Le sujet ne prête pas vraiment à sourire, et partout dans le monde, les femmes s’accordent sur ce point. À l’exception de quelques rares pays — comme la France ou l’Australie — les serviettes hygiéniques restent lourdement taxées. Et encore, la TVA n’a-t-elle été que réduite, et pas abolie. Pour aller plus loin, les initiatives ne manquent pas…
Le 21/06/2019 à 12:57 par Nicolas Gary
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21/06/2019 à 12:57
C’est en 2015 qu’une mobilisation en France a obtenu que la TVA passe de 20 % à 5,5 % sur les tampons et serviettes. Une bataille remportée, mais la guerre se poursuit. Récemment, la « taxe rose » faisait l’objet d’une tribune d’Elena Dumont, candidate aux élections européennes, pour obtenir une TVA nulle sur les protections périodiques.
On comptait en 2017, dans le monde, 49,6 % de femmes. Et la moyenne d’âge des premières règles, qui était encore de 16 ans en 1750 était passée à 12,6 ans en 1994. Autrement dit, l’industrie des protections hygiéniques est florissante, et les États encaissent gentiment une TVA indue sur ces produits.
L'optimisation fiscale, contre l'imbécillité sociétale
Selon les pays, la fiscalité sévit différemment : en Allemagne, par exemple, la TVA appliquée est, étonnamment, de 19 %. Et une start-up allemande a décidé de prendre le problème à bras le corps. The Female Company est spécialisée dans la vente de tampons en coton biologique, mais a dernièrement ajouté une corde à son arc :The Tampon Book.
De par son emballage, ce coffret de tampons ne manque pas d’étonner : il s’agit d’un livre, contenant 15 tampons, accompagnés d’un livret d’une quarantaine de pages qui explique les règles (imprimé sur papier recyclé) avec des illustrations d’Ana Curbelo et la militante Alica Läuger.
Quelle est l’idée ? L’optimisation fiscale, évidemment. En effet, les livres sont taxés à 7 % en Allemagne, ce qui permet de gagner 12 points de TVA en achetant ce produit.
« Les tampons sont un luxe et les truffes ne le sont pas ? Oui, c’est malheureusement vrai », explique l’entreprise. « Mais nous avons trouvé une échappatoire ! Les livres sont taxés à 7 %. C’est pourquoi nos tampons sont maintenant livrés sous forme de livre, ou plutôt, dans un livre. De la sorte, vous économisez des taxes que vous ne méritez pas de payer. »
Coût du livre : 3,11 €, à peine plus qu’un livre de poche, mais en comparaison d’une boîte traditionnelle contenant 36 ou 56 tampons, vendus autour de 5 €, l’effort militant est tout de même coûteux.
Le premier best-seller à usage unique
Pourtant, la première commercialisation de The Tampon Book s’est écoulée en une semaine à plus de 10 000 boîtes. Et les réseaux sociaux n’y sont pas du tout étrangers. Doublée d’une pétition, qui a récolté quelque 177.000 signatures (et qui réclame un passage à 7 % de TVA), la communication fonctionne à plein.
L’agence Scholz & Friends, qui est à l’origine du produit. Elle vient d’ailleurs d’être récompensée par le Grand Prix, remis lors des Cannes Lions, pour saluer l’effort de relation presse.
« Nous pensons que The Tampon Book est un excellent exemple de communication moderne. Il associe la créativité de l’art aux relations publiques et nous espérons que c’est également une invitation à l’artisanat des RP, à se rapprocher de la communauté créative. Les deux métiers vont de pair. Et c’est le genre de magie qui peut en découler », assurait Michelle Hutton, présidente du jury de PR Canes Lions, rapporte AdWeek.
Alors question : si des pays comme le Canada, l’Inde ou le Kenya, peuvent abolir la TVA sur les serviettes… qu’est-ce qu’attend donc le reste du monde ?
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
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