Quelle année pour Camille de Peretti : après le Prix des romancières, et du roman Marie Claire, et avant Le Nice Baie des Anges, son neuvième et dernier roman en date, L'Inconnu du Portrait, est lauréat du Prix Maison de la Presse 2024. Un prix très particulier pour l'écrivaine, a-t-elle confié à l'occasion de la 55e cérémonie de remise de la récompense littéraire, ce 14 mai, à laquelle ActuaLitté a été conviée.
Le 17/05/2024 à 18:22 par Hocine Bouhadjera
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« Un prix immense, et d’autant plus touchant pour moi que c’est un prix populaire, et je viens d’un milieu populaire », confie Camille de Peretti, les larmes dans la voix et les yeux, avant de partager, avec la même émotion : « Ma mère n’avait pas la possibilité de lire comme elle le désirait, car sa mère venait éteindre la lumière, et lui dire d’arrêter, car c’était “pour les fainéants”. Ce qu’elle n’avait pas le droit de faire, il fallait que ma sœur et moi, on l'atteigne. »
Avant qu'elle et sa petite soeur ne réussissent tous leurs examens, « parce qu’on était de très bonnes élèves, tous les soirs, avant le bac ou le concours de Normale Sup, ma mère s’asseyait sur le bord de leur lit et racontait toujours la même histoire : que son père, mon grand-père, ne savait ni lire ni écrire, et signait les documents administratifs avec une croix. » Une maman qui renouvelait sa surprise, avec ses filles, du chemin parcouru : « Imaginez ce soir, le chemin il est là ! »
La lauréate a aussi tenu à remercier son éditrice depuis son premier roman, Delphine Mozin : « Elle a été la première à croire en moi il y a presque 20 ans, et il faut comprendre à quel point ces gens changent tout dans vos vies. » Une anecdote : « Je venais de publier mon premier livre, et on était assis sur les marches de feu Virgin Megastore, dans l’emplacement sur les Champs Elysées sera peut-être repris un jour par une Maison de la Presse, sait on jamais, et j’avais dit, “est-ce que vous pensez que je pourrais écrire mon deuxième livre”. Elle m’avait dit “bien sûr, puisque vous êtes écrivain”. J’avais trouvé ça fou. Ce sont des phrases comme ça qui changent votre vie, alors merci. »
Elle exprime encore toute sa reconnaissance pour toute l’équipe Calmann-Lévy, « qui me porte, me soutient. Ils sont tellement géniaux, enthousiastes, m'appellent tout le temps en ce moment ». Et son mari et ses enfants, « sans lesquels ses livres auraient été écrits beaucoup plus rapidement » (Rires) ». Mais aussi parce qu'ils « ne seraient pas les mêmes, en tant qu’ils sont une constante source d’inspiration. Je leur dois beaucoup, mes personnages aussi ». Et enfin le jury du Prix Maison de la Presse, bien sûr, qui a choisi de récompenser son neuvième roman.
L'une de ses membres depuis 4 ans est Delphine Dauque, gérante de la Maison de la Presse du Touquet depuis décembre 2015. Celle qui est heureuse de retrouver chaque année les autres membres du jury pour de discuter des titres en lice, se dit ravie de ce choix : « Car comme la présidente Agnès Martin-Lugand l’a expliqué, c’est un roman romanesque. » Et de rappeler, à la suite de la lauréate, que le Prix Maison de la Presse est un prix populaire : « Son texte entre totalement dans ce critère », juge-t-elle.
Cette récompense littéraire privilégie régulièrement les jeunes plumes, « mais c’est aussi intéressant de faire découvrir des auteurs, même si c’est un neuvième roman, afin de mettre encore plus en lumière une figure qui le mérite », continue la Touquettoise. À cette politique des jeunes auteurs du prix, Camille de Peretti : « C’est presque un premier roman, vu tout ce qui m’arrive depuis sa publication. »
Olivier Place, fondateur de la Librairie Du Village à Créteil en 2017, adhérent au groupe NAP, et membre du jury pour la première fois, est tout aussi ravi du résultat : « J’ai trouvé ce roman formidable. Une épopée, le livre le plus littéraire de la sélection. Ce n’est pas méprisant pour les autres candidats, mais je pense que c’est celui qui se tient le mieux. »
Au sujet de sa première expérience en tant que juré, Olivier Place a souhaité pointer en premier lieu « à quel point Agnès Martin-Lugand a été une présidente du jury remarquable, très respectueuse des débats, très à l’écoute. Une preuve d’empathie, d’intelligence ».
Et de conclure, avec un hommage à la littérature populaire, à travers le roman de Camille de Peretti : « C’est un livre magnifique. Un livre qui est fait pour les Maisons de la Presse aussi, grand public, populaire, et ça aussi c’est quelque chose qui me plaît, car j’ai commencé ma carrière chez Flammarion, et dans cette maison, on aimait la littérature populaire, de qualité, et je retrouve tout à fait ce qui a motivé mon engagement dans ce métier. »
Le Président du groupe NAP, responsable du développement et de l'animation des enseignes Maison de la Presse, Mag Presse, et Point Plus, Arnaud Ayrolles, confirme la dimension populaire portée par le prix : « Célébrer la culture dans les territoires, qui pour moi sont des mots qui vont de paire. C'est notre slogan au quotidien. Le groupe, ce sont près de 1200 commerçants dans les territoires, indépendants, qui essayent de faire rayonner la presse et la librairie. »
Il profite également de cette remise du prix pour réaliser un état des lieux : « Le marché du livre se porte bien, même si on constate une légère baisse ce début d’année, mais le groupe s’en sort bien, avec des maisons de la presse qui se sont récemment modernisées et continuent à progresser dans le marché de la librairie. »
Le Prix Maison de la Presse a reçu pas moins de 72 romans en début d’année, avec une première sélection en mars par un comité de lecture, puis le choix de 6 finalistes.
L'inconnu du Portrait de Camille de Peretti sera à présent mis en avant par les enseignes du groupe NAP, et ce au moins jusqu'à la fin de l'été.
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Crédits photo : ActuaLitté.
Paru le 03/01/2024
357 pages
Calmann-Lévy
21,50 €
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