Libri Liberi est une librairie unique en son genre, que sa fondatrice Annal Hilbe porte depuis des années : elle était déjà en 1977 à l'origine de l'aventure de la Libreria delle donne di Bologna. Toutes les dépenses restent à sa charge, mais plusieurs bénévoles l'aident à maintenir l'établissement.
Le 03/03/2024 à 10:52 par Nicolas Gary
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Publié le :
03/03/2024 à 10:52
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Le pacte avec les lecteurs est simple, ici : entrer, emporter l'ouvrage que l'on a choisi. Mais l'établissement doit sa pérennité à ce que d'autres avant ont déposé des ouvrages achetés, reçus ou trouvés, pour que le catalogue soit constamment alimenté. En somme, dans cette librairie, les livres s'échangent les uns contre les autres, de sorte que personne ne les paye jamais.
Installée dans le centre historique de la ville, Libri Liberi propose de la lecture sans échange économique. Elle s’est pourtant ouverte dans la rue Fondazza, célèbre pour la Social Street — à une quinzaine de minutes à pied de la Piazza Maggiore.
L’année de sa création, une autre librairie s’était ouverte à Naples, LibriLiberi in Movimento : elle repose sur un modèle similaire, qu’un groupe d’amis a décidé d'explorer. « L’idée est de produire ensemble un lieu d’intégration pour les jeunes, mais pas à travers un cheminement artistico-éducatif », expliquaient ses fondateurs à ActuaLitté.
Mais qu’importe d’être le premier ou d’avoir inspiré (ou de s’être inspiré) : Libri Libreri à Bologne attire des visiteurs de toute l’Italie. Anna Hilbe avait elle-même découvert ce concept avec un établissement de Baltimore. Il y a cinq ans, elle a cru en ce projet, s’inspirant d’une librairie de Baltimore et La Libreria delle Donne reposait déjà sur ce fonctionnement. Elle fut rapidement reconnue pour son engagement dans la diffusion culturelle.
On y feuillette les titres sans contrainte, à la recherche d’une rencontre ou en flânant sans but. Quand on trouve, on échange : la pratique du bookcrossing, en vigueur depuis des années désormais fait toute l’identité du lieu.
Chacun prend sans l’obligation de rapporter, mais si l’on aime l’endroit, on n’embarque rien sans échanger. Les dépenses liées au loyer et aux services sont toutes à la charge d’Anna Hilbe, et l’on se demande encore comment le projet fonctionne. L’intelligence et le respect des utilisateurs comme modèle économique, il fallait y croire.
Avec quelque 2000 titres constamment accessibles, et malgré la gratuité, les règles sont strictes. Tout d’abord, Libri Liberi est ouverte cinq heures par jour, le matin de 10 h 30 à 12 h 30 et l’après-midi de 16 h à 19 h. Elle s’appuie sur des volontaires, qui rendent effectivement le service possible, qui malgré la gratuité est soigneusement réglementé. Enfin, interdiction d'emporter plus de trois livres à la fois.
Pas de financements pour y parvenir et pas de réponses à des appels d’offres : Anna Hilbe préfère l’indépendance et l’engagement des volontaires. Étant donné la diversité de l'offre, les utilisateurs sont également divers : de la jeune maman à l’ancien, des étudiants universitaires aux amateurs de cinéma et de photographie.
En entrant dans ce royaume, on est accueilli par cette phrase : « Ce livre ne s’achète et ne se vend pas. » Une belle expérience qui permet non seulement d’encourager à la lecture, mais aussi de créer une communauté de lecteurs vivante et variée.
Crédits photo : Libreria Libri Liberi
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
24 Commentaires
Michel
03/03/2024 à 16:57
"Libri Liberi propose de la lecture sans échange économique."
Constat faux. Comme dit l'autre, il n'y a pas de repas gratuit !
Cette entreprise n'échange pas un livre contre quelques billets, mais contre un autre livre, qui a une valeur semblable. Condition nécessaire pour que l'affaire fonctionne.
Le troc est un échange économique. Rustique mais équilibré.
Il y a une lacune intellectuelle dans le fait de sublimer l'échange qui se ferait sans pièce ni billet.
On est anti-capitaliste, on refuse de se brûler les doigts avec le diable-argent... Et on ne se rend même pas compte qu'on s'illusionne.
Kali
03/03/2024 à 22:21
Oui c'est vrai mais dans la logique capitaliste il y a un principe d'accumulation et de thésaurisation que ce libre échange tente de désamorcer ou de contourner. Pour ma part je trouve que même si le titre accrocheur devrait contenir plus de nuance, c'est chouette d'arriver avec un livre et de repartir avec un autre. J'aimerais bien trouver l'équivalent dans ma ville.
Jerry
04/03/2024 à 08:57
Il y a les boîtes à livres
Raymond Tamisier
04/03/2024 à 06:29
En effet ! Il y a illusion si on ne prend pas en compte la dimension marchande du livre, inscrite dans sa nature même, ( pour moi, ancien libraire...)
Pour que le livre existe, et puisse se prêter, s'échanger, il faut d'abord qu'il ait été produit, inscrit dans une chaîne de valeur aux multiples acteurs, qui en vivent parce que c'est leur métier, parce qu'ils savent le fabriquer et le mettre en circulation, tout simplement en le portant à la connaissance de ses publics. Pas de livres sans acte marchand, désolé pour cette défense du capitalisme !
(Il n'y a pas très loin du commerce des livres au commerce des idées)
Michel
04/03/2024 à 14:11
Ne soyez pas désolé - si votre regret est autre chose qu'une formule rhétorique.
Si nos civilisations en sont là aujourd'hui, c'est grâce au capitalisme pour le commerce des livres (ou des choses plus généralement) et au libéralisme pour le commerce des idées.
Pour paraphraser Bossuet :
- Dieu se rit (aussi) des hommes qui chérissent les effets dont ils déplorent les causes !
Nicolas Gary - ActuaLitté
04/03/2024 à 07:56
Bonjour,
Je vais persister : l'échange n'est pas obligatoire, on peut prendre dans cet établissement jusqu'à trois livres sans contrepartie. Et pire, on peut même en apporter sans en prendre en retour.
C'est précisé et souligné dans l'article.
Le troc n'est donc pas le modèle économique de cet établissement, je crains que vous vous mépreniez.
Michel
04/03/2024 à 13:52
J'avais bien compris. C'est comme les boîtes à livres. Qui ne fonctionnent que si tout le monde joue le jeu. Individuellement, on peut prendre sans rien donner. Comme donner sans rien prendre.
Mais l'économie de l'affaire (au sens étymologique "administration de la maison") repose bien sur le troc, collectivement.
Et si ce n'était pas le cas, sur la durée, l'affaire ne serait pas viable. Comme toujours quand on dépense plus que ce que l'on gagne.
Amandine
04/03/2024 à 02:38
Une belle idée qui en somme est le concept d une bibliothèque. : d3s livres a disposition, une relation de confiance avec l usager, la gratuité, le caractère social.... A la différence près qu on peut garder l'ouvrage lu. Si j ai l occasion je découvrirai ce lieu avec grand plaisir.
Michel
04/03/2024 à 13:57
Il me vient à l'esprit les mots de Hollande : "c'est gratuit, c'est l'Etat qui paie !".
Une bibliothèque ne repose pas sur un échange économique direct - livres contre livres ou livres contre argent.
Mais sur un impôt, dont quelqu'un décide, quelque part, qu'il va l'utiliser pour subventionner une bibliothèque.
Dans ce cas, le payeur est un contribuable. Dans l'autre, c'est un consommateur.
Rose
04/03/2024 à 07:37
Par là en France, il y a des boîtes à livres, on en prend autant que l'on veut, on en rapporte, on en donne, on en parle, on échange et quelquefois on garde un livre vraiment génial un peu plus longtemps et puis on se dit allez je le rends, faut partager. C'est libre et gratuit.
Michel
04/03/2024 à 14:02
Ça n'est gratuit qu'en apparence. D'abord parce que ces livres, il a bien fallu les acheter.
Ensuite parce que le système ne peut être entretenu que s'il est équilibré - il faut qu'il entre au moins autant de livres qu'il en sort.
Rose
05/03/2024 à 07:51
Bien sûr que tous les livres ont été achetés au départ, même la boîte à livres est vendue à une municipalité, dans mon coin il y en a plusieurs et ce sont des bénévoles qui gèrent le stock de livres. Pour les donations, même les bibliothèques désherbent et alimentent le circuit. Quelquefois, de vieux livres de plus de cinquante ans apparaissent dont on n'avait jamais entendu parler. Bref, cela reste une belle initiative.
Serge Lemieux
04/03/2024 à 12:08
génial, nous avons eu mon ami Stef, moi et un voisin une librairie de rue pendant 7 mois...mais on a
arrêté quand les gens ont commencé à déposer des sous vètements et autres articles du genre...on avait même des brasieres enfin passons ou est situé cette librairie!!!
Erwan Berric
04/03/2024 à 14:41
Très chouette, mais les gens devraient se rendre compte que, telle une loi de physique, la conservation de l'énergie à un niveau constant dans un système ouvert, n'est possible qu'avec un apport constant, d'énergie, aussi faible soit il..
En d'autres termes, rien n'empêche le visiteur d'apporter un, deux, dix bouquins en échange de celui qu'il va emporter, d'amener un gros thermos de café, un gros tupperware de pasta ou de hachis parmentier, un cageot d'oranges etc. Cela peut sembler symbolique, mais ce qui nous différencie de l'AI ou de l'animal, c'est le côté catalyseur des symboles.
Pauline
04/03/2024 à 15:38
Je connais ce genre de troc avec les bibliothèques de jardin ou de rue ,mais la libraire ne paie pas le loyer avec des livres !
Et les bénévoles, c' est du travail non- payé.
J'espère que cette institution rapproche des livres et de la lecture des familles qui en sont éloignées ,dans une très belle ville ,où il y avait il y a déjà longtemps une librairie tous les 200 m...
Bravo en tout cas !
Marc Georges
04/03/2024 à 23:38
Bof, bof. L'idée peut sembler généreuse, mais elle est prétentieuse dans sa présentation. En réalité ce n'est qu'une forme de bibliotheque. Sauf que cette librairie fonctionne en "parasite" oubliant que pour que le livre existe, il faut que l'auteur et l'imprimeur en vivent. Dans son modèle, ce n'est pas le cas. Elle bénéficie de l'effort qu'ont fait d'autres en achetant les livres qui arrivent dans cette "librairie". L'idée est généreuse et utile, car tout ce qui contribue à la circulation des livres est bon pour le livre. Par contre l'appellation librairie n'est pas judicieuse, l' appellation "club ou cercle littéraire" me semble plus approprié.
Francis
05/03/2024 à 10:49
Notre association Livres nomades fonctionne depuis plusieurs années à Niort avec des boîtes à livres au bord de la Sèvre ouvertes de mai à septembre les jours de marché et j'ai personnellement ouvert dans mon garage à Parthenay un espace proposant gratuitement environ 2500 ouvrages. C'est une ""boîte a livres géante " .
Je suis très heureux de participer à ce mouvement bienveillant qui permet à la culture d'être"dans la rue " .
Rotschi Michèle
05/03/2024 à 12:27
Mais quelle idée merveilleuse ! Dommage qu une semblable librairie n existe pas à Paris , j y aurais participé avec plaisir...Bravo !!!
Mirou ber
08/03/2024 à 12:32
Je trouve l'idée absolument géniale !! Pouvoir donner le goût de la lecture à des jeunes et moins jeunes sans faire intervenir la notion marchande est vraiment magnifique !!!
Dommage que j'habite si loin de cette librairie car j'y serais bien allée pour aider!
Bonne continuation
Mireille
Vivi
08/03/2024 à 13:40
Merveilleuse initiative, bravo
Lina
10/03/2024 à 19:06
J ai trouvé ce concept extrêmement intéressant et incroyable.
C est la rencontre des livres, et des personnes qui lisent dans un contexte innovant et silencieux...
Les boîtes à livres sont si tristes et vides de ce qu il y a de plus important, la présence humaine même silencieuse.
Bravo à vous Anna Hilbe.
Lina
La journaliste parle bcq trop rapidement et bcq trop c est dommage. On n arrive pas à comprendre dans ce torrent de mots quelle question pertinente elle pose puis il reste très peu de temps pour l essentiel la réponse. Quel dommage !!
En tout cas très inspirant dans ce monde qui change si rapidement et où avec très peu d argent il semble que l on ne puisse rien faire...
Merci à des gens comme vous Anna Hilde.
Séverine
11/03/2024 à 11:28
Formidable idée et magnifique engagement, tout ce que j'admire est là...
Jak Lebon
15/03/2024 à 12:57
Si Monoprix pouvait passer au gratuit, ce serait sympa, merci par avance à la direction d'entendre le message.
#Oncrèveladalle
Katarina
18/03/2024 à 07:50
Merci pour les nombreux commentaires intelligents: ce genre de Magazin ne peut exister que sur la base du commerce de livres dans le cadre du capitalisme.
Personnellement, je n'y trouve que rarement des choses, même si j'ai fait des découvertes dans des boîtes à livres. Il me faut en général des livres SPECIFIQUES non seulement pour la recherche. Pour ceci, il existe des réseaux comme Momox ou booklooker.de, ce dernier uniquement en pays germanophones. Momox achète et revend, donc on peut y trouver des ouvrages scientifiques parfois épuisés.
booklooker.de est un réseau de libraires et bouquinistes indépendants suisses, allemands et autrichiens. On vend du neuf et de l'ancien, même des particuliers peuvent vendre. Tous les 2 ont des listes de recherche. Une fabuleuse façon de faire opposition à Amazon! Et souvent moins cher. Absolument à imiter en francophonie.