Au sein de la vénérable cathédrale d’Exeter dort depuis plus de 1000 ans le Codex Exoniensis, l’un des seuls manuscrits poétiques rédigés en vieil anglais. Objet de fascination pour les érudits du monde entier, le livre contient les secrets d’une langue riche et subtile aujourd’hui disparue... Et une quantité impressionnante de blagues bien salaces.
En 2016, le Livre d’Exeter était considéré par l'UNESCO comme digne de figurer au Registre de la Mémoire du Monde, une reconnaissance qui le plaçait aux côtés de la Magna Carta, la Tapisserie de Bayeux, le livre de Kells ou encore le Journal d’Anne Frank.
Rédigé à la fin du Xe siècle, le codex contient des poèmes rédigés en vieil anglais, une langue dont on garde peu de traces et qui aurait notamment fasciné l’érudit lettré qu’était J.R.R. Tolkien. Fait insolite : loin des épopées et des épithètes homériques traditionnelles, nombre de ces textes poétiques sont tournés comme des énigmes. Des jeux de l’esprit, donc, mais très peu orthodoxes....
Sur le compte Twitter Passion Médiéviste, Christophe Furon, enseignant et doctorant en histoire médiévale à Sorbonne Université, propose la retranscription d’une dizaine de ses pépites au caractère polisson.
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— Passion Médiévistes (@PMedievistes) November 3, 2020
Et si on jouait aux devinettes ? Le Livre d’Exeter du Xe siècle, est l’un des rares encore subsistant rédigé en vieil anglais et contient des poèmes. Une 100aine d’entre eux sont des énigmes dont il ne fournit pas la réponse. Mais des chercheurs en ont résolu la plupart.. pic.twitter.com/tHURrIrH4w
Pour vous mettre en jambe on vous propose celle-ci : « Souvent je fais avec grâce plaisir aux invités, dans la salle où les guerriers festoient, d’or toute parée. Parfois dans la resserre où nous sommes tout seuls, un loyal serviteur me baise sur la bouche ; avec ses doigts il me presse, il m’enlace, il fait sa volonté. »
Si la réponse n’est pas fournie par l’ouvrage, des chercheurs spécialistes se sont longuement penchés sur le texte et sont parvenus à la conclusion suivante....
... qui n'est autre qu'une coupe à boire. Volontairement tourné de manière à flatter les bas instincts des auditeurs, les textes étaient sans doute destinés à être déclamés dans un contexte festif explique l’historien : « Imaginez la scène. Quelqu’un déclame ces poèmes énigmatiques. Chacun cherche la réponse. La boisson aidant, les propositions fusent, plus ou moins grivoises, et l’on rit à gorges déployées. »
Si vous n’avez pas trouvé la solution à la première énigme ou regardé la réponse trop rapidement, on vous invite à réfléchir sur cette seconde devinette.
« Je suis une créature étrange car je satisfais les femmes, un service pour le voisinage. Personne ne souffre de moi sauf qui me tue. Dressé sur un lit, je deviens très grand. J’ai des poils en dessous. De temps à autre, une belle fille, la brave enfant d’un paysan, s’enhardit à me tenir, attrape ma peau rougeâtre, me dépouille la tête et me met au placard. Aussitôt la fille aux tresses qui m’a enfermé se souvient de notre rencontre. Ses yeux pleurent ».
Pour avoir la réponse à cette subtile interrogation, on vous invite à suivre le sujet développé par Passion Médiéviste à cette adresse. Savoir que ces textes ont été rédigés et récités par de vénérables prêtres de l’an mil donne à ces saillies une saveur toute particulière.
2 Commentaires
mamitatine
05/11/2020 à 16:26
deuxième énigme serait-elle Une brosse à cheveux ?
Brimborion
06/11/2020 à 21:37
Ah oui, parce qu'une brosse à cheveux, dressé(e) sur un lit, devient très grand(e), certes.
Et qu'on peut la tuer aussi. C'est connu.