Si l’engouement pour la cigarette électronique ne semble pas faiblir, le recul autour de cet usage très récent manque pour connaître avec certitude les conséquences de son usage à long terme. Cependant, au regard de la cigarette classique, le gain est considérable pour la santé.
Le 05/01/2024 à 10:23 par Victor De Sepausy
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05/01/2024 à 10:23
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De nombreux professionnels agissant autour du sevrage tabagique prônent l’usage de la cigarette électronique. La vapote, ou vapotage, comme on préfère, en suivant le néologisme apparu à la fin des années 2000, dans le sillage du verbe vapoter, a désormais le vent en poupe. A voir le nombre croissant d’enseignes en centre-ville (près de 3000 tout de même) vendant des cigarettes électroniques et du liquide, il est certain qu’il s’agit d’une mode bien ancrée dans les habitudes de consommation des Français. On estime aujourd’hui à trois millions le nombre de vapoteurs dans l’Hexagone. A mettre en regard avec les quinze millions d’adeptes de la bonne vieille cigarette…
La cigarette électronique, souvent présentée comme une alternative au tabac traditionnel, suscite toujours de nombreux débats et discussions en raison de ses avantages potentiels et des incertitudes liées à ses effets à long terme. La vapote est généralement considérée comme moins nocive pour la santé que la cigarette traditionnelle. Les liquides sont vendus en ligne, comme sur Elf bar, et le consommateur a un choix presque infini de parfums. Elle ne produit pas de goudron ni de monoxyde de carbone, deux des composants les plus dommageables du tabac, ce qui pourrait réduire les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Les e-liquides utilisés dans les cigarettes électroniques sont disponibles avec différentes concentrations de nicotine, offrant ainsi aux utilisateurs la possibilité de réduire progressivement leur dépendance à la nicotine, voire de choisir des e-liquides sans nicotine. Contrairement au tabac traditionnel, la cigarette électronique ne produit pas de fumée, mais plutôt une vapeur qui se dissipe plus rapidement. Cela réduit les odeurs persistantes sur les vêtements, les mains et dans l'environnement.
Les e-liquides sont disponibles dans une large gamme de saveurs, offrant aux utilisateurs une expérience personnalisée et la possibilité d'explorer différentes saveurs sans la combustion de substances nocives. En raison de l'absence de fumée secondaire et de l'odeur réduite, la cigarette électronique est souvent mieux acceptée socialement que le tabac traditionnel. Certains endroits publics autorisent même l'utilisation de la cigarette électronique là où le tabac est interdit.
Cependant, il est important de noter que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement les avantages et les risques à long terme de la cigarette électronique. Les opinions sur son utilisation divergent, et des préoccupations subsistent concernant la sécurité à long terme, en particulier chez les jeunes. Les personnes envisageant d'utiliser la cigarette électronique devraient prendre en compte ces considérations et consulter des professionnels de la santé pour prendre des décisions éclairées. Il suffit de se tourner sur les décennies qui se sont écoulées pour voir le temps qu'il a fallu pour faire changer le regard sur la cigarette classique. Pendant longtemps, on pouvait presque librement faire la publicité pour encourager sa consommation...
Le guide pratique de la cigarette électronique (MA Editions, 2014, 212 pages, 9,90 €)
Signé Olivier Abou, ce petit ouvrage offre une synthèse bienvenue en matière d’usage de la cigarette électronique. Sa lecture vous permettra de faire des choix éclairés afin que le vapotage devienne un plaisir, et remplace, à terme, l’usage du tabac classique, bien plus dangereux pour la santé.
Si l’usage de la vapote comporte un coût, avec l’achat du matériel et du liquide, cela n’a rien à voir avec le fait de fumer des cigarettes. Votre porte-monnaie vous remerciera pour les économies ainsi générées. A vous ensuite, le soin de doser le niveau de nicotine pour, progressivement, vous sevrer de cette substance fortement addictive. Il s’agit de laisser place au plaisir de fumer, tout en se libérant de toutes les contraintes et de toutes les conséquences néfastes liées à la fumée du tabac.
La Vérité sur la cigarette électronique (Fayard, 2013, 168 pages, 20 €)
Voici un ouvrage éclairant sur la question du vapotage. Avec une préface signée par le docteur Gérard Mathern, pneumologue et tabacologue, ce livre fait le tour de la question sur les dangers liés à l’usage de la cigarette électronique. L’auteur, Jean-François Etter, professeur de santé publique et politologue, cherche à proposer une synthèse sur l’état des connaissances autour d’un fait nouveau, dont on ne sait pas bien encore apprécier avec justesse les conséquences à long terme.
Si l’on présente la cigarette électronique comme une solution pour arrêter de fumer du tabac, alors le gain est considérable pour la santé publique, et la mortalité due au tabac devrait sensiblement baisser. Mais il ne faut pas, en revanche, présenter l’usage de la vapote comme une solution miracle, et surtout, ne pas banaliser son utilisation.
La cigarette électronique, une solution pour remplacer le tabac
Autrement dit, si l’on ne fume pas, il n’y a aucune bonne raison de se mettre à la cigarette électronique. En revanche, si l’on est un fumeur, et que l’on n’arrive pas, depuis des années, à arrêter de fumer, la cigarette électronique peut intervenir, avec bénéfice, comme solution provisoire, pour sortir de la dépendance. Mais, le but ultime doit bien être d’arrêter tout usage, que ce soit celui de la cigarette classique ou celui de la cigarette électronique. C'est bien ce qui ressort des études mises en avant par le Centre de luttre contre le cancer Léon Berard.
Or, avec le développement commercial de la vapote, il s’avère qu’aujourd’hui, des jeunes commencent à vapoter. Ils entrent donc dans la consommation de ce type de produit, non pour réduire une dépendance existante, mais dans un principe de plaisir qui pourrait, à long terme s’avérer addictif. En effet, ils s’habituent à inhaler de la nicotine, ce qui a un fort pouvoir addictif.
Une balance bénéfice-risque positive pour la société entre tabac et vapote
Pour certains chercheurs, là aussi, c’est finalement bénéfique pour la société dans son ensemble. A une autre époque, ces jeunes auraient consommé des cigarettes classiques, et comme la vapote est moins nocive, on reste gagnant en termes de santé publique. Toutefois, ce qui continue de poser question, ce sont les effets à long terme.
En effet, on sait seulement aujourd’hui que certains composés chimiques contenus dans le liquide de vapotage, tels que la glycérine végétale et le propylèneglycol, sont couramment utilisés de manière sûre dans des produits tels que les cosmétiques et les édulcorants. Cependant, les conséquences à long terme de leur inhalation demeurent inconnues et font l'objet d'une évaluation continue.
Des risques moindres de cancer à long terme
L'utilisation à long terme des vapoteuses semble présenter un risque de cancer significativement inférieur à celui associé aux cigarettes de tabac traditionnelles, bien que non nul par rapport à l'abstention de l'utilisation de vapoteuses. Des informations supplémentaires sont requises pour mieux définir les risques de cancers, notamment à partir de cohortes de vapoteurs exclusifs n'ayant jamais fumé. Et c’est bien là une denrée rare, ce qui complique l’évaluation des risques. En effet, les vapoteurs sont souvent, voire presque toujours, d’anciens fumeurs...Alors, qui incriminer, si un fumeur a fumé pendant dix ans du tabac, et pendant dix ans des liquides pour la cigarette électronique ?
Il est impératif de recueillir des données supplémentaires afin de préciser les risques de cancers, notamment provenant de cohortes de vapoteurs exclusifs qui n'ont jamais fumé. La présence de formaldéhydes, classés comme cancérogènes par le CIRC, ainsi que de constituants potentiellement mutagènes (humectants et arômes) et cytotoxiques, pourrait avoir une incidence sur le risque de cancer, particulièrement en cas d'utilisation prolongée des vapoteuses. Les cancers nasopharyngés, des sinus et des voies respiratoires supérieures pourraient être particulièrement touchés, étant les sites où la concentration de formaldéhydes est la plus élevée.
Des risques difficiles à évaluer face à des consommateurs usagers du tabac et de la vapote
En ce qui concerne d'autres types de cancers, il n'existe actuellement aucune donnée évaluant le risque. Il reste à déterminer si les niveaux d'exposition sont suffisamment élevés pour contribuer à cette cancérogenèse.
Comparativement, les cancers liés au tabac résultent de la présence de nombreuses substances cancérogènes telles que le benzène, l'arsenic, le chrome, le monoxyde de carbone et les particules fines, produites par la fumée principale responsable de maladies cardiovasculaires, d'insuffisances respiratoires et de cancers pulmonaires. Ces substances ne sont pas présentes à des taux significatifs dans la « vapeur » des e-cigarettes, ce qui suggère une réduction potentielle de ces risques chez les fumeurs de tabac qui adoptent l'e-cigarette.
Cependant, les effets sur la santé d'une utilisation prolongée de ce dispositif restent inconnus, d'où la prudence des experts sanitaires qui la déconseillent actuellement aux non-fumeurs. A moins que vous souhaitiez jouer le rôle de cobaye humain...Et c'est bien la situation actuelle. Si le boom de la cigarette électronique a donné lieu à de nombreuses publications au début des années 2010, les experts de tout poil ne risquent plus vraiment leur plume aujourd'hui sur ce sujet. Et le calme plat qui règne sur la question doit nous alerter, et pousser tout du moins à la vigilance.
Crédits illustration Pexels CC 0
7 Commentaires
Nicolas P
06/01/2024 à 09:03
Les dommages sur la santé humaine du tabac est avéré depuis plusieurs décennies et de depuis peu nous savons aussi comment l'industrie du tabac est désastreuse pour notre environnement. Quid cigarettes électroniques?
Sur la santé humaine encore beaucoup d incertitudes mais quel impact la fabrication de la e-cigarette a sur la santé de nôtre planète. Dommage que cet article n'en parle pas, peut être faute de connaissance sur le sujet?
Aurelien Terrassier
28/02/2024 à 00:46
Nicolas P Vous posez de bonnes questions et en particulier celle dont pas grand monde ne parle c'est le coût écologique de la fabrication des cigarettes électroniques. Une grande partie des médecins disent bien que si la vape est considéré comme un sevrage tabagique cela doit durer un an minimum, au delà il y a un risque de rechute...
fabien
06/01/2024 à 14:34
Cependant, il est crucial de souligner que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer pleinement les avantages et les risques à long terme de la cigarette électronique. Les opinions divergent et des préoccupations subsistent, notamment en ce qui concerne la sécurité à long terme, surtout chez les jeunes. Les utilisateurs potentiels devraient prendre en compte ces considérations et consulter des professionnels de la santé pour des décisions éclairées. Le temps nous dira si le vapotage deviendra une alternative sûre et durable à la cigarette traditionnelle. cbdtech
Jasper the disaster
07/01/2024 à 17:58
J'ai lu un livre il n'y a pas longtemps avec une thèse vraiment éclairante : il ne faut pas fumer, c'est meilleur pour la santé. Parfois, il y a des trucs pas évidents à formuler et puis on a une Epiphanie, et là, la puissance du message vous prend et ne vous repose pas au même endroit.
Aurelien Terrassier
22/02/2024 à 17:16
C'est rare quand je parle de moi ici mais là c'est l'occasion. Après tant de tentatives d'arrêter de fumer, je suis à la vape depuis plus d'un an et je ne fume plus aucune cigarette depuis le 5 novembre 2023. En ce moment, je suis progressivement en train d'arrêter la vape depuis quelques jours. Je ressens depuis quelques jours beaucoup moins de manque et j'ai meilleur appétit aussi depuis quelques mois maintenant. Beaucoup de médecins s'accordent pour dire de ne pas vaper plus de 5 ml par jour et que cela doit durer un an en tant qu'alternative au sevrage tabagique classique comme les patchs ou les substituts de nicotine. Ce que les pro-tabac et les pro-vape pour beaucoup ne vont jamais évoqué ce sont les plantes de phytotherapie comme la passiflore, la valériane et la camomille, le kudzu et la griffonia qui aident aussi à arrêter le tabac. La vape n'est cependant pas l'alpha et l'oméga pour arrêter le tabac car il existe aussi des substituts de tabac, des plantes à fumer la sauge ou le lotus bleu mais cela doit rester dans le cadre d'un sevrage tabagique. Tout ce qui est fumable même des substituts de tabac est quand même cancérigène. Concernant la vape, il y a aussi des cas de maladies pulmonaires minoritaires toutefois mais il existe suite à des excès de personnes ayant vaper beaucoup d'e-liquide avec un fort taux de nicotine voir du Cbd et comme pour le tabac les cas de vapotage passif existent aussi donc il ne faut pas s'étonner si des personnes ne supportent pas l'odeur mieux vaut les respecter en s'éloignant lorsque l'on vape.
Jasper the disaster
28/02/2024 à 09:57
Le tabac, depuis Aristote et Molière, est le meilleur ami de l' homme. Vapoter, pour moi, c'est non. On a l'impression de fumer un talkie walkie. J'ai toujours trouvé les vapoteurs ridicules. Dans la vie, il faut assumer ses vices, c'est une question morale
Aurelien Terrassier
20/04/2024 à 13:23
Jasper Rhe Disaster Votre commentaire est intéressant sur les gens qui vapotent. Tout en sachant que des cigarettes au thé et au ginseng se vendent dans certains pays et qu'en France des substituts de tabac comme le lotus bleu et la sauge sont en vente, la vape n'est donc pas le seul moyen d'arrêter. Pour ma part je dois dire que c'est efficace et le plus dur maintenant serait que je m'en passe entièrement ce qui n'est pas si simple à part des inhalateurs aux huiles essentielles de menthe, je n'ai rien vu d'aussi crédible pour remplacer la vape.