Pourquoi raccrocher sa mitre, quand on est évêque, connu pour des positions politiques plus nationalistes que scabreuses, farouchement opposé tant à l’avortement, qu’à l’euthanasie ou des propos homophobes… sinon par amour ? Ah, l'amour... L’aventure commença pour Xavier Novell à Barcelone, quand il fut nommé à 41 ans évêque — devenant le plus jeune de toute l’Espagne.
Le 09/09/2021 à 19:24 par Nicolas Gary
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Publié le :
09/09/2021 à 19:24
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Silvia Caballol est originaire de Catalogne : psychologue diplômée de la clinique de l’université autonome de Barcelone, elle a réalisé un troisième cycle en psychologie de la santé. Et par la suite, elle ajoute des cours de sexologie, des techniques anti-stress, ainsi qu’une formation au yoga. Elle se dit aussi passionnée par les religions catholiques et musulmanes.
En outre, Silvia Caballol écrit : romancière, orientée vers le satanisme, les fictions érotiques, à tendance sado-maso, indiquent les résumés de ses œuvres. Amusant : l’évêque Xavier Novell était un partisan de l’exorcisme plutôt acharné. Un premier point commun — ou comme dirait l’autre, Satan l’habite. À moins qu'il ne le dise plus tard.
L'auteure se présente comme curieuse de tout, compris, semble-t-il d’inverser les rôles et de découvrir sous la soutane épiscopale ce qui peut bien se tramer.
Voici quelques semaines, dans la torpeur de l'été espagnol, Xavier Novel a officialisé sa démission. Stupre. Non : stupeur. Au départ, n’étaient évoquées que « des raisons strictement personnelles », mais au fil des jours, les médias ont mis le doigt sur la responsable de cette défection. Comme qui dirait, on leur a assurément mis la puce à l'oreille (ah, merci M'sieur Duneton)...
En effet, un tel départ – rare – met d'ordinaire des mois à être acté par le Pape, seul habilité, et certains avaient remarqué que la carrière de l'évêque fut brutalement freinée après l’élection de François 1er. Or, non seulement le souverain pontif lui accorda le droit de quitter ses fonctions en quelques semaines à peine, mais plus encore, le Vatican refusait de formuler le moindre commentaire.
Or, loin d’imaginer que cette Ève tentatrice aurait détourné l’homme d’Église de sa profession de foi, c’est en réalité Xavier qui, sous le charme de l'écrivaine, a préféré la chair à l'esprit fut-il ardent ou Saint. « Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche », disait Prévert, assez fort pour couvrir le tocsin.
Rabelais mis à part – à qui l'on doit ce délicieux calembour –, nombre des confrères episcopaux (mais sans douleur) ont rapidement estimé que le corps du malheureux était, de toute évidence, possédé par le démon. Qu'un exorcisme s'imposait pour soustraire cette âme aux griffes de Satan, selon les préconisation de Brassens. « La question n’est pas celle du célibat, mais plutôt une infestation », assurait même l’un d’eux. L’infestation désigne, en termes techniques, une possession diabolique d’ampleur.
Contrairement à la possession, elle permet à Satan de s’emparer de l’esprit et d’en contrôler la volonté. L’âme, en revanche, demeure pure, contrairement à la possession diabolique, où, là, c’est le bazar.
Pourtant, l’intéressé semble plutôt très bien vivre la situation cette cohabitation : Dieu soit loué, meublé ou non...
En Espagne, la nouvelle a choqué, découvrant coup sur coup la démission de son ministère et l’amante en quelques semaines. D’autant que Silvia Caballol est divorcée, avec deux enfants de son premier mariage.
Chose plus amusante encore, les déclarations de ce même évêque, qui en 2011 jurait que dans l’hypothèse où il tomberait amoureux et rencontrait une femme dont il serait fortement attiré, « je pense que ce qu’il y aurait à faire, et ce que je ferai, serait de ne plus jamais la revoir ». Autre époque, autres mœurs, l’ex-évêque reconnaît « être amoureux, et je veux faire les choses bien ».
Dans son dernier livre, Caballol, elle, emmène ses lecteurs dans « le monde des prisons, de la psychopathie, des sectes, du sadisme, de la folie, de la luxure. Et progressivement, à mesure que l’histoire avance, vers l’irréalité de l’immortalité, et la lutte grossière entre le bien et le mal, Dieu et Satan, les anges et les démons ». Une genèse d'un autre genre.
Désormais, afin de cultiver son jardin luxuriant, l’ancien religieux, âgé de 51 ans, a indiqué qu’il tenterait de décrocher un emploi d’ingénieur agronome en Catalogne, pour demeurer auprès de son autrice… Il avait, avant de faire vœu de célibat, obtenu un diplôme en génie agricole — résurgence du jardin d’Eden, à n’en point douter.
Rappelons également qu’il s’était aussi fait remarquer, voilà quelques années pour une scandaleuse affaire de traitement de thérapie de réorientation sexuelle, afin de ramener des gays vers le chemin hétéro. L’idée que l’homosexualité soit une maladie qui devrait être guérie a encore de tristes soutiens dans l’église, malgré les déclarations fermes du Pape sur le sujet.
via El Independentie, Religion Digital
crédit photo : Jomarc Cala/ Unsplash
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 13/02/2002
507 pages
LGF/Le Livre de Poche
7,90 €
9 Commentaires
Carlos
10/09/2021 à 07:45
Quel rapport avec l'actualité littéraire ?
Ce type d'article ne me semble pas d'à propos sur Actualitté et n'informe aucunement sur le monde du livre.
Nicolas Gary - ActuaLitté
10/09/2021 à 08:00
Bonjour (merci de nous lire et de votre courtoisie quand vous nous interpellez pour faire des reproches qui vous semblent totalement légitimes)
Le sujet évoque bien une romancière, dont la popularité devient grandissante en Espagne depuis qu'elle se retrouve au coeur d'une affaire délicieusement scandaleuse. Il renseigne donc sur un territoire étranger et un phénomène social.
Qu'il vous paraisse trop frivole ou secondaire ou peu digne d'intérêt est regrettable, que vous vous sentiez autorisé à nous en faire part est plus amusant en revanche.
J'ajouterai que si l'humour de la situation et l'ironie vous échappent, alors relisez l'article ! :)
Mais la prochaine fois qu'un pareil cas de figure se produira, n'hésitez pas à signer votre acte de contestation avec de véritables nom et prénom. Et l'on pourra peut-être en discuter sérieusement.
Aradigme
10/09/2021 à 08:15
Bonjour Nicolas,
Vous indiquez que cet article évoque une romancière. Elle est en effet mentionnée, mais le texte semble s'intéresser plutôt à un évêque défroqué, ce qui peut en concerner certains, mais ne contitue pas nécessairement la substance première d'un magazine littéraire.
Je ne peux m'empêcher de décrypter avant tout dans votre article une volonté de ridiculiser une personne et une institution religieuse...
Je suppose que vous vous en donnez d'autant plus à coeur-joie que c'est ici sans danger, ce qui n'est pas le cas avec toutes les religions.
Salutations
Aradigme
Nicolas Gary - ActuaLitté
10/09/2021 à 08:43
Bonjour Aradigme
Bis repetita ne placent pas toujours, s'agaçait César. Lisez, je vous en prie, et avec intelligence, une série de citations, d'allusions de calembour, une volonté de rire d'une situation cocasse, mais comme je l'ai précisé précédemment : tomber amoureux est l'une des plus belles expériences. Et je me réjouis pour cet homme, qu'il fut évêque, imam, soldat, professeur de physique ou chercheur en tautologie.
R.
13/09/2021 à 08:10
Dénoncer un texte parce qu'on n'est pas d'accord ou qu'il nous dérange en accusant son auteur d'avoir un agenda caché, c'est de la cancel culture Aradigme.
Aleph
10/09/2021 à 11:07
"dans l’hypothèse où il tomberait amoureux et rencontrait une femme dont il serait fortement attiré" : "par laquelle il serait fortement attiré". Bonne journée.
Arthur Magnus
10/09/2021 à 17:13
Eh bien, écoutez, Nicolas Gary, ça va peut-être vous étonner, mais je n'ai pour ma part rien à reprocher à votre papier ci-dessus. Vous avez eu l'air de bien vous amuser, en tout cas (tant mieux). Jujube va se régaler ! (tant mieux aussi).
Forbane
17/09/2021 à 10:15
Ce qui est inquiétant, c'est qu'il soit tombé amoureux d'une femme écrivant ce genre de livres.
Cela montre une fois de plus les obsessions perverses de tant d'hommes qui se réfugient en Dieu - peut-être parce qu'ils se font peur à eux-mêmes et qu'ils se servent de la religion comme garde-fou personnel.