Tsutaya Books est la plus grande chaîne de librairies du Japon. Sa particularité : le soin apporté au design et à l'architecture de ses magasins. Dernièrement, une succursale s'est ouverte en Malaisie, dans la capitale Kuala Lumpur, et le succès est au rendez-vous... Mais la foule des curieux vient-elle pour les livres ? Pas vraiment : décorations du pays de Kawabata, un café, des coins paisibles pour se prélasser sur des fauteuils... De quoi passer des après-midi au frais ou au chaud, et y prendre des habitudes.
Le 19/07/2022 à 16:31 par Hocine Bouhadjera
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19/07/2022 à 16:31
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Une Malaisienne, Claudia Khaw, a choisi d’interroger les personnes venues dans cette nouvelle librairie — la première de la chaîne en Asie du Sud-Est — située au Pavillon Bukit Jalil, un centre commercial de Kuala Lumpur. Avec deux questions principales : vous déplacez-vous pour les seuls livres ? Ou bien pour faire des photos ou des vidéos qui serviront à mettre en valeur votre page TikTok ou Instagram ?
Une approche Lifestyle de la librairie
Selon Kimberly, la réponse est évidente : la plupart des visiteurs sont là pour découvrir le cadre plutôt que pour acheter des ouvrages. Pour Danielle, qui va plus loin, Tsutaya n’est pas seulement un marchand de livres et une porte vers le pays du soleil levant, mais une proposition lifestyle. En effet, l’enseigne met également à disposition aux visiteurs un espace café avec des sièges « moelleux ».
Fauteuils, bureaux d’étude sur les côtés, bancs dispersés, tout est fait pour faire rester les gens. L’ambition : que la librairie devienne un véritable lieu de vie où chacun peut avoir ses habitudes. La lecture dans la librairie n’est pas que tolérée, mais encouragée. Danielle le confirme, il n’est pas même nécessaire de se rendre propriétaire d’un titre pour le lire.
L'offre en restauration exerce un indéniable attrait sur les clients
En outre, l’origine japonaise de la chaîne ajoute à l’intérêt de l’endroit. Mira, amatrice de la culture nippone, a découvert Tsutaya par l’entremise de TikTok. Si elle s’attendait à une expérience plus impressionnante, on retrouve, selon elle, bien le Japon réel : « Il y a beaucoup de marchandises en provenance du Japon. J’ai en quelque sorte la sensation d’y être. » Mira sait d’ailleurs de quoi elle parle, puisqu’elle a pu se rendre cinq fois sur l'archipel.
Elle ajoute : « Tout d’abord, j’adore les livres, et j’adore ces magasins situés dans des centres commerciaux. Il y a des livres, et on peut ainsi lire et s'adonner à d'autres loisirs en même temps. » Du côté de Thiva, autre acheteuse dans les rayons, c’est l’architecture, par rapport aux librairies concurrentes, qui fait la différence.
Et les livres dans tout ça ?
Claudia Khaw est formelle : « Appeler Tsutaya “juste une librairie” serait une injustice. On ne peut pas expliquer pourquoi. Il faut y aller par soi-même pour comprendre. » Néanmoins, certains se sont quand même déplacés pour acheter les livres, la moindre des choses pour une enseigne de ce type.
Hafiz et Halil, deux lecteurs, constatent que bon nombre des titres proposés relèvent de la littérature ou de l’essai « populaire ». Selon eux, le choix en textes spécialisés ou plus pointus n'est pas satisfaisant. À côté, une autre visiteuse, Shelby, a noté que les catégories étaient très précises, mais qu’elle n’en était pas moins dépassée par le nombre d’ouvrages présentés. De quoi se perdre. Beaucoup d’œuvres, plus difficiles à trouver en Malaisie, sont par ailleurs rendues disponibles par la chaîne.
Dhivya, un membre du personnel, évalue le pourcentage de gens qui viennent pour faire un tour et prendre des photos, et ceux qui y vont pour se procurer un livre, à 50-50.
Créé en 1983, Tsutaya Books possède aujourd’hui des milliers de magasins au Japon, à Taïwan et en Chine. Au pays de Mishima, Tsutaya s’est faite une place particulière dans le monde des librairies : cette chaîne a changé la façon dont les consommateurs envisagent le rôle d’une enseigne de ce type, en n’hésitant pas à dépasser la fonction première de ce commerce.
Via : Vulcanpost
Crédits : Kanesue (CC BY-SA 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
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