La source de nos peurs. Saint-Syméon

Dans le noir et blanc, on ressent parfois plus de malaise qu’avec la couleur, quand il s’agit d’ambiance — en particulier quand il s’agit d’ambiances versant doucement, mais résolument, vers l’horreur. Le travail réalisé avec La source de nos peurs puise dans les frayeurs de l’enfance, entre abandon et solitude : au milieu d’un orphelinat tout à la fois souvenir et être vivant.

Un ancrage réel permet à la fiction de se déployer plus largement : le Rosaire qui l’inspire (Sciernes d’Albeuve dans le Canton de Fribourg, Suisse) sert aux forces de police pour des exercices ou l’entraînement de chiens. Si le lieu fut réellement mis en vente, sans jamais trouver preneur, il profite dans cette bande dessinée d’une vitrine exceptionnelle.

L’éditeur ne trompe personne : on croise (presque) Tim Burton, Edgar Allan Poe ou HP Lovecraft et bien d’autres références. Et les deux auteurs ont prévu de partir, à compter de ce premier volume, vers d’autres espaces et vestiges de Suisse, oubliés, chargés d’histoire, de légendes, de secrets. Le tout dans une synergie culturelle où se rattachent des mythes d’Amérique du Sud.

« Les lieux abandonnés forcent la fascination ; ils invitent à la peur. Qu’ils soient en ruine, inaccessibles ou encore en parfait état, ils nous poussent à les investir d’histoires », assure Nicolas Dimeo. L’orphelinat Saint-Syméon l’illustre parfaitement. D’autant que le livre bénéficie de solutions multimédias qui le rendent plus interactif encore — sans aucune obligation d’usage. Mais la fête n’en est que plus folle…

 

Une michronique de
Audrey Le Roy

Publiée le
25/01/2023 à 10:45

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La source de nos peurs. Saint-Syméon

Nicolas Di Meo, Hélia Aluai

Paru le 08/09/2022

112 pages

Antipodes

26,00 €