Personne ne remettra en question le fétichisme qu'exercent les livres imprimés : il est toujours plus attirant de voir un homme tenir un bouquin, qu'une... batte cloutée ensanglantée, par exemple. Surtout avec des petits restes de chair humaine. Le glamour d'une publication prestigieuse, ou le simple fait de tenir un livre en main deviennent des armes de séduction massive. Si, si... Mais alors, un lecteur ebook ?
Le 19/05/2015 à 14:40 par Nicolas Gary
Publié le :
19/05/2015 à 14:40
Dans une étude présentée en décembre 2008, et réalisée par la National Year of Reading, les résultats et comportements – chez les hommes... – étaient tout bonnement affolants.
Un homme sur cinq avoue volontiers qu'il fera semblant de lire dans une file d'attente pour faire une bonne impression. Plus de 25 % laisseront volontairement traîner un livre dont ils ont parlé plus tôt pour attirer leur proie dans leur lit. Les 1543 personnes sondées comptaient 864 adolescents, mais 74 % d'entre eux précisent qu'ils préfèrent lire des SMS, MySpace ou des paroles de chansons que des livres...
Soit. Le sex-appeal des livres n'était plus à démontrer, pas plus qu'on ne pouvait alors nier leur capacité d'attraction. Du moins est-ce ce que croient les hommes...
Pour ce qui est des lecteurs ebook et des tablettes, on leur prêterait plutôt un puissant pouvoir de dissimulation : caché derrière son écran, sans aucun signe apparent, il est possible de lire tout et n'importe quoi. Surtout les choses les plus inavouables, dont la couverture en format imprimé aurait révélé la substantifique teneur, et les coupables plaisirs – ceux qui déclenchent, comme pour les amoureux des bancs publics, des regards obliques.
Sauf que... non. La lecture numérique, aux États-Unis, est devenue branchée, les lecteurs optent pour des appareils, plutôt que du papier, et, si les couleurs bariolées des couvertures disparaissent dans le métro, c'est au profit d'écrans au dos souvent gris, ou noir. Blanc, parfois, mais rarement, à moins d'avoir une couverture spécifique.
Or, le combo serait-il arrivé ? Il suffit de se souvenir du buzz qu'a pu générer la page Instagram Hot Dudes Reading, réunissant des photos de mâles (beaux mâles, en général), en train de lire. Associer la lecture à un appareil électronique deviendrait alors non seulement une marque de distinction, mais également une source d'intérêt soudain.
Sauf que non. Pas du tout. Connections.Mic vient d'en établir la preuve définitive : le jeu de regard, la complicité soudaine, le petit sourire naissant qui vient en découvrant que celui ou celle qui est en face lit le même livre... tout cela disparaît avec un lecteur ebook, ou une tablette. Bailey Thomas, organisateur de speed-dating littéraire en atteste : « Cela peut paraître ringard, mais vous pouvez vraiment voir les yeux des gens pétiller, lorsque la personne en face connaît le livre, et peut en parler. »
La fondatrice de CoverSpy, un blog qui recense les lectures des citoyens de Boston, New York, Los Angeles, Toronto, ou d'autres villes est formelle : l'arrière d'un Kindle n'a rien de sexy ni d'attirant, « nous sommes en train de perdre quelque chose », insiste Tricia Callahan.
Selon un sondage de Pew Research Center, réalisé en 2014, plus de 50 % des Américains de 18 ans disposent d'une tablette ou d'un lecteur ebook. Autant d'histoires d'amour ratées ?
À la compagne de voyage, dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin, qu'on est seul peut-être à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre sans avoir effleuré sa main.
Brassens manifestement, en savait long sur la question.
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