L’écrivain Mahir Guven entend protester à sa manière contre la Loi Immigration : ce 25 janvier, le Conseil constitutionnel rendra sa décision sur la validité du texte. Pour l’occasion, l’auteur de Grand frère (Goncourt du premier roman 2017) se servira de son nouvel ouvrage, Rien de personnel, pour questionner le Conseil des Sages.
Le 22/01/2024 à 11:55 par Nicolas Gary
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Publié le :
22/01/2024 à 11:55
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Le livre est tout juste paru aux éditions JC Lattès : un témoignage qui découle de sa propre expérience tant d’immigration que d’intégration, telle que sa propre famille l’a vécue en France. Né à Nantes en 1986, de parents réfugiés turcs et kurdes, il partage les moments marquants de son enfance : le chagrin de sa sœur qui se désespère de ne pas avoir la peau blanche, les moqueries cruelles des enfants l’appelant « Saddam Hussein », et les pierres lancées en signe de rejet.
Il parle aussi d’André, le professeur de français de sa mère, qui lui insuffle le plaisir de l’apprentissage. Il s’agit du parcours d’un adolescent, découragé par un enseignant de poursuivre des études générales, autant que d’un jeune homme, à qui l’on conseille de ne pas outrepasser sa condition sociale malgré ses rêves d’écriture.
En tant qu’écrivain français, il fait face à des stéréotypes, étant présenté comme turc dans les médias allemands. Malgré ces épreuves, il trouve du soutien et de l’encouragement, symbolisés par des « bonnes fées ». Avec la naissance de sa fille, il s’est alors penché sur la question des origines.
« Et vous, connaissez-vous la vie des immigrés ? » Voici la question posée à travers les 250 pages de cet essai. Voici également comment ces pages serviront à l’installation qu’il montera devant le Conseil constitutionnel, ce 23 janvier, vers 18h (2 rue de Montpensier, 75001 Paris).
Cette version géante — 6 mètres sur 10 — sera temporairement présentée sur la place Colette, avant que les Sages ne rendent leur décision. Elle contiendra ni plus ni moins que l’intégralité de son récit, depuis son arrivée en 1984, en retraçant le chemin qui les fit devenir français, sa famille et lui.
Et d’ajouter : « Nous voulons à cette occasion poser une question simple : peut-on légiférer sur la vie d’hommes et de femmes sans connaître leurs histoires ? Au-delà du concept vague, faussement menaçant, “d’immigration”, qui sont ces êtres humains venus chercher une vie meilleure sur notre sol et étreindre le rêve français ? »
La monumentale installation, baptisée Il suffit de lire, offre une opportunité de plonger dans l’histoire d’une famille immigrée en France, une histoire qui raconte celle de millions d’autres — ou comment sa famille devient porteuse d’une vérité universelle. Sur une feuille de papier immense, on parcourra l’ensemble de l’ouvrage, pour une lecture aussi singulière qu’immersive.
Le livre sera par la suite déplacé et exposé au musée de l'Histoire de l'immigration du 24 au 28 janvier puis à L’Atelier bergère (33, rue de Trévise, 75009)
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Mahir Guven travaille comme directeur éditorial du label La Grenade, fondé en 2019 au sein des éditions Lattès, « qui publie des auteurs issus de la diversité culturelle, sociale et géographique », rappelle le Palais de la Porte Dorée. Or, ce projet d’ouvrage géant, il l’avait déjà mis en oeuvre avec Ceci est un roman, autre exposition de 2022, réutilisant son précédent livre, Les Innocents (à paraître chez Livre de poche ce 13 mars).
Ce 21 janvier, une journée de mobilisation en France aura réuni entre 75 et 150.000 (chiffres de la police VS CGT), faisant suite à la première manifestation du 14 janvier. Le passage en force de la législation, le 19 décembre, aura abouti à un texte « rédigé sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de “préférence nationale” », déplorent les organisations à l’origine de cet appel.
Le président de la République avait lui-même reconnu des « dispositions contraires à la constitution », impliquant de solliciter l’examen du Conseil constitutionnel, que préside Laurent Fabius depuis 2016.
Crédits photo : Mahir Guven © Patrice Normand
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 16/03/2022
280 pages
Grasset & Fasquelle
24,00 €
Paru le 10/01/2024
248 pages
Jean-Claude Lattès
20,00 €
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Aurelien Terrassier
22/01/2024 à 13:57
Face à une loi honteuse et xénophobe qui confirme une fois de plus que ce gouvernement est de plus en plus proche de l'extrême droite en reprenant certaines de ses idées, Mahir Guven a eu une belle idée! Tout en souhaitant qu'une grande partie de cette loi honteuse et inacceptable soit censurée par le Conseil constitutionnel, ce livre géant va peut être faire réfléchir une partie de l'opinion publique bernée par les médias Bollore.
Rose
23/01/2024 à 10:34
Oui, c'est une bonne idée ! Un bon livre pour réfléchir...Et prendre de l'envergure.
Comme le dit si bien Camille Étienne, il n'y a pas d'étrangers sur la terre, il y a des humains.
Et il y a aussi d'autres êtres vivants si beaux que l'on aime beaucoup et que l'on protège de toutes nos forces.
Ce sont toujours ces mêmes humains qui en martyrisent d'autres, qui détruisent tout, qui font honte avec leur esprit sale et mesquin ; ces trouillards qui deviennent fascistes.
DenizK
24/01/2024 à 20:38
C'est une bonne idée ! Un bon livre pour réfléchir.