinness et a soumis une requête approuvée. Pour que sa collection soit officiellement reconnue, plusieurs critères doivent être respectés :
• Toutes les cartes de bibliothèque doivent être délivrées à la même personne.
• Le nom figurant sur chaque carte doit être identique.
• Chaque carte de bibliothèque doit provenir d’une bibliothèque existante ou ayant existé.
Mais… qu’est-ce qu’une carte de bibliothèque, exactement ? Elle « est définie comme une carte délivrée par une bibliothèque enregistrée qui permet à son propriétaire d’emprunter des livres de la collection de la bibliothèque et d’utiliser ses autres services », précise le jeune garçon.
Dont la douce folie va un peu plus loin que le simple quart d’heure de gloire conféré par un record officiel : le site associé à son aventure, BiblioCollector.com servirait ainsi d’archive et d’inventaire public. Chaque bibliothèque contributrice disposera ainsi de son propre espace sur le site, lui offrant une visibilité accrue.
En somme, une solution d’archivage qui perdurerait — et pour aboutir, nécessite donc l’investissement des principales et principaux concernés.
Adam invite ainsi les bibliothécaires, les élus et les curieux à le rejoindre dans cette aventure unique et à contribuer à l’enrichissement de sa collection. « Joignez-vous à notre quête des records ! » lance-t-il avec enthousiasme.
À cette heure, il affiche quelque 34 cartes délivrées à son nom et que l’on découvrira sur cette page. Marseille, Lyon, Villeurbanne, Villars, Arlystère ou encore Béziers, Besançon et d'autres : il reste encore une immense partie du territoire à couvrir
et notre Biblio Collector a déjà investi dans un premier classeur pour ranger et trier.
Parmi les records les plus étonnants survenus en bibliothèque, notons celui enregistré en Inde (Akola), le 27 janvier 2018 : ce jour-là, 1922 personnes se sont présentées durant 12 heures consécutives, pour demander la création de leur carte de bibliothèque.
On ne passera pas non plus à côté d'un record moins glorieux, mais tout aussi officialisé : entre 1967 et 1978, l'universitaire danois Frede Møller-Kristensen a commis le plus grand vol de livres de l'histoire en dérobant des ouvrages à la Bibliothèque royale du Danemark, où il travaillait en tant que bibliothécaire en chef du département oriental. Il n'a jamais été attrapé et a continué à exercer son métier jusqu'à sa retraite en 2000.
C'est seulement après sa mort en janvier 2003 que les enquêteurs ont pu retracer l'un des livres perdus de la Bibliothèque royale jusqu'à son fils, Thomas Møller-Kristensen. Une perquisition policière a permis de récupérer 1 565 livres volés dans les domiciles de la veuve, du fils et de la belle-mère de Frede Møller-Kristensen. La valeur totale des livres volés a été estimée à 206 millions de couronnes (36,7 millions de dollars).
Bien que l'ampleur exacte de ses crimes reste inconnue, Frede Møller-Kristensen a probablement volé plus de 2 000 livres rares dans le but de les revendre. Cependant, il semble avoir été trop prudent pour en proposer plus qu'une poignée à la vente de son vivant. Les livres anciens volés sont en effet très difficiles à écouler, car leur rareté les rend facilement identifiables.
La famille de Frede Møller-Kristensen a été condamnée en mai 2004 pour avoir tenté de vendre des biens volés. Sa veuve, son fils et sa belle-fille ont écopé de peines de prison allant de deux à trois ans. La Bibliothèque royale du Danemark continue de rechercher les livres manquants, dont certains sont toujours introuvables à ce jour.
À l'opposé (presque...), les Rotary Clubs de Jamaïque ont battu le record du monde du plus grand nombre de livres donnés à une association caritative en une semaine, en collectant 657 061 ouvrages entre le 1er et le 8 mai 2010. Ces livres ont été principalement distribués au service des bibliothèques de Jamaïque, ainsi qu'à des écoles de tous niveaux, de la maternelle au lycée. Cette initiative solidaire a permis de promouvoir l'accès à la lecture et à la culture pour tous les Jamaïcains.
Plus farfelue, La ville de Cap Town s'est associée à Open Book dans le cadre de la préparation du Festival Open Book Cape Town 2014 pour organiser un événement visant à mettre en lumière l'importance du festival, des livres et de la lecture. Une foule nombreuse s'est rassemblée pour assister à une tentative de record du monde Guinness de dominos de livres à la bibliothèque centrale de Cape Town.
Les organisateurs de l'événement sont parvenus à faire tomber 2528 livres soigneusement disposés, dans le but de battre le record actuel de 2131 livres détenu par la bibliothèque publique de Seattle aux États-Unis.
Ou encore, dans une perspective architecturale, la nouvelle bibliothèque de Pékin a décroché le record du monde Guinness grâce à son impressionnant hall, le plus grand au monde. Ce lieu, baptisé "forêt de la connaissance", offre un espace de découverte et de savoir unique aux visiteurs.
Crédits photo : BiblioCollector
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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