Dune, le livre de science-fiction de Frank Herbert (Robert Laffont, traduction de Michel Demuth), est revenu sur le devant de la scène avec une nouvelle adaptation, réalisée par Denis Villeneuve, en salles depuis septembre en France. Arrakis, la planète désertique de ce futur fictif, s’inscrit dans le monde richement détaillé de l’auteur… au point de pousser des chercheurs à déterminer si elle serait habitable, pour de vrai.
Le 24/11/2021 à 16:46 par Valentine Costantini
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Publié le :
24/11/2021 à 16:46
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« Si un tel monde existait, à quoi ressemblerait-il réellement ? » Alex Farnsworth, Michael Farnsworth et Sebastian Steinig, scientifiques spécialisés en modélisation climatique, ont travaillé main dans la main afin de « créer » une version la plus crédible possible d'Arrakis, dans l’espoir de répondre à cette question un peu folle.
En se basant sur les principaux romans de Herbert, ainsi que sur une carte de la planète issue de The Dune Encyclopedia : The Complete, Authorized Guide and Companion to Frank Herbert's Masterpiece of the Imagination (Berkley Books, 1984), le trio a constitué un modèle climatique. En conservant les mêmes lois physiques fondamentales qui régissent le climat sur notre propre planète, les scientifiques ont utilisé la topographie d’Arrakis et son orbite, essentiellement circulaire, et donc semblable à la Terre.
L’atmosphère de cette planète désertique serait, entre autres, chargée de bien moins de dioxyde de carbone que la Terre. La grande différente résiderait dans la concentration d’ozone, qui réchauffe l’atmosphère de façon plus importante sur Arrakis.
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Conclusion ? Simplement dit, le climat d’Arrakis est « fondamentalement plausible ». Alors que les livres de Herbert proposent la description d’une planète au soleil cruel et aux dunes de sable interminables, le climat des régions « polaires », en particulier, ne serait pas vraiment accueillant pour les humains.
La modélisation du trio de scientifiques démontre en effet que le climat d'Arrakis s’apparente à son équivalent terrestre, avec des températures allant de 15 °C à 45 °C dans les tropiques. Le vrai choc thermique se trouverait plutôt dans les « régions polaires » : « Ici, l'été peut être aussi chaud que 70 °C sur le sable (ce que suggérait déjà le livre). Les hivers [d'Arrakis] sont tout aussi extrêmes, aussi bas que -40 °C aux latitudes moyennes et jusqu'à -75 °C aux pôles. »
De la même manière, les écrits de l’auteur indiquent un manque de pluie sur Arrakis. En effet, le modèle suggère des précipitations limitées, « confinées uniquement aux latitudes plus élevées en été et en automne, et seulement sur les montagnes et les plateaux ».
Arrakis serait donc « habitable » d’après les chercheurs, « bien qu’inhospitalière ». Mais habitable uniquement pour des êtres humains augmentés, à la manière des personnages présents dans l’univers de Herbert. Dans le cas d’humains qui partagent des tolérances thermiques similaires aux nôtres, simples terriens, le trio de chercheurs suggère de se rendre dans les tropiques : « Comme il y a si peu d'humidité là-bas, les températures humides de survie — une mesure de “l'habitabilité” qui combine la température et l'humidité — ne sont jamais dépassées. »
Autre solution : se procurer un distille, tenue propre aux Fremen, indispensable à la survie sur Arrakis. Mais ça, c’est une autre histoire…
Pour les curieux qui veulent observer le climat de la planète plus en détail, direction le site web Climate Archive.
via The Conversation, Comic Book
Crédit photo : © 2020 Warner Bros. Entertainment Inc.
Paru le 21/01/2021
625 pages
Robert Laffont
20,00 €
1 Commentaire
Aradigme
25/11/2021 à 14:46
Je suis dubitatif. Arrakis, tel que décrit par Frank Herbert, possède un atmosphère oxygénée. Les hommes y respirent sans trop de problèmes.
La question se pose donc de l'origine de cet oxygène.
Sur Terre, l'oxygène a été émis pas des formes de vie primitives qui vivaient dans les océans. Il constituait pour elles un déchet toxique dont elles se débarassaient dans l'air, un milieu qui ne les concernait pas et dont elles se servaient comme d'une décharge.
Voici longtemps que j'ai lu Dune, un livre, fort intéressant au demeurant, mais je me souviens que cette planète ne disposait pas d'océans. Dès lors, d'où provient cette atmosphère oxygénée?
La nôtre se maintient à cause des processus de photosynthèse générés par les algues et autres composants du phytoplancton. Sans la vie végétale microscopique et aquatique, l'oxygène sur notre monde se serait en quelques millions d'années recombiné aux roches pour former des oxydes et aurait disparu de l'atmosphère.
Le monde d'Arrakis me semble dès lors assez improbable puisqu'une atmosphère oxygénée nécessite une importante vie aquatique qui émet ce gaz en permanence, laquelle se trouve absente du récit.
PS: l'orbite de la Terre est elliptique, pas circulaire (voir Kepler).