UkraineUnderAttack – « Quelle connerie, la guerre. » Comment mieux s’accorder avec Prévert alors que depuis un mois maintenant, les forces militaires russes dévastent l’Ukraine ? Entre la peur du recours aux armes chimiques, le marasme d’une armée passablement désorganisée et la résistance ukrainienne inattendue, tout s’enlise. Et Vladimir Poutine dénonce la Cancel culture, qui après avoir frappé Rowling, sévit contre la Russie. Sauf que… non.
Le 26/03/2022 à 12:36 par Nicolas Gary
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26/03/2022 à 12:36
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À l’occasion d’une rencontre à la télévision avec des personnalités culturelles russes, le président Poutine est parti en roue libre. Les médias du pays font ainsi état d’une comparaison des plus audacieuses entre l’image que l’Occident peint de la Russie poutinienne et le principe de Cancel Culture.
Selon Vladimir, le monde entier se liguerait contre lui, avec une certaine idée en tête. « Ils tentent d’effacer notre pays. Je parle de discrimination progressive, vis-à-vis de tout ce qui concerne la Russie — une tendance qui se constate dans un certain nombre d’États occidentaux. » Une référence difficile à manquer, pointant la culture de l’effacement ou culture de l’annulation — méthode visant à dénoncer publiquement un comportement, un fait historique, un élément social, présenté comme intolérable, en vue de le faire disparaître.
[NdR : on lira à ce titre l’excellent, voire indispensable ouvrage de Laure Murat, Qui annule quoi ?, collection Libelle chez Seuil.]
Le Kremlin aurait ainsi souligné que l’on s’en prenait aux grands compositeurs russes tels que Tchaïkovski, Chostakovitch et Rachmaninov, dans cette perspective de balayer la culture russe. Ne pouvant empêcher les militaires de sévir, le monde détruirait ainsi les marqueurs issus de la Russie, pour la réduire à néant et faire pression sur la politique en vigueur.
Vladimir ajoute alors : « Ils [les pays occidentaux] ont récemment annulé Joanne Rowling, l’auteure jeunesse. Ses livres sont publiés dans le monde entier. Uniquement parce qu’elle n’a pas satisfait aux demandes sur les questions de droits et de genres. » L’allusion est grossière, mais remonte évidemment aux déclarations perçues comme transphobes de la romancière, lesquels ont depuis entraîné une exégèse sans fin.
À LIRE : Rowling, reflet d’un monde patriarcal
Cette même Cancel culture qui a sévi contre Rowling se répercuterait à présent sur la Russie de Poutine — laquelle deviendrait victime d’une forme d’intolérance, sous-entend le président. Inutile de revenir sur l’épisode Rowling, ce dernier est amplement connu et ne se résoudra jamais — alors que la romancière a, plusieurs fois, nié toute forme de transphobie.
En revanche, se retrouver de la sorte utilisée par le dictateur russe a provoqué une pointe d'agacement chez l’auteure britannique. Et dans un tweet sans concession, elle rétorque : « Les critiques portant sur la Cancel culture occidentale ne sont pas les meilleures quand elles viennent de ceux qui massacrent actuellement des civils — dont le crime est de résister à une invasion — et empoisonnent leurs détracteurs. »
Une autre allusion aux méthodes du Kremlin pour faire disparaître les opposants — le dernier en date étant l’activiste Alexeï Navalny, hospitalisé suite à un empoisonnement avec un agent neurotoxique, le novichok, en août 2020. Le tout accompagné du hashtag #IStandWithUkraine ne laissant pas de doute sur son engagement du côté des agressés...
En outre, la romancière a souligné qu’elle avait organisé un appel aux dons pour les orphelins du pays. À travers son association Lumos, elle s’est elle-même engagée à verser jusqu’à 1 million £, qui s’ajoutera à la somme collectée.
« Les enfants piégés dans les orphelinats et autres institutions sont particulièrement vulnérables en ce moment », a-t-elle ajouté. « Merci beaucoup, à tous ceux qui ont déjà fait un don suite à l’appel de Lumos pour l’Ukraine. »
DOSSIER - La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine
DOSSIER - La guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine ou la Russie impériale
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 07/01/2022
41 pages
Seuil
4,50 €
2 Commentaires
Forbane
28/03/2022 à 11:00
Poutine a raison sur une seule chose et c'est celle-ci.
La culture de l'effacement est le propre des dictatures (et aussi de la bêtise).
Yahin BRUIH
28/03/2022 à 15:55
C'est marrant mais on dirait que Vladimi il a un problème d'identité.
Mais ça c'est russe! Ça vient du truc qui anime, qui fait que tu es, que nous sommes, qui valide chez les homo sapiens : l'âme.
Ça fait des lustres que les slaves se demandent quoi faire de l'âme russe. C'est pas un hasard si le grand petit homme y cite des musicos. La musique et l'âme, gros business, sans vouloir soûler... Mais y cite pas les bons, little big man! Non, la "soul russe" elle est ţigan (tsigane pour ceux qui aiment la phonétique) et klezmer. C'est comme l'ardeur, la fougue, la flamme russe, elle s'écrit Kozak en ukrainien. Et la liste est longue, c'est à croire que l'bortsch c'est pas russe. Même les polaks discutent question vodka avec des sacrés arguments. C'est dingue, l'apport, l'apport quoi ; ça fait un sacré bail que ça dure et Poupou comprend toujours pas? Et avec lui le grand père de Moscou, le sage gélule? Ça m'étonne...
Avec leurs cauchemars LGBT je me demande si en fin de compte Titine nous couve pas une petite transition de genre. Ou alors ce sont des imbéciles? Si c'est le cas, ils devraient en toutes logiques affirmer dans les prochains jours, (si ils sont toujours au niveaux 1 de Call Of Duty) que c'est les russes qui ont inventés les échecs. À voir...