En novembre 2020, la mairie de Paris autorisait la tenue d’emplacements un peu différents sur cinq marchés. Durant tout le week-end, des libraires installaient leur étal. Pas question de vendre des livres, mais plutôt de sensibiliser les Parisiens à l’existence de ces commerces. Une opération de communication qui avait visé grand, avec 97 stands, à travers 38 marchés. Et finalement peu suivie, avec seulement cinq librairies participantes. Mais qu’importe, la Ville décide de renouveler l’expérience.
Les 7 et 8 novembre, ils avaient pris place, non loin du boucher, en face d’un maraîcher : finalement chacun avait trouvé sa place. Yannick Burtin, propriétaire du Merle moqueur, accueillait alors les clients avec enthousiasme. « On a l’occasion de faire de la pédagogie auprès de gens que l’on espère devenir de nouveaux clients. Je ne pensais pas faire de ventes, mais nous avons trouvé un moyen pour y parvenir — la librairie n’est pas loin. »
LIBRAIRIE: Sattouf, Houellebecq, stars des marchés parisiens
Pour 2021, Anne Hidalgo a élargi le spectre : les libraires, d’accord, mais également les bouquinistes occuperont des espaces sur ces marchés alimentaires. « Une façon comme une autre de proclamer que lire est tout aussi vital que manger ou boire », note la mairie. Ils sont une petite quinzaine d’inscrits pour ces 19 et 20 juin, et certains déjà présents en novembre 2020.
Les 20 et 21 juin, sur votre marché, il y aura à lire et à manger...
« Nous sommes prêts à être inventifs pour imaginer de nouvelles façons de vendre », affirmait un libraire parisien au pic de la crise sanitaire. Le week-end du 19 et 20 juin 2021, la Ville de Paris soutient ces commerces en leur proposant des stands sur les marchés alimentaires.
– communication de la mairie de Paris
Sur tout le week-end, ces espaces de librairies se répartiront dans différents arrondissements – mais principalement dans l’Est parisien, avec les XIe, XIIe, ainsi que les XIXe et XXe arrondissements. On les retrouvera cependant aussi dans les IVe, Ve ainsi que XIIIe et XIVe.
La fin du masque obligatoire en extérieur, confirmée ce 16 juin par Jean Castex, ne sera donc pas la seule réjouissance : si en novembre, la vente de livres sur les stands était interdite, elle sera pour ce week-end pleinement autorisée, voire incitée.
Contactée par ActuaLitté, la Direction des Affaires culturelles de la Ville de Paris nous précise cependant qu’en fait de 15 inscrits, certains ont dû faire défection — problèmes logistiques ou de santé. Huit librairies et bouquinistes sont donc confirmées, proposant chacune des animations. On découvrira ainsi un cours de reliure, dispensé par Lucile Araujo, ou encore la promesse de dédicaces et de rencontres – peut-être même en musique, grâce au Merle moqueur et Terry Brisack. (toutes les informations)
« La situation a beaucoup changé depuis novembre, et au terme de l’expérimentation, nous avons reçu de nombreux messages de soutien. Cependant, les librairies restent de petites structures, avec peu de personnels : malgré leur intérêt, plusieurs nous expliquent à quel point il est compliqué d’assurer une présence sur ces marchés », poursuit la DAC. « Embaucher une personne pour cette seule occasion s’avère coûteux, surtout quand on garde une économie serrée. »
En outre, l’année 2020 a été éreintante, et l’apparition du clique et rapplique a passablement épuisé les libraires. « Avec l’émulation que suscite le Pass Culture, de nouveaux lecteurs arrivent en librairies. Certes, les marchés n’ont pas les mêmes publics, mais nous espérons que cela entraîne une émulation », indique la DAC. A ce titre, la belle histoire de 2020 sera celle de ce placier qui, rencontrant sur le marché un libraire, en est devenu un fidèle client.
« Ce sont des métiers avec des horaires décalés, un mode de vie qui ne laisse pas nécessairement de place. Ici, nous mettons en relation deux mondes, c’est plutôt plaisant. » Et qu’un maraîcher ou un boucher puisse trouver quelques minutes pour parcourir une table de livres serait plus satisfaisant encore.
En outre, ce temps de marchés constitue l’un des trois rendez-vous de ces prochains jours que la Ville propose. En effet, ce 18 juin, se tiendra la remise du Prix des lecteurs et lectrices des bibliothèques de la Ville de Paris. Opéré par Bibliocité, cet événement cible les premiers romans et avait récompensé Joseph Ponthus voilà deux ans.
Une vingtaine de bibliothèques parisiennes prennent d’ailleurs part à cette opération, dont nous rappelons ici la sélection :
Fatima Daas, La petite dernière (Ed. Notabilia - 2020)
Olivier Mak Bouchard, Le dit du Mistral (Ed. Le Tripode, 2020)
Laurent Petitmangin, Ce qu’il faut de nuit (Ed. La Manufacture de livre, 2020)
Dany Héricourt, La cuillère (éd. Liana Levi, 2020)
Annie Lulu, La mer Noire dans les Grands Lacs (éd. Julliard, 2020)
Et pour couronner le tout, du 18 au 24 juin commence le Pari des libraires. Certains membres de ce réseau comptent d’ailleurs parmi les librairies que l’on découvrira sur les marchés. L’édition 2021 est parrainée par Alice Zeniter, avec un immense « Merci » dont les commerçants souhaitent gratifier leurs clients et lecteurs.
Un joli triptyque, en somme, pour la municipalité, associant lecteurs, auteurs, libraires, bibliothèques et éditeurs. Si l’absence de masque sera un soulagement, l’unique crainte réside dans les intempéries dont menace Météo France. Mais là, personne ne sera à blâmer…
Crédit photo : Olivia Polski, adjointe à la mairie
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