Après trois ouvrages finalistes choisis dans chaque catégorie, le moment est venu pour le jury du Prix Émile Guimet de délibérer, pour élire deux écrivain.es qui représentent le mieux la littérature asiatique contemporaine. La remise de prix aura lieu ce jeudi 29 février, au musée.
Depuis 2017, décerné par le musée national des arts asiatiques - Guimet, le prix récompense une œuvre littéraire proposant une point de vue contemporain sur l'Asie. Ce prix est attribué à l'œuvre récente d'un écrivain asiatique, traduite et publiée en France, qui se distingue par son originalité.
Le jury était composé de Laure Adler, journaliste et autrice, mais aussi de Yannick Lintz, présidente du Musée, de Pierre Haski (journaliste reporter), de Nicolas Idier (écrivain et sinologue), de Didier Pasamonik (éditeur et journaliste), de Constance Riviere et Ryoko Sekiguchi, autrice et traductrice japonaise.
Mais le jury n'a pas été exclusivement seul pour établir la sélection de 2024 : un Comité de lecture composé de onze personnes (mêlant le public, la Société des Amis du musée ainsi que des salarié.es du musée) a présélectionné les neuf ouvrages, ces derniers s'étant réuni.es en septembre et novembre derniers.
Le prix de la catégorie Roman est décerné à Han Kang pour ses Impossibles adieux, titre paru en août dernier aux éditions Grasset, à l'origine en Corée du Sud, puis traduit du coréen par Kyungran Choi et Pierre Bisiou :
Un matin en décembre, Gyeongha reçoit une nouvelle inattendue de son amie Inseon, l'informant qu'elle est actuellement hospitalisée à Séoul. Cela fait plus d'un an qu'elles ne se sont pas retrouvées, depuis leur séjour sur l'île de Jeju, le lieu de résidence d'Inseon. Clouée au lit, Inseon supplie Gyeongha de se rendre immédiatement à Jeju par le prochain vol pour secourir son perroquet blanc, menacé de mort par le manque de soins.
Cependant, à l'arrivée de Gyeongha, une tempête de neige frappe l'île, entravant sa quête désespérée pour atteindre la demeure d'Inseon, avec le vent glacial et les rafales de neige qui la freinent sous la tombée de la nuit. Elle lutte contre le temps et les éléments, se demandant si elle réussira à sauver le perroquet et à survivre au froid mordant qui l'enserre à chaque pas.
Ce qu'elle ignore, c'est qu'un secret encore plus sombre l'attend chez son amie : une histoire familiale terrifiante soigneusement archivée, révélant l'un des massacres les plus tragiques de l'histoire coréenne, avec 30 000 civils communistes tués entre novembre 1948 et début 1949.
L'autrice naît à Gwangju en 1970. Elle entame des études de littérature à l'Université de Yonsei, à Séoul, avant de publier son premier roman à 24 ans. Sa renommée internationale s'affirme en 2016, année où elle remporte le Booker Prize, une distinction de haut prestige, pour son ouvrage La Végétarienne. En 2023, Han Kang est recompensée par le jury du Prix Médicis, également grâce à Impossibles adieux. Elle est à l'heure actuelle l'une des figures littéraires coréennes les plus éminentes, ses nouvelles publications étant des événements majeurs tant dans son pays natal qu'à l'échelle globale.
Pour cette édition, la catégorie « Roman graphique » a vu le jour, en élargissant les récits contemporains écrits, vers davantage d'images. Pour cette catégorie, le jury s'est tourné vers le tome 3 de Le fils de Taiwan, scénarisé par Yu Pei-Yun et mis en dessin par Zhou Jian-Xin, paru aux éditions Kana à Taïwan, puis traduit du taïwanais par An Ning.
Suite à sa sortie de l'île Verte, Kunlin se lance dans le monde de la traduction et de l'édition de manhuas, contribuant significativement à l'expansion et au succès de la bande dessinée à Taïwan. En 1966, il fonde le magazine Prince, visant à soutenir les jeunes artistes de bande dessinée touchés par le chômage à cause de la censure.
une figure clé méconnue derrière l'épopée de l'équipe de baseball espoirs Hongye, initiateur du magazine Prince et cible de répression politique. Ce volume, le troisième de la série, se concentre sur la période de 1961 à 1969. La trajectoire de sa vie offre une fenêtre sur le Taïwan contemporain, dépeignant un tableau où, malgré les sombres épreuves, la persévérance et l'espoir demeurent indéfectibles.
Yu Pei-Yun, poétesse dédiée à l'univers de la jeunesse et aux chants d'amour, trouve un plaisir particulier à réciter ses œuvres. Passionnée de photographie, elle considère l'éphémère beauté des nuages et de l'aurore comme les spectacles les plus éblouissants du monde.
Titulaire d'un diplôme en langues étrangères de l'Université nationale de Taïwan et d'un doctorat en sciences humaines de l'Université d'Ochanomizu, Japon, elle occupe aujourd'hui le poste de professeure à l'institut de littérature de jeunesse de l'Université nationale de Taitung. Outre ses activités de recherche et d'enseignement sur la littérature et la culture jeunesse, elle s'investit dans la curation, l'édition, la création, la traduction et la critique littéraire pour enfants.
Pour rappel, le jury avait présélectionné trois autres titres pour cette 7e édition :
Roman
La cité de la victoire, de Salman Rushdie, éditions Actes Sud, Inde (traduit de l’anglais par Gérard Meudal)
Des chevaux et du vent, de Akiko Kawasaki, éditions Picquier, Japon (traduit du japonais par Patrick Honnoré et Yukari Maeda)
Roman graphique
Les Daronnes, de Yeong-shin Ma, éditions Atrabile, Corée du Sud (traduit du coréen par Hyonhee Lee)
La lauréate de l'édition précédente était Shubhangi Swarup, pour son roman Dérive des âmes et des continents, paru aux éditions Métailié et traduit par Céline Schwaller.
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Par Noémie Wuchsa
Contact : nw@actualitte.com
Paru le 23/08/2023
336 pages
Grasset & Fasquelle
22,00 €
Paru le 25/08/2023
192 pages
Dargaud
18,50 €
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