En Italie, la maison Einaudi a publié un recueil de correspondance de l'auteur américain John Fante, sobrement baptisé Lettrere. Il était prévu qu'en couverture soit utilisée une photo de l'auteur, mais c'est celle du poète anglais Stephen Spender qui est finalement sortie des imprimantes. Une erreur signalée tout de suite sur Twitter par la maison d'édition, et qui a rapidement provoqué un débat, mais pas seulement.
Le 13/11/2014 à 10:01 par Nicolas Gary
Publié le :
13/11/2014 à 10:01
La couverture coupable
D'entre les douleurs innommables qui peuvent frapper un éditeur, retrouver des fautes, ou des coquilles, représente sans doute l'un des cauchemars les plus récurrents. Mais qu'en est-il de se tromper de couverture – et pire encore, interchanger le portrait de deux auteurs ? C'est la question que beaucoup, professionnels ou non, se posent depuis avant-hier sur les réseaux, et peut-être encore plus chez l'intéressé, la maison Einaudi.
En fait, l'une des plus importantes maisons d'édition italiennes s'est retrouvée à devoir régler un problème de couverture en urgence. Einaudi vient de publier Lettere, un recueil de lettres de l'écrivain américain John Fante, qui remontent à la période 1932-1981. Cependant, avant-hier, depuis le fil de Twitter de l'éditeur, les lecteurs ont pu lire un message particulier :
Abbiamo sbagliato la foto di copertina delle LETTERE di John Fante. Quello è Stephen Spender, non John Fante. Rimedieremo in ristampa.
— Einaudi editore (@Einaudieditore) 11 Novembre 2014
« Nous nous sommes trompés sur la photo de couverture de Lettres de John Fante. C'est celle de Stephen Spender et non de John Fante. Nous y remédierons dans la réimpression. »
Si John Fante était un auteur américain, né au Colorado, en 1909, et mort en Californie, en 1983, Stephen Spender était un poète, essayiste et critique anglais, né toujours en 1909, mais à Londres et mort en 1995. À peu près rien à voir, et aucune raison rationnelle de faire l'erreur.
Cependant, après ce moment de forte gêne, Einaudi a su réagir avec diplomatie et a montré une grande capacité de communication auto-critique. Sur le profil de Twitter on peut encore lire d'autres tweets du genre :
Se volete una copia delle LETTERE di John Fante con la copertina sbagliata vi conviene sbrigarvi.
— Einaudi editore (@Einaudieditore) 12 Novembre 2014
« Si vous voulez un exemplaire des Lettres de John Fante avec la couverture incorrecte, il faut se dépêcher de l'acheter »
Un tweet qui a déclenché aussi des doutes sur l'authenticité de l'erreur. Einaudi, aurait-il tenté le coup marketing ? L'éditeur nie cette possibilité, pour l'instant, et admet ouvertement que la photo en couverture est une erreur vraiment involontaire.
En tout cas, les bibliophiles et les lecteurs qui espèrent dans le succès de la rareté de cette édition du recueil sont déjà allés en librairie pour acheter les exemplaires « incriminés ». De fait, le classement des ventes sur Amazon Italia reflétait, par exemple, cette course à l'achat : le livre s'est retrouvé classé troisième des meilleures ventes.
Une autre confusion possible...
Par Jeremy Rozier, du CESAN (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Par Nicolas Gary
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