Qui est la véritable « Reine du crime » ? Longtemps, ce fut la plus célèbre des romancières du genre, Agatha Christie. Jusqu'à ce que l'auteure Val McDermid, une autre Britannique, d'Écosse cette fois, hérite du titre. Si cette distinction reste simplement honorifique, on ne plaisante pas avec les appellations aristocratiques : les éditeurs de McDermid auraient reçu une lettre des représentants de l'écrivaine disparue pour qu'ils cessent de s'approprier ce titre pour leur autrice.
Le 06/09/2022 à 10:55 par Hocine Bouhadjera
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06/09/2022 à 10:55
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Selon McDermid elle-même, à l'occasion du récent Festival international du livre d'Édimbourg où elle a participé à une rencontre, le domaine Agatha Christie, Agatha Christie Limited a demandé à la maison d'édition Sphere d’arrêter de faire référence à leur écrivaine en tant que « Reine du crime ».
Ce nouveau qualificatif a été inscrit sur le dos de son dernier roman, 1989, publié en août de cette année, le deuxième d'une série axée sur le personnage de la journaliste fictive, Allie Burns.
Afin de motiver cette réclamation, la lettre rappelle qu'Agatha Christie Limited a déposé cette appellation : la maison de McDermid violerait le droit d'auteur, tout simplement, rapporte The Independant.
Le petit-fils s'en mêle
Cette première lettre menaçante aurait dû suffire, mais pas pour le petit-fils d'Agatha Christie. Ce dernier a également envoyé une missive, cette fois-ci à la romancière directement, où on peut lire ces mots : « Vous imaginez mon choc quand mon train est arrivé à la gare de Waverley et qu'une affiche évoquait une “nouvelle Reine du crime” ». Et d'ajouter : « Vous devez comprendre qu'il n'y a rien de personnel là-dedans, mais nous devons protéger l'héritage de mon arrière-grand-mère. »
Mais, selon Colin Hulme, spécialiste de la propriété intellectuelle au cabinet d'avocats indépendant, Burness Paull, s'il peut être prouvé que les mêmes mots ont été utilisés et qu'ils ont été inscrits sur des livres et des documents imprimés, il n'est en revanche pas admis que l'appellation produira une confusion avec la marque commerciale d'Agatha Christie Limited.
Les éditeurs de McDermid qui imprimeraient un nouvel ouvrage avec « Val McDermid — Queen of Crime » inscrit sur la couverture n'inciteraient pas à penser que ce texte serait celui d'Agatha Christie, et n'établiraient pas un lien artificiel avec cette dernière. Néanmoins, l'immense popularité des œuvres de l'auteure du Crime de l'Orient-Express (trad. Jean-Marc Mendel) pourraient justifier une protection commerciale de la marque « Reine du crime », tant elle est célèbre.
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D'abord journaliste à Glasgow, puis en Angleterre pendant une quinzaine d'années, Val McDermid publie son premier roman policier, et le premier de la série des Lindsay Gordon, Report for Murder. Elle lance par la suite plusieurs séries, autour des personnages de Kate Brannigan, du duo Tony Hill & Carol Jordan ou, entre autres, de Karen Pirie.
Elle est également l'auteure de plusieurs ouvrages indépendants, comme Au lieu d'exécution (trad. Gérard-Henri Durand), paru aux éditions du Masque en 2000, qui lui valut notamment le Prix Barry la même année.
En 2021, elle a crée une nouvelle suite de romans autour de la journaliste fictive Allie Burns. En France est sorti dernièrement Ainsi parlent les morts (trad. Perrine Chambon), chez Flammarion.
Crédits photo : Zquid (CC BY-SA 4.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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