Jean Eustache, Un amour si grand

Philippe Azoury

« Frappez fort, comme pour réveiller un mort. » Un mot collé à la porte avant un suicide un 5 novembre, celui du maître Jean Eustache. Comme Jacques Rigaut, le 6 est une erreur.

Jean Eustache a réalisé l’un des films les plus importants du cinéma français, La maman et la putain (peut-être mon film français préféré), et un seul autre véritable long-métrage autobiographique, Mes petites amoureuses. Sinon, un documentaire sur sa grand-mère, des courts métrages ou des œuvres hybrides comme l'important Une sale histoire : moitié fiction, moitié document.

En faisant jouer exactement la même scène par des acteurs, et celui qui a écrit le monologue face à un auditoire qui le découvre réellement, on réalise l'extrême apport de l'improvisation, de la spontanéité, imposées par des cinéastes comme Jean-Luc Godard. Mieux que de l'acteur studio, du réel dans des yeux exorbités et vivants.

Le grand ami de Jean-Jacques Schuhl est raconté avec force de détails par Philippe Azoulay, de ces électrochocs supposés pour éviter la Guerre d’Algérie, en visitant la bande de la Nouvelle Vague, et à partir de ces films passés à la moulinette.

L’anti-Truffaut montre l’humiliation, sa jeunesse, la marginalité, avec un baroque plus ou moins net, mais toujours présent. Si vous voulez tout connaître du cinéaste finalement assez mystérieux, de ses œuvres qui rejaillissent enfin, cet ouvrage est une mine.

En fond, toute une époque, et dans le fond, des références pointues pour soutenir une réflexion sur Jean Eustache, et plus généralement l’art cinématographique. « Qu’importe qui parle ! »

 
 

Une michronique de
Hocine Bouhadjera

Publiée le
03/07/2023 à 12:05

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Jean Eustache

Philippe Azoury

Paru le 23/06/2023

352 pages

Capricci Editions

23,00 €