Le grand éditeur japonais de shōnen Shueisha a lancé une enquête sur sa plateforme de lecture de mangas en ligne, Manga Plus. Si le questionnaire vise à améliorer son service, certaines propositions peuvent surprendre. Les utilisateurs sont en effet invités à avouer s'ils utilisent des sites pirates, et, si oui, à quelle fréquence et pour quels contenus...
Le 22/06/2022 à 12:44 par Hocine Bouhadjera
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22/06/2022 à 12:44
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En janvier 2019, Shueisha a mis en ligne la plateforme de lecture Manga Plus, avec une application mobile associée. Une entrée dans le marché des contenus « à la carte » qui a un peu plus placé la structure devant la réalité du piratage sur internet, et de cette concurrence féroce pour sa distribution légale.
Avec d'autres grandes maisons d'éditions japonaises, comme Shogakukan, Kadokawa et Kodansha, Shueisha mène une rude bataille contre les plus importants sites pirates du pays et à l'international. Des procédures judiciaires qui ont débouché sur la fermeture de MangaStream en 2019, de MangaBank en 2021 ou encore, toujours en 2021, sur la condamnation du plus gros acteur de ce marché de l'illégalité, MangaMura. Romi Hoshino, l’administrateur du site avait alors été condamné à trois ans de prison. Une décision qu'avait saluée en son temps l'éditeur de Dragon Ball et One Piece.
Une enquête pour cibler les sites pirates ?
Des victoires visiblement insuffisantes pour Shueisha qui veut à présent cibler les sites pirates plébiscités par les passionnés de mangas. Si les questions proposées par la plateforme portent sur les langues les plus lues sur le service, la qualité des traductions ou encore les habitudes d'achat, dès la quatrième question de l'enquête, le sujet est plus surprenant.
Shueisha y invite les utilisateurs de Manga Plus à confesser une violation éventuelle du droit d'auteur. De plus, il est demandé, dès la question suivante, de nommer la structure pirate qu'ils utilisent souvent (ou occasionnellement) pour enfreindre la loi.
La question 8 demande comment Manga Plus pourrait être amélioré, en mettant à nouveau l'accent sur le piratage. Les options incluent la vitesse de mise à jour par rapport aux sites pirates, la taille du catalogue, le support linguistique et le nombre d'œuvres disponibles gratuitement.
Des données utilisables ?
Comme la plupart des entreprises, Shueisha peut collecter des données personnelles. Celles-ci sont conservées pour toutes les raisons commerciales habituelles, notamment « la prévention ou la rétorsion d'actes prohibés », rapporte Torrent Freak.
Les données collectées auprès des utilisateurs peuvent également être partagées avec les membres du groupe Shueisha, notamment VIZ Media, également connu pour son engagement contre le piratage. L'entreprise se réserve également le droit de transmettre des informations à des tiers dans des cas fondés sur « les lois et règlements, y compris les enquêtes conformément au droit de procédure pénale ».
Difficile toutefois d'imaginer que l'éditeur transmettra les informations à un tribunal, ou que celles-ci y seraient considérées comme recevables.
À LIRE: Fermeture de l'une des plus grosse plateforme pirate d'Amerique Latine
Actuellement, l'éditeur japonais, associé aux éditions Shogakukan, Kadokawa et Kodansha, poursuit l'entreprise américaine Cloudflare pour avoir « soutenu » des organismes pirates. En cause notamment, le téléchargement de mangas via un lien YouTube. La plateforme pirate Manganato est également dans le viseur des grandes maisons de l'archipel.
En France, c'est l'ARCOM, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, qui est chargée de la répression du piratage. Née de la fusion de la HADOPI et CSA, elle a hérité de la « réponse graduée », qui permet d'envoyer aux internautes concernés une recommandation lorsqu'elle est saisie de faits susceptibles de constituer un manquement « à l'obligation faite à tout abonné de veiller à l'usage licite de son accès à Internet ».
Mais la plupart des éditeurs français, via le Syndicat national de l'édition, ont plutôt recours à la solution de LeakID, société spécialisée dans le repérage et le retrait des contenus illicites.
Crédits : Descrier (CC BY-SA 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
1 Commentaire
Rieg Davan
23/06/2022 à 05:48
j'espère un suivi de "l'étude" (c'est intéressant).