Le 37e Prix Jean Freustié a été attribué à Mark Greene pour son récit Réel Madrid (Plein Jour) à la majorité absolue au premier tour de scrutin a précisé Simonetta Greggio, présidente du jury, entourée des jurés : Christian Authier, Dominique Barbéris, Franck Maubert, Olivier Mony, Henri-Hugues Lejeune, Anthony Palou, Eric Neuhoff, Yann Queffélec et Philippe Vilain lors de la réception dans les salons de l’Hôtel Pont Royal.
Le 20/03/2024 à 17:59 par Hocine Bouhadjera
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Simonetta Greggio a précisé qu’elle était « fière, en tant qu’écrivaine, de soutenir grâce à la Fondation Prix Jean Freustié sous l’égide de la Fondation de France le travail d’un écrivain par une belle dotation (25.000 euros). Prix qui, au fil des années, a pris toute sa place dans notre paysage littéraire ».
A l’occasion du 110e anniversaire de la naissance de Jean Freustié, un hommage a été rendu à l’écrivain par Yann Queffélec en présence d’Alain Chaume, Président de la Société historique de Libourne et auteur de Jean Freustié - itinéraire d’un écrivain girondin.
Christian Authier a salué le lauréat : « Remarquable romancier, Mark Greene est peut-être encore plus éblouissant quand il emprunte le registre du récit. Après Comment construire une cathédrale, en voici la preuve avec Réel Madrid, souvenirs de son enfance et de sa jeunesse dans la capitale espagnole durant les années 1960 et 1970. (...) Si Mark Greene a un regard perçant pour saisir les moments de bascule historique, il est d’abord un écrivain sensible au temps, aux ombres, au passé ‘rehaussé de couleurs vives’. Réel Madrid nous rappelle que la littérature est affaire de style ».
Le récit Réel Madrid est le 9e ouvrage de l’écrivain franco-américain Mark Greene, né à Madrid en 1963 et vivant entre Paris et Madrid. Ses deux derniers romans ont été publiés chez Grasset.
Je suis né à Madrid, dans les années soixante. Franco était encore au pouvoir et, de temps en temps, son cortège passait devant ma fenêtre. Quelquefois, ma mère et moi nous descendions pour voir de plus près. Je n’oublierai jamais cette attente, le défilé des limousines sur l’avenue. Paradoxalement, nous habitions un quartier d’étrangers et d’artistes où régnait une atmosphère authentiquement cosmopolite, une réelle décontraction. Un quartier qu’on appelait plaisamment Costa Fleming parce qu’on s’y sentait, disait-on, tous les jours en vacances. La vie, lorsqu’elle n’est pas corsetée par l’idéologie, nous réserve parfois des surprises. Je ne crois pas à la liberté absolue, qui ressemble trop à un rêve de toute-puissance, mais j’aime les parenthèses, les clairières du temps, quand les certitudes desserrent leur étreinte et laissent aux individus le loisir de respirer et d’inventer.
J’évoque ici une période particulière de l’histoire de l’Espagne, les deux décennies comprises entre 1965 et 1985, qui sont aussi les années de mon enfance et de ma jeunesse. La dernière séquence du franquisme, la transition démocratique, la tentative de coup d’État, la Movida... En ce temps-là, les pays occidentaux semblaient encore très différents les uns des autres, et l’Espagne était l’un des plus singuliers. Depuis, une certaine uniformisation est à l’œuvre. Doit-on s’en réjouir, le regretter ? Il n’est pas interdit, en tout cas, de se souvenir.
- Présentation de Réel Madrid, de Mark Greene
Initié en 1987 par Nicole Chardaire-Vitoux, Frédéric Vitoux, et Bernard Frank, le prix Jean Freustié fut établi en honneur de l'écrivain Jean Freustié (1914-1983), avec la collaboration étroite de son épouse, Christiane Teurlay-Freustié, et un jury formé de romanciers, journalistes littéraires et proches de Freustié, dans le but de célébrer sa mémoire. En 1996, Christiane Teurlay-Freustié, décédée en 2010, fonde la Fondation Prix Jean Freustié sous l'égide de la Fondation de France pour assurer la continuité du prix.
La gestion du fonds est assurée par cette fondation, avec Pia Daix en tant que secrétaire générale du jury, veillant au respect des volontés de la fondatrice et à la préservation de l'héritage de Jean Freustié. Grâce à un financement généreux, le prix se distingue comme l'un des plus dotés en France, avec une récompense de 25 000 euros.
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Attribué à un auteur francophone pour une œuvre de prose (roman, recueil de nouvelles, autobiographie, ou essai), le prix vise à reconnaître et promouvoir un talent prometteur ou à encourager un écrivain dont le travail, bien que méritoire, n'a pas encore été salué par les grands prix littéraires d'automne. Cette distinction se fonde sur une tradition d'introspection clairvoyante, caractéristique de Jean Freustié.
Pour l'année 2023, Maud Simonnot a été distinguée lauréate grâce à son roman L'Heure des oiseaux, publié aux Éditions de L'Observatoire.
Crédits photo : librairie mollat (CC BY 3.0) / Crédit couverture : Philippe Lakits
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Paru le 15/09/2023
166 pages
Plein Jour
16,00 €
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