Connu de longue date pour ses propriétés antibactériennes, le wasabi sert désormais à épicer sushis et autres sashimis. Au Japon, on l’intègre également dans des pâtisseries. Cependant, celui que l’on consomme en Occident n’a rien de commun avec la production de l’Archipel, la plante s’exporte très mal. Pourtant, il aurait des vertus insoupçonnées, dans la protection des papyrus anciens, apprend-on.
« Le wasabi peut être considéré comme un biocide sûr afin de maîtriser la biodégradation de papyrus archéologiques comportant des dessins », assurent les chercheurs dans une publication du Journal of Archaeological Science. Envisagé comme fongicide, le wasabi a été expérimenté sur des papyrus illustrés et d’autres comportant uniquement du texte.
Sur une période de 72 heures, un traitement à base de vapeur de wasabi a été appliqué sur des copies de test : le constat des scientifiques est sans appel. La croissance microbienne a été éradiquée de 100 %, tout en préservant totalement la couleur des documents, révèlent-ils, le cœur léger.
De fait, la conservation de ces vestiges venus d’Égypte et de la Méditerranée pose de sérieux problèmes : matériau organique, puisque composé de cellulose, de lignine et autres, le papyrus avait de multiples usages, dont celui de recueillir des textes. Or, tous les éléments qui le composent (dont la colle à base de plantes ou d’origine animale) le rendent particulièrement sensible aux risques de biodégradations.
Comprendre : bactéries, champignons ou algues s’y développent avec délectation. Leur présence entraîne alors des dégâts esthétiques (tâches, dépigmentation, etc.), autant que structurels (craquelures, désagrégation, etc.). La moisissure, ce champignon qu’on adore dans le roquefort, devient leur principal ennemi : les infestations se manifestent tout d’abord sur les côtés des papyrus, avant d’en gagner le centre.
Mais ils poussent aussi dans les couches, en profondeur, aggravant les risques de perdre totalement ces témoignages anciens. Les méthodes pour enrayer ce mécanisme ne manquent pas, mais seuls les biocides naturels répondent aux exigences de sécurité, tant pour l’objet que pour les humains. Et c’est ici qu’intervient le wasabi.
Le groupe de recherche s’intéresse aux propriétés de la plante depuis longtemps, pour le traitement de divers objets historiques. Leur hypothèse fut donc de puiser dans les ressources du wasabi : un mélange de poudre (à 60 %) et d’eau a été préparé pour ce faire. Ensuite, des échantillons de papyrus furent produits pour simuler un débarquement fongique et vérifier si cette attaque serait stoppée.
Au terme de leur expérience, les résultats sont plus qu’encourageants : aucun changement de couleur ni sur les illustrations ni pour les textes n’a été observé. Pas d’altération non plus de la matière même et les perspectives sur le long terme n’indiquent aucun dommage collatéral sur la base d’un vieillissement artificiel d’une centaine d’années.
Crédits photo : Musée du Papyrus à Syracuse (Sicile) - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Clément Solym
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