Le volume des transactions ne cesse d’augmenter de par le monde, et il est de plus en plus difficile de s’y retrouver, et d’y voir tout simplement clair. Qui fait quoi avec l’argent de qui ? Dans ce dédale, qui peut laisser un brin perplexe, il peut être pertinent de s’aider du regard posé de quelques experts.
Le 10/04/2024 à 13:21 par Victor De Sepausy
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10/04/2024 à 13:21
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Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à un développement spectaculaire d'une finance mondialisée. Ce phénomène s'est caractérisé par l'interconnexion croissante des marchés financiers à l'échelle mondiale. Les avancées technologiques, en particulier l'informatisation des transactions, ont considérablement réduit les barrières géographiques, permettant aux investisseurs et aux acteurs financiers d'opérer à l'échelle internationale en temps réel. Les bourses mondiales sont devenues interdépendantes, réagissant instantanément aux événements économiques et politiques, créant ainsi un réseau financier global.
Une finance de plus en plus mondialisée
Un élément clé du développement de la finance mondialisée réside dans l'émergence de la Finance 2.0, alimentée par des innovations telles que la technologie blockchain. Les cryptomonnaies, comme le Bitcoin, ont ouvert la voie à des transactions financières décentralisées et à une forme de monnaie numérique transcendant les frontières nationales, avec une multiplication presque infinie des plateformes disponibles et des conseils en la matière, avec un processus simple expliqué en 1 minute et accessible même aux débutants. La blockchain, en tant que registre décentralisé et sécurisé, a permis de repenser les systèmes de règlement et de compensation, offrant des solutions potentielles aux défis de la finance mondialisée, tels que la rapidité des transactions et la confiance entre les parties prenantes.
Cependant, le développement de la finance mondialisée a également été accompagné de risques significatifs. La déréglementation financière, visant à stimuler l'innovation et la compétitivité, a parfois conduit à des excès et à des comportements spéculatifs. Les crises financières, comme celle de 2008, ont mis en lumière les vulnérabilités d'un système où les risques peuvent se propager rapidement à l'échelle mondiale. Les acteurs financiers opèrent souvent au-delà des frontières nationales, rendant les mécanismes de régulation nationaux moins efficaces dans un contexte globalisé.
Une complexité accrue du système
Aujourd'hui, la finance mondialisée pose des défis complexes aux régulateurs, aux institutions financières et aux économies nationales. La recherche d'un équilibre entre l'innovation, la stabilité financière et la protection des investisseurs est un enjeu majeur. Les discussions se multiplient autour de la nécessité de réformes réglementaires internationales pour mieux encadrer les flux financiers transfrontaliers et minimiser les risques systémiques. La finance mondialisée, bien qu'offrant des opportunités considérables, nécessite une gouvernance adaptée pour assurer sa durabilité et sa résilience face aux défis économiques, technologiques et géopolitiques.
Autour de la blockchain se déroule actuellement l’évènement Paris Blockhain Week (PBW) 2024. Parmi les thèmes à aborder, on aura : la finance décentralisée, les investissements macro dans les projets Web3, l’intelligence artificielle, le Web3 dans les entreprises du Luxe et des jeux, le MiCA et autres régulations européennes, les futures infrastructures de paiement dans la Blockchain, etc.
La blockchain à l'honneur
Au cours de cet évènement, des stratégies seront mises en place pour favoriser l’adoption de masse. L’éducation des investisseurs reste l’une des priorités des pères de l’industrie crypto. En effet, l’étude menée par l’OCDE et publiée en novembre 2023 par l’AMF montre que de nombreux crypto-investisseurs ont des connaissances limitées sur l’investissement.
Le Paris Blockchain Summit 4ᵉ édition a eu lieu le 25 novembre 2023. L'événement a rassemblé
1200 participants, 300 entreprises et 150 investisseurs. Il s’agit du plus ancien événement international dédié à la technologie Blockchain en France. Des experts du domaine y étaient présents. Mais ce sont surtout ceux du domaine de la Finance qui étaient le plus représentés. Le Crédit Agricole, Standard Chartered Bank, True Global Ventures et plusieurs autres ont tous envoyé au moins un représentant.
Le Capitalisme sans capital (PUF, 366 pages, 2019, 24 €)
Avec pour titre original Capitalism Without Capital : The Rise of the Intangible Economy, cet ouvrage a été écrit par les spécialistes Jonathan Haskel et Stian Westlake, et publié en 2017. Dans ce livres, les auteurs explorent une transformation majeure de l'économie moderne, mettant l'accent sur le rôle croissant des actifs immatériels dans le capitalisme contemporain.
Les auteurs commencent par remettre en question la notion traditionnelle du capital, souvent associée à des actifs physiques tels que des usines ou des machines. Ils soutiennent que dans l'économie actuelle, les investissements immatériels tels que la recherche et développement, la formation, les logiciels et les bases de données jouent un rôle central. Ces actifs immatériels, bien qu'essentiels pour la productivité et l'innovation, présentent des défis particuliers en termes de mesure et de valorisation.
L'ouvrage explore les implications de cette transition vers une économie dominée par les actifs intangibles, soulignant les changements dans la nature du travail, les modèles d'investissement, et les politiques publiques nécessaires pour stimuler la croissance dans cette nouvelle ère. "Capitalism Without Capital" offre ainsi une perspective novatrice sur l'évolution de l'économie contemporaine, remettant en question les paradigmes traditionnels et invitant à repenser les politiques économiques et les stratégies d'entreprise à la lumière de cette transformation.
La financiarisation : capital contre travail (L’Harmattan, 2010, 134 pages, 13.27 €)
Les défis économiques tels que les crises financières, les délocalisations, les prélèvements indus, l'exploitation par la ruse de certains pays, les spéculations sur les monnaies, les marchés financiers, ainsi que sur les marchés des matières premières et des produits alimentaires avec leurs conséquences néfastes telles que la misère et les famines, sont inhérents à un contexte où l'économie mondiale est fortement liée à la finance. C’est la thèse développé dans ce ouvrage éclairant par Elie Sadigh.
Dans cette perspective, certains acteurs financiers ont acquis une influence majeure, dictant les orientations économiques et financières tant au niveau national qu'international. Ils promeuvent, à l'aide de théories économiques sans fondement rationnel, l'idée que l'épargne, donc la financiarisation, est indispensable dans une économie en constante évolution, et que la libre circulation des capitaux financiers stimule la croissance économique mondiale.
L’autrice, maître de conférences à l’Université de Bourgogne, remet en question ces postulats, démontrant que l'épargne n'est pas une nécessité absolue, qu'elle peut réduire les profits des entreprises, et que l'absence d'épargne rend les entreprises, envisagées dans leur globalité, indépendantes du marché financier. Ainsi, il remet en cause la pertinence absolue de la Bourse et souligne comment les systèmes bancaires nationaux et le fonctionnement du système monétaire et financier international actuel favorisent la financiarisation. Elie Sadigh propose des réformes de ces systèmes et expose une approche rationnelle pour articuler les systèmes bancaires nationaux et le système monétaire et financier international.
L'esprit malin du capitalisme (284 pages, Litos, 2022, 8.90 €)
Voilà un dernier petit ouvrage fort instructif sur les mouvements en cours pour ce qui est du capitalisme et de sa progressive financiarisation. Il s’agit de la version de poche revue et augmenté de ce livre publié avec succès en 2019. Pierre-Yves Gomez, qui est professeur à l’EM Lyon business school, s’interroge sur les multiples évolutions connues par les économies mondiales au cours des dernières décennies.
L'avenir qui s'annonce est d'une telle prospérité que les préoccupations concernant l'accumulation des dettes semblent futiles, car les performances exceptionnelles à venir les effaceront naturellement. En dépit de l'impact potentiellement néfaste de l'humanité sur la planète, la technologie promet de régénérer et d'"augmenter" l'homme sans difficulté majeure. Ces perspectives optimistes découlent du capitalisme spéculatif qui, au cours des dernières décennies, a exercé son influence maligne sur la sphère financière, l'économie réelle et la société dans son ensemble.
Transformant radicalement le travail, la consommation, les entreprises, les mentalités et la vie quotidienne, il a forgé une société matérialiste, fébrile et fataliste. Se manifestant tour à tour sous les traits de la financiarisation puis de la digitalisation en réaction aux crises, il se prépare déjà à sa prochaine mutation. Chaque fois, il nous offre l'espoir d'un avenir salvateur tout en sous-entendant que seule une adaptation humaine permettra d'en bénéficier. Ce récit narre inéluctablement ce destin, de ses origines à un dénouement tout aussi inéluctable.
Crédits illustration Pexels CC 0
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
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