Le Salon du Livre de Paris n'est pas encore devenu un lieu de passage obligatoire pour les politiques, mais les ministres de la Culture s'y donnent rendez-vous chaque année. Fleur Pellerin n'y a pas coupé, et on a fait les poissons-pilotes.
Le 20/03/2015 à 10:34 par Antoine Oury
Publié le :
20/03/2015 à 10:34
Fleur Pellerin, au Salon du Livre de Paris 2015 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Arrivée à 18 heures avec une bonne demi-heure de retard, Fleur Pellerin s'est prêtée avec bonne volonté au jeu du bain de foule industriel. Car ce ne sont pas les badauds qui se bousculent pour poser avec la ministre, mais plutôt les décideurs de l'édition.
Escortée par Bertrand Morisset, commissaire général du Salon du Livre, et Vincent Montagne, président du Syndicat national de l'édition, Fleur Pellerin a claqué des mains et des bises avec :
Sylvie Marcé (Belin)
Hervé Rony (Scam, CPE)
Marie Sellier (CPE)
Matthieu de Montchalin (SLF)
Alain Kouck (Editis)
Hervé de la Martinière
Antoine Gallimard
Philippe Robinet (Kero)
Liana Levi
Françoise Nyssen (Actes Sud)
Vincent Monadé (CNL)
Au diable vauvert
Sans oublier les livres offerts, et portés... par un conseiller. « Vous ne l'avez pas en poche ? », tente-t-il au bout d'un moment.
Et quelques autres auteurs ou éditeurs, non identifiés. Non identifiés, parce qu'entre les gardes du corps et les chers confrères, un essaim se forme vite autour de la ministre.
Et Modiano? RT @edesplanques: Vu: Fleur Pellerin au Salon du livre avec le roman de @titiou sous le coude. pic.twitter.com/psBb1rZFJt
— Mettout (@Mettout) 19 Mars 2015
Il faut dire qu'accéder aussi facilement et rapidement à la ministre est assez rare, et les lobbys de tous bords en profitent. Nous mettons ces extraits-là, comme ça, véridiques et prononcés à l'attention de la ministre. Vous pouvez même faire le jeu de qui a dit quoi :
On a fait une réunion avec vos collaborateurs ce matin, et tous les ayant droits, on a constaté qu'il y a des coups de butoir qui sont en train de fonctionner à la commission, il y a des choses qui bougent. Virginie R. me disait que même sur la directive commerce électronique, la responsabilité des intermédiaires, ça bouge.La première étape c'est de dire : « Attendez, c'est pas parce que vous aurez modifier 4 exceptions obligatoires en Europe que vous aurez résolu le problème. » C'est un discours qui commence à passer. Il parait même qu'il y a des notes internes qui commencent à passer à la commission, pour dire « Ohlala, doucement... »
[Après Charlie Hebdo, les librairies] ont été des lieux où les gens ont voulu communier. Ce n'est pas le bon mot, mais on a vu des gens arriver, qui pleuraient, qui voulaient être là, avec nous, parce que la librairie c'est un lieu où on répond à des questions. Ca semblait naturel à beaucoup de gens. On a accueilli énormément de gens, qui voulaient juste passer du temps, pas forcément acheter un livre.
Le groupe réalise 90 % de chiffre d'affaires en Europe, [...] ce qui va se passer en Europe touche à 90 % nos activités, donc on compte sur vous.
La hausse des tarifs postaux, ça a été rapidement résolu, grâce à votre conseiller.
On n'hésite pas à aller dans le too much, à en faire trop, tant que la ministre se souvient et pèse en la faveur du lobbyiste.
On fait des blagues, aussi.
Blague réussie
Blague pas réussie
Deux discours de Fleur Pellerin, pendant cette visite : le premier, sur le stand du Brésil, pays invité, fleurait bon la dissertation longuette. Trop de noms d'auteurs, pour soutenir le fonds. Heureusement, celui du ministre brésilien est resté à la hauteur : coopération renforcée entre les deux pays, remerciements, autosatisfaction...
Le second, réalisé sur le stand du CNL pour quelques journalistes, n'a pas brillé non plus par son originalité. Mettre des livres dans les mains des enfants grâce aux bibliothèques (mais réduire les dotations aux collectivités), et les deux sujets dont on va se repaître, pour les prochains mois : droit d'auteur et TVA. Et le parcours complet, à peu de choses près :
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